Les Etats voisins doivent ouvrir des magasins de chanvre eux-même et vendre du Cannabis ou encourager le marché noir sur leurs Sol.
D’après un journal écossais The Scotsman du 20 mai 05, Le gouvernement hollandais voudrait interdire l’accès des coffeeshops aux millions de touristes qui visitent chaque année le pays. Une expérience pilote devrait débuter dès cet été à Maastricht. Les Hollandais qui ont voté non à la constitution européenne pour protéger leur modèle de tolérance peuvent sûrement accepter cette mesure protectionniste. Les antiprohibitionnistes français qui ont voté non par solidarité doivent trouver la blague moins drôle. En dépit du bon sens et de l’efficacité, la prohibition ronge nos derniers espaces de liberté. Jusqu’à quand allons-nous le supporter ?
D’après les statistiques gouvernementales, plus d’un million et demi de touristes viennent principalement pour consommer des drogues, du cannabis dans les coffeeshops dans l’immense majorité . Ce narcotourisme génère donc des milliards d’euros pour l’économie hollandaise. Il entraîne aussi des nuisances, surtout le week-end, ainsi qu’une criminalité liée à l’approvisionnement des coffees et au business des autres substances. Ces dernières années, le gouvernement et les autorités des grandes villes avaient déjà nettoyé les scènes de rue trop visibles, les drugrunners les plus acharnés et les commerces les plus douteux. La répression s’était aussi intensifiée sur les planteurs et les house dealers. La douane hollandaise avait considérablement augmenté le nombre et l’intensité des contrôles volants. Le cannabis au volant commençait à être réprimé. Le modèle très free des Seventies devait s’adapter à l’hygiénisme de ce début de millénaire.
Cela ne suffisait toujours pas à calmer les assauts de l’ONU, des USA, de la France, la Suède et bien d’autres pays et organisations. D’après cette coalition de coincés du joint, la Hollande serait la principale cause de la propagation du cannabis dans la population mondiale. Sans Amsterdam, les vertueux enfants de ces petits paradis ne sombreraient jamais dans l’enfer de la drogue. Sus aux méchants Bataves. Quelle blague ! Voilà un bouc émissaire trop pratique pour stigmatiser le comportement libéral libertaire en matière de mœurs et reporter la faute de « l’épidémie » de cannabis sur son voisin.
Au plan intérieur, l’actuelle coalition et de nombreux maires ont gagné les élections avec un programme sécuritaire. Le cannabis devait être maté mais pas cassé, équilibre délicat pour une politique de façade. Pourtant, les déclarations du ministre de la justice Donner sur la fermeture complète des coffeeshops avaient déclenchée une polémique qui dure encore. Les récents assassinats politiques entraînent un repli identitaire assez fort, genre touche pas à ma Hollande. Ce risque d’en finir avec trente ans de tolérance sur le cannabis est pour beaucoup dans le vote négatif sur l’ex constitution européenne de l’ex président Giscard. Elle ne comportait pas assez de garantie pour la sauvegarde du modèle social hollandais.
En parallèle, le Maire de Maastricht avait lancé un processus pour la création d’un cannabis boulevard à cheval sur les trois frontières de son Eurorégion et pour l’autorisation d’une production locale contrôlée. Mais cet homme est un politicien rusé. Pour préserver son image droitière, accélérer le débat européen, protéger son expérience locale et mettre chacun devant ces responsabilités, il propose à ses voisins de gérer le problème et aux autres d’aller fumer ailleurs ou de faire pareil chez eux.
C’est aussi le sens du contrôle de la résidence dans les propositions du comité de l’initiative pro-chanvre en Suisse ou dans la pétition fribourgeoise de Chanvre-Info. Nous n’avons rien contre le tourisme et la solidarité entre consommateurs de cannabis embarqués dans la même galère. Mais nous ne pouvons pas gérer le problème planétaire à l’échelle de nos expérimentations régionales ou même nationale. Les plus malins arriverons toujours à se débrouiller. Les autres pourraient grossir le bataillon des militants pour une réforme globale de la politique des drogues et ainsi espérer obtenir la même chose. On peut toujours rêver.
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