Depuis Quimper (Finistère), Pierre-Yves Normand se bat pour que tous les usages du chanvre se développent : alimentaire, thérapeutique, bien-être, textile...
Au XVIIIe siècle, la Bretagne était recouverte de champs de chanvre qui servait à confectionner des cordages, des vêtements, des voiles… Aujourd’hui, la région n’en compte plus que quelques dizaines d’hectares. L’autorisation du chanvre pour des usages thérapeutique et bien-être, pourrait changer la donne. Pierre-Yves Normand milite dans ce sens depuis Quimper (Finistère).
Une plante formidable !
Il préside depuis près de vingt ans Bretagne chanvre développement. Il connaît sur le bout des doigts cette plante (de son nom latin cannabis sativa) et ses multiples champs d’applications :
Elle est formidable ! On peut en faire de l’isolant, de l’huile, de la bière, des fibres textiles, du biocarburant, des médicaments… Et en plus, sa culture est très écologique : elle ne nécessite aucun produit sanitaire, régénère les sols et capte plus de CO2 à l’hectare qu’une forêt !
Dans le Finistère, une dizaine d’agriculteurs cultivent du chanvre. Bretagne chanvre développement presse les graines récoltées pour en faire de l’huile (1000 l produite) vendue sur les marchés du Sud Finistère. Par ailleurs, elle travaille de concert avec Tri Martelod pour brasser la bière au chanvre, Startigen (5 000 l).
Une expérimentation de chanvre thérapeutique
Bretagne chanvre développement et le Syndicat du chanvre, dont fait également partie Pierre-Yves Normand, se battent aussi pour l’autorisation du chanvre thérapeutique et du chanvre bien-être.
Les deux associations participent à une expérimentation du chanvre thérapeutique avec l’Agence nationale de sécurité du médicament. Explication de Pierre-Yves Normand :
5000 patients souffrant de douleurs neuropathiques persistantes vont y participer pendant un an à partir de janvier 2021. Le but n’est pas de vérifier l’efficacité du chanvre. La littérature est suffisamment abondante sur le but. Le but est de définir les produits, les modes de distribution…
Deux types de produits pourraient être expérimenté : les fleurs et les résidus de la plante sous forme d’huile.
Des interdits à lever
Rappelons qu’à l’heure actuelle l’utilisation du cannabis thérapeutique est interdite en France. Par ailleurs, la législation française interdit la culture des plants contenant des taux supérieurs à 0,2 % de THC (tetrahydrocannabinol, l’un des principes actifs de la plante.
Pierre-Yves Normand espère que ces interdits seront levés rapidement :
Les Canadiens, les Portugais, les Américains… ont une longueur d’avance sur nous. Ils produisent du chanvre thérapeutique. Il serait fort dommage de louper le coche. Mon association a travaillé sur un protocole de culture, de récolte, de séchage… C’est extrêmement rigoureux car on est dans le médical.
Dans le Finistère, l’été dernier, des fleurs ont été récoltées, séchées puis broyées. Elles pourraient servir de matière première aux produits expérimentées. Pierre-Yves Normand reste prudent sur cette expérimentation et tous les obstacles encore à venir. Le sujet est très sensible.
Petite victoire dans l’affaire Kanavape
Celui du chanvre bien-être l’est encore davantage. C’est un autre cheval de bataille du Finistérien. Dans ce domaine, une petite victoire vient d’être remportée. Saisie dans l’affaire Kanavape, la Cour de justice de l’Union européenne vient de rendre un avis positif sur l’utilisation de la plante entière de chanvre. Cet avis devrait être confirmé en septembre.
Si c’est bien le cas, la France devra se mettre en conformité avec cette décision.
Pierre-Yves Normand se démène pour un autre usage du chanvre : le textile.
Un prototype de machine à défibrer a été mis au point. Il faut que la Bretagne saisisse cette opportunité. On pourrait créer une filière textile chez nous. C’est le bon moment. Cette filière correspond aux attentes sociales, écologiques.
Reste à trouver les financements.
Source: actu.fr