AH, Maastricht. Ses bicyclettes, son Zoervleis (viande marinée), ses grand(e) s blond(e) s, son Rommedoe (fromage qui pue)… et ses coffee-shops. Ces établissements, où on peut consommer en toute légalité du cannabis, assurent une renommée fumeuse et contribuent à la prospérité des Pays-Bas. Pour la seule ville de Maastricht, située au croisement des autoroutes trans-européennes, ils seraient environ 4 000 par jour, essentiellement Belges et Français, à affluer pour un pèlerinage ne passant pas forcément par la tombe de Saint-Servais.
Puisque les proportions de ce tourisme spécifique ne cessent d'agacer une partie des autorités locales et étrangères, cette politique de tolérance vit peut-être ses dernières heures. Raison de plus pour se dépêcher d'aller voir ça.
Les coffee shops ne servent pas d'alcool. Les clients sirotent donc un thé ou un café tout en fumant leur pétard.
Mississipi, Smoky, Easy going, Slow motion… Quatorze coffee-shops sont recensés dans la capitale du Limbourg. Entre deux portes, un homme, généralement adepte du body-building, scanne les cartes d'identité (*). A l'intérieur, le tableau est immuable : ambiance saloon avec salle enfumée et café sans saveur, clientèle tranquille, musique électro en sourdine.
Les établissements répartis sur deux niveaux en profitent, le soir venu, pour ajouter une seconde ambiance, généralement plus psychédélique ou rock'n'roll, au sous-sol.
Un premier comptoir pour commander à boire - l'alcool est interdit dans les coffee-shops, ainsi que l'entrée des mineurs et la vente de drogues dures.
Joints préroulés
A quelques mètres, le dealer œuvre dans sa guérite. Au-dessus de cette dernière, deux écrans affichent les prix de l'odorante marchandise qui garnit ses tiroirs.
L'imaginaire du bar PMU n'est pas loin, lorsque les parieurs regardent les dernières cotes des chevaux avant d'aller déposer leurs mises.
Herbe ou haschisch, les prix varient souvent du simple au double. Chaque coffee-shop peut présenter ses variétés de produits, plus ou moins forts et chargé en THC, principale substance active. Au Slow motion par exemple, l'herbe la plus chère se nomme Sweet haze (14,5 euros le gramme).
Tout client a la possibilité d'acheter un gramme au minimum, cinq au maximum. Le néophyte peut acheter ses joints préroulés dans des éprouvettes en verre.
Le fumeur confirmé et pressé de s'envoler a pour sa part la possibilité de demander pipe à eau ou narguilé.
Dans les coffee du centre-ville, les touristes semblent systématiquement majoritaires. Quelques Hollandais, quadragénaires un peu cabossés ou trentenaires à l'allure de cadre dynamique, feuillettent une revue et sirotent un thé en fumant leur « pétard ».
Voilà donc l'équivalent du saucisson-pinard de chez nous.
(*) Une mesure de sécurité adoptée dans les coffee-shops, systématiquement équipés de caméras de surveillance. Ceux-ci s'engagent à détruire dans les 48 heures les données collectées.
Publié le mercredi 23 février 2011
Source : L'union