A propos de la manif' du 3 mai 2003

Par Invité ,

Paris, Le ton de la manifestation organisée samedi à Paris par le Collectif d'Information et de Recherche Cannabique (CIRC) était souvent à la plaisanterie même si le propos de l'action, militer pour la légalisation du cannabis, était on ne peut plus sérieux. "Recherchés pour vol de scooter: Jah Chirac, Rastafarin et Narkozy". "Dites non à la drogue: ça en fera plus pour les autres" : les pancartes conçues par le CIRC pour la manifestation intitulée "Cannabis sans frontière", devant l'opéra Bastille, déclenchent le sourire.

 

Laurent, un thésard de 23 ans, peste pourtant, tout en fumant son pétard. Arrêté à Saint-Denis en venant à la manifestation, il s'est senti "comme un criminel, un délinquant". "Je n'embêtais pourtant personne. Ils m'ont quand même pris mon bout de shit", s'énerve-t-il. Une sirène de police l'interrompt. La foule hurle à l'encontre des forces de l'ordre, qui ne font pourtant que passer. L'intervention du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, mercredi devant le Sénat, a été mal accueillie par les fumeurs de l'opéra Bastille. Tous les manifestants craignent le durcissement des peines contre les consommateurs envisagé par Nicolas Sarkozy. "Je me sens directement visé par ces lois sarkoziennes", remarque Pascal, 41 ans, père de trois enfants. "Les peines ne correspondent pas à l'époque dans laquelle on vit", ajoute cet ingénieur en informatique qui milite pour un système du type néerlandais, "avec des revenus florissants, des impôts, des taxes, des emplois générés".

 

Légalisation et sécurité

 

"En Hollande, depuis que les coffee-shops existent, le nombre de consommateurs de cannabis a diminué", souligne Jean-Pierre Galland, président-fondateur du CIRC. "En France, on continue à dire que le cannabis est l'antichambre de l'héroäne, et le nombre de fumeurs augmente".

 

Premiers concernés, les jeunes qui, de plus en plus avouent fumer des pétards. "Nous, on commence par le oinj (joint) du matin, avant d'aller en cours. Puis on enchaîne lors des cours. On fume tout le temps. Mais nos résultats ne s'en ressentent pas. On n'a pas de plus mauvaises notes que nos copains qui ne consomment pas, et qui travaillent plus", rigole Louise, 17 ans, élève en première scientifique dans un "lycée réputé de Paris". Le propos glace son voisin Nicolas, un étudiant de 21 ans qui remarque: "ça me fait mal de voir des jeunes de moins de seize ans fumer. Le cannabis reste une drogue, même douce, nocive pour la santé sur le long terme".

 

Nouvelles huées lorsqu'une sirène retentit. L'ambiance de la manifestation reste bon enfant. Les pétards se consument. "Le joint, quoi qu'on en dise, reste un bon moment à passer entre amis, sourit Jérémie, 24 ans. La première chose que je fais en rentrant du boulot, c'est m'en rouler un. Après ça, je me sens bien. C'est mon moment de liberté".

 

Source : AFP 3 mai 2003 Joris FIORITI

 


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