Et elle a déjà commencé sur les ondes...
De notre correspondant à Los Angeles
A peine remis de la longue bataille (toujours en cours) sur la «proposition 8», les Californiens vont remettre ça en novembre prochain. Pas pour la légalisation du mariage gay cette fois, mais pour celle du cannabis.
Source : 20minutes.fr
La semaine dernière, la pétition «Tax Cannabis Act» a recueilli suffisamment de signatures (plus de 700.000 contre 434.000 nécessaire) pour que les Californiens soient appelés à se prononcer par référendum lors des scrutins du 2 novembre 2010.
Les policiers divisés
A Los Angeles ou San Francisco, le premier spot radio pro-légalisation a envahi les ondes cette semaine.
On y entend un shérif-adjoint expliquer pourquoi il est en faveur de la mesure. «J'ai été en première ligne pour constater que l'approche actuelle ne fonctionne pas. Elle mène à des cartels violents, des dealers dans nos écoles et nos rues, coûte des millions de dollars et n'a pas fait chuter la consommation», accuse-t-il. Il conclut: «C'est pour ça que les policiers supportent» l'initiative, qui «pourrait rapporter des milliards de dollars» et permettre aux forces de l'ordre «de se concentrer sur les crimes violents.»
Les policiers favorables à la légalisation? Pas tous, évidemment. On compte certes le lobby «Les forces de l'ordre contre la prohibition», mais d'autres y sont farouchement opposés. «Cette publicité est totalement fausse et trompeuse», se fâche Kim Raney, porte-parole de l'association des chefs de police californiens. Selon lui, la question du cannabis est «un cheval de Troie», une «première étape pour une légalisation des drogues».
Si la Californie disait oui, reste à voir quelle serait l'attitude de l'administration Obama. Au niveau fédéral, la consommation de cannabis, même à usage médical, reste interdite. Mais le ministre de la Justice, Eric Holder, a indiqué a plusieurs reprises que s'attaquer aux Etats l'ayant légalisé n'était pas sa priorité.
Bon pour l'économie?
L'homme derrière la pétition s'appelle Richard Lee, un activiste et business-man du cannabis à usage médical, autorisé depuis 1996 en Californie. Il a également fondé l'université privée (et non reconnue) d'Oaksterdam, qui propose des formations liées de près ou de loin à la marijuana (droit, business, horticulture etc).
Jusqu'ici, il a été l'un des principaux artisans de la collecte de fonds (1,5 million de dollars). Il espère que le mouvement lévèra 20 millions d'ici novembre. En face, les lobbies de la santé et des groupes de lutte contre les addictions s'organisent.
Selon un sondage réalisé fin 2009, 56% des Californiens se disent favorables à la légalisation. Ses partisans jouent cette fois la carte de la responsabilité fiscale, s'appuyant sur la proposition de loi Ammiano de 2009 (pour l'instant dans l'impasse). Selon le bureau californien des impôts, une taxe de 50 dollars par once (28,5gr) permettrait à l'Etat de récupérer 1,4 milliard de dollars par an. Tentant, alors que le budget annuel californien accuse un déficit de 19 milliards de dollars. Mais pour l'instant, aucun des principaux candidats en course pour succéder à Arnold Schwarzenegger – même les plus à gauche– n'ont rejoint le wagon de la légalisation. Pourtant, certains ont déjà des idées de slogan: «Yes We Can(nabis)».