L’Uruguay, l’État de Washington et le Colorado ont re-légalisé le cannabis au cours de la même période et ont commencé à établir un ensemble de règles visant à créer un marché du cannabis légal et contrôlé. À Seattle, il a fallu attendre plus de 18 mois avant l’ouverture des premières boutiques, alors qu’en Uruguay, il n’existe encore aucun point de vente près de deux ans après la légalisation.
Seul le Colorado dispose d’un semblant de marché légal du cannabis depuis 2013, qui s’est développé plus ou moins selon les règles d’une économie de marché libre alors qu’il est strictement réglementé. L’Alaska, l’Oregon et Washington D.C. ont peut-être légalisé le cannabis par référendum, mais l’ensemble de règles est toujours en cours d’élaboration. Il n’y aura aucune boutique de cannabis spécialisée dans ces trois États avant 2016. Pourtant, au Colorado, en Uruguay et dans l’État de Washington, les connaisseurs peuvent se procurer de l’herbe, ce qui est illégal partout ailleurs sans pénalité.
Uruguay
L’ancien président José Mujica
L’ancien président José Mujica et son gouvernement ont voté une loi réglementant le cannabis à la fin de l’année 2013, sans examiner au préalable les détails. Aujourd’hui, alors que les Uruguayens peuvent légalement faire pousser du chanvre puissant à des fins personnelles et former des clubs sociaux, on ne trouve encore que de l’herbe illégale en vente. À l’heure actuelle, le gouvernement a seulement dressé de vagues plans pour autoriser la vente d’un maximum de 30 grammes de cannabis par personne et par mois par l’intermédiaire des pharmacies. Des licences de culture du cannabis ont peut-être été accordées, mais le détenteur final du contrat reste encore inconnu. Les plans décrivant le mode de traitement et de contrôle de l’herbe à usage thérapeutique sont encore plus nébuleux. Selon les plans du gouvernement, les fleurs de cannabis seront marquées radioactivement afin d’être différenciées de celles provenant du marché noir. Le gouvernement pense aux détails impliquant des mesures répressives avant de définir le cadre.
Tabaré Vázquez, est également un partisan reconnu de la légalisation.
Le successeur du président pro-cannabis Mujica, Tabaré Vázquez, est également un partisan reconnu de la légalisation. Il était plutôt réticent à reprendre le projet et ne semble pas pressé de le mettre en œuvre. La seule chose qui fonctionne vraiment en Uruguay, ce sont les clubs sociaux cannabiques. Ils sont autorisés à accueillir un maximum de 99 membres de façon à empêcher la commercialisation. Ces clubs de consommateurs font pousser leurs propres fleurs et constituent actuellement le seul moyen d’obtenir légalement du cannabis, mise à part la culture chez soi. Mais même l’enregistrement obligatoire des clubs traîne en longueur. En fait, les clubs qui ne sont pas enregistrés sont également illégaux, mais cela n’ennuie personne en Uruguay. Même les cultivateurs hésitent à faire enregistrer leurs plants comme exigé. Pour l’instant, seuls 3 000 producteurs de chanvre sont enregistrés. Depuis que le président Tabaré Vázquez a annoncé que le système d’enregistrement des utilisateurs de cannabis pourrait servir à la désintoxication des toxicomanes, les cultivateurs uruguayens hésitent à confier leurs données à l’État.
Dans l’ensemble, on peut dire que l’Uruguay s’est quelque peu endormi sur la légalisation, moins de deux ans après la décision de légaliser le cannabis. Pendant ce temps, le nouveau président ne semble pas mécontent de ce retard.
Colorado
La station du cannabis, un dispensaire à Denver, Etats-Unis.
Le Colorado a été le plus rapide à mettre en place les réglementations les plus cohérentes. Là-bas, il a été relativement facile pour les pharmacies de chanvre qui étaient déjà enregistrées d’obtenir une licence de boutique de cannabis spécialisée. La plupart des expériences et chiffres du Colorado décrivent un marché du cannabis réglementé, même si certains problèmes doivent être résolus en raison d’expériences négatives. Le meilleur exemple est celui des produits dits « comestibles ». Le dosage de ces produits destinés aux patients a été facilement transféré aux consommateurs à usage récréatif, ce qui a entraîné quelques problèmes. Toutefois, la réglementation a permis d’aborder ouvertement le phénomène et de le résoudre à l’aide d’un décret. Aujourd’hui, une dose maximale et un conditionnement sûr pour les enfants sont prescrits. En outre, les sucreries enivrantes doivent être fournies de façon à être facilement portionnables. Il en va de même pour la production d’extraits de cannabis qui a récemment fait l’objet d’une réglementation: Depuis début juillet 2015, seuls les producteurs de cannabis sous licence sont autorisés à produire des extraits avec du butane. L’utilisation d’une flamme ouverte est en principe interdite pendant le processus d’extraction. Les infractions sont passibles d’une peine d’emprisonnement maximale de 16 ans. Les individus qui souhaitent produire à titre privé leur propre huile d’herbe ou de haschich doivent recourir aux méthodes traditionnelles telles que l’extraction à l’alcool ou à la glace carbonique ou se contenter d’un haschich de bonne qualité cultivé chez soi. En outre, les municipalités sont autorisées à identifier des zones spéciales pour la production d’extraits de cannabis, comme Denver l’a déjà fait.
Les comestibles: une dose maximum et un pack à l’épreuve des enfants sont obligatoires
Les lois sur le cannabis utilisé comme médicament restent inchangées et la culture de quelques plants pour un usage personnel sur un terrain privé clos, ou en intérieur sous un éclairage artificiel, est autorisée. Ce qui gêne vraiment les amateurs de cannabis au Colorado, c’est l’interdiction de sa consommation en public. Les clubs sociaux cannabiques et même les pubs cannabiques dans lesquels les gens peuvent fumer un joint ensemble sont interdits. La police a tué dans l’œuf les simples tentatives de création de CSC par des activistes ou des citoyens par désobéissance civile. En conséquence, l’activiste cannabique le plus connu du Colorado, Mason Tvert, du Marijuana Policy Project, a lancé le nouveau référendum en faveur de la légalisation de l’utilisation des fleurs de chanvre. Tvert s’efforce de recueillir les signatures de personnes qui soutiennent « l’usage social limité du cannabis ». Son objectif est d’autoriser les visiteurs et individus privés à consommer du cannabis non seulement seuls et en cachette, mais également dans des environnements sociaux appropriés. L’initiative du Colorado, qui a entraîné un référendum sur la légalisation, était connue en 2012 sous le nom « Treat Cannabis like Alcohol » (Traiter le cannabis comme l’alcool). Tvert affirme que cela implique sans ambigüité de traiter les consommateurs de cannabis comme les buveurs de vin ou de bière à tous les niveaux. Outre l’instauration des clubs, l’initiative visait à autoriser des boutiques de chanvre spécialisées qui proposeraient à leurs clients un espace pour consommer leurs produits. Dans un sondage récent du Denver Post, Tvert a obtenu une majorité de 56 %. Les initiateurs sont sûrs d’atteindre l’objectif de 5 000 signatures de partisans dans les temps.
« Les électeurs de Denver ont assez clairement exprimé leur souhait de voir le cannabis traité de la même façon que l’alcool. Les électeurs ont voté pour des mesures similaires en 2005, 2006, 2007 et 2012. Il n’est donc pas surprenant que nous ayons même le soutien de nombreux électeurs conservateurs »,
a déclaré Mason Tvert au Denver Post.
État de Washington
Comme le système de boutiques n’est pas encore prêt, les recettes fiscales estimées à 70 millions de dollars doivent être considérées avec une certaine prudence et devraient même augmenter.
L’État de Washington n’a ouvert la première boutique que le 8 juillet 2014. Même le processus d’octroi des licences n’est pas encore terminé. Comme le système de boutiques n’est pas encore prêt, les recettes fiscales estimées à 70 millions de dollars doivent être considérées avec une certaine prudence et devraient même augmenter. La réglementation mise en place dans l’État de Washington est un peu plus stricte et conservatrice que celle du Colorado. Contrairement au Colorado, il n’a pas été aisé pour les pharmacies de chanvre existantes d’étendre leur licence à la vente aux consommateurs adultes à des fins récréatives. Au résultat, le nombre total de boutiques est limité à un maximum de 334 dans tout l’État et les produits « comestibles » ont été réglementés uniquement dans une annexe à ‘I-502′. Ils étaient totalement interdits dans le projet de loi initial. Le cannabis coûte actuellement beaucoup plus cher à Washington que dans le Colorado. Même la culture de quelques plants chez soi reste interdite dans l’État de Washington. Seuls les patients se soignant au cannabis sont autorisés à posséder un maximum de 15 plants jusqu’en juillet 2016. À partir de cette date, ils pourront former des collectifs médicaux et cultiver des fleurs à des fins thérapeutiques, à condition que la culture soit enregistrée et conforme aux réglementations du Ministère de la santé.
Résumé
Le vainqueur est sans conteste le Colorado. En Uruguay, tout semble loin d’être contrôlé dans les canaux réglementés et l’État de Washington semble un peu effrayé de prendre son courage à deux mains. Mais notamment là où le cannabis est déjà légal, toute cette hésitation ne sert qu’à renforcer le marché noir, alors que l’objectif était de l’affaiblir. C’est seulement à cause des erreurs que le Colorado était prêt à faire que la Marijuana Enforcement Division (MED), qui est responsable du cannabis, a pu tirer des conclusions et élaborer un ensemble de règles sûr.
Source:https://sensiseeds.com/fr/blog/colorado-washington-ou-uruguay-quel-modele-fonctionne-le-mieux/
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