La Réunion veut son zamal à usage médical

La Réunion veut son zamal à usage médical
Par Ex-UFCM-I Care ,

 

La Réunion veut son zamal à usage médical

SANTÉ. La France se dit ouverte à la recherche et au développement du cannabis thérapeutique. À la Réunion où le zamal pousse bien malgré les interdits, la production de CBD (Cannabidiol), THC (Tétrahydrocannabinol) et de dérivés cannabinoïdes offre des perspectives intéressantes. Le JIR ouvre le débat.

Le zamal, ça guérit ! L’usage médical du cannabis a été discuté le 12 avril dernier à l’Assemblée nationale... Une séance d’auditions a permis d'entendre des pro-cannabis médical en France. « C'est une ouverture intéressante car jusqu'à présent il existait en France un refus d'envisager les perspectives thérapeutiques du cannabis et la recherche sur ce sujet était presque impossible en raison de son caractère illégal », fait d'emblée remarquer  l'addictologue David Mété, chef de service au CHU Félix Guyon à Saint-Denis.

 

POUR UNE RECONNAISSANCE DE L'USAGE MÉDICAL DU CANNABIS

Parmi les associations auditionnées, UFCM I-Care dont l'ambition est de sensibiliser le public, les professionnels de santé ainsi que la communauté politique afin de faire avancer le plaidoyer pour la légalisation du cannabis. Sébastien Beguerie, son co-fondateur est expert en phyto-cannabinoïdes en France depuis une dizaine d’années. « Nous préconisons un accès aux traitements à bases de cannabis et ses dérivés, mais également la formation des professionnels de santé qui les accompagnent. Un accès à l’autoculture des fleurs de cannabis est également le souhait des patients », a-t-il indiqué aux journalistes à l'issue de son audition. « Toutes les formes galéniques, de la fleur à la phytothérapie jusqu’aux molécules et aux extractions des laboratoires pharmaceutiques doivent être considérées. Plus il y a de choix et d’options possibles, plus les patients pourront s’affranchir de leurs douleurs en adaptant les dosages et formes de prise de cannabis ». L'association estime que l’usage médical du cannabis est une urgence. En France, les cannabinoïdes pourraient soulager plus de 276 000 patients . « Le sujet est donc devenu incontournable considérant les nombreux travaux scientifiques sur la question. Nous regrettons d’ailleurs que la France reste à la traine sur ce sujet à l’heure où l’ensemble des pays voisins ont pris des dispositions législatives pour ouvrir un accès sécurisé aux patients.La loi doit venir constater et encadrer une réalité, celle des dizaines de milliers de patients qui sont aujourd’hui considérés comme hors-la-loi. Nous ne pouvons plus accepter que des citoyens soient marginalisés alors que l’Etat devrait les protéger. L’évolution de la législation ne peut être permise qu’à la condition d’une reconnaissance d’un usage médical du cannabis », soutient UFCM I-Care. Médecin dionysien, Jean-Claude estime également que les perspectives sont intéressantes mais il met en garde contre les dérives (voir encadré). Actuellement, un seul médicament cannabinoïde possède une autorisation de mise sur le marché français. Il s'agit du Sativex, recommandé contre la spasticité et la sclérose en plaques. Le dronabinol et le cannabidiol sont utilisés pour des patients atteints de douleurs neuropathiques réfractaires aux traitements classiques ou des épilepsies sont accessibles. Mais cette utilisation bénéficie d'une autorisation temporaire nominative. Le débat est complexe, d’autant que les données scientifiques manquent sur l’usage thérapeutique du cannabis. « À ce jour, nous disposons de peu d'études scientifiques pertinentes concernant l'usage thérapeutique du cannabis », indique le docteur Mété.

 

EFFICACE CONTRE LES DOULEURS

L’usage médical de cannabis est légal dans certains pays comme l’Allemagne, l’Autriche, l’Espagne, la Finlande, Israël, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal la République Tchèque. Lecanada , 23 Etats aux USA, le Chili, l’Argentine, la Colombie En France, certains ont décidé d'exploiter l'ambiguïté de la loi qui encadre la consommation de cannabidiol (CBD). Acheter de la weed ou du cannabis CBD légalement en boutique est   possible en Ile-de-France. (voir encadré) Ce 13 juin, c'est au tour de la région Est de se lancer dans la vente légale de cannabis CBD, avec l'ouverture de deux boutiques à Nancy et à Metz. "Tout est issu du bio, la législation est très stricte. Les producteurs suisses se sont adaptés aux législations de chaque pays, qui varient énormément", explique Baptiste De Luca, propriétaire des lieux au quotidien l'Est Républicain. Ce jeune entrepreneur de 23 ans possède déjà une boutique à Épinal, ouverte en mai dernier. Il assure défendre les bienfaits du cannabis médical. Le zamal thérapeutique a-t-il un bel avenir ? Pour l'économiste Jean-Yves Rochoux, cela provoquera des coûts supplémentaires... Mais le cannabis soigne déjà beaucoup de monde dans plusieurs pays... «Les indications les plus intéressantes et scientifiquement les mieux établies sont : les douleurs chroniques, les nausées induites par les chimiothérapies et les raideurs (spasticité) dans la sclérose en plaques.  Il existe dans le cannabis de nombreux alcaloïdes qui, en dehors du THC (tétrahydrocannabinol), présentent d'intéressantes propriétés, comme par exemple le cannabidiol dans l'épilepsie», fait encore remarquer l'addictologue réunionnais. «Pour les autres indications, les données scientifiques sont considérées comme non probantes ou insuffisantes à ce jour; d'où l'intérêt de favoriser la recherche». Wait and see, donc !

Juliane Ponin-Ballom

 

Le point sur la recherche

Publiée dans The European Journal of Internal Medicine, une étude a démontré que le cannabis thérapeutique serait effectivement probant pour soigner les douleurs chez les personnes âgées. 901 patients de plus de 65 ans avaient été questionnés dans le cadre de cette recherche. Tous souffraient de douleurs liées au cancer, à une colite ulcéreuse (maladie inflammatoire de l'intestin), à la maladie de Parkinson, à la maladie de Crohn ou encore au stress post-traumatique. Au terme de six mois de traitement à base de cannabis thérapeutique, plus de 93% des participants ont déclaré que leur douleur avait diminué de 4 à 8 points sur une échelle allant de 1 à 10. Plus de 70% des patients ont également affirmé qu’ils ressentaient une amélioration globale de leur état. Aux Etats-Unis, 80% des oncologues interrogés ont déclaré avoir déjà abordé la question du cannabis thérapeutique avec leurs patients, mais moins de 30% d’entre eux ont estimé avoir suffisamment de données scientifiques pour faire de telles recommandations. "Les preuves scientifiques appuyant l'utilisation de la marijuana médicale en oncologie sont encore très minces, ce qui place les médecins dans une position très inconfortable", rappelle le Dana-Farber Institute of Adult Psychosocial Oncology.  

 

Des coffee-shops à Paris

Après Besançon et Annoeullin, des "coffee-shops" ont ouvert à Puteaux (Hauts-de-Seine) et dans le 11e arrondissement de Paris. Officiellement,  le CBD (cannabidiol) présent dans le cannabis (mais dépourvu des effets psychoactifs du THC) n'est pas interdit en France tant que le taux de THC (Tétrahydrocannabinol) ne dépasse pas 0,2%. Il est d'ailleurs possible de s'en procurer légalement sur internet sous forme de cristaux, de sirops, d'huiles, de tisanes, de crèmes ou encore de bonbons. Ses vertus médicinales sont parfois utilisées pour traiter les convulsions, l'inflammation, l'anxiété ou encore les nausées.

 

Agnès Buzyn a ouvert le débat

Agnès Buzyn, la ministre de la Santé a demandé aux différentes institutions qui évaluent les médicaments de lui faire remonter l’état des connaissances sur le sujet, “parce qu’il n’y a aucune raison d’exclure, sous prétexte que c’est du cannabis, une molécule qui peut être intéressante pour le traitement de certaines douleurs très invalidantes”, a-t-elle expliqué.   "Je ne peux pas vous dire à quelle vitesse nous allons le développer mais en tous les cas, j’ouvre le débat avec les institutions responsables de ce développement". Cette annonce ministérielle intervient après la saisine récente d’une patiente sur le caractère "inéthique" de l’interdiction du cannabis dans un contexte thérapeutique. Le comité éthique et cancer devrait aussi bientôt examiner cette question. 

 

https://www.clicanoo.re/Le-cannabis-usage-medical/Societe/Article/2018/07/01/La-Reunion-veut-son-zamal-usage-medical_535100

 

 

 

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