L'assemblée générale de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA Bretagne) avait lieu vendredi, toute la journée, à la salle Courbet. Le matin, les débats étaient essentiellement centrés sur la question du cannabis et son statut juridique. Trois questions à Claude Védeilhié, psychiatre et président de l'ANPAA Bretagne (1).
Claude Védeilhié, psychiatre et président de l'ANPPA Bretagne.
L'ANPAA préconise la dépénalisation du cannabis. Pourquoi ?
La loi de 1970 qui régit les produits dits « stupéfiants » est obsolète et totalement inadaptée à l'évolution sociétale. Les peines encourues sont disproportionnées (jusqu'à un an de prison de ferme) et les magistrats ne les appliquent pas : c'est donc une dépénalisation de fait et cela a pour effet de disqualifier la loi. Le cannabis n'est pas le produit le plus « addictogène ». Pourquoi tolère-t-on plus facilement cinq bières qu'un joint ?
La dépénalisation ou la légalisation n'entraînerait-il pas une hausse de la consommation ?
Assouplir les règles n'entraînerait pas forcément une augmentation de la consommation. La France, où les règles sont les plus dures, est le pays où l'on compte le plus de consommateurs. La légalisation pourrait être contrôlée et réglementée : pas de vente aux mineurs, incompatibilité avec la conduite automobile, information auprès de tous les publics et, s'il n'est pas souhaitable que ce soit un monopole d'État, que le marché soit concurrentiel et contrôlé par lui.
Pensez-vous que la population est prête pour une loi moins restrictive ?
Le cannabis cristallise l'angoisse des parents et les politiques ont du mal à toucher à cette loi. Le contrôle par l'État aurait pourtant des effets bénéfiques sur la consommation (taux de THC, « qualité » des produits...). Cela permettrait aussi de dégager des financements pour la prévention et dégagerait du temps pour les services de police. (1) L'ANPAA Bretagne regroupe 22 comités régionaux coordonnés par son siège national et animé par 1.500 professionnels et de nombreux bénévoles.
Source: letelegramme.fr