La Bourse a trouvé son élixir de jouvence. De la blockchain, de la « weed », soudain l’investisseur individuel a vingt ans de moins. C’est aux Etats-Unis, où pourtant le cannabis est interdit au niveau fédéral, que la machine à coup de jeune s’est mise en branle. Là-bas, les courtiers proposent à leurs clients d’investir sur les actions des producteurs de cannabis, soit directement là où elles sont cotées, sur les Bourses canadienne et australienne, soit sur le marché américain, mais de gré à gré, pour les valeurs qui ont également un ticker américain.
TD Ameritrade « observe une augmentation des nouveaux clients dans toutes les tranches d’âge mais la croissance de ceux de moins de 35 ans est considérable, en progression de 72% sur un an. » Au moment de présenter ses comptes du dernier trimestre de 2017, la semaine dernière, celui qui a été l’un des premiers à proposer au négoce les futures sur bitcoin rapportait un « intérêt grandissant », depuis la fin d’année dernière, pour les actions des producteurs de cannabis, pour celles liées à la blockchain et pour les cryptomonnaies en général.
10 % des ordres
Avec tout le battage médiatique qu’il y a autour de ces sujets, le PDG Timothy Hockey n’est « pas surpris » de ce nouvel engouement qu’il voit comme une belle opportunité de diversification de la clientèle. Parce que ce sont les Millenials, jusque-là absents de la Bourse, qui s’intéressent le plus à ces thèmes d’investissement. L’idée, c’est maintenant de les éduquer, de leur proposer gratuitement des fiches pédagogiques et des webcasts, de leur faire prendre conscience du risque et rendre cette « expérience d’investissement » la plus positive possible pour qu’ils aient envie d’aller au-delà de la blockchain, du bitcoin et des valeurs cannabis (dont les groupes pharmaceutiques qui proposent des traitements cannabinoïdes) qui, bien que tendances, ne représentaient que 10% du million d’ordres enregistrés début janvier, un record.
Chez TD Ameritrade, le négoce des futures sur bitcoin - trop volatils, trop dangereux - reste réservé à un nombre limité de « traders » qui ont l’expérience des contrats à terme. Le courtier réfléchit « à les populariser, mais doucement », assure-t-il. Même attitude prudente chez son concurrent ETrade. « Il s’agit vraiment de définir les exigences en matière de risque et de marge [dépôt de garantie], d’être proactif et de les revoir quotidiennement », a expliqué son PDG Karl Roessner à l’occasion de la grand-messe des trimestriels. Que ce soit pour les futures du CBoE ou du CME, les deux Bourses de Chicago qui ont lancé des produits sur le bitcoin, la marge chez ETrade a été fixée au niveau dissuasif de 80% là où, par exemple, elle n’est actuellement que d’environ 30% pour les futures sur le Cac 40.
Qu'est-ce qu'une marge ?
Les futures sont des produits à effet de levier ; votre courtier va financer une partie de votre investissement. Admettons qu’un contrat future sur le bitcoin vaille actuellement 10.000 dollars, que vous vouliez miser dessus mais que vous n’ayez pas l’intégralité de la somme, eh bien c’est possible ! En quelque sorte, le courtier va vous faire crédit. Mais dans le cas où celui-ci exigerait une marge de 80%, il vous faudra toutefois déposer sur votre compte le montant de 8.000 dollars pour pouvoir acheter un future sur bitcoin. Si le sous-jacent gagne 10%, le gain sera de 1.000 dollars qui, rapporté à votre mise de fonds, sera de 12,5%.
Si ETrade freine volontairement le trading sur futures bitcoin, il croit en revanche beaucoup au potentiel des valeurs cannabis « qui représentent bien sûr un nouveau type de marché aux perspectives carrément planantes. » L’un des fers de lance du secteur, le producteur Canopy Growth, coté à Toronto, a atteint des sommets en Bourse début janvier, à 44 dollars canadiens l’action, en hausse de 600% en sept mois (x7). Le cours a été multiplié par près de 1.800 en un peu moins de cinq ans !
Il n’y a aucun commentaire à afficher.