Une décision de la Cour Suprême colombienne, prise le 28 juin dernier, a décriminalisé la consommation personnelle de cannabis et de cocaïne. Si les débats sur la marijuana sont devenus chose courante, l'Etat colombien frappe fort avec la cocaïne, drogue dure, qui n'a jamais montré de vertu médicale... Est-ce un premier pas vers la légalisation? Quels sont les enjeux sous-jacents à cette décision?
La position du gouvernement La Colombie a décriminalisé la cocaïne et la marijuana, prétextant que les gens ne devraient pas être emprisonnés pour leur usage personnel de la drogue.
Désormais, quiconque possède moins de 20 grammes de marijuana, ou 1 gramme de cocaïne, à des fins personnelles, ne sera ni poursuivi ni détenu, mais pourrait seulement être suivi d’un traitement physique ou psychologique, en fonction du niveau d’intoxication, selon Colombia Reports. Le ministre de la Défense colombien Juan Carlos Pinzon Bueno, a affirmé que les garants de la loi continueraient leur combat mené contre le trafic de drogue, mais n’a pas voulu faire plus de commentaire à ce sujet.
Un enjeu médical
D'autres pays, d'Amérique latine ou autre, sont aussi en faveur d'une décriminalisation, d'une manière ou d'une autre. Ainsi le Guatemala, le Costa Rica, l'Equateur et l'Argentine poussent leur législation vers cette direction.
Le modèle du mouvement pour la décriminalisation est... le Portugal, qui a voté la loi en 2001. Les effets constatés dans le pays européen sont plutôt positifs : baisse de la corruption des agents de police, qui peuvent se concentrer vers des affaires plus sérieuses, traitement du problème de l'addiction avec une approche médicale et non criminelle...
Dépénalisation mais pas légalisation : on joue sur les mots ?
La décision judiciaire du 28 juin remet en question la loi colombienne de sécurité du citoyen de 2011, qui stipule que quiconque possède jusqu’à 1 kg de marijuana ou 100 grammes de cocaïne (0,1 kg) devra écouler une peine de 64 mois de prison, selon Associated Press. Le procureur général, Eduardo Montealegre, a rappelé le 29 juin que décriminalisation ne signifiait pas légalisation.
La Chambre des Représentants a passé en mai la première version d’une loi qui viserait à décriminaliser les plantations illégales, de plus en plus nombreuses, permettant ainsi aux résidents de faire pousser des plantes de coca, de marijuana et des pavots à opium. Mais le représentant Hugo Velasquez Jaramillo s’est appliqué à justifier que même si les plantes étaient légalisées, « la mise en vente et le trafic de drogues resteraient toujours sujets à des peines criminelles. »
Des intérêts économiques à la clé
Selon une étude de l’Université des Andes à Bogota qui date de 2011, le trafic de la cocaïne colombienne bénéficie principalement aux banques occidentales. En effet, seulement 2,6% de tout l’argent généré par la production et le trafic de cocaïne reste en Colombie. Les 97,4% restant servent à enrichir les narcotrafiquants et les banques des États-Unis et d’Europe. La dépénalisation, si elle s'avérait être un premier pas vers la légalisation de la cocaïne, pourrait donc bien être un enjeu stratégique pour l’Etat.
Global Post / Adaptation Annabelle Laferrère - JOL Press
Photo: Juan Carlos Pinzon Bueno, ministre de la Défense colombien, au World Economic Forum à Rio en 2011, parlant du trafic de drogue en Amérique du Sud - Photo World Economic Forum / Flickr cc
Source: Jolpress