Depuis que la Californie a légalisé la consommation de marijuana, son business attire de plus en plus de femmes. Grazia a assisté, fin juillet, à leur rassemblement à L.A.
Los Angeles, un chaud matin de juillet. Des femmes de tous âges se pressent dans un hangar transformé en salle de conférences. Dans les haut-parleurs, Beyoncé hurle "Who run the world ? Girls !" Un morceau de circonstance pour accueillir les quelque 250 participantes de cette première réunion de femmes d'affaires spécialisées dans le cannabis. Les "cannapreneuses", comme elles se surnomment.
Une avocate porte un T-shirt "The best legal trip you'll ever take" ("Le meilleur trip légal que vous prendrez jamais"). Quelques pupilles sont dilatées, mais l'événement reste très professionnel. Toute la journée, des spécialistes du marketing, des médias sociaux, des créatrices de produits, des avocates, des comptables ou des directrices d'accélérateurs de start-up échangent pour permettre à ces femmes de se faire une place sur un marché en pleine expansion : les Californiens ont voté par référendum pour la légalisation du cannabis récréatif à l'automne dernier.
"Le cannabis a été la solution"
Simone Cimiluca-Radzins et Kristen Yoder sont à l'initiative de cette journée. Elles se sont rencontrées il y a un an lors d'une "retraite cannabis". Kristen, qui a travaillé dans un dispensaire et a cultivé de la marijuana illégalement dans son appartement, connaît bien son sujet, tandis que Simone, qui vient du monde de l'entreprise, est spécialisée dans la stratégie. Elles ont créé Liv Advisors, une société de consulting qui forme et conseille celles qui veulent se lancer dans le cannabis. "Je veux leur donner les ressources que j'aurais moi-même aimé trouver il y a un an", explique Simone, également présidente de Kalogia, un réseau de professionnels du cannabis.
A leur conférence, elles sont légion. Veronica Brillon, 51 ans, travaillait dans les ressources humaines. Il y a un an, elle quitte son travail à cause de crises d'angoisse et trouve un soulagement dans le cannabis. Son chien souffre de la hanche, elle se demande si ce produit, miraculeux pour elle, pourrait être utile à son animal. Elle crée ses produits canins avec le soutien de vétérinaires et ouvre un centre d'accueil de jour pour chiens, K9VacayLA. Très vite, les maîtres lui demandent de partager ses produits. "Les chiens de mes clients étaient anxieux, et le cannabis a été la solution."
Mara Epstein, la soixantaine, vient du monde des films pour adultes. "Je vois des similarités entre les deux industries. C'est underground, c'est le flou juridique sur beaucoup d'aspects. C'est aussi de plus en plus accepté. Et ça aide les gens. Vraiment, je revis mon expérience de début de carrière." Khara Krawczyk, elle, aime l'idée de s'impliquer quand tout reste à construire. Elle est en charge du site d'un tout nouveau magazine consacré au cannabis, Push Mag, monté par d'ex-journalistes de Dope Magazine, une référence. "Nous parlons de ce qui se passe dans le monde de la marijuana avant que la bulle n'explose, car quand tout le monde se sera engouffré dans la brèche, cette activité va perdre de son authenticité."
Les mères, meilleures avocates
"Il y a deux types de personnes dans le business du cannabis en ce moment, estime Rebecca Kershberg, qui va ouvrir à Los Angeles The Flower Pot, une boutique de produits cosmétiques issus du cannabis et d'autres herbes. Les fervents défenseurs, qui sont dedans depuis longtemps, et des entrepreneurs qui n'y voient qu'un moyen de faire de l'argent." "Il y a une "ruée vers le cannabis"", résume Kyra Reed. Cette trentenaire issue du domaine médicosocial se mobilise désormais pour former les femmes à la gestion d'entreprises orientées vers le cannabis.
"Aujourd'hui, 36 % des PDG de ces structures sont des femmes. Notre but, c'est 50 ou 60 %."
Le point fort des femmes ? "Ce sont souvent elles qui introduisent le cannabis médical dans leur foyer, elles ont le rôle de soignantes", décrypte Lelehnia Du Bois, qui a grandi dans une communauté de cultivateurs au nord de l'Etat, et est devenue consommatrice après un accident.
"Les mères sont les avocates les plus crédibles de cette cause, car elles défendent le cannabis par amour pour leurs proches. C'est leur force pour supplanter les hommes dans ce domaine." Un marché estimé à 50 milliards de dollars sur le sol américain d'ici à 2026.
Crédits photo : Ryan Young
Par Magali Gruet
Source: grazia.fr