OTTAWA – Le cannabis devrait être légalisé et accessible tout comme l’alcool afin de mettre fin au «lucratif marché noir» de la drogue selon un avocat d’Ottawa.
Eugene Oscapella, cofondateur de la fondation canadienne pour la politique des drogues (Canadian Foundation for Drug Policy) et professeur en criminologie à l’Université d’Ottawa, affirme qu’il est temps que le gouvernement réalise que la guerre à la drogue ne donne pas de résultats.
«Les Canadiens sont de plus en plus nombreux à comprendre que la lutte à la drogue par les voies légales connaît d’importants ratés. Le problème c’est que trop peu de politiciens veulent avoir des discussions rationnelles sur la question, explique l’avocat. Il n’y a pas de volonté politique pour le changement, mais une énorme volonté politique en faveur du statu quo.»
Un sondage Léger-Marketing pour le compte de l’Agence QMI montre que plus de la moitié des Canadiens croit que la possession de marijuana ne devrait pas être considérée comme un crime.
Le chef de la police d’Ottawa, Vern White, croit qu’il devrait y avoir des discussions plus profondes sur la marijuana, mais il déplore les sondages qui recueillent des réponses rapides sur la décriminalisation de la drogue. «Votre sondage n’informe pas les répondants (sur les conséquences) avant de les interroger», dénonce-t-il. Selon le policier, la plupart des gens ne comprennent pas que le cannabis aujourd’hui n’est pas la même herbe qu’il y a 30 ans. Le niveau de tétrahydrocannabinol (THC), la substance psycho active qu’on retrouve dans le cannabis, est quatre fois plus élevé aujourd’hui que dans les années 70. «C’est ce qui me frustre dans ce type de sondage, les questions sont basées sur de vieilles informations, les gens doivent savoir ce qu’il y a dans la marijuana aujourd’hui», insiste M White.
Vern White, qui enseigne lui aussi la criminologie à l’Université d’Ottawa, estime que la société n’a jamais eu de discussions de fond sur l’impact de la marijuana. «Le manque d’information va finir par nous tuer», affirme-t-il. Si Eugene Oscapella avance que l’assouplissement des lois sur la marijuana pourrait alléger le budget des différents corps de police, le chef Vern White croit qu’il n’en est rien. «Une très petite partie de mon budget est allouée à la lutte aux fumeurs de pot, un assouplissement des lois ne changerait pas mon budget d’un seul dollar.»
Les inquiétudes soulevées par le pot demeureront bien présentes, avec ou sans décriminalisation. La conduite automobile sous l’effet du cannabis demeure une préoccupation importante comme le souligne Tom Wainwright président de MADD-Ottawa (Mother against drunk driving), un organisme qui lutte contre la conduite en état d’ébriété. « Même s’ils décriminalisent la mari, les conducteurs auront toujours les facultés affaiblies».
Source:Canoe infos