La Basse-Meuse contre la délocalisation des coffee-shops

Par Invité ,

 

Drogue : La Basse-Meuse contre la délocalisation des coffee-shops.

Non à la rue du cannabis !

Maastricht tente en vain de convaincre ses voisins.

 

Source : CIRC - Revue de presse

A l'automne 2004, Gerd Leers, le bourgmestre de Maastricht, avait suscité un sérieux émoi chez ses confrères des localités frontalières des Limbourgs néerlandais et belge, mais aussi de la Basse-Meuse. Le premier magistrat de la capitale du Limbourg néerlandais avait émis l'idée de transférer la moitié des seize coffee-shops (où haschisch et marijuana sont en vente libre) du centre-ville vers la périphérie, à proximité immédiate de la frontière belge.

 

Pour justifier son projet, il avait expliqué que, de par sa situation géographique, Maastricht voit défiler chaque année 1,5 million de « narco-touristes » dont un important pourcentage provient de Belgique, d'Allemagne et de France. Selon lui, beaucoup de ces consommateurs ne se bornent pas à fréquenter les coffee-shops du centre-ville. Ils s'approvisionnent aussi chez d'autres fournisseurs qui n'ont pas pignon sur rue, et chez lesquels ils peuvent faire provision de drogues dures. Gerd Leers soulignait que ce trafic s'avérait évidemment propice à l'augmentation de la délinquance.

 

Pour remédier à cette situation, le bourgmestre maastrichtois suggérait donc de délocaliser la moitié des coffee-shops dans une zone peu habitée proche de la frontière où les non-Maastrichtois seraient « invités » à s'approvisionner. Il préconisait aussi d'équiper ce « boulevard du cannabis » de caméras de surveillance. « Les localités voisines profiteront de la création d'une telle zone et constateront une amélioration de la sécurité chez elles puisque les agissements des touristes de la drogue seront mieux surveillés », avait-il plaidé.

 

À l'époque, ce projet avait suscité un tollé. Gerd Leers a donc invité ses confrères des communes environnantes pour tenter de les convaincre. Voici une semaine, il avait ainsi convié les bourgmestres de cinq entités des Limbourgs néerlandais (Eijsden, Margraten, Valkenburg...) et belge (Lanaken, Riemst et Fourons) à venir entendre ses arguments. Une semaine plus tard, il a invité les bourgmestres de Visé, Oupeye et Bassenge, trois des communes de la zone de police de la Basse-Meuse, à Maastricht.

 

Apparemment, le mayeur maastrichtois n'a guère réussi à convaincre. Voici une semaine, l'inquiétude restait (avec toutefois certaines nuances) de mise chez les bourgmestres limbourgeois. Et, jeudi après-midi, Marcel Neven, le député-bourgmestre MR de Visé, et Guy Goessens, le mayeur CDH d'Oupeye, ont réaffirmé leur « niet » catégorique, et leur position est partagée par les mayeurs des quatre autres communes (Juprelle, Bassenge, Blegny et Dalhem) de la Basse-Meuse. Le bourgmestre de Maastricht envisagerait de créer cette rue du cannabis à Gronsveld (ce village fait partie de l'entité municipale d'Eijsden, dont il faudrait alors qu'il réussisse à convaincre le bourgmestre, NDLR), dans un zoning industriel situé le long de l'autoroute, très près de la frontière, explique Marcel Neven qui s'inquiète de l'attirance qu'une telle zone pourrait exercer sur la population scolaire de la commune. Visé compte plusieurs établissements secondaires fréquentés par plus de 4.000 élèves dont certains pourraient être tentés d'aller goûter à la drogue à quelques minutes de leurs écoles.

 

Les bourgmestres d'Oupeye et de Visé ont annoncé que, dans les prochaines semaines, les conseils communaux de Visé, Oupeye, Bassenge, Juprelle, Blegny et Dalhem seront invités à adopter une motion identique rejetant le projet maastrichtois. Les mayeurs bassimosans comptent également demander une entrevue au ministre de l'Intérieur, Patrick Dewael, qui est lui-même originaire de Tongres, pour le mettre au courant de cette situation. Enfin, ils vont prendre contact avec leurs homologues des localités des Limbourgs néerlandais et belge afin de définir, par-delà les frontières étatique et linguistique, une stratégie commune face à cette rue du cannabis.

 


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