Royaume-Uni : la dépénalisation du cannabis s'invite au Parlement

Royaume-Uni : la dépénalisation du cannabis s'invite au Parlement
Par mrpolo ,

Une pétition appelant à légaliser la production de cannabis dans le pays a provoqué un débat important lundi soir à la Chambre des communes. Un rapport interne du Trésor britannique loue dans le même temps les excellentes retombées économiques d'une légalisation.

 

Crédits photo : Josh Edelson/AFP

 

Le débat casse les frontières politiques. Partout en Europe, la question d'une dépénalisation du cannabis a débarqué depuis de nombreux mois dans le débat public et s'est immiscée jusque dans les couloirs des Parlements. Lundi soir, après qu'une pétition ait récolté un peu plus de 220.000 signatures, la Chambre des communes britannique, où siège 650 députés, a été le théâtre d'un débat animé. La secrétaire d'État à l'Intérieur, Theresa May, s'est déjà opposée à tout changement de législation.

 

216 tonnes consommées en 2014

 

Figure du mouvement pour une légalisation, Norman Lamb, le porte-parole des Libéraux-démocrates, membre de la coalition au pouvoir entre 2010 et 2015, a une nouvelle fois dénoncé l'immobilisme d'un gouvernement où «50% des membres a déjà consommé du cannabis.» Le parti s'est positionné depuis de nombreux mois en faveur d'une dépénalisation du cannabis dans une démarche avant tout économique. Il a notamment commandé, dans ce sens, une étude au Trésor britannique dont le rapport a fuité dans la presse à l'approche du débat et a été publié lundi par la BBC.

 

Ce dernier évoque, en fonction de la consommation de cannabis au Royaume-Uni en 2014 (216 tonnes entre 2,2 millions de consommateurs), des retombés économiques colossales. Cité dans le rapport, l'Institut de recherches économiques et sociales britannique parle de 1,25 milliard de livres - 1,68 million d'euros - par an qui permettrait de réduire le déficit budgétaire britannique. Le Trésor, lui, souligne qu'une légalisation permettrait également 200 millions de livres (268 millions d'euros) d'économies sur les procès et contrôles policiers.

 

En juillet dernier, le commissaire de la ville de Durham avait demandé à ses troupes de ne plus poursuivre les consommateurs préférant utiliser ses équipes pour lutter contre le trafic organisé. Ron Hogg avait alors justifié sa décision dans les colonnes de The Independent en expliquant vouloir «livrer les conclusions de cette expérience à travers le Royaume-Uni.» Le pays avait également décidé en juin d'intégrer l'économie parallèle (sexe, drogue et trafics) dans le calcul du PIB justifiant une réforme pouvant doper la croissance du PIB de presque 5%.

 

Le travailliste, par la voix de Paul Flynn, a défendu une légalisation thérapeutique en évoquant le cannabis comme «la plus vieille médecine du monde, testée par plus de dix millions de personnes depuis 5000 ans.» L'élu a été rejoint sur sa position par le député conservateur, Peter Lilley, qui a dressé un parallèle étonnant avec «la reine Victoria qui utilisait du cannabis pour soulager les douleurs liés à ses règles.»

 

L'exemple du Colorado

 

Pour justifier leur démarche, les Libéraux-démocrates se sont notamment basés sur les bons résultats obtenus par l'État du Colorado aux États-Unis. En novembre 2012, une loi adoptée par référendum populaire rendait automatiquement la marijuana accessible dans 350 magasins accrédités et dans des quantités limitées.

 

Or, les recettes ont explosé (entre 60 et 100 millions d'euros) et les statistiques ont montré une baisse notable de la vente au marché noir. L'État y contrôle 60% des ventes et, en 2015, le prélèvement fiscal devrait atteindre la somme de 110 millions d'euros, dont 35 seront alloués à l'éducation.

 

Selon l'European School Project on Alcohol and other Drugs (ESPAD), l'indicateur le plus solide sur le sujet publié tous les quatre ans en Europe, le Royaume-Uni est actuellement le sixième consommateur européen. La France, elle, est troisième. L'an passé, la fondation Terra Nova, classée à gauche, s'était penchée sur le sujet partant de «l'échec de la politique de répression française.»

 

Chaque année, la France dépense près de 500 millions d'euros pour assurer la répression, ce qui représente environ 12 à 15% de l'activité policière. En cas de légalisation avec un monopole de l'État ou un commerce sous surveillance, les estimations tablaient alors sur des taxes pouvant générer entre 1,5 et 1,6 milliard d'euros chaque année s'ajoutant aux économies de répression. Le total se portait alors à 2,2 milliards d'économies potentielles.

 

Source: lefigaro.fr


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