Le quinquagénaire cultive 29 plants à Carlucet. Uniquement pour sa consommation.
Le personnage ne colle pas avec le profil habituel du consommateur de cannabis. Hier, à la barre du tribunal correctionnel de Cahors, Pierre, quinquagénaire grisonnant en anorak marron, comparaissait pour détention de stupéfiants.
Source: ladepeche.fr
Il est musicien, habite Carlucet… et s'acquitte de l'Impôt sur la fortune (ISF). Le 27 août dernier, un repérage en hélicoptère par la gendarmerie mettait au jour la présence de 29 plants de cannabis sur sa propriété.
Pierre l'avoue sans difficulté : il fume depuis trente ans. Et depuis 1992, neuf condamnations garnissent son casier judiciaire, presque toutes pour détention de cannabis. Jamais pour trafic. « Ce n'est pas dans ses principes », justifie son avocat, Me Caballero.
« 29 plants, ça fait beaucoup », s'étonne la présidente du tribunal, Mme Six, décidée à donner un caractère pédagogique à l'audience d'hier, à laquelle de nombreux scolaires assistaient. « Je préfère produire moi-même, pour éviter le milieu malsain des trafiquants, affirme le prévenu. Je ne fume que les petites fleurs au bout des pieds. Je suis obligé d'en planter une trentaine, pour être sûr d'en avoir deux ou trois à la fin : je me fais voler le reste ! »
L'argumentaire de son avocat, spécialisé en la matière et auteur du « Droit de la drogue », est simple : Pierre ne cause pas de danger à autrui. Ce n'est pas un trafiquant, c'est un militant. « Il reste chez lui, tranquille, à fumer avec ses potes, résume Me Caballero. La peine prévue par la loi, en récidive, est disproportionnée par rapport à sa dangerosité. »
Le tableau est trop idyllique pour le procureur Eric Seguin. « Vous êtes un ''archéo-prévenu'', de cette génération qui doit passer et qui passera, mais qui a participé à la génération d'après : une génération sacrifiée qui fume dix joints par jour. C'est un cancer social, où on se détruit peu à peu. »
Selon Eric Seguin, politiques, médecins et intellectuels sont de moins en moins réceptifs au discours défendant un cannabis « récréatif ». Le procureur a requis 2 000 € de jours amende, avant de conclure, presque blasé : « Continuez à planter vos quelques pieds dans votre coin de façon un peu lamentable. Vous êtes un des derniers survivants d'une cause perdue. »
Pas sûr que le fumeur militant abandonne ses plantations pour autant. Le dossier a été mis en délibéré au 14 janvier.