Trop de morts à Marseille ? Voilà la solution.
Encore un effort…
C’est une initiative en apparence des plus louables. Dans le Journal du Dimanche, plus d’une centaine de personnalités marseillaises (dont deux députés socialistes) signent une pétition réclamant la dépénalisation du cannabis.
Ils espèrent que cette mesure permettra d’apaiser, de purifier certains quartiers "gangrénés" par le trafic de shit. Et ils pensent qu’elle mettra fin aux règlements de compte qui ont fait l’année passée plus d’une trentaine de morts à Marseille.
Pourquoi pas ? Mais cette initiative nous paraît singulièrement frileuse et notoirement insuffisante.
Implicitement, elle se réfère à la grande époque – si bien illustrée par Hollywood – de la prohibition aux Etats-Unis. On s’entretuait (comme à Marseille aujourd’hui) pour l’alcool qui était interdit. Et la prohibition, vue son échec patent, fut abandonnée. Mais cette période n’eut pas que des aspects négatifs.
Elle vit la floraison de multiples gangs connotés ethniquement et religieusement. Des gangs irlandais (très catholiques), des gangs italiens (la mafia), des gangs juifs et aussi, bien que plus rarement, des gangs noirs. Une belle et riche diversité.
Alors qu’à Marseille et dans d’autres villes de France, nous ne connaissons qu’une triste et désespérante uniformité. Où est passé le gang de la famille Zemmour (merci de ne pas confondre avec Eric) si bien montré dans Le grand pardon ? Que sont devenus les gangs des Lyonnais, des Stéphanois, les gangs corses ?
D’ailleurs, vous avez dû remarquer qu’on ne dit plus "gangs" mais "bandes", sans doute dans un souci de géolocalisation. A l‘époque de la nécessaire mixité sociale et ethnique, du "vivre ensemble", il nous paraît indispensable de mettre fin à cet apartheid indigne de la République. Oui, il faut d’urgence installer (ou réinstaller) du Juif et du Français de souche dans les quartiers Nord de Marseille !
Mais ce n’est pas suffisant. Il faut aller plus loin. Dans ces quartiers, une vraie police de proximité s’impose. Des grands frères bienveillants et fermes seront formés par des hommes de religion dont l’autorité est grande. Ils feront régner l’ordre. Ils diront sur quel territoire telle ou telle bande peut exercer ses talents. Les sanctions seront sévères. Qui brandira la kalash périra par la kalash…
La paix civile est à ce prix. Car la légalisation du cannabis aurait des effets hautement dangereux et contreproductifs. Peut-on ignorer que le trafic de stupéfiants génère des milliers et des milliers d’emplois ? Comment ne pas voir que cette activité lucrative permet à des cités de vivre autrement que dans la misère ? Que des centaines de petits guetteurs rapportent de quoi remplir les frigos de leurs mamans ? Et on voudrait supprimer tout ça en légalisant le cannabis ? Une explosion sociale garantie. Des milliers de jeunes désespérés sortiraient de leurs quartiers en criant vengeance. Et alors là…
Par Benoît Rayski
Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.
Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.
Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.
Source: atlantico.fr