Le gouvernement néerlandais s’apprête à mettre en place, à titre expérimental, une culture du cannabis supervisée par les autorités pour approvisionner des coffee-shops. Il était temps de prendre une telle décision, estime De Volkskrant.
Un plant de cannabis dans le sous-sol de The Cannabis Company à Amsterdam,
le 21 février 2017. PHOTO / EVERT ELZINGA / ANP / AFP
“Rutte III commence une expérience pour cultiver du ‘cannabis d’État’”, titre De Volkskrant. Le nouveau gouvernement de Mark Rutte, qui sera présenté le 10 octobre, devrait installer des plantations de cannabis qui seront sous surveillance de l’État. Des collectivités locales, dix au maximum, seront autorisées à acheter auprès de ces productions étatiques pour approvisionner des coffee-shops.
L’expérience, qui devrait durer quatre ans, est un premier pas pour mettre fin à l’ambiguïté du système néerlandais. En effet, “la culture de cannabis et l’approvisionnement de coffee-shops sont illégaux aux Pays-Bas, mais la vente par les coffee-shops [et la consommation] est tolérée”, rappelle le journal. Par conséquent, “la culture à grande échelle est entre les mains de criminels”.
L’expérience doit déterminer si, une fois le marché entre les mains de l’État, on arrive à baisser la criminalité et les nuisances [autour des coffee-shops et des plantations illégales]. De plus, elle a pour but de mesurer les effets sur la santé publique. Aujourd’hui, le cannabis illégalement cultivé contient de nombreux ingrédients qui sont nuisibles pour la santé et qui sont trop hallucinogènes.”
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Le système actuel “ne bénéficie qu’à la pègre”, selon De Volkskrant. Dans un éditorial, le journal rappelle que les maires en ont, eux aussi, fait les frais. “Un quart des maires disent avoir déjà été menacés par des criminels”, selon un rapport cité par le quotidien. “Comme les coffee-shops sont de plus en plus nombreux à être approvisionnés et exploités par des criminels, la réponse [de certaines collectivités locales] était de les fermer”, au grand mécontentement des malfaiteurs qui en dépendent. Ces derniers ont régulièrement recours à des menaces et à des intimidations à l’encontre des maires responsables des fermetures.
Il n’y a que deux réponses possibles à l’échec du système néerlandais concernant les drogues douces. Soit on interdit la vente de cannabis et on ferme tous les coffee-shops, soit on réglemente la culture du cannabis, pour permettre à l’État de contrôler toute la chaîne, de la production jusqu’à la consommation. Le nouveau gouvernement a décidé d’autoriser la dernière option, avec cette expérience qui implique dix villes. C’est une démarche louable, qui s’impose d’urgence.”
Le journal rappelle que l’expérience n’est pas unique dans son genre. En Uruguay et dans certains États américains, la culture et le commerce sont déjà légalisés.
De Volkskrant
Amsterdam
www.volkskrant.nl
Source: courrierinternational.com