Entretien avec Dr. Lester Grinspoon, l’auteur du livre "Marihuana - Médecine interdite" sur les effets thérapeutiques du cannabis, la prohibition et des nouveaux médicaments à sa base.
Gary Greenberg, psychothérapeute a professeur américain, a fait un entretien avec le célèbre médecin Dr Lester Grinspoon, pionnier de l’utilisation thérapeutique du cannabis, qui vient d’être publié dans le dernier numéro de Mother Jones.
Grinspoon pense que les médicaments du genre de Sativex ne pourront jamais totalement supplanter l’application du cannabis par la fumée, car dans leur cas il est plutôt difficile d’établir la dose individuelle qui conviendrait à chaque patient. Le médecin américain prétend qu’il n’a jamais entendu un patient dire que par exemple le Marinol (médicament à la base du THC synthétique) l’aiderait aussi bien que le cannabis fumé.
Source : Chanvre-info
Le producteur du Sativex dit, qu’il serait possible d’appliquer le médicament pour qu’il répond exactement aux besoins individuels des patients, mais Grinspoon rejet ses affirmations comme fausses. Il dit que le Sativex commencerait à agir seulement après quelques 15 minutes, ce qui est nettement meilleur que dans le cas des pilules de Marinol, mais encore trop tard parce qu’en fumant le cannabis la sensibilité va de secondes aux minutes
Il voit un autre problème dans le fait qu’après l’application du spray une partie coule par l’œsophage dans le système digestif et commence à agir seulement avec une heure ou plus de retard. Ce signifie que le dosage précis, dont se vante le producteur du Sativex, n’est rien qu’une combine de marketing destinée à rendre ce médicament plus attirant que le chanvre naturel dans les yeux du public général. Grinspoon pense de même en ce qui concerne les autres affirmations comme que le Sativex ne pourrait causer le même "high" que le chanvre ou bien que dans le médicament soit assuré un ratio stable du THC et du CBD, car il était fabriqué à partir des clones de la même plante..
Néanmoins Grinspoon admet bien que les cannabinoïdes appliqués oralement aient leur place importante dans la thérapie. Ce serait vrai surtout pour les problèmes d’arthrose où il faut un soulagement de longue durée, mais malgré cela il y a beaucoup de patients qui préfèrent fumer le cannabis que l’ingérer, car ils se sentent ainsi mieux. (Après passage par le foie en cours de digestion le delta 9 THC se transforme en delta 11 THC, dont l’effet est quintuple et persiste beaucoup plus longtemps. Il est assez difficile de fixer correctement la dose orale et elle est donc parfois trop élevée - en ce cas il peut y avoir jusqu’à des hallucinations, souvent d’un caractère désagréable.)
Grinspoon craint que le Sativex rencontre le même sort que son prédécesseur synthétique Marinol - qu’il deviendrait plutôt impopulaire parmi la population ciblée qui l’utiliserait souvent plutôt comme un alibi pour le traitement illégal par le cannabis fumé. Il voit plusieurs raisons pour que les patients rejettent ce médicament. D’abord c’est le problème ci-dessus avec le dosage et puis il y aurait certainement un problème avec son prix trop élevé maintes fois dépassant le prix du chanvre naturel.
Déjà à l’heure actuelle aux USA il est chose commune que les patients utilisant le cannabis dans le but thérapeutique demandent leur docteur de leur prescrire le Marinol (qu’ils ne prennent pas) en tant que couverture pour le cas des testes de drogues, dont le résultat positif pourrait menacer leur existence. Grinspoon mentionne le cas d’un chauffeur de camion que fumait le chanvre pour ses douleurs d’arthrose, mais qui se laissait prescrire le Marinol au moment d’introduction de testes de THC, car autrement il perdrait son emploi. Il ne prenait pas ce médicament, il lui servit seulement comme un alibi auprès les autorités, car les testes utilisés sont incapables de faire la distinction entre le THC du Marinol et du chanvre.
En tant que le plus grand problème Grinspoon voit le fait que le Sativex va créer une autre pression commerciale pour maintenir la prohibition du cannabis, pareil comme c’était le cas après la découverte du Marinol. Au lieu de répondre aux espoirs qu’il représente pour les anti-prohibitionnistes, il pourrait se passer juste le contraire, et dans l’intérêt du succès commercial de leurs nouveaux médicaments les puissantes sociétés pharmaceutiques augmenteraient leur pression sur le maintien de prohibition du chanvre, qui pourrait devenir encore plus forte qu’à l’heure actuelle.
Dans l’autre partie de l’entretien Grinspoon parle de son fils Danny qui en 1967, un un et demi avant sa mort, été tombé malade de leucémie. Le garçon avait des problèmes à supporter la chimiothérapie et souffrait des vomissements. Grinspoon avait entendu raconter un oncologiste l’histoire d’un patient qui avait résolu son problème de vomissements après la chimiothérapie en fumant un joint 20 minutes avant la séance. Grinspoon a essayé faire du même avec son fils avec un excellent résultat - le chanvre a aidé.
Cette expérience tragique avec les effets thérapeutiques du chanvre a mené Grinspoon à une longue et profonde recherche sur cette plante miraculeuse tellement maudite et calomniée. A l’époque du début de la maladie de son fils Grinspoon était persuadé que le chanvre est une drogue dangereuse, mais au fur et mesure de ses études de cette plante il découvrit à quel point étaient les informations du public à son sujet manipulées et fausses. Cette découverte l’a tellement bouleversée que il c’était plongé dans la recherche et finalement il a publié son livre mondialement célèbre : "Marijuana - la médecine interdite".
"Ce n’est pas une drogue anodine, mais elle est beaucoup moins nocive que l’alcool ou le tabac. La vraie nocivité du cannabis consiste dans la manière, dont la société y réagit. A l’époque de la publication de son livre aux USA arrêtaient 300.000 personnes par ans pour le cannabis, mais à présent cela fait déjà 750.000. Il en est très clair quel progrès minime nous avons réussi à faire dans ce domaine. Nous avons de larges connaissances sur les effets toxiques du chanvre, beaucoup plus que sur les autres drogues. Nous savons donc très bien que le chanvre n’est pratiquement pas toxique. La recherche scientifique certainement démontrera que le cannabis joue un rôle dans des fonctions cérébrales importantes. C’est que Carl Sagan aimait à dire," dit Grinspoon au sujet de chanvre..
C’était justement son ami, le grand astrophysicien Carl Sagan, qui avait essayé de le persuader à se mettre à fumer le chanvre. Pendant des longues années Grinspoon résistait, mais finalement il a succombé à l’époque de la maladie de son fils et il a fumé avec lui son premier joint. Il raconte aussi une autre histoire qui l’a également poussé à se mettre à fumer le cannabis. Il témoignait devant un comité du Sénat de Massachusetts lors des séances sur la législation du cannabis. Un des sénateurs, un grand opposant du cannabis, l’a demandé s’il n’avait jamais pris de marihuana. Grinspoon lui a dit qu’il aimerait bien lui répondre à cette question, mais seulement il voudrait d’abord entendre de la part du sénateur, si une réponse positive éventuelle de sa part faisait son témoignage plus crédible. Le sénateur se sentait offusqué par la réponse de Grinspoon et furieux a quitté la séance. A son arrivé chez soi ce soir, Grinspoon s’était décidé que le temps était venu et finalement a essayé à fumer pour la première fois cette plante qu’il étudiait déjà depuis si longtemps.
A la réponse finale de Greenberg, qui voulait savoir comment a-t-il pu écrire un livre sur le chanvre sans l’avoir même essayé sur soi, Grinspoon répond avec humour : "Vous savez, j’ai aussi écrit un livre sur la schizophrénie sans en avoir pourtant souffert !".
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