D’un côté, l’État n’autorise qu’à la marge l’usage du cannabis thérapeutique. De l’autre, il s’acharne sur les consommateurs. Analyse de ces choix répressifs et contre-productifs.
Source: L'humanitéLe cannabis est la drogue la plus consommée en France aujourd’hui. Depuis plusieurs années, son usage se banalise à tel point que 41 % des Français affirment l’avoir déjà expérimentée. Pourtant, en France, la loi de 1970 en interdit toujours la vente, la détention et l’usage. Elle fait donc partie des cinq pays européens où fumer un joint peut envoyer en prison : la peine peut aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement pour consommation et détention de cannabis.
Cette répression a un coût. Chaque année, ce sont 500 millions d’euros que la France dépense pour les 130 000 interpellations annuelles et contrer le demi-million d’usagers quotidiens. Paradoxalement, les jeunes Français consomment, selon une étude de santé publique datée de 2007, davantage que les Néerlandais chez lesquels le cannabis est légal. En effet, 12,2 % des 15-24 ans consomment cette drogue douce aux Pays-Bas, contre 19,8 % des jeunes en France.
Ces quelques constatations relancent le débat sur la légalisation du cannabis. Il a en effet été calculé que le chiffre d’affaires annuel des ventes illégales de cannabis, en France, atteint 832 millions d’euros. Ce gain possible d’argent pousse la Californie à réfléchir sur une légalisation afin de prélever des taxes sur sa distribution. Ce qui pourrait lui rapporter jusqu’à 20 milliards de dollars par an.
Il est vrai que l’usage du cannabis peut avoir plusieurs conséquences relativement graves sur la santé : cancer du poumon, schizophrénie, dépression et baisse de la concentration. En revanche, son usage médical (connu depuis l’Antiquité et stoppé dans les années 1930) montre qu’il agit comme un excellent antidouleur, qu’il aide en cas de légère dépression, qu’il atténue nausées et vomissements, et soulage les effets indésirables des chimiothérapies. Une étude publiée dans The Lancet en 2003, montre qu’il aurait également plusieurs effets bénéfiques sur la sclérose en plaques. Aux États-Unis, 13 États ont déjà dépénalisé le cannabis et 10 autres le prescrivent pour ses vertus thérapeutiques.
Pourquoi alors ne pas légaliser un produit qui est médicalement moins dangereux que l’alcool et plus utile ? Et dès lors, comment justifier le fait que l’alcool, drogue qui crée des dépendances physiques et psychologiques, demeure légal en France ?
Laurent Melou