Cannabis : 63 % des Français contre la dépénalisation
Selon un sondage Ifop pour Sud-Ouest Dimanche, 63% des personnes interrogées sont opposés à la dépénalisation de substances telles que le cannabis, contre 36%.Crédits photo : THOMAS WIRTH/AFP
Alors que l'ancien ministre Daniel Vaillant propose de créer une filière d'Etat du haschich dans l'Hexagone, 63% des Français se disent opposés à cette idée, selon un sondage Ifop pour Sud-Ouest Dimanche.
Vivement débattue au sein de son parti, rejetée par François Fillon, la proposition du socialiste Daniel Vaillant de créer une filière d'Etat du cannabis ne remporte pas de succès auprès des citoyens. Près de deux Français sur trois sont opposés à la dépénalisation des drogues douces, selon un sondage Ifop réalisé pour Sud-Ouest Dimanche et publié ce samedi.
En détail, 63% des personnes interrogées au cours de cette enquête se sont exprimées contre la dépénalisation de substances telles que le cannabis, contre 36%. Les réponses varient toutefois en fonction de l'âge, de l'orientation politique et du sexe. Ainsi, la proportion s'inverse chez les sondés âgés de moins de 35 ans, qui se disent favorables à 51% à une dépénalisation du cannabis, contre 49%. La tendance est la même chez les sympathisants de gauche, qui s'expriment en faveur de cette mesure à 48%, contre 20% seulement à l'UMP et 28% au FN. Dernier clivage, celui du sexe : 43% des hommes sont pour, contre seulement 30% des femmes.
Embarras au Parti socialiste
Le débat sur le statut des drogues douces en France a été relancé mercredi par l'ancien ministre de l'Intérieur des années Jospin, Daniel Vaillant, qui s'est dit non pas pour une dépénalisation - comme le suggère Stéphane Gatignon, le maire EELV de Sevran (Seine-Saint-Denis), une ville gangrénée par le trafic de drogues -, mais pour la «légalisation contrôlée» du cannabis. Dans un rapport parlementaire, le socialiste propose que l'Etat encadre la vente du haschich dans l'Hexagone. Le statut du cannabis serait aligné sur celui de l'alcool et du tabac, tandis qu'un office d'État, sur le modèle de la Seita, superviserait la «filière nationale du cannabis». Car la production se ferait en France, selon des techniques bio. Une méthode révolutionnaire pour redynamiser certaines régions agricoles, assure Daniel Vaillant, aujourd'hui député maire PS du XVIIIe arrondissement de Paris. Le produit s'achèterait dans des bars-tabac contrôlés par les douanes ou des «cannabistrots équipés de fumoirs, pour que les jeunes ne fument pas dans les cages d'escalier», ajoute-t-il, précisant toutefois que «le cannabis serait interdit dans l'espace public, comme l'alcool…».
Alors que cette proposition a suscité l'embarras dans son propre camp, le premier ministre François Fillon a rejeté cette idée vendredi au cours d'un déplacement à Nice, affirmant qu'il n'envisageait «pas une seconde» de la suivre, «ni sur le plan sanitaire, ni sur le plan politique, ni sur le plan social». Dépénaliser le cannabis reviendrait, selon lui, à en «légitimer, justifier et encourager l'usage».
article paru le 18/06/20011 figaro.fr