La place du chanvre dans la construction est encore marginale. Depuis une vingtaine d'années toutefois, des chantiers sont réalisés avec l'utilisation de ce matériau. Ces premières expériences ont permis d'enclencher la phase de normalisation et de définition des dispositions réglementaires.
Source : Enerzine.comÀ une époque où la préoccupation écologique est déterminante, y compris chez les bâtisseurs, les promoteurs du chanvre ont sans doute une belle carte à jouer.
Les fibres de cette plante ("cannabis sativa"), issues de la périphérie de la tige, sont caractérisées par une bonne résistance mécanique et de non moins excellentes qualités de faible conduction thermique et acoustique. D’où leur emploi pour la pâte à papier, la corderie et la ficellerie, les laines isolantes, le textile, les fibres techniques et les matériaux composites.
La chènevotte, cellulose formant le "bois" de la tige, est constituée de petits canaux parallèles transportant la sève et renfermant de l’air quand la tige est sèche. Ses particules ont une faible densité et sont très performantes pour la protection thermique et phonique. Elle est utilisée en litière pour chevaux ou petits animaux, comme support de certaines cultures (champignons…) et dans la fabrication de matériaux de construction.
Les applications à base de chènevotte dans la construction peuvent prendre deux formes : l’isolation par voie sèche et les bétons ou mortiers légers isolants.
En isolation par voie sèche, la chènevotte peut tout d’abord être utilisée par déversement : après un traitement destiné à les protéger contre le feu et les reprises d’humidité, les granulats sont répandus dans les vides de construction (plancher, combles, doublage, toiture). Ils restent perméables à la vapeur d’eau et ne peuvent être attaqués ni par les rongeurs, ni par les insectes. D’une masse volumique de 110 kg/m3, ils ont des performances thermiques élevées. Sur un plan pratique, leur mise en œuvre ne pose aucune difficulté particulière.
Deuxième cas d’application par voie sèche : les sous-couches de nivellement et d’isolation pour planchers et chapes flottantes. La chènevotte reçoit dans ce cas un enrobage de bitume naturel qui lui permet de se stabiliser lorsqu’elle est mise en place. Elle peut compenser des inégalités de niveau jusqu’à 20 cm de hauteur, offrant ainsi une isolation phonique et thermique très efficace, avec une faible masse volumique. Une fois encore, la mise en œuvre est rapide avec, naturellement, aucun délai de séchage.
Pour la fabrication de mortiers et bétons isolants, la chènevotte est mélangée à un liant à base de chaux aérienne pour donner un produit de masse volumique faible, d’un pouvoir isolant élevé et d’une élasticité importante. Il est spécialement performant pour les dalles de béton léger, le remplissage des murs à ossature bois, la rénovation de maisons à colombages, l’isolation de toitures et les enduits à caractère isolant. L’utilisation de tels mortiers ou bétons comporte toutefois une difficulté technique liée au caractère hydrophile des particules de chènevotte. Cette "gestion de l’eau" continue de faire l’objet de recherches sur le terrain ou en laboratoire, notamment au Centre scientifique et technique du Bâtiment (CSTB).
Nul professionnel n’en doute maintenant : malgré sa marginalité et en dépit d’une différence manifeste d’appréciation technique entre promoteurs (fabricants et constructeurs), le chanvre a aujourd’hui acquis, sinon ses lettres de noblesse, du moins une réelle maturité dans le secteur des matériaux de construction, dans le neuf comme en restauration ou en rénovation. L’intérêt suscité par cette nouvelle technique va croissant, répondant aux exigences modernes en matière d’habitat sain.
D’aucuns affirment même que le chanvre serait le matériau du troisième millénaire. Et pourquoi pas ?
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