Avec 37 hectares, le canton s'affiche comme le plus gros producteur de Suisse.
Photo Pascal Frautschi
Source: Tribune de GenèveEst-il légal de cultiver du chanvre sur le sol genevois?
C'est la question que s'est posée ce promeneur, dimanche dernier, après être tombé nez à nez avec deux immenses champs de cannabis du côté de la réserve naturelle du Moulin-de-Vert, près du barrage de Verbois.
Or, pas de quoi crier à la fraude. «La culture du chanvre est autorisée par la législation fédérale pour autant que la teneur en THC* ne dépasse pas 0,3%», indique Jean-Marc Sermet, au Service de l'agriculture du canton de Genève. Tous les contrôles sont effectués par l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG).
Les plants cultivés par Christophe Bosson au Moulin-de-Vert contiennent moins de 0,1% de THC. «Ne pouvant plus cultiver du mäs à cet endroit, j'ai choisi de faire du chanvre. Pas besoin d'autorisation. Mais, il faut pouvoir justifier d'où proviennent les semences et à quoi la production est destinée.»
Christophe Bosson fait partie des quatorze producteurs de la région, qui revendent leurs graines à la société Hempcoline. Cette industrie de cosmétologie est dirigée par Jean-Pierre Michel, lui-même agriculteur. Au total, trente-sept hectares de chanvre sont cultivés dans le bassin lémanique, faisant ainsi de Genève le plus gros producteur de Suisse. «J'ai opté pour une agriculture de proximité avec une récolte organisée à Genève et transformée dans le canton de Vaud, précise le patron d'Hempcoline. D'autre part, pour que le taux de THC reste au même taux faible de 0,1%, nous semons des graines de deuxième génération, achetées en France.»
Un débouché pour l'agriculture
De ces graines est extraite une huile, servant notamment à la fabrication de crèmes. Jean-Pierre Michel s'est lancé dans la culture du chanvre il y a huit ans. Car selon lui, l'avenir de l'agriculture est à envisager du côté de la santé et du bien-être. «Grâce à la collaboration avec un pharmacien et des laboratoires de recherches, nous avons mis au point une variété contenant de la vitamine E naturelle. Celle-ci favorise la régénération des cellules de la peau.»
En plus de devoir convaincre de l'efficacité de ses produits, Jean-Pierre Michel est conscient qu'il doit aussi réussir à changer l'image du chanvre, liée uniquement à celle de produit hallucinogène. C'est la raison pour laquelle il a choisi de renforcer sa crédibilité en commercialisant ses produits dans des pharmacies et non pas dans la dizaine de magasins de chanvre présents à Genève.
Mis à part l'huile produite, l'industrie rentabilise l'exploitation de ses plants de cannabis en récupérant du tourteau de chanvre. Mélangé à de l'orge, celui-ci sert à nourrir le bétail. Mais aucun risque de vache folle…
ÉLISE JAQUESON
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