Dossier de l’institut Technique du Chanvre

Par Invité ,

 

STRUCTURATION ET DEVELOPPEMENT DE L’INSTITUT TECHNIQUE DU CHANVRE (ITC)

 

SUJET : Identifier et analyser les besoins et les champs de développement techniques des acteurs de la filière chanvre aux niveaux français et européen et définir les axes stratégiques de développement de l’ITC. Initiation d’un réseau de partenaires afin de produire et diffuser les connaissances permettant de répondre à ces besoins. Mise en oeuvre des premières actions.

 

Source : Chanvre-info

II - CONTEXTE DU PROJET

 

 

1- LA FILIERE CHANVRE VERS UN NOUVEAU SCHEMA DE DEVELOPPEMENT

 

Le chanvre a longtemps occupé une place prépondérante dans le paysage agricole européen. Couvrant jusqu’à 200 000 ha en France au XIXème siècle, il a peu à peu vu ses principaux débouchés disparaître alors que la concurrence des fibres exotiques ou artificielles devenait de plus en plus rude. Au début des années 1950, sa culture avait ainsi quasiment disparue en Europe.

 

Malgré ces temps difficiles, le travail de sélection et de recherche agronomique sur le chanvre n’a jamais cessé. Un grand nombre d’expérimentations et d’essais plein champ ont ainsi été menés pendant les trente dernières années par différents organismes afin de mieux connaître la plante et son comportement au champ. Ces travaux, essentiellement axés sur l’amélioration des rendements et l’aspect réglementaire des cultures, ont permis à la filière de se maintenir et de développer la production de chanvre à destination de l’industrie papetière, seul véritable débouché industriel des années 1960 jusqu’à la fin des années 1990.

 

Aujourd’hui, le chanvre a su rassembler autour de lui un large panel de professionnels compétents qui feront de lui une plante majeure dans un avenir proche. Il développe des potentialités importantes sur le plan agricole, environnemental, économique et industriel et de nouvelles perspectives s’offrent à la filière à travers le développement de nouveaux marchés technologiques (bâtiment, plasturgie, annexe 2).

 

Il est ainsi nécessaire d’actualiser, de réorienter, mais aussi de coordonner la recherche sur le chanvre afin de répondre aux besoins et aux nouvelles attentes de ces marchés non seulement en terme de capacité d’approvisionnement, mais aussi et surtout en terme de qualités des matières premières en fonction de leurs marchés.

 

 

2 - TROIS ENJEUX, TROIS DEFIS

 

L’Europe est la 2ème zone de production mondiale de chanvre (15000 ha), dont la France, avec 10000 ha (essentiellement concentrés dans l’Aube qui produit 60% du chanvre français) représente les deux tiers. Cette culture aujourd’hui confidentielle est vouée à se développer, car elle possède de nombreux atouts technologiques et écologiques qui lui permettront de relever les nombreux défis lancés par nos sociétés à l’agriculture de demain.

 

2.1 - Enjeu économique

 

Après un fort déclin, la culture du chanvre connaît un renouveau depuis les années 1980, venu de l’intérêt de ses fibres longues en papier haut de gamme. Mais ce marché, sur lequel s’écoulent 70% de la production française, est arrivé à maturité. Aujourd’hui de nouveaux marchés émergent, dont l’essentiel est tourné vers les caractéristiques de la fibre de chanvre en remplacement des fibres de verre, laine de verre et laine de roche :

 

- fibres : papiers spéciaux, fibres techniques, plasturgie ;

- chènevotte : construction, litière, paillage ;

- poudre organique : litière, amendement ;

- chènevis : oisellerie, huile ;

 

Certains de ces marchés sont en pleine évolution :

 

- marché des papiers spéciaux en progression régulière : +25% d’ici à 2010 pour atteindre 25 000 t ;

- marché des fibres techniques émergeant et appelé à progresser rapidement : +50% d’ici à 2010 pour atteindre 10 000 t en 2010 ;

- marché de la plasturgie en forte croissance et en continuel développement ;

- Il existe donc des opportunités de développement à saisir pour la filière chanvre française. A l’heure où les subventions accordées aux producteurs de chanvre sont de plus en plus faibles, ces nouveaux marchés à forte valeur ajoutée permettront au chanvre de diversifier ses débouchés et d’assurer un revenu intéressant aux producteurs.

 

2.2 - Enjeu technologique

 

Le chanvre peut servir de matière première naturelle recyclable et renouvelable à des produits industriels innovants et technologiques tout en garantissant des propriétés techniques identiques voire supérieures aux mêmes produits réalisés à partir de matières premières synthétiques et minérales :

- Fibres technologiques (allègement et renforcement des composites plastiques) ;

- Matériaux d’isolation thermique et phonique à partir de chènevotte ;

- Engrais organiques à partir de poudre de chanvre ;

 

Au coeur de cet enjeu technologique réside l’approfondissement des connaissances de la plante qui permettra de valoriser les produits qui en sont issus en trouvant de nouveaux débouchés et en développant ceux déjà existants.

 

De même, l’identification et la caractérisation des facteurs culturaux susceptibles d’influencer les qualités industrielles du chanvre sont un travail nécessaire non seulement à l’amélioration des propriétés technologiques de nouveaux produits ou de produits déjà existants à base de chanvre, mais aussi à l’abaissement de leurs coûts de production, ce qui les rendra plus compétitifs.

 

2.3 - Enjeu de durabilité

 

Tout au long de la filière, le chanvre s’inscrit dans une dynamique de développement durable. Que ce soit pour la culture où très peu de produits de traitement sont utilisés ou que ce soit lors de la première transformation qui se réalise mécaniquement sans l’utilisation de produit chimique, toute la filière est respectueuse de l’environnement. Par ailleurs, tous les produits issus de la première transformation sont utilisés et valorisés, afin qu’aucun déchet ne soit généré.

 

Les marchés sur lesquels s’appuie la filière sont des marchés en continuelle augmentation. Quant aux nouvelles utilisations industrielles du chanvre, aussi bien dans la plasturgie que dans le bâtiment, celles-ci fournissent partiellement une réponse aux questions que se pose la société en terme de développement durable (recyclabilité, stockage de CO2...).

 

D’une manière générale, le chanvre est une culture en accord avec les attentes sociétales car :

- Il demande peu d’intrants (phytosanitaire, engrais) ;

- Il est bien adapté au semis direct, limitant ainsi l’érosion ;

- Les produits à base de chanvre sont « sains et propres » :

— huile avec un rapport oméga 3/oméga 6 proche de l’idéal pour la santé du consommateur ;

- les matériaux à base de chanvre sont recyclables, participent au stockage du C02 et les émissions de CO2 sont plus faibles lors de leur fabrication que celles de produits équivalents fabriqués sans chanvre ;

— engrais organiques utilisables en complément ou à la place des engrais chimiques ;

 

C’est enfin une culture capable de satisfaire économiquement les producteurs, les transformateurs et les consommateurs :

- revenus stables pour les producteurs ;

- prix stables de la matière première ;

- qualité des produits constante et souvent supérieure à celle des mêmes produits sans chanvre ;

- approvisionnement garanti ;

 

 

3 - ACCOMPAGNEMENT TECHNIQUE ET BESOINS ACTUELS DE LA FILIERE

 

Jusqu’à aujourd’hui, le développement technique de la filière (conseil, recherche de références au travers d’essais et d’expérimentations) a essentiellement été pris en charge par trois organismes agricoles : la FNPC basée au Mans (génétique, sélection variétale et agronomie), le SPC et les FDGEDA (agronomie). Les travaux menés au niveau agronomique ont le plus souvent été le fruit d’initiatives individuelles et aucune coordination ni aucune concertation n’ont véritablement eu lieu afin de mettre en place des essais communs reposant sur des protocoles associant les différentes unités expérimentales. De même, les besoins des professionnels de la filière n’ont jamais été clairement définis et les travaux n’ont donc pas toujours été conduits dans le but de répondre à une problématique précise.

 

De ce fait, les références techniques concernant la culture du chanvre et sa transformation sont dispersées, ne sont pour la plupart pas synthétisées ni formalisées et restent essentiellement cantonnées à des marchés spécifiques (papeterie). Pour ces raisons, la diffusion des connaissances auprès des agriculteurs et des professionnels est limitée. La filière ressent donc le besoin d’une part de coordonner et d’exploiter les connaissances existantes, d’autre part d’en produire de nouvelles de façon coordonnée et adaptées aux nouveaux enjeux qui se présentent à la filière, afin que la France reste le leader européen dans le secteur du chanvre et développe les potentialités des différents marchés existants et émergeants.

 

 

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