Quand la morale s'improvise Législateur Suprême
Article en réponse à L'héretique sur le blog de marianne2
Le débat sur la dépénalisation du Cannabis pourrait à peine pointer son nez en France que déjà, les prohibitionnistes attaquent avec virulence le cannabis et ses usagers. Si l'opposition d'arguments ne peut que faire progresser la situation, Internet permet hélas à n'importe qui de lancer des brulôts intolérants et sur réalistes.
Le Blog de Marianne publie donc aujourd'hui "Dépénaliser le cannabis, vrai fausse bonne idée?" censé clore le sujet à l'aide d'une pertinence indiscutable et d'arguments solides:"Nous connaissons assez la nature humaine pour savoir qu'un homme qui peut, avec une cuillerée de confiture, se procurer instantanément tous les biens du ciel et de la terre, n'en gagnera jamais la millième partie par le travail. "
Avant de tomber dans le pot de confiture, une partie de la nature humaine sera capable d'assumer ses responsabilités et de fournir le travail nécessaire pour nourrir sa famille, et s'acheter sa confiture. Cette référence au mode de consommation des penseurs français Haschichins prouve toutefois une solide culture générale, à défaut de discernement et de respect dans les propos de l'Hérétique.
Ce qui est en revanche triste, c'est que ce n'est pas le danger sanitaire qui est mis en avant, mais bel et bien un jugement de valeurs purement subjectif: "On dit, et c'est presque vrai, que cette substance ne cause aucun mal physique, aucun mal grave, du moins. Mais peut-on affirmer qu'un homme incapable d'action, et propre seulement aux rêves, se porterait vraiment bien, quand même tous ses membres seraient en bon état?"
C'est à ce moment là que l'on sent la pauvreté rhétorique et la nostalgie de son auteur, qui, a défaut de cultiver des surhommes, attend beaucoup des Français: "Se figure-t-on un état dont tous les citoyens s'enivreraient de haschisch? Quels citoyens! quels guerriers ! quels législateurs!".
Si le Cannabis est déja trop accessible et que 10 millions de Français le consomment régulièrement, pourquoi une diminution de la répression entrainerait elle une consommation de la totalité de la population ou, pour suivre le raisonnement de l'hérétique, de la caserne ?
Cette affirmation grossière décrédibilise hélas son auteur qui devrait pourtant constater que l'alcool libre n'a pas entrainé un taux d'alcoolisme de 100% de la population.
Pire qu'un jugement de valeur, on sent une fois de plus la tentative de présenter les verts comme des hippies pour décrédibiliser leur regard très réaliste sur le nucléaire, mais en lisant plus loin que son propre blog on pourrait se rendre compte que ce débat a été proposé à l'échelle mondiale par Koffi Hanan et un comité de 20 intellectuels et politiques internationnaux pour en finir avec la prohibition, ce qui est donc loin d'être un populisme pré électoral, n'en déplaise à l'opposition: il s'agit d'une problématique planétaire qui doit être réglée de façon uniforme et homogène, et non au compte goutte, le problème des Pays Bas ayant mis en évidence la nécessité d'une politique commune de prise en charge des consommateurs pour éviter aux pays tolérants d'avoir à assumer les voisins dont les gouvernements préfèrent ignorer le problème.
Le temps des colonies s'en est allé, et le chanvre n'est plus seulement connu des militaires qui s'en enivraient pour aller se faire tuer pour la France avec le sourire, mais s'est démocratisé depuis les 20 dernières années au point que l'on peut être certain qu'un petit revendeur de hash ne devra plus dealer pour se payer sa consommation hors de prix, et qu'il pourra au contraire occuper un emploi dans le secteur cannabique extrêmement actif dans les pays libres.
Ces amalgames et cette inculture du monde Cannabique sont sans limites, preuve en est: "Si on légalise le hasch, eh bien ils vendront de la coke, et c'est tout."
Bien entendu, vous affirmez donc que la cocaine se consomme avec autant de légèreté que le cannabis, n'a pas d'effets secondaires très nocifs pour la santé, et ne rend pas dangereusement dépendant? Et que son prix est accessible au point que tout vos soldats en auraient le nez enfariné du soir au matin? Remarquez pour partir à la guerre, cela serait rudement plus efficace.
Le désespoir n'en fini pas puisque l'on doit plus à "Requiem for a Dream" qu'à la Mildt la prévention et la méfiance des usagers concernant les drogues dures, et les fumeurs différencient très bien la dangerosité des différents produits, qui ne sont disponibles que chez des dealeurs qu'ils pourraient s'abstenir de fréquenter s'il pouvaient acheter leur herbe dans un cadre légal et contrôlé.
Contraindre le consommateur à fréquenter les dealers est la meilleure façon d'encourager les comportements à risques, la prévention n'étant faite que par un dealeur "bienveillant" qui s'assurera que ses victimes deviennent rapidement dépendantes, à l'héroine par exemple, plus facilement disponible et moins couteuse que l'herbe. Une fois de plus, la prévention se fait par le bouche à oreille et peu de gens ignorent les ravages de ce poison.
Pour conclure, nous reprendrons une ultime et ô combien indigeste portion de l'avis de l'Héretique, qui a tout de même plus de valeurs et de certitudes qu'un honnête nihiliste ou agnostique comme le nom de son blog l'eut fit penser.
"Moi, je n'ai pas envie de voir déferler sur la France le tourisme de la fumette, et encore moins de croiser dans la rue des zombies imbéciles et/ou atteints venant chercher béatement leur dose quotidienne de paradis artificiel."
C'est la raison pour laquelle les pays bas ferment prochainement les portes de leurs coffee shops aux étrangers: leur maintient prouve que ce n'est pas leur existence ni le cannabis qui nuit, mais la prohibition des pays voisins qui rend le pays plus attrayant. Si le Cannabis était libre en Europe, chaque citoyen resterait dans son pays et, Monsieur l'Héretique, vous ne seriez pas importuné par les touristes qui semblent tant vous déranger, mais qui pourtant ne demandent qu'à dépenser leur argent, avec le sourire (et ils le feront, marché noir ou marché legal).
Plus que jamais, alors que les langues se délient autour de l'herbe magique, ne laissez pas les incultes populistes et intolérants scander des vrais fausses vérités de polichinelle, mais battons nous tous ensemble pour informer en toute objectivité, objectivité qui est parfois totalement absente d'une grande partie des privilégiés du droit d'expression.
Tous dans la rue le 18 juin ! Faire valoir nos droits est un devoir !
Par WasabiShot