À l’automne, l’injection de 245 M$ de Constellation Brands, l’un des plus gros producteurs et distributeurs de bière et vin au monde, chez un producteur de cannabis canadien, Canopy Growth, n’est certes pas passée inaperçue. Un investissement stratégique apparemment dans le but d’élaborer et commercialiser des boissons à base de cannabis.
À l’aube de la légalisation de la marijuana au Canada, cette action sous-tend-elle des avenues possibles pour les producteurs d’alcool en lien avec l’industrie du cannabis ? On le saura bien assez vite.
Il est difficile actuellement de s’avancer sur l’impact réel qu’aura l’arrivée de ce nouveau joueur dans l’arène de la consommation. En effet, nombre de questions demeurent sans réponses, ne serait-ce que de savoir de quel gouvernement, municipal, provincial ou fédéral retournera chacune des responsabilités… Au Québec, c’est à la Société des alcools du Québec (SAQ) que revient le mandat d’encadrer sa légalisation. « La Société québécoise du cannabis sera une filiale de la SAQ, un réseau distinct ayant pour mission d’assurer la distribution et la vente au détail du cannabis dans une perspective de protection de la santé, afin d’intégrer les consommateurs au marché licite du cannabis et de les y maintenir, sans pour autant favoriser sa consommation. Le gouvernement du Québec travaille présentement à préciser un projet de loi », précise Linda Bouchard, agente d’information pour la société d’État.
Encadrer la consommation légale de cannabis
« La légalisation du cannabis est une décision qui relève du gouvernement fédéral et au gouvernement du Québec, nous souhaitons que cela soit accompagné d’un cadre réglementaire rigoureux », exprime Alexandra Régis, attachée de presse de la ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines habitudes de vie, Lucie Charlebois. Déposé en novembre, le Projet de loi 157 – loi constituant la Société québécoise du cannabis, édictant la Loi encadrant le cannabis et modifiant diverses dispositions en matière de sécurité routière – prévoit donner au Québec les moyens d’encadrer la vente, la distribution et la consommation de cannabis et nous serons prêts au plus tard le 1er juillet. » Rappelons que le Projet de loi a été élaboré à la suite d’un forum réunissant plus de 200 experts internationaux, de différentes consultations publiques et d’une consultation auprès des communautés autochtones, tenus quelques mois auparavant.
Maintenant, pourra-t-on cuisiner le cannabis et vendre ensuite ces produits transformés ou brasser de la bière avec du cannabis ? « Les produits dérivés relèvent du gouvernement fédéral. Dans le projet de loi C-45, il n’est pas prévu de les légaliser avant 2019. Au Québec, nous aurons un pouvoir réglementaire pour encadrer ces produits s’ils deviennent légaux », termine-t-elle.
Les premières impressions des brasseurs
Difficile d’évaluer quel effet aura ce dérivé du houblon dans l’industrie et sur nos consommateurs une fois légalisé, répondent respectivement la directrice générale de l’Association des Microbrasseries du Québec (AMBQ), Marie-Eve Myrand et le directeur général de l’Association des Brasseurs du Québec (ABQ), Patrice Léger-Bourgoin. « À l’AMBQ, on est plutôt en mode wait and see.
« On comprend qu’il s’agissait d’un enjeu électoral pour Justin Trudeau et on espère que ce sera une occasion pour le gouvernement d’aller voir ailleurs pour récupérer de l’argent avec des taxes », explique celle qui se souvient avoir vu passer au dernier Craft Brewers Conference l’annonce d’une conférence sur la mesure d’un impact anticipé de la bière au pot. À l’ABQ, bien que l’on trouve prématuré d’envisager la question du brassage avec du cannabis, on suit la situation de près. « D’une part, pour observer comment les réflexions des différentes parties, dont le législateur et les autorités de santé publique, vont progresser. D’autre part, dès juillet, nous porterons une attention particulière au développement du marché », admet M. Léger-Bourgoin.
L’ABQ profite de cette tribune pour passer un message au gouvernement provincial. « Il serait logique et équitable que les revenus découlant de la commercialisation à venir du cannabis soient assujettis à des prélèvements fiscaux issus d’une taxe spécifique. La taxe spécifique sur l’alcool servant notamment à la protection de la santé et au financement du fonds des générations, il va de soi que le commerce de la marijuana, puisqu’il ne s’agit pas d’un produit banal, soit traité de la même façon que l’alcool. Surtout que le cannabis sera lui aussi vendu par une société d’État à vocation commerciale calquée sur la SAQ », dépeint M. Léger-Bourgoin.
Source: bieresetplaisirs.com
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