Les supporters étrangers pourront ramener en Russie pendant la Coupe du monde des drogues comme le cannabis, mais aussi de la cocaïne ou de l’héroïne, sous certaines conditions…
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En Russie, les touristes sont autorisés à pénétrer dans le pays avec certaines substances interdites, s’ils possèdent une justification médicale.
Et d’après le Moscow Times, des drogues comme le cannabis, la cocaïne et l’héroïne font partie de cette liste et pourront donc être ramenées par des supporters étrangers durant la prochaine Coupe du monde, qui se déroule en Russie du 14 juin au 15 juillet.
Des justifications… en cyrillique
Les membres des forces de l’ordre qui officieront dans les différents enceintes du Mondial seront ensuite chargés de vérifier la validité des justifications médicales, qui devront être écrites en cyrillique.
Reste à voir si ces produits pourront être consommés dans les stades, puisque selon le règlement de la FIFA sur la sûreté et la sécurité des stades, les organisateurs peuvent "refuser l’accès ou expulser toute personne qui (…) présente un risque suite à la consommation d’alcool et/ou de drogues", même si le texte précise par ailleurs que cela doit être fait "en accord avec les exigences des autorités locales/nationales et dans le cadre légal du pays hôte."
Le Parlement grec a légalisé aujourd'hui la production de cannabis thérapeutique et de produits pharmaceutiques dérivés, une mesure dont le pays attend des retombées en terme d'investissements.
Le projet de loi, qui s'inscrit dans les réformes sociétales promues par le gouvernement d'Alexis Tsipras, a été soutenu par les députés de la majorité, alliant gauche radicale et droite souverainiste, et de l'opposition de centre gauche.
L'opposition conservatrice et néonazie, ainsi que le parti communiste KKE, ont voté contre. Le rapporteur de l'opposition conservatrice, Kostas Vlasis s'est notamment ému d'une réforme susceptible selon lui de mettre le pays au rythme d'un "joint interminable". Dans un pays où l'usage récréatif du cannabis reste prohibé, le texte soumet à de strictes conditions la culture de cette plante et la fabrication de produits pharmaceutiques en étant tiré.
Cette réforme doit "ouvrir la voie à des investissements grecs et étrangers", avait récemment expliqué à l'AFP Yannis Tsironis, ministre adjoint au Développement agricole. Le chiffre d'affaires qui pourrait être généré "est estimé entre 1,5 et 2 milliards d'euros", avait-il précisé, soulignant que des entreprises grecques mais aussi israéliennes et canadiennes étaient intéressées. Le climat et l'ensoleillement grec sont considérés comme très favorables au développement de cette culture, comme en atteste d'ailleurs la fréquente découverte par la police de plantations illégales de cannabis dans la campagne grecque.
L'année dernière, le gouvernement avait autorisé, sous certaines conditions, l'importation de certains produits pharmaceutiques à base de cannabis médical, ainsi que la culture du chanvre (cannabis sativa) à des fins industrielles. Le chanvre peut être utilisé dans la construction, le textile, la papeterie, l'alimentation ou encore dans la fabrication de matériaux composites. Une dizaine des pays de l'Union européenne ont autorisé le cannabis à des fins médicales.
Les courtiers de Wall Street ont accueilli avec entrain l'arrivée cette semaine sur le marché officiel du Nasdaq de la première entreprise uniquement spécialisée dans le cannabis, la Canadienne Cronos, faisant bondir mercredi son titre de 20%.
Le titre de la société Cronos qui cultive et distribue du cannabis thérapeutique et récréatif sur quatre continents, pouvait déjà être échangé à la Bourse de Toronto ainsi que de gré à gré à New York sous la forme d'American Depositary Receipts (ADR), des certificats permettant à une entreprise étrangère d'être négociée aux États-Unis sans avoir à se plier aux lourdes exigences réglementaires du pays.
Mais l'entreprise est autorisée depuis mardi à coter son action sur la plateforme officielle du Nasdaq, la Bourse électronique qui surplombe Times Square à New York, au même titre qu'Apple ou Amazon. Cela implique qu'elle répond désormais à toutes les exigences du gendarme américain des marchés financiers, la SEC.
Une réponse à l'explosion du marché du cannabis
Cette évolution a été qualifiée par le PDG de Cronos, Mike Gorenstein, "d'étape majeure pour l'entreprise".
Cronos a cédé près de 2% le jour de son arrivée sur le Nasdaq, mais a bondi de 20,34% mercredi. Cette arrivée en fanfare à la Bourse de New York répond à l'explosion du marché du cannabis dans le monde.
L'Uruguay est devenu en décembre 2013 le premier pays au monde à légaliser la production, la distribution et la consommation du cannabis. Aux États-Unis, même si la drogue douce est encore interdite au niveau fédéral, plusieurs États ont autorisé sa commercialisation. Plusieurs pays ont aussi légalisé le cannabis à usage thérapeutique. Au Canada, l'usage récréatif deviendra légal le 1er juillet 2018.
Les investisseurs misant sur le potentiel commercial nord-américains du cannabis peuvent aussi investir dans d'autres entreprises spécialisées sur le marché de gré à gré comme Aphria, Canopy Growth Corp ou Aurora Cannabis, dont les actions sont aussi échangées à la Bourse de Toronto. Il leur est aussi possible de parier sur des entreprises ayant un pied dans le secteur de cette drogue douce, comme le distributeur américain de boissons alcoolisées Constellation Brands qui a récemment pris une participation au capital de Canopy Growth.
Cultivé depuis des siècles dans le nord du Maroc, le cannabis n’est aujourd’hui produit (illégalement) que pour ses qualités psychoactives. Pourtant, explique l’autrice de cette tribune, la fibre de chanvre est un atout majeur pour le développement de cette région, en particulier pour ses usages dans la construction.
Monika Brümmer est une architecte allemande. Elle dirige Cannabric, une entreprise fondée en 1999 à Grenade (Espagne), qui développe des projets de bioconstruction et fabrique des matériaux avec des agrégats de chanvre adaptés à la région méditerranéenne. Elle a cofondé en 2017 la coopérative marocaine Adrar Nouh, qui utilise la tige du chanvre ancestral marocain dans des technologies innovantes et renoue avec ses utilisations traditionnelles de plante à fibres.
Monika Brümmer (et des tiges de chanvre beldiya valorisées par l’association Adrar Nouh).
Le Haut-Rif central, au Maroc, a deux visages. C’est à la fois un lieu de production cannabis et une région rurale isolée, en marge du développement du reste du Maroc. Le chanvre y est cultivé depuis le haut Moyen-Âge. La plante a évolué au cours des siècles et a été adaptée au microclimat de la région, caractérisé par des brumes intenses venues de la Méditerranée. La variété beldiya a une morphologie éloignée de son origine indica du fait de son hybridation avec le cannabis sativa eurasien, cultivé dans l’Andalousie musulmane. Utilisée dans la pharmacopée traditionnelle depuis le VIIIe siècle et les découvertes scientifiques du califat abbasside, la plante a aussi été utilisée pour la production du papier.
Les ateliers de Fès du XIe siècle utilisaient ainsi des chiffons de chanvre. Le papier de chanvre, dont la technique de fabrication a été importée en Europe dans la seconde moitié du XIe siècle avec l’arrivée des Almoravides à Al-Andalus, a été exporté vers toute la région méditerranéenne et a donc contribué à la diffusion des savoirs. Des membres de la tribu berbère Sanhadja de Srayr se sont installés dans le Haut-Rif central au IXe siècle, dans ce qu’on appelle au Maroc la région « historique » de la culture du chanvre, où ils continuent à cultiver cette plante ancestrale à usage universel.
Paysage du haut Rif central, avec quelques champs de chanvre.
Quand le « kif » était cultivé légalement et contrôlé dans cette région jusqu’à l’indépendance du pays, en 1956, ses propriétés psychotropes modestes n’étaient pas considérées comme un inconvénient. Mais l’adoption de lois internationales, avec la signature par le Maroc de la Convention unique des Nations unies sur les stupéfiants en 1961, a contribué à rendre illégale cette culture traditionnelle. L’essor d’une économie souterraine n’a eu que des effets indésirables sur le développement de la région et a provoqué une situation de désintégration politique et sociale.
Les tentatives du gouvernement du royaume marocain pour y remédier, depuis l’an 2000, n’ont pas donné de résultats satisfaisants, notamment parce qu’on n’a guère fait appel aux experts nationaux et internationaux qui connaissent de très près la région, la tribu rifaine Sanhadja de Srayr, son mode de vie et son patrimoine culturel. Or, le potentiel naturel de cette région du Rif est bien réel et son architecture rurale est une composante essentielle de son attractivité, notamment comme cadre des festivités berbères traditionnelles.
Et si le chanvre, qui a contribué à spécialiser et déliter l’économie locale après son interdiction, était une partie de la solution ?
La rénovation énergétique contribue à limiter la déforestation
Partons de l’habitat. Le Haut-Rif central est marqué par un patrimoine vernaculaire associé à un mode de vie agropastoral qui inclut la sylviculture et, depuis des siècles, la culture du chanvre. La plupart des maisons présentent une architecture évolutive d’un ou deux étages, organisée autour d’un patio. En réponse à la topographie du terrain, les espaces habitables des bâtiments sont souvent organisés en terrasses, multifonctionnels et adaptés à la vie rurale quotidienne. On y retrouve des matériaux naturels locaux, comme l’ardoise et la pierre de quartz sableuse, ainsi que des mortiers et des bétons agglomérés d’argiles locaux. A cela s’ajoutent du bois issu des forêts de cèdres voisines et diverses matières végétales autochtones ou cultivées, comme la paille de seigle utilisée dans les toitures. Dans certains cas, des tiges de la variété locale de chanvre beldiya remplissent les interstices de la structure en bois.
Des chènevottes destinées à la construction fabriquées par l’association Adrar Nouh.
Aujourd’hui, la variété beldiya est cultivée uniquement pour ses composés psychoactifs, ce qui en fait une pratique non durable. Pourtant, on pourrait employer la tige du chanvre, qui consiste en des fibres à usages multiples et d’un noyau boisé, pour la modernisation énergétique de l’architecture vernaculaire et la production de biomasse. Transformé en un matériau de construction multiporeux, le chanvre contribue à améliorer le confort de vie des bâtiments sans entrer en conflit avec les matériaux traditionnels. La rénovation énergétique contribue à limiter la déforestation (qui a pour conséquence la perte d’eau et l’érosion) en réduisant la forte consommation de bois, pour chauffer des logements peu isolés, aujourd’hui couverts de tôle, pendant les mois d’hiver froids et enneigés.
Bien que la région d’Al Hoceima, qui comprend le Haut-Rif central, représente aujourd’hui moins de 10 % de la production de cannabis marocain, la quantité de déchets locaux de cette activité reste largement suffisante pour couvrir les besoins d’un tel plan. Et cela même avec l’introduction de plantes plus productives en résine mais moins riches en fibres, un phénomène qui affecte un peu moins la région « historique », où les agriculteurs sont revenus à la variété beldiya comme seule variété adaptée aux conditions climatiques locales.
La récolte de tiges de chanvre dans le haut Rif central.
Un modèle socioéconomique alternatif de développement pour les Berbères Sanhadja de Srayr peut donc être atteint grâce à l’utilisation du chanvre pour la rénovation de leurs habitats et la valorisation de leur patrimoine culturel — notamment leur architecture peu transformée et dispersée dans un paysage de rêve, parfaite pour développer un écotourisme fondé sur les soins et les produits locaux. De cette façon, leur dépendance à l’économie informelle peut être atténuée par de nouveaux emplois alternatifs. En considérant que le cannabis est l’une des plantes cultivées les plus polyvalentes, les perspectives de développement sont considérables.
La politique d’éradication totale du cannabis adoptée par la Tanzanie est loin de faire l’unanimité sur le continent. Dans plusieurs pays, le débat est désormais engagé sur le bien-fondé de légaliser la culture du cannabis médical. Le Lesotho a déjà franchi le pas en accordant en 2017 la première licence à une entreprise sud-africaine autorisée à cultiver, à transformer et à vendre du cannabis pour un usage scientifique et médical. Le Malawi, la Zambie et le Zimbabwé envisagent, eux aussi, de suivre l’exemple du Lesotho pour attirer les investisseurs.
Débat controversé en Afrique du Sud
En Afrique du Sud, le cannabis médical suscite un débat controversé. Certains spécialistes prônent sa légalisation alors que d’autres sont plus réservés. «Le cannabis peut être considéré comme une alternative lorsque les médicaments traditionnels ont été inefficaces. Comme pour n’importe quelle autre substance, il peut être un remède efficace pour certaines personnes, et un poison pour d’autres», explique à l’AFP un chercheur de l’université de Pretoria.»
Selon les médias locaux, le conseil de recherches médicinales sud-africain a lancé plusieurs essais cliniques. Mais sa production à des échelles commerciales et sa distribution restent illégales dans le pays.
Dans un article posté sur le site Doctissimo, le docteur Jean Philippe Rivière, médecin généraliste français note que l’usage médical du cannabis est une réalité aux Pays-Bas, mais aussi en Italie, en Allemagne, en Finlande ou encore dans certains Etats américains. Puis il énumère ses propriétés «de plus en plus reconnues de par le monde».
«Cette substance possède des vertus médicales pour les patients atteints de douleurs chroniques, de spasmes liés à une sclérose en plaques voire d’épilepsie partielle, de nausées ou d’un manque d’appétit dû au sida ou à un cancer», écrit Jean-Philippe Rivière.
Le médecin français fait référence à «plusieurs centaines d’études» menées à travers le monde et qui auraient permis de confirmer certaines propriétés du cannabis. Et de préciser que dans le cadre de l’usage médical, il est recommandé, dans les pays qui l’autorisent, de consommer le cannabis sous différentes formes non fumées. Le cannabis fumé pouvant augmenter le risque de cancer du poumon au même titre que le tabac, affirme-t-il.
La recherche sur les effets du cannabis médical encore balbutiante
Ces affirmations sont battues en brèche dans un article posté sur le site The Conversation par d’autres chercheurs qui affirment que la recherche sur les effets du cannabis médical est encore balbutiante. Aujourd’hui, les résultats obtenus sont encore mitigés, estiment deux professeurs américains qui se sont penchés sur le sujet.
Il s’agit de Steven Kinsey, de l’université de Virginie, et de Divya Ramesh, de l’université de Connecticut. Pour eux, cette plante contient des centaines de composants dont on connaît encore très mal les vertus éventuelles pour la santé.
«La recherche menée sur les humains montre que certaines maladies, comme la douleur chronique résultant de lésions nerveuses, seraient sensibles à l’action du cannabis, sous forme fumée ou vaporisée. Mais la plupart des recherches se fondent sur des déclarations subjectives, sur des évaluations personnelles de la douleur, ce qui en limite la validité», indiquent-t-ils dans leur article.
Et ils font le même constat concernant l’effet du cannabis sur l’épilepsie qui a fait l’objet de plusieurs articles «à sensation». «Même si les spéculations vont bon train sur internet, l’usage thérapeutique du cannabis pour atténuer les crises d’épilepsie n’est pour l’instant confirmé que par des expériences menées sur les rongeurs. Chez les humains, la preuve de son efficacité est bien moins établie».
Pour les deux chercheurs américains, ce n’est que par le biais d’études solides qu’il sera possible de comprendre les éventuelles vertus thérapeutiques du cannabis.
Comme on le voit, si des brèches se sont ouvertes en Afrique, comme ailleurs dans le monde, dans l’interdit qui frappe le cannabis, il est encore loin le temps où chacun pourra se le procurer sur ordonnance dans la pharmacie de son quartier.
Par Martin Mateso@GeopolisAfrique
Source: francetvinfo.fr
Arrêté en 2008 par la police fédérale, Virgil a passé six ans derrière les barreaux. "Il y a beaucoup de gens de couleur qui ont été arrêtés et incarcérés, comme moi, pour des affaires de marijuana, des crimes et délits non-violents. (...) C'est désormais légal, mais il y a toujours des gens en prison", explique-t-il à l'AFP.
D'après l'association de défense des droits civiques ACLU, 8,2 millions de personnes ont été arrêtées pour commerce ou consommation de marijuana entre 2001 et 2010. Un chiffre quatre fois plus important chez les Noirs que chez les Blancs, alors que leur consommation est similaire selon de multiples études.
"On perd tout"
L'impact sur les Afro-américains et les Hispaniques a été dévastateur, plongeant des familles entières dans la pauvreté.
"On perd tout, même sa voiture", se souvient Virgil Grant, qui n'a pas pu voir grandir ses cinq filles. Une fois sortis de prison, les ex-dealers peinent à retrouver emploi, logement ou subvention, et donc à sortir de la précarité.
Cat Packer, responsable de la législation sur le cannabis de Los Angeles, rétorque que des arrestations disproportionnées chez les Noirs ont eu seulement lieu "parce que la police était plus active dans ces communautés".
Los Angeles, Oakland, Portland, entre autres, veulent désormais octroyer des licences de commercialisation de marijuana en priorité à ceux qui ont souffert de la "guerre contre la drogue".
"Barrières à l'entrée"
La California Minority Alliance milite par ailleurs dans tout le pays pour que les minorités défavorisées aient leur chance de participer activement à ce secteur légal encore embryonnaire: il faut "que ça ne coûte pas un million de dollars pour obtenir une licence", argumente-t-elle.
Des villes comme San Diego, San Francisco ou Seattle veulent par ailleurs amnistier des milliers de condamnations passées.
Eddie Erby, l'un des employés de Virgil Grant, a été arrêté à 18 ans pour avoir vendu de la marijuana. Il a passé dix ans derrière les barreaux.
Le cannabis "était une manière de gagner de l'argent rapidement parce qu'on n'arrivait pas à trouver un travail, parce qu'on n'avait pas la bonne couleur de peau", raconte-t-il, tout en pesant des fleurs de cannabis pour la commande d'un client.
Aujourd'hui âgé de 52 ans, il a mis des années à reconstruire sa vie. Virgil Grant embauche régulièrement d'anciens prisonniers.
Car du boulot il y en a : le marché du cannabis vaut déjà près de 20 milliards de dollars aux États-Unis, un chiffre qui devrait doubler d'ici trois ans.
Et si la NBA devenait la première ligue pro à encourager l’usage du cannabis thérapeutique ?
Depuis quelques années déjà, la NBA est la ligue de sport US qui vit le plus dans son époque. Le mandat de David Stern avait préparé le terrain. Celui d'Adam Silver, entamé en 2014, pourrait bien briser les barrières les plus tenaces autour de questions majeures de société. La tâche est importante. Les temps sont complexes aux Etats-Unis et on ne bouleverse pas un échiquier comme celui-ci en un clin d'œil. Mais la NBA a au moins le mérite d'être du côté des progressistes.
En 2013, elle avait favorisé le coming-out du premier joueur homosexuel en activité dans le sport américain professionnel, Jason Collins. L'année suivante, une chasse aux propriétaires racistes et discriminants avait débouché sur l'éviction très médiatisée de Donald Sterling, le patron des Los Angeles Clippers, et de Bruce Levenson, celui des Atlanta Hawks. Un an plus tard, la question des violences domestiques s'était trouvée au centre des discussions, alors que la puissante consœur de la NFL était stigmatisée pour son laxisme sur le sujet. En 2016, Silver avait osé délocaliser le All-Star Game de Charlotte quelques mois seulement avant sa tenue parce qu'une loi anti-LGBT avait vu le jour en Caroline du Nord.
Puis, là encore en opposition avec la très conservatrice NFL, la NBA avait accompagné et soutenu les joueurs qui souhaitaient exprimer leur colère face aux violences policières et aux discriminations contre la communauté afro-américaine. Si le Commish a émis le souhait que les joueurs ne s'agenouillent pas pendant l'hymne, il les a encouragés à manifester leur intérêt pour la cause. Enfin, la ligue a constamment soutenu ses membres dans leurs critiques féroces contre Donald Trump, notamment le choix des Golden State Warriors de ne pas se rendre à la Maison Blanche pour fêter leur titre comme le voulait la tradition.
Aujourd'hui, c'est un sujet différent et potentiellement épineux sur lequel doit se pencher l'institution. Là aussi, l'idée est de se montrer avant-gardiste et de composer avec la réalité sociale, tout en prenant des pincettes sur le plan sanitaire. Alors qu'à travers le pays de plus en plus d'états ont assoupli leur posture vis-à-vis du cannabis, des voix s'élèvent pour rendre son utilisation légale en NBA. Prudence toutefois. On parle ici de cannabis à usage strictement thérapeutique. La NBA ne peut pas se permettre, après avoir mis en place un règlement impitoyable pour éliminer le fléau des drogues dures dans les années 80, d'être considérée comme un nirvana pour amateurs de drogues récréatives.
La marijuana n'est pas une drogue dure et ses effets sont évidemment sans commune mesure avec les ravages provoqués par la cocaïne, par exemple. On se souvient des carrières tronquées de John Drew ou David Thompson, stars en leur temps, à cause de leur addiction. La NBA reste toutefois précautionneuse avec l'image que doivent renvoyer ses acteurs. On peut d'ores et déjà affirmer qu'aucun joueur n'aura de blanc-seing pour arriver « stone » aux matches ou même avoir une consommation décomplexée en dehors des terrains.
Pour l'heure, les sanctions pour les contrevenants sont néanmoins plus de l'ordre de la petite tape sur le poignet que de l'énorme gifle. Ce n'est qu'au bout d'un troisième contrôle positif au cannabis qu'un basketteur est généralement suspendu et jamais pour plus de cinq matches. Un signe que l'instance est consciente de la réalité.
CBD mon amour
En 2016, Jay Williams, l'ancien joueur des Bulls, estimait que plus de 75% des joueurs NBA avaient une consommation ne serait-ce qu'occasionnelle, de cannabis. L'ancien n°2 de la draft avait visé large mais, surtout, avait apporté une nuance importante.
« Énormément de personnes s'en servent à des fins médicales. Il est temps que les institutions comme la NBA le comprennent. Je ne suis pas un drogué. J'utilise juste de l'huile de cannabis contre les inflammations et l'anxiété.
Pendant plus de cinq ans, on m'a soigné à l'Oxycontin. J'y ai été accro. Les médecins vous prescrivent pourtant ça sans aucun problème, alors que le cannabis reste diabolisé », racontait celui qui avait vu sa carrière brisée par un accident de moto en 2003.
Al Harrington, 18 saisons en NBA, est allé plus loin dans la réflexion. Le jeune retraité est devenu entrepreneur dans le business du cannabis et s'est fait l'avocat de cette cause.
« A Denver, je me suis blessé au genou. On m'a opéré et j'ai malheureusement eu une infection. Il m'a fallu quatre opérations supplémentaires juste pour nettoyer l'articulation. J'étais en souffrance. La vicodine ne marchait pas.
On m'a recommandé de me soigner avec le CBD, ça a été un changement incroyable. J'ai pu jouer aussi longtemps grâce à ça et aucun contrôle anti-dopage que j'ai pu passer n'a été positif », raconte Harrington dans le média Uninterrupted.
Mais le CBD, qu'est-ce que c'est au juste ? Petit cours de chimie. Le cannabis est composé de deux substances dominantes, le THC (tétrahydrocannabinol) et le CBD (cannabidiol). Le THC est responsable de l'effet relaxant provoqué par la fumette. En revanche, il a des effets psychoactifs (donc influe sur le comportement, l'humeur, la perception et l'activité mentale), augmente l'appétit et crée fréquemment, à plus ou moins long terme, des problèmes d'ordre neurologique. Tout ce contre quoi les organismes de santé publique mettent en garde à juste titre.
Le second, celui autour duquel Harrington a axé son investissement de 3,5 millions de dollars, n'a pas d'effets psychoactifs, est anti-inflammatoire et réduit la douleur et les nausées. C'est en congelant la plante, en extrayant le fameux CBD et en l'exposant à une forte chaleur, que les exploitants employés par Harrington – l’un des nombreux entrepreneurs qui se sont lancés dans ce secteur luxuriant (7,1 milliards de dollars générés aux Etats-Unis en 2016) – façonnent leur gagne-pain. Il peut être utilisé sous forme d'huile, de pâte, de crème ou de poudre. Une méthode appelée « dabbing » permet aussi l'inhalation de concentré de CBD. L'e-cigarette avec de la vapeur de CBD est par exemple très en vogue chez les combattants MMA, que l'Agence Mondiale Anti-dopage autorise désormais à avoir recours au cannabis thérapeutique. Un substitut évidemment moins problématique que les opioïdes fréquemment ingérés par les free-fighters de haut niveau.
« J'ai développé une addiction aux opioïdes qui s'est poursuivie même après ma retraite. Au début, tu prends une pilule. Puis deux, puis quatre, puis sept, puis dix... Lentement, mais sûrement, tu augmentes la dose et tu n'es plus toi-même.
S'il y avait eu la possibilité de se soigner au CBD à l'époque, je n'aurais pas eu à en passer par là. J'espère que tous les athlètes pourront avoir recours à ça à l'avenir », témoigne l'ancienne star néerlandaise de l'UFC Bas Rutten dans son blog sur Champions.co.
Al Harrington, qui vit dans le Colorado, l'un des états précurseurs en matière de légalisation du cannabis, ne voit que des effets bénéfiques à la consommation de CBD, même si ses proches ont d'abord été interloqués en le voyant se soigner par ce biais.
« Un jour, ma fille m'a un peu pris de court en me demandant pourquoi je prenais ça. J'ai dû lui dire que son papa avait eu une longue carrière et avait beaucoup d'anciennes douleurs et des genoux en mauvais état. Et puis je lui ai montré que son arrière-grand-mère, qui est diabétique, va beaucoup mieux depuis qu'elle se soigne comme ça. »
David Stern, improbable soutien
Si les témoignages d'anciens joueurs font réfléchir, celui de David Stern, le Commish historique, a fait du bruit ces derniers mois. Mentor d'Adam Silver, qui a été son adjoint pendant près de huit ans, Stern a encore de l'influence auprès du nouveau boss et sa prise de position en faveur de l'usage du cannabis thérapeutique pourrait bien accélérer le processus.
« A l'époque, le cannabis était considéré comme une drogue-passerelle vers d'autres choses plus lourdes. Et beaucoup de joueurs venaient nous voir en nous disant, untel ou untel joue sous influence du cannabis, c'est dangereux, etc... On a donc serré la vis.
Après en avoir appris plus sur le sujet, je pense aujourd'hui que la marijuana devrait être retirée de la liste des produits interdits. Beaucoup de gens très intelligents ne savent pas ce qui est bien ou non à ce sujet. Mais tout le monde s'accorde à dire que c'est médicalement bénéfique sous l'une de ses formes.
Il faudrait changer le CBA pour laisser chacun faire ce qui est légal dans son état », a proposé Stern, là aussi sur The Uninterrupted, avant de suggérer que les staffs médicaux des franchises NBA soient formés sur la question pour appréhender au mieux une possible réforme.
L'un des prérequis pour que les soins au CBD se démocratisent est évidemment l'encadrement de la prise du produit par des professionnels de santé. C'est un peu là que le bât blesse. Si l'emploi de la marijuana thérapeutique ne s'est pas encore généralisé chez les athlètes, c'est aussi à cause du scepticisme de la part d'une frange non-négligeable du corps médical. En novembre dernier, le collège des médecins de l'Alberta, au Canada, remettait même en cause l'absence d'effets secondaires avancée par les défenseurs de la méthode. Des essais effectués par l'équipe du docteur Mike Allan évoquaient la récurrence d'hallucinations, de paranoïa, d'étourdissements et d'hypotension artérielle.
« La plupart des autres études ont sous-estimé les effets indésirables parce qu'elles ont été menées auprès de patients habitués à la marijuana et donc possiblement moins susceptibles que les autres de les ressentir », prévient Allan dans Metro Canada.
Aujourd'hui, 29 des 50 états américains autorisent la consommation de cannabis à des fins médicales. Parmi ceux qui hébergent des franchises NBA, l'Utah (le Jazz), le Wisconsin (les Bucks), l'Indiana (les Pacers), le Texas (les Spurs, les Rockets et les Mavs), la Caroline du Nord (les Hornets) et la Géorgie (les Hawks) n'ont pour l'heure aucune législation favorable à une quelconque utilisation de la substance. On peut supposer que les joueurs de ces équipes en demande de soins ou qui se les seront vus recommander s'arrangeront pour obtenir des dérogations ou être traités en dehors de ces juridictions.
Un autre point soulevé par Stern, qui ne manque jamais de rappeler qu'il est un businessman dans l'âme, n'est pas à négliger : l'aspect financier.
« En changeant la réglementation, la NBA générerait un bénéfice énorme. Imaginez une seconde si toutes les superstars pouvaient jouer une année supplémentaire dans leur carrière grâce à ça ? »
Certaines légendes du jeu, comme Larry Bird, freiné par de violentes douleurs au dos en fin de parcours, auraient probablement pu en bénéficier en leur temps. Peu après la sortie médiatisée de Stern, justement à la suite d'une discussion avec Harrington, Adam Silver s'est déclaré « très intéressé par cette question scientifique et les applications possibles en NBA ». De quoi laisser penser que le sujet sera rapidement discuté lors de réunions entre le board, le syndicat des joueurs et les propriétaires.
Il n’existe pas de produit miracle
Il n'y a finalement même pas besoin d'être personnellement concerné pour militer en faveur d'une évolution du règlement. Ni de faire partie d'une génération gavée aux antidouleurs aux effets indésirables. Karl-Anthony Towns, 22 ans, n'a pas encore connu le moindre pépin physique majeur depuis son arrivée dans la ligue. Pourtant, celui qui avait débuté des études de kinésiologie à Kentucky a livré un avis assez éclairé sur la question dans un entretien accordé à ESPN.
« Je n'ai jamais fumé, mais ma famille est dans le médical et je connais le sujet. Il n'y a pas besoin de transformer le produit en joint. On peut en revanche utiliser les propriétés chimiques de la substance pour améliorer le quotidien de beaucoup de gens.
C'est hors de mon contrôle, mais Adam Silver devrait légaliser la marijuana médicinale. Il a déjà montré qu'il était toujours à l'écoute et pour le dialogue. Moi, je ne parle pas d'une consommation où les gens fumeraient comme des pompiers. Simplement, d'une utilisation comme un facteur bénéfique pour le corps des athlètes. »
Et KAT d'évoquer le cas du neveu de sa petite-amie, autiste, dont le traitement contre les troubles neuro-développementaux est à base de cannabis.
« Je n'ai vu que des effets positifs à ce jour sur lui. Il trouve du réconfort dans ce traitement et je suis heureux pour lui. Il y a certains athlètes pour lesquels cet usage serait bon. Nous ne sommes pas surhumains », explique-t-il.
L'idée n'est pas de dire que le CBD a réponse à tout et est une sorte de produit miracle. Steve Kerr, dont on connaît les graves problèmes de dos depuis deux ans, a eu recours à cette méthode mais sans succès. L'important, du point de vue du coach des Warriors, est que les joueurs aient la possibilité d'utiliser cette alternative s'ils le souhaitent.
« J'ai essayé deux fois. Je souffrais énormément. Ça n’a pas eu d’effets sur moi. J’aurais aimé que ça marche parce que les opioïdes n'ont pas fonctionné non plus et ont été très néfastes. Cela dit, ça ne fait aucun doute que c’est nettement mieux pour le corps que la vicodine ou d’autres antidouleurs. Pourtant, on continue de filer ça aux joueurs comme si c’était de la vitamine C. Tout est une question de perception.
La NFL, la NBA et la MLB sont dirigées par des businessmen qui ont une image à respecter. Du coup, ils ne veulent pas que l'on puisse penser que leurs joueurs sont des junkies. Il faut que le public soit éduqué sur ce sujet. Pour moi, ce n'est qu'une question de temps avant que le cannabis médical ne soit autorisé dans les ligues sportives. L'éducation va l'emporter sur le préjugé », a affirmé Kerr sur NBC Sports.
Si des joueurs influents, le coach des champions en titre et l'ancien patron de la ligue sont en faveur de l'arrivée du cannabis thérapeutique en NBA, pourquoi les choses n'ont-elles pas encore bougé ? C'est assez simple. Les grands groupes pharmaceutiques doivent d'abord trouver le moyen d'exploiter ce filon financièrement. Quand ce sera le cas, la mise en place d'essais cliniques sur les athlètes et la légalisation iront probablement beaucoup plus vite...
Par Shaï Mamou
Cet article est extrait du numéro 65 de REVERSE
Source: basketsession.com
En janvier 2017, les députés allemands ont voté la légalisation du cannabis à usage thérapeutique. Depuis lors, le texte est entré en vigueur en mars dernier. Cependant, près d'un an après cette mesure, les patients malades ayant droit à la marijuana médicale luttent encore pour trouver l'herbe dont ils ont besoin.
Le problème réside dans le conservatisme de l'industrie médicale, explique The Economist. En effet, de nombreux médecins allemands hésitent encore à prescrire du cannabis plutôt que les opiacés traditionnels tels que la morphine. Et lorsque les professionnels du secteur de la santé acceptent de délivrer du cannabis, le prix peut atteindre 24 euros le gramme, soit plus du double du prix en rue. Ainsi, le coût en vente libre est beaucoup plus élevé que ce que beaucoup de consommateurs particuliers peuvent se permettre. Par ailleurs, les assureurs santé déclinent un tiers des demandes de remboursement.
Tous les pharmaciens allemands ne stockent pas du cannabis, soit parce qu'ils désapprouvent cet usage, soit tout simplement parce qu'ils ne le connaissent pas. Par conséquent, la demande dépasse souvent l'offre.
Pourtant, les Allemands sont friands des traitements alternatifs et particulièrement, des traitements à base de remèdes naturels.
Culture illégale
Jusqu'à l'année prochaine, la culture du cannabis restera illégale en Allemagne. A cette date, une dizaine de licences seront octroyées permettant à des pharmaciens de produire la substance sur des sites secrets. Ces pharmaciens recevront des formations en sécurité et seront également assermentés de façon confidentielle. Ils ne pourront en outre pas touchés au produit fini.
Cela ne laisse donc la place qu'aux producteurs de cannabis cultivé à l'étranger. Mais là encore, les règles d'octroi de licences sont beaucoup trop strictes, explique David Henn, CEO de Cannamedical, principal fournisseur de cannabis de l'Allemagne. Les blocages sont évidents même pour les pharmacies favorables à l'usage médical du cannabis de Cologne. « Nous sommes sur une liste d'attente. Je pense que cela prendra deux mois », affirme Frau Metzdorf de Apotheke im Hauptbahnhof. A proximité de cette pharmacie, les clients de Dom Apotheke doivent attendre trois mois. Mais ceux qui souhaitent vraiment avoir accès au cannabis peuvent l'obtenir au coin de la rue, précise le média.
Dans les grandes villes allemandes, la police ferme parfois les yeux sur le trafic des dealers de rue. La possession de petites quantités de cannabis est légale. Par contre, cultiver du cannabis à domicile est plus risqué. La première licence pour la culture domestique de cannabis a été délivrée en 2016. Les patients souhaitent donc que la culture domestique soit également légalisée. « Il s'agit de la prochaine étape », insistent-ils.
Face à un marché en plein essor, d’anciens politiques y voient l’opportunité d’une nouvelle carrière.
Le lucratif marché du cannabis au Canada suscite de nouvelles vocations. Dans un pays où, en 2017, 4,9 millions de personnes auraient dépensé environ 5,7 milliards de dollars canadiens (3,8 milliards d’euros) en cannabis, d’anciens politiques y ont vu l’opportunité d’une nouvelle carrière.
Chuck Rifici, ancien trésorier du Parti libéral canadien (PLC) lors de l’élection de Justin Trudeau, est président de Cannabis Wheaton Income Corp. Il fut l’un des fondateurs du plus gros producteur canadien et mondial, Canopy Growth. Ce dernier est présidé par Mark Zekulin, un ancien conseiller du ministre libéral des finances de l’Ontario. Citons aussi Herb Dhaliwal, ancien ministre du gouvernement de Jean Chrétien, aujourd’hui président de National Green BioMed, un producteur de Colombie-Britannique, ou bien encore l’ancien directeur national du PLC, Adam Miron, directeur d’Hydropothecary.
Anciens policiers
D’anciens hauts fonctionnaires de Santé Canada, l’organisme fédéral qui accorde les permis de production, travaillent aussi pour l’industrie du cannabis. L’ancien chercheur Thomas Shipley, par exemple, est directeur au contrôle de la qualité chez Canopy. A Hydropothecary, le service à la clientèle est géré par Max Cyr, qui supervisait le dossier cannabis à Santé Canada. D’autres, comme Brian Wagner et Ivan Vrana, sont consultants pour cette industrie, après avoir participé à l’encadrement de la marijuana…
Pour assurer la sécurité de leurs installations, plusieurs producteurs ont embauché d’anciens policiers. Tels l’ancien grand patron de la gendarmerie royale du Canada, Norman Inkster, directeur chez Mettrum, et Timothy Humberstone, un ancien de la lutte antidrogue devenu le directeur d’ABcann.
Certains investissements font mauvais genre. Selon Le Journal de Montréal, au moins 165 millions de dollars canadiens en provenance de paradis fiscaux ont été investis dans des firmes de production du cannabis. Ces deux dernières années, 35 des 86 producteurs autorisés par Santé Canada ont bénéficié d’un financement offshore.
Par Olivier Mougeot (Québec, correspondance)
Source: Lemonde.fr
Le gouvernement de Justin Trudeau sort de son mutisme et rappelle Québec à l’ordre. Son idée d’interdire complètement la culture de marijuana à domicile est contraire à la volonté fédérale et risque fort d’être invalidée par les tribunaux.
Photo: Sean Kilpatrick La Presse canadienne - La ministre fédérale de la Justice, Jody Wilson-Raybould
« Le projet de loi C-45 est permissif dans le sens où si des provinces veulent se doter de règles plus restrictives, y compris à propos de la culture à domicile, elles sont libres de le faire. Mais il y a des limites à cela », a déclaré la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould.
Dans son projet de loi légalisant la marijuana, Ottawa autorise les citoyens à faire pousser jusqu’à quatre plants de cannabis par domicile. Aucune limite sur la taille des plantes n’est imposée. Or, Québec a décidé d’interdire complètement la culture personnelle.
Lors du dépôt du projet de loi québécois en novembre, plusieurs constitutionnalistes avaient rappelé l’existence en droit canadien du concept de prépondérance fédérale. Si une loi provinciale contredit une loi fédérale, c’est cette dernière qui a préséance.
Les professeurs avaient soutenu au Devoir que bien que les tribunaux tentent de réconcilier les deux lois pour éviter un tel affrontement, cela serait probablement impossible dans ce cas-ci.
C’est cet argument que sert la ministre fédérale. « Lorsque la compétence provinciale se substitue à la compétence fédérale ou que le but de notre législation est frustré par une autre loi, la préséance fédérale entre en ligne de compte », a rappelé Mme Wilson-Raybould. Elle a ajouté qu’elle continuerait à « avoir des conversations avec les provinces et les territoires. Ils connaissent bien leur compétence ».
La ministre fédérale se montre très prudente, car elle ne veut pas avoir l’air de commenter un projet de loi qui poursuit son cheminement parlementaire, comme c’est le cas avec celui du Québec.
Réaction à Québec
Plus tôt à Québec, la ministre Lucie Charlebois avait soutenu avoir obtenu des avis juridiques l’assurant qu’elle pourrait « se défendre » en cas de poursuite. Elle a par ailleurs soutenu à tort que « plusieurs provinces » avaient opté pour l’interdiction complète de la culture à domicile.
« Le Québec n’est pas la seule province qui dit zéro plant à domicile. On n’est vraiment pas la seule. Je n’ai pas le tableau sous les yeux, mais il y en a plusieurs. »
En fait, il n’y en a qu’une autre : le Manitoba. Six autres provinces permettront la culture personnelle tandis que la Saskatchewan et Terre-Neuve n’ont pas encore annoncé leurs intentions.
STUPEFIANT Le patron du syndicat de la police judiciaire allemande a appelé dans un entretien publié lundi à la dépénalisation «totale» du cannabis, jugeant la législation actuelle «inefficace»…
«La prohibition du cannabis a été décidée historiquement de manière arbitraire et aujourd'hui elle n'est ni intelligente, ni efficace...» Les propos peuvent surprendre quand on sait qu’ils sont d’André Schulz, chef de l'Union allemande des fonctionnaires de la police judiciaire (BDK).
Dans un entretien à Bild, le patron du syndicat de la police judiciaire allemande appelle à la dépénalisation «totale» du cannabis. Selon lui, c'est l'interdiction qui a créé «les plus graves problèmes actuels» en générant criminalité et stigmatisation des consommateurs.
« Mon pronostic, c'est que bientôt il ne sera plus interdit en Allemagne »
«Le BDK s'engage pour une dépénalisation totale de la consommation de cannabis (...) et mon pronostic, c'est que bientôt il ne sera plus interdit en Allemagne», poursuit le dirigeant de cette organisation qui revendique 15.000 membres.
Il considère cependant qu'il n'est pas du rôle du syndicat de demander une «légalisation» de la marijuana.
De fait, la possession de petites quantités de cannabis - jusqu'à 10 ou 15 grammes en fonction des régions et des villes - ne donne généralement pas lieu à des poursuites en Allemagne. L'achat, la vente ou la possession de quantités supérieures est passible de prison ferme.
20 Minutes avec AFP
Allemagne : un syndicat policier en faveur d’une légalisation du cannabis
Le chef du syndicat police allemand Bund Deutscher Kriminalbeamter (BDK) a annoncé que son groupe était en faveur d’une « décriminalisation complète des consommateurs de cannabis » et la création d’un marché régulé du cannabis.
Se confiant au quotidien allemand Bild, Andre Schulz, le chef du BDK, a critiqué l’actuelle prohibition, en disant qu’elle avait créé un système qui stigmatise le consommateur et permet aux carrières criminelles de se lancer.
« La prohibition du cannabis a créé les plus gros problèmes en premier » dit-il, y compris en alimentant une criminalité plus grave et en stigmatisant les consommateurs occasionnels.
« La prohibition du cannabis était, vue historiquement, arbitraire » dit Schulz, et n’était « ni intelligente ni efficace ».
L’Allemagne a légalisé la consommation de cannabis médical en mars 2017, tout en soulignant qu’elle n’était pas prête à le faire pour des fins récréatives.
Andre Schulz a souligné qu’il existait de meilleures politiques concernant la consommation de drogues que des interdictions et des restrictions catégoriques. Elles incluent notamment une meilleure éducation autour de l’usage responsable des drogues, plus de moyens pour aider les consommateurs et les consommateurs dépendants, et de meilleurs programmes pour protéger les enfants et les jeunes.
Schulz a ajouté que toute réforme des lois sur le cannabis doit toutefois s’accompagner d’une interdiction persistante de conduire en ayant consommé du cannabis.
Le porte-parole du ministre de la Santé allemand, Hermann Gröhe, a rapidement déclaré qu’il n’y avait aujourd’hui pas d’intention de changer la loi actuelle. Des études en cours sur l’usage de cannabis montrent toujours des « effets sur la santé significativement négatifs », en particulier chez les jeunes, selon le porte-parole.
La possession de petites quantités de cannabis en Allemagne, 10 à 15 grammes selon les Länder, n’amène généralement pas de poursuites.
La ville de San Francisco va examiner jusqu’à 8 000 condamnations et infractions à la lumière de la nouvelle législation, autorisant le cannabis récréatif.
image: ELIJAH NOUVELAGE / REUTERS
Frontalement opposée à l’administration Trump, la ville de San Francisco, en Californie, a lancé une amnistie pour toutes les condamnations liées au cannabis depuis plus de quarante ans. Le bureau du procureur de l’agglomération a ainsi fait savoir qu’il allait « appliquer rétroactivement la mesure (…) légalisant la possession et la consommation de marijuana à usage récréatif », adoptée en novembre 2016, « à des infractions et condamnations pénales remontant à 1975 ». Jusqu’à 8 000 condamnations et infractions vont ainsi être examinées.
« Bien que les politiques liées à la drogue fassent un pas en arrière au niveau fédéral, San Francisco prend une fois de plus l’initiative de réparer les dégâts causés par la désastreuse (…) guerre contre la drogue », a commenté le procureur George Gascon. « Une condamnation pénale peut être une barrière à l’emploi, au logement et à d’autres subventions. »
La porte-parole de la procureure de San Diego, Summer Stephan, a précisé à l’Agence France-Presse que la ville balnéaire située à la frontière du Mexique avait pris des mesures similaires pour effacer des casiers judiciaires liés au cannabis depuis déjà un an.
Les personnes qui ont vendu de la drogue à des mineurs ou impliquées dans des violences, particulièrement les agressions sexuelles et viols, ne peuvent bénéficier de ces amnisties.
« Justice réparative »
Gavin Newson, l’un des adjoints du gouverneur de Californie et ex-maire de San Francisco, met en avant les « vies brisées par un système pénal de la marijuana coûteux et racialement discriminatoire ».
Le procureur Gascon souligne que la « guerre contre la drogue », surnom de la politique fédérale de lutte contre les stupéfiants menée pendant des années, a entraîné des « arrestations inégales à travers les groupes raciaux », les Noirs et Hispaniques faisant l’objet de plus fréquentes interpellations et incarcérations que les Blancs, bien que « de multiples études aient démontré que la consommation et vente de drogue est équivalente ».
En Californie, plusieurs villes comme Los Angeles ou Oakland, et Portland en Oregon, tentent de remédier à ces disparités et mettent en place des mesures de « justice réparative », en donnant par exemple la priorité aux Afro-Américains ou Hispaniques dans l’attribution de licences de commercialisation.
Huit Etats, dont le Colorado et l’Etat de Washington en plus de Washington DC, ont déjà légalisé la drogue douce à usage récréatif, et trente Etats avec la capitale fédérale l’ont légalisée à usage thérapeutique. Elle reste toutefois illégale au niveau fédéral.
Si l’administration Obama avait levé le pied sur les arrestations et poursuites liées à la marijuana, le gouvernement Trump et son ministre de la justice, Jeff Sessions, ont au contraire durci le ton.
Plusieurs pays ont déjà vu leur législation évoluer
Usage thérapeutique, secteur économique d’avenir…
Au Maroc, le débat ne date pas d’aujourd’hui
Faut-il légaliser le cannabis? Le débat au Maroc a fait son apparition après que plusieurs pays ont autorisé l'usage thérapeutique de cette drogue et ont fait le choix d'une politique moins répressive. Des partis politiques (PAM…) et des spécialistes marocains avaient plaidé il y a quelques années pour le lancement d’une réflexion élargie.
A la question: «Faut-il légaliser la consommation, la production et la vente du cannabis au Maroc?» les répondants à un sondage réalisé sur le site de L’Economiste sont de 44% de votants pour contre 56% contre. Ce sondage vient suite à l’enquête publiée sur les colonnes de L’Economiste, le 5 octobre 2012. Aussi, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a été le premier à prendre position dans le cadre de la réflexion sur la régularisation du cannabis.
Plusieurs pays d’Europe sont en train de revoir leurs positions sur le sujet et en cas de légalisation, des débouchés importants pourraient s’ouvrir pour la région et pour le Maroc en général (voir aussi l’article Une agence de régulation pour le cannabis? cf. notre édition N° 4742 du 01/04/2016).
Selon l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la surface cultivée pour la résine de cannabis au Maroc s’élève à 47.000 ha pour seulement 1.147 ha détruits (2,4%). Le Royaume conserve ainsi sa place de premier producteur mondial de résine de cannabis.
Au niveau mondial, la liste des pays (Pays-Bas, Espagne, plusieurs Etats américains... ) ayant opté pour une dépénalisation du cannabis s'allonge. Mais la France, sur le point d'instaurer une amende, peine à sortir du tout répressif. Un rapport parlementaire qui sera présenté, mercredi 31 janvier, préconise de sanctionner les usagers par une «amende forfaitaire délictuelle», allant de 150 à 200 euros, assortie éventuellement de poursuites, ou par une simple contravention.
Promesse du président Emmanuel Macron, cette mesure, si elle s'applique en principe à tous les stupéfiants, concerne dans les faits les fumeurs de cannabis. Alors que certains médecins recommandent parfois aux patients de soulager leur douleur avec des produits dérivés du cannabis, aucun médicament à base de fleurs séchées de cannabis n'est légal en France. Paris reste loin du débat américain, où plusieurs États, dont récemment la Californie, ont autorisé un usage récréatif du cannabis.
En Europe, les politiques sont diverses en la matière. L'Allemagne, la Belgique et l'Italie, entre autres, ont dépénalisé son usage: «en posséder ou en consommer n'est pas toléré mais les contrevenants ne risquent qu'une amende, en-deçà d'une certaine quantité». L'Australie a décidé d'autoriser les exportations de cannabis à usage thérapeutique afin d'accroître les débouchés pour ses producteurs nationaux.
Une première ferme a reçu en mars dernier l'agrément pour faire pousser du cannabis médicinal et plusieurs autres ont suivi. Le gouvernement y voyant un secteur économique d'avenir. A noter que l'usage récréatif du cannabis demeure interdit en Australie, pays qui a légalisé son usage thérapeutique en 2016. Il est également autorisé dans plusieurs autres pays comme le Canada, Israël ou une majorité d’états des États-Unis.
En ce qui concerne les Canadiens, ils ont dépensé près de 3,7 milliards d'euros en cannabis en 2017, selon l'institut canadien de la statistique. La majeure partie des dépenses (plus de 90%) était consacrée à l'achat de cannabis à des fins récréatives, actuellement interdit dans le pays mais dont la légalisation est attendue cet été.
Le reste concernait l'achat de cannabis thérapeutique, préalablement prescrit par un médecin et légal au Canada depuis 2001. L’année dernière, le nombre de consommateurs était estimé à 4,9 millions de Canadiens, chacun ayant consacré en moyenne 1.200 dollars à l'achat de cannabis, selon des chiffres récents.
Par Fatim-Zahra TOHRY
Le cannabis est autorisé pour un usage médical dans 29 Etats d'Amérique du Nord dont 9 admettent également l'usage récréatif. Des chercheurs, principalement issus de l'Université du Connecticut, aux Etats-Unis, ont voulu savoir si avec la légalisation de cette drogue, la consommation d'alcool était modifiée. D'après cette étude, relayée par Forbes, les scientifiques ont observé une baisse de la consommation d'alcool dans les Etats qui ont légalisé le cannabis pour un usage thérapeutique.
Une baisse de 15% des ventes d'alcool
Les chercheurs ont analysé les bases de données de 90 magasins vendant de l'alcool entre 2006 et 2015. Ils ont comparé les chiffres des Etats où le cannabis thérapeutique n'était pas autorisé avec ceux où il l'était, mais aussi les différences au sein même d'un Etat, avant et après légalisation. Une baisse de 15% des ventes d'alcool a été observée dans les Etats où le cannabis était autorisé. Selon les auteurs, cela montre que le cannabis thérapeutique et l'alcool peuvent « se substituer », car ils partagent le même public. Aucun changement n'a été constaté concernant la vente d'autres produits.
Les limites de cette étude, expliquées par Forbes, sont que seul le cannabis thérapeutique a été étudié. Or, les consommateurs de cette drogue pour un usage récréatif ne sont pas forcément les mêmes. Fumer incite également à manger et à boire plus. Ainsi, dans Etat aussi grand que la Californie qui vient de légaliser l'usage récréatif du cannabis, les résultats pourraient être inversés.
De nombreux rapports de San Francisco confirment le décès de Dennis Peron, 72 ans, le légendaire activiste du cannabis qui a attisé la révolution américaine de la marijuana médicale dans les années 1980.
Le frère de Peron, Jeffrey Peron, a posté ceci sur sa page Facebook plus tôt cet après-midi:
"Changed the world" est une phrase qui sied parfaitement à la vie de Dennis Peron.
Peron a été l'un des premiers à comprendre les bienfaits pour la santé du cannabis pour ceux qui luttaient contre le sida au cœur de la crise qui a ravagé cette ville à la fin des années 1980.
En collaboration avec d'autres dirigeants locaux comme Mary Jane Rathbun («Brownie Mary») et le Dr Donald Abrams, Peron a aidé à faire adopter une ordonnance légalisant le cannabis médical dans la ville de San Francisco, puis lança le mouvement dans tout l'état en 1996 pour une première loi nationale de légalisation de la marijuana médicale.
Peron et son mari, John Entwistle, ont continué à être actifs dans la vie de San Francisco au cours des 30 dernières années.
Jusqu'à récemment, leur «Castro Castle», situé en bordure du célèbre quartier gay de la ville, accueillait tous les voyageurs, avec des chambres décorées par la lumière du jour qui permettaient aux visiteurs de goûter à la culture psychédélique de la ville. Une peinture murale sur un mur de jardin a commémoré Harvey Milk, le superviseur de la ville de San Francisco, qui a considéré Peron comme un ami proche et un partisan politique.
Vétéran du Vietnam: 'Je suis revenu et j'ai embrassé le sol.'
Le Peron né dans le Bronx a grandi à Long Island dans une famille de classe moyenne. "Je ressemblais à tout le monde", m'a-t-il dit lors d'une interview en 2014 à son domicile de San Francisco. "Je m'intègre comme tout le monde. Mais je savais juste que je n'étais pas cette personne. Pour commencer, j'étais gay. Je savais que je devais me cacher. D'une manière ou d'une autre, je devais me cacher. J'étais un bon acteur. Un bon hider. "
Cette compétence acquise tôt lui a servi bien plus tard, quand il eut besoin de cacher à la fois son identité sexuelle et sa consommation de cannabis. "Deux pour un!" At-il dit.
Peron a été incorporé en 1966 et servi dans l'armée de l'air au Vietnam. C'est là qu'il a rencontré le cannabis pour la première fois. " Les gens là-bas prenait en charge les GI. Nous étions un marché pour eux. "
Peron est retourné aux États-Unis avec deux livres (900grs) de cannabis dans son équipement. "Je suis revenu et j'ai embrassé le sol. J'étais si heureux - en partie parce que j'avais deux livres avec moi. C’était le début d'une carrière qui s'étendra sur 40 ans. "
Une brève étape est devenue l'amour d'une vie
Peron s'est arrêté brièvement à San Francisco avant de repartir au Vietnam en 1967 . "C'était l'été de l'amour", se souvient-il plus tard. "Un timing parfait. Comme tout le monde, j'ai mangé de l'acide et j'ai trippé. Les hippies, ces gens m'ont accepté. J'ai dit: "Je vais tout faire pour revenir à San Francisco et vivre ma vie ici."
Alors il l'a fait. «J'ai décidé que je serais un hippie homo,» disait il souvent en riant, en se rappelant ces jours.
Il a demandé à rejoindre un certain nombre de communautés locales de paix et d'amour, a t-il dit, "mais ils ne me convenait pas. J'étais trop trash. Je ne savais pas qui étaient Marx ou Lénine. "
Décu, il a commencé sa propre communautés. "Nous nous sommes appelés les Misfits", a-t-il dit. Ils vivaient à 25 dans une maison dans le Haight. "Notre bande dans du beau vieux victorien. Mon frère avait une place dans la cuisine, sous la table.
Finalement, Peron est devenu l'un des vendeurs de cannabis florissant de la ville. La police de San Francisco l'a arrêté plusieurs fois au fil des ans, mais Peron a généralement battu la charge avec l'aide de Tony Serra, l'avocat des droits civiques connu pour avoir défendu les citoyens les plus célèbres et les plus infâmes de la Bay Area.
Harvey Milk et les conséquences
À l'apogée de Castro dans les années 1970, le restaurant Peron's Island servait du cannabis à l'étage, de la nourriture chaude en bas, et organisait des discussions animées sur la politique, le cannabis et les droits des homosexuels dans les cabines.
À la fin des années 1970, il a été arrêté alors qu'il était en possession de 200 livres de cannabis - une accusation trop lourde pour que même Tony Serra puisse tout effacer. Il purgea une peine de six mois, et se retrouva en prison le 27 novembre 1978, lorsque Milk, le premier superviseur de la ville ouvertement gay, et le maire George Moscone furent assassinés par l'ancien superviseur de la ville, Dan White.
"C'était le moment décisif", se souvient Peron. L'indignation collective de la ville a envoyé un signal au département de police de San Francisco, qui avait été notoire pour battre et arrêter des hommes gais. "Ils se sont rendu compte qu'ils ne pouvaient pas continuer à faire exploser les gays juste parce qu'ils ne les aimaient pas. Ils ne pouvaient pas les arrêter, mais cela ne les a pas empêchés de nous harceler. "
La tragédie frappe la ville
Le meurtre de Milk est survenu moins de trois semaines après que les électeurs de la ville aient adopté la Prop. W, qui exigeait que le chef de la police et le procureur de la ville arrêtent d'arrêter et de poursuivre les gens pour le cannabis. (Avec la mort du maire Moscone, Dianne Feinstein, alors superviseure, a pris les rênes de la ville et Feinstein, qui était alors un prohibitionniste féroce du cannabis, a annulé toute discussion sur le décrochage à San Francisco.)
Alors que la crise du sida se développait dans les années 1980, le quartier de Peron, le Castro, est devenu un point de référence pour les activistes et les malades du sida. Le partenaire de Peron, Jonathan West, a succombé à la maladie en 1990.
"À ce moment-là, je ne savais pas ce que je vivais", a déclaré Peron au Los Angeles Times en 1996. "J'étais le gars le plus solitaire d'Amérique", se souvient Peron. "Dans ma douleur, j'ai décidé de laisser à Jonathan un héritage d'amour. J'ai fait de mon mieux pour que tout le monde soit au courant de la vie de Jonathan, de sa mort et de son usage de la marijuana et de la façon dont cela lui a donné de la dignité dans ses derniers jours.
MMJ émerge de la crise du sida
Peron et beaucoup d'autres dans la ville savaient comment leurs amis et partenaires luttant contre le SIDA trouvaient un soulagement avec le cannabis.
Les effets anti-nauséeux ont aidé avec les traitements de chimiothérapie pour le sarcome de Kaposi et les effets secondaires de nombreux régimes médicamenteux expérimentaux. La stimulation de l'appétit procurée par le cannabis a aidé les patients atteints du SIDA qui luttaient contre le «syndrome du gaspillage», une maladie dans laquelle les gens trouvent extrêmement difficile de manger et de digérer suffisamment de nourriture pour rester en vie.
"Cela a aidé Jonathan", se souvient plus tard Peron. "Il gaspillait de 142 livres à 110." Les médecins ont prescrit le Marinol, la formule de THC dans une pilule. "Jonathan vient de vomir le Marinol", a déclaré Peron. «Ça n'avait pas de sens.» Quelques bouffées sur un joint, par contre, faisaient tout ce que le Marinol ne pouvait pas faire.
Prop. 215 fait l'histoire
L'année après la mort de West, Peron se jeta dans la cause. Il a recueilli suffisamment de signatures pour mettre la Proposition P , qui légalisait l'usage médical du cannabis dans les limites de la ville de San Francisco, à l'échelle de la ville.
En novembre 1991, les électeurs de San Francisco ont massivement adopté la mesure avec un vote d'approbation de 80%.
Dennis Peron, prend des notes lors d'une interview au téléphone, tandis que Gary Johnson allume une pipe remplie de marijuana dans un bureau au siège de la proposition 215, anciennement le club Cannabis Buyers, le vendredi 11 octobre 1996 à San Francisco. (AP Photo / Peron Robinson)
MMJ, Liberation pour la Californie
Cinq ans plus tard, Peron et un groupe d'alliés ont pris une mesure similaire à l'échelle de l'État.
Prop. 215 a fait face à une forte opposition de puissantes forces politiques, y compris les services de police dans tout l'État.
"Je savais que je devais faire participer tout le monde à la campagne", m'a dit plus tard Peron. "Clergé, médecins, infirmières. J'ai presque dû couper les potheads. J'avais les votes, et ils avaient beaucoup de bagage culturel que je ne pouvais pas gérer.
"Cette coalition était assez énergique. Ils voulaient juste du changement. Ils ne voulaient pas que les gens soient emprisonnés pour de la marijuana. Et si cela aide les patients, pourquoi ne peuvent-ils pas l'avoir? Pourquoi? Nous avons posé cette question encore et encore. Nous n'avons jamais cessé de demander. "
Prop. 215 , approuvée par 56% des électeurs de l'État, a fait de la Californie le premier État américain à légaliser l'usage médical du cannabis.
Mariage et dernières années
Peron a vécu assez longtemps pour voir son activisme revendiqué sur deux fronts. Lorsque le mariage homosexuel est devenu légal en Californie, il a épousé son partenaire de longue date, John Entwistle, lui-même un militant franc sur les questions nationales de cannabis et la politique locale du quartier de San Francisco.
En novembre 2016, les électeurs californiens ont légalisé l'usage du cannabis pour les adultes, et les premiers magasins de cannabis au détail ont ouvert leurs portes il y a un peu plus de trois semaines, le 1er janvier 2018.
Dans ses derniers mois, Peron a passé ses journées avec Entwistle dans leur château de Castro, qui n'acceptait plus les voyageurs. Il était irascible jusqu'à la fin; Les journalistes appelant à une citation sur la légalisation étaient susceptibles de recevoir une note de Peron ou d'Entwistle à propos des imperfections de la nouvelle loi californienne. Sans Péron, la loi n'existerait pas. Mais cela ne signifiait pas qu'il avait fini de se battre pour quelque chose de mieux.
Un étudiant en droit défend le droit des fumeurs d'herbe. Il compte aller jusqu'au Tribunal fédéral. Mais pour cela, il doit rassembler de l'argent via un site de financement participatif.
(Photo: Keystone/AP/Alex Brandon)
A Zurich, posséder moins de 10 grammes de cannabis n'est plus illégal (lire encadré). Depuis septembre de l'an dernier, un adulte possédant une petite quantité d'herbe n'est donc plus punissable par la loi. Avant cela, il fallait payer une amende d'ordre de cent francs.
Une décision en justice a fait changer la pratique
Tout comme Zurich, le canton de Lucerne ne punit plus les adultes en possession d'une petite quantité de cannabis (moins de 10 grammes). Les autorités de poursuite pénale ont tiré les conséquences d'une décision du Tribunal fédéral, rendue le 6 septembre 2017 et concernant un cas à Bâle-Ville. Aucune sanction à Genève
Si la décision du Tribunal fédéral du 6 septembre a fait changer certaines pratiques en matière de pénalisation du cannabis en Suisse alémanique, cela n'a pas eu d'effets majeurs en Suisse romande, a révélé une enquête de l'ats, réalisée fin 2017. Une amende d'ordre était infligée dans la majorité des cantons romands en cas d'interpellation.
Or, les choses semblent avoir changé un peu depuis. Contacté ce jeudi par «20 minutes», le porte-parole de la police genevoise, Jean-Claude Cantiello, explique qu'aucune sanction n'est infligée pour tout contrôle sur une personne ayant moins de 10 grammes de cannabis sur elle. En revanche: «La saisie de la marchandise est effectuée. D'en détenir 10 grammes ou moins n'est plus punissable, mais l'illicité du produit demeure.»
Reste que dans les faits, la police continue à confisquer le cannabis et cela même si la quantité trouvée est inférieure à 10 grammes. Pour Til Eigenheer, étudiant en droit à l'Uni de Zurich, cette manière de faire est incompréhensible. Il se bat donc pour faire changer cela, écrivent nos collègues de «20 Minuten». Le jeune homme de 23 ans a déjà assisté juridiquement, et gratuitement, plusieurs détenteurs de cannabis amendés à tort.
Beaucoup de personnes pourraient profiter
Or, il a dû encaisser une première défaite, mercredi à Tribunal cantonal de Zurich. «L'amende a été retirée parce que la quantitié retrouvée était inférieure à 10 grammes. Mais mon objection contre la confiscation du cannabis a été rejetée. La justice estime que la confiscation de la petite quantité était légale», explique Til Eigenheer. Mais le jeune homme ne compte pas en rester là. «Mon client et moi aimerions aller jusqu'au Tribunal fédéral pour que la plus haute instance du pays tranche dans cette affaire», écrit-il sur Facebook.
Le hic: son client craint les coûts liés à une telle bataille juridique. «Je serais prêt à participer à hauteur de 400 francs pour couvrir les frais, mais nous avons besoin de davantage de soutien financier.» L'étudiant a donc lancé un crowdfunding sur la plateforme Wemakeit. «Je pense que beaucoup de personnes pourraient profiter d'un verdict positif.»
Til Eigenheer évalue les frais à environ 1000 francs en cas de verdict négatif. «Mais tout dépend du travail fourni par le Tribunal fédéral.»
Source: 20min.ch
Les Canadiens ont dépensé 5,7 milliards de dollars canadiens (3,7 milliards d'euros) en cannabis en 2017, a estimé jeudi l'institut canadien de la statistique.
En termes de valeur, la production de "l'industrie du cannabis égale l'industrie de la bière" et est "plus grande que l'industrie du tabac".
La majeure partie des dépenses (plus de 90%) était consacrée à l'achat de cannabis à des fins récréatives, actuellement interdit au Canada mais dont la légalisation est attendue cet été. Le reste concernait l'achat de cannabis thérapeutique, préalablement prescrit par un médecin et légal au Canada depuis 2001.
4,9 millions de Canadiens
Le nombre de consommateurs en 2017 était estimé à 4,9 millions de Canadiens, chacun ayant consacré en moyenne 1.200 dollars à l'achat de cannabis, a précisé Statistique Canada dans un communiqué. "Les dépenses des consommateurs en cannabis ont augmenté en moyenne de plus de 6 % par année" depuis 1961, selon Statistique Canada. Les 18-24 ans formaient les plus gros consommateurs de cannabis en 2017. La consommation des 45-64 ans a toutefois progressivement augmenté ces dernières années, ce groupe représentant près d'un quart des consommateurs en 2017 contre seulement 4% en 1975.
Mexico — Le ministre mexicain du Tourisme a proposé jeudi de légaliser l’usage récréatif de la marijuana dans plusieurs zones touristiques de son pays qui connaissent une vague de violences.
Photo: Agence France-Presse / Stringer Patrouille de police sur la plage de Cancún.
Les violences liées aux affrontements en cartels se sont fortement accrues l’an dernier.
Enrique de la Madrid a estimé devant des journalistes qu’il était « absurde » que le Mexique — qui a approuvé l’an dernier l’usage médical et scientifique de la marijuana — n’ait toujours pas pris cette décision.
« J’aimerais que cela puisse être mis en place en Basse-Californie du Sud [nord-ouest] et au Quintana Roo [sud-est], les deux principales destinations touristiques du Mexique qui ne doivent pas être victimes de violences », a-t-il expliqué.
« Nous devrions parfois faire les choses de façon différente, comme ils l’ont fait aux États-Unis », a défendu le ministre, se référant à la situation de l’État de Californie, où l’usage récréatif de la marijuana est autorisé, même si au niveau fédéral l’interdiction est maintenue.
Les violences liées aux affrontements en cartels dans les États de Basse-Californie du Sud et de Quintana Roo se sont fortement accrues l’an dernier.
Les puissants cartels de Sinaloa et de Jalisco Nouvelle Génération s’y disputent les routes de la drogue, mais aussi la vente de stupéfiants aux touristes sur place.
En décembre, six cadavres ont été découverts suspendus à un pont, un fait inédit dans l’État de Basse-Californie du Sud.
Au début de l’année 2017, une fusillade dans un bar de la localité de Playa del Carmen, près de Cancún, avait fait cinq morts, dont trois étrangers.
Le Mexique a connu un record de 25 339 assassinats en 2017, selon des chiffres officiels, et les experts estiment qu’une grande partie de ces crimes est directement liée au trafic de drogue.
Le procès des cinq membres du cannabis social club de Namur devait démarrer ce vendredi devant le tribunal correctionnel de Namur. Mais un incident de procédure a empêché l'audience de se tenir.
Appelant chacun des cinq prévenus à la barre à l'entame des débats, la juge Marie-Cécile Matagne a constaté qu'elle connaissait un des prévenus. "Je dois me déporter", a-t-elle immédiatement conclu. Avant de reporter le procès au 22 juin prochain, devant un autre juge.
On peut s'étonner qu'il faille attendre l'ouverture d'un procès pour constater une telle incompatibilité. L'identité de la prévenue figure en effet dans le dossier depuis le début de l'enquête en 2014. "Mais cela arrive, nous explique maître Blaise Guesquière, le conseil d'un des prévenus. On peut très bien connaître quelqu'un de vue, et même assez bien, sans nécessairement connaître son nom. Par exemple en fréquentant la même salle de sports. C'est normal qu'un juge se déporte dans de telles circonstances pour que son impartialité soit inattaquable."
Difficile pourtant de ne pas voir dans ce dossier un exemple de l'arriéré judiciaire : des faits qui remontent à 2013, une enquête facilement bouclée en 2014 (flagrant délit, aveux... le dossier est limpide), le renvoi devant le tribunal correctionnel par la Chambre du conseil en octobre 2016... et un procès en première instance qui ne se tiendra pas avant juin 2018.
Une asbl créée en 2013 pour produire du cannabis
Le cannabis club de Namur, c'est l'histoire de deux frères, la cinquantaine, fumeur de marijuana, et qui décident en 2013 d'immiter une association anversoise, Trek uw plant, des militants de la dépénalisation. Le principe est simple : puisque la justice belge tolère la détention de 3 grammes de cannabis, ou la culture d'un plant pour une consommation personnelle, une asbl pourrait prendre en charge la production pour l'ensemble de ses membres, à raison d'un plant par personne. Ainsi, les membres du club ne doivent plus se fournir dans la rue auprès de dealers peu fréquentables ; plus besoin non plus de faire pousser un ou deux plants de cannabis à la maison, en s'inquiétant de ce que les voisins peuvent penser... Les statuts de l'asbl sont publiés au moniteur, la police et le procureur sont même prévenus par courrier. Les responsables du cannabis club parlent ouvertement aux journalistes. La formule séduit des dizaines de consommateurs, qui participent à l'assemblée générale et payent leur cotisation.
Mais un beau matin, la police perquisitionne au local de l'association et saisit 4 kilos de cannabis prêts à être distribués aux membres de l'association. La position du Parquet, c'est que le débat sur la dépénalisation du cannabis ne peut pas se faire devant les tribunaux mais au Parlement. Donc, oui, pour le Parquet, faire pousser des dizaines de plants de cannabis dans un garage pour les vendre, même dans le cadre d'une asbl déclarée, même sans faire de profit, même à raison d'un plant par membre cotisant, c'est du trafic de stupéfiant. On imagine toutefois que dans les peines réclamées, le Parquet voudra marquer la différence avec des dealers classiques. Récemment, devant la Cour d'appel du Hainaut, le président du cannabis club de Tournai a écopé d'une simple peine de travail.
CANNABIS - Le producteur canadien de cannabis Aurora va acquérir son concurrent CanniMed pour 1,1 milliard de dollars canadiens (719 millions d'euros), quelques mois avant la légalisation du cannabis récréatif au Canada, ont annoncé ce mercredi 24 janvier les deux sociétés.
image@Yinan Shai
Cette acquisition fait d'Aurora Cannabis l'un des plus gros producteurs de cette drogue douce au Canada aux côtés de son concurrent Canopy Growth, au moment où les producteurs et les investisseurs se positionnent à l'approche de la légalisation du cannabis pour un usage récréatif.
Le gouvernement canadien avait fixé au 1er juillet 2018, date de la fête nationale, la légalisation du cannabis mais des complications pour la mise en place de la distribution et l'organisation des contrôles pourraient la retarder. "Nous sommes très heureux d'avoir conclu cette puissante combinaison stratégique avec Cannimed, qui établira une entreprise de premier rang opérant dans tout le Canada et dans le monde", a indiqué Terry Booth, PDG d'Aurora.
Un marché de 6 milliards de dollars en Californie d'ici 2021
Ces grandes manœuvres stratégiques sur le marché des drogues douces illustrent de manière frappante le décalage entre la France et l'Amérique du Nord sur le dossier de la légalisation.
Là où Emmanuel Macron a choisi de bientôt sanctionner la simple consommation d'une amende, dans le but de désengorger les tribunaux tout en refermant le débat sur la légalisation, une partie croissante du Nouveau monde se convertit à la consommation récréative.
Depuis le 1er janvier, le cannabis est légalisé en Californie. Huit Etats américains dont le Colorado et l'Etat de Washington, en plus de la capitale fédérale Washington, ont déjà légalisé la drogue douce, mais son usage récréatif dans l'Etat le plus peuplé change la donne pour tout le secteur.
La loi californienne autorise une possession de 28,3 grammes de cannabis par personne, ou six plants maximum. On ne peut en consommer en public, au volant, et à moins de 300 mètres d'une école ou d'un établissement pour enfants.
Le cabinet d'études spécialisé Arcview s'attend à ce que les ventes de cannabis atteignent 5,8 milliards de dollars d'ici 2021 dans le "Golden State". Les enjeux financiers sont énormes: la Californie prélèvera 15%, plus une taxe sur les ventes de 10%, et la plupart des villes imposeront également une taxe municipale de 2 à 10%.
L'économie verte à la rescousse des finances publiques?
Les grandes institutions financières sont toujours frileuses de travailler avec les producteurs de cannabis, mais elles ne crachent pas sur l’argent des transactions boursières.
Photo | Patrick McGuire
Il y a un an, Philippe Depault a lancé Maïtri pour vendre des accessoires pour fumeurs et éventuellement avoir sa propre marque de cannabis récréatif. Son projet de serre de 500 000 pieds carrés est aujourd’hui en attente d’une licence de producteur autorisé du gouvernement fédéral. Jamais il n’aurait cru qu’il serait aussi difficile de trouver une banque qui voudrait bien lui prêter de l’argent… ou même lui ouvrir un simple compte.
« J’ai essuyé six refus avant d’en trouver une, dit-il. J’ai fait rire de moi. Le contexte canadien est particulier : on a un marché noir, un marché gris avec les dispensaires et un marché médical. Mais les banquiers ne voient pas la différence. Ce ne sont pas des consommateurs de cannabis. Finalement, j’ai loadé ma marge de crédit et je me suis tourné vers ma famille pour emprunter de l’argent. »
Les grandes banques sont encore frileuses à l’idée de faire affaire avec cette industrie florissante, alors que les projets de loi fédéral et provincial ne sont toujours pas adoptés. Une situation qui freine l’élan de petites entreprises qui ne sont pas prêtes à entrer en bourse.
Il y a six mois, Philippe Depault a finalement réussi à ouvrir un compte d’entreprise en insistant sur la nature médicale de son projet. Il refuse toutefois de nommer la banque, de peur qu’elle change d’avis en lisant ces lignes.
« Il n’y a pas d’autres options pour une start-up comme la mienne que d’aller vers l’investissement privé. J’ai été chanceux, j’ai finalement rencontré quelqu’un qui a cru en mon rêve et qui ne voulait pas gober 90 % de ma business en échange de capitaux. »
Fondateur de Vert Médical, une société en attente d'un permis pour produire du cannabis à des fins médicales, Dany Lefebvre a lui aussi eu bien de la difficulté à trouver du financement à ses débuts en 2013. L’an dernier, il a finalement vendu sa compagnie à Canopy Growth. Le leader ontarien dans le domaine du cannabis a aussi obtenu une participation majoritaire dans Hemp.ca, une entreprise spécialisée dans les produits tirés du chanvre, aussi fondée par M. Lefebvre.
« Avant ce deal, on était sur le point de s’écrouler, dit-il. J’ai passé tellement de temps à attendre et à me faire dire non par les banques. Il y a une grande éducation à faire, et ça passe aussi par le secteur financier. »
Le contexte américain expliquerait aussi les réticences des institutions bancaires canadiennes, qui font affaire avec nos voisins du Sud. Même si huit États ont légalisé l’usage récréatif de la drogue douce, le cannabis est toujours interdit par Washington. Les banques étant de compétence fédérale, elles peuvent se voir accuser de blanchiment d’argent si elles acceptent d’ouvrir des comptes aux entreprises de l’industrie.
Le 4 janvier, le procureur général des États-Unis, Jeff Sessions, a annoncé l’annulation de cinq directives émises lors de la présidence de Barack Obama pour alléger l’application de la loi fédérale qui considère la marijuana comme une drogue dure. Rien pour rassurer les institutions financières.
Même le géant canadien Aurora, un producteur autorisé britanno-colombien qui a ouvert sa première serre à Montréal au mois d’octobre, s’est buté au conservatisme des banques. « On a eu des problèmes avec les banques parce que leur culture est calquée sur ce qui se passe aux États-Unis, où ce n’est pas légalisé, dit la directrice des affaires québécoises, Andrea Paine. Elles aiment beaucoup notre argent, mais c’est encore très difficile d’avoir du crédit. »
VICE a contacté les huit principales banques présentes au Québec. La BMO, la TD et Desjardins sont les seules institutions qui acceptent de travailler avec des entreprises liées au cannabis.
La BMO et GMP Securities, un courtier en placement torontois, ont d’ailleurs annoncé mercredi un investissement de 175 millions de dollars dans Canopy Growth, le plus gros producteur autorisé au pays. Il acquièrent environ cinq millions d’actions, au prix de 34,60 $ chacune, soit 8 % de moins que le cours de clôture du jour.
« En fait, la BMO va m’aider à vendre ces actions, mais elle ne les possède pas, précise le P.-D.G. de Canopy Growth, Bruce Linton. Mais j’aimerais beaucoup mieux avoir accès à un prêt, comme le font les banques avec toutes les autres compagnies. C’est quand même fou d’avoir une entreprise qui vaut plus de sept milliards de dollars et de ne pas être capable d’emprunter de la manière la plus traditionnelle. Je suis forcé de vendre mon entreprise morceau par morceau pour continuer à croître. On se croirait dans un vieux film des années 60. »
La Banque Scotia, la Banque Nationale, la RBC et la CIBC n’offrent quant à elles aucun service bancaire à des compagnies engagées dans la production et la distribution de weed. De son côté, la Banque Laurentienne a refusé de répondre à nos questions.
La Banque de développement du Canada, une société de la Couronne qui finance les petites et moyennes entreprises, se distancie aussi de ce secteur d’activité. « Il est encore trop tôt pour se prononcer avec certitude sur la suite des choses puisque le projet de loi est encore à l’étude », nous explique son porte-parole, Jean-Philippe Nadeau.
Toutefois, Financement agricole Canada, une autre société d’État, fait affaire avec quatre producteurs autorisés de cannabis. « On a une approche très prudente, dit le vice-président des opérations du Québec du plus important prêteur à l’industrie agricole au pays, Vincent Giard. On ne travaille qu’avec des entreprises du domaine médical. »
Professeur en finance et spécialiste de la gestion de placements à l’Université McGill, Ken Lester remarque que les banques se trouvent dans une bien drôle de position, alors que la planète entière veut investir dans ce secteur en croissance. « Elles craignent d’admettre à leurs clients qu’elles ne veulent pas sauter dans le bateau et qu’elles ont pris la mauvaise décision pour leurs actionnaires, croit-il. Mais si elles y participent, il y a un risque de faire les nouvelles et d’être perçues comme les nouveaux pushers. »
Toutefois, M. Lester souligne l’hypocrisie de ces institutions qui n’ont aucun problème à encaisser les commissions liées aux transactions boursières de la ruée verte. « Si vous appelez votre courtier à l’une des grandes banques canadiennes pour acheter les actions d’un producteur autorisé, il ne va pas refuser. »
Dany Lefebvre a d’ailleurs apostrophé le PDG de la Banque Nationale à ce sujet, lors d’une soirée d’affaires au Centrexpo de Drummondville. « Je me suis fait dire : “On n’est pas là pantoute et on ne s’en va pas là.” Mais je sais que plein de gens qui travaillent pour cette institution font des transactions boursières avec des entreprises du cannabis. »
Au moins deux institutions financières contactées par VICE ont enregistré un nombre de transactions record au cours de la semaine du 2 janvier, et ce, en partie en raison des négociations des titres d'entreprises de l'industrie du cannabis. « Je le sais parce que c’est tout ce que l’on échangeait durant la semaine du 2 janvier », nous dit un courtier de la Banque Nationale.
La TD a aussi connu un volume sans précédent de transactions durant cette même semaine. Cette intense activité de la clientèle a littéralement fait planter momentanément la plateforme d’échanges de l’institution. « Nous constatons que la négociation des titres d'entreprises de l'industrie du cannabis continue d'augmenter dans la composition des transactions, explique le directeur des affaires internes et publiques, Mathieu Beaudoin. Par contre, ces intermittences ont été causées par une augmentation globale du volume de transactions, alors que les transactions d'entreprises de cette industrie ont simplement contribué à l'augmentation globale de ce volume. »
Ken Lester croit que la frilosité des grandes banques pousse donc les entreprises canadiennes à entrer en bourse. Elles sont plus d’une vingtaine aujourd’hui sur les marchés. « Tout le monde veut lancer de l’argent à ces compagnies en ce moment, dit le professeur de l’Université McGill. Les actions sont échangées à une valeur plus haute qu’elles le devraient, donc les compagnies du cannabis reçoivent de l’argent à un excellent prix, avec peu de dilution. »
L’autre avenue est d’approcher une firme privée de gestion de patrimoine. Ces « boutiques » prêtent de l’argent volontiers, mais à des taux d’intérêt beaucoup plus élevés. « Elles sautent sur l’occasion en ce moment et elles font une tonne d’argent, dit M. Lester. Pour elles, toutes les planètes sont alignées en ce moment. »
Le propriétaire de Maïtri Philippe Depault dénonce aussi le fait que, face à ces difficultés, certains entrepreneurs se tournent vers le marché noir pour financer leurs activités. « Le risque est énorme. Ils misent sur leur transition vers l’économie légale après la légalisation. Ça leur permet de lever du capital et de se bâtir une clientèle. Mais c’est du blanchiment d’argent et cette avenue ne m’intéresse pas. »
Il veut le monopole de la vente de cannabis médical.
Crédit photo : Dank Depot via Flickr
Le cannabis médical devrait être vendu exclusivement en pharmacie, argue l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ). La culture personnelle et l’achat de cannabis par la poste seraient alors interdits aux patients, qui devraient obligatoirement se rendre au comptoir pour obtenir leur dose.
Pour l’Ordre, il s’agit d’une décision logique, prise en fonction du bien-être du patient.
« Ce qu’on propose, c’est que le patient aille à la pharmacie et, avec le pharmacien, choisisse le produit approprié, le producteur approprié, et vérifie si ça lui convient », détaille le président de l’OPQ, Bertrand Bolduc. C’est aussi de s’assurer « qu’il n’y ait pas d’interaction [avec d’autres médicaments], que le dosage est le bon, qu’on explique bien à la personne comment utiliser le produit, s’il y a des effets secondaires, comment les gérer, et de faire un suivi là-dessus à tous les mois, etc. »
En somme, le but est de centraliser le dossier médical du patient en pharmacie, et de tout transférer au Dossier Santé Québec pour s’assurer d’avoir toute l’information nécessaire sur le patient en toute situation. L’OPQ a présenté ses positions cette semaine à la ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, en commission parlementaire à l’Assemblée nationale.
Militante pour les droits des utilisateurs de cannabis médical, Shantal Arroyo assure qu’elle est « complètement d’accord » sur le fond avec la volonté d’informer et d’encadrer les patients.
Sur la forme, c’est autre chose. « On comprend leur position, mais le problème qu’on a, c’est qu’on est à des lustres d’en être rendus là », s’inquiète Mme Arroyo, également porte-parole de l’Association québécoise des intervenants en cannabis médical et directrice de la clinique La croix verte.
Elle évoque que, pour l’instant, les pharmaciens n’ont pas de formation sur le cannabis, alors que la légalisation devrait être réalisée d’ici six mois. « Ils ne sont pas prêts en ce moment, insiste-t-elle. Ça va prendre des années pour se rendre là. On le sait, on le fait déjà! Ça fait 10 ans qu’on fait ça à temps plein. »
Mme Arroyo, qui a déjà été approchée par plusieurs pharmaciens intéressés à apprendre, se dit très ouverte à travailler avec l’Ordre. « Ça va prendre de la formation. Et tout ça, ça ne s’apprend pas en deux heures », illustre-t-elle.
Il n’y a pas que les pharmaciens qui ne seront pas prêts à temps, croit-elle. La plante de cannabis elle-même, qui n’est pas reconnue comme un médicament par Santé Canada, pourrait poser problème dans l’environnement soigneusement réglementé des pharmacies. « La plante n’est pas rendue là. Elle n’est pas stabilisée », souligne-t-elle.
Même chose pour les produits dérivés, comme les crèmes, suppositoires et timbres, qui devraient être autorisés pour usage médicinal un an après l’entrée en vigueur de la loi légalisant le cannabis.
Mme Arroyo, qui travaille depuis longtemps à concevoir ce genre de produits, estime qu’il serait tout à fait possible d’en vendre en pharmacie, mais seulement lorsqu’ils seront entièrement stabilisés, que les bons dosages seront fixés, ce qui selon elle ne se produira pas dans un avenir proche.
Elle compte d’ailleurs poursuivre ses activités après la légalisation. D’autant plus que des licences de microtransformation du cannabis sont prévues au projet de loi fédéral, ce qui viendrait officialiser la légitimité de son organisme. « Le gris va devenir blanc », s’enthousiasme-t-elle.
Le meilleur modèle?
Shantal Arroyo ne croit pas que la pharmacie soit le meilleur modèle pour vendre du cannabis thérapeutique. À sa clinique, on effectue « un suivi beaucoup plus serré » des patients, qui doivent d’abord se présenter pour une rencontre d’une heure, où on discute des besoins du patient et des produits offerts, tout en mettant à profit les connaissances de l’infirmière sur place. « Pour nous, l’approche clinique est beaucoup plus proche de la réalité que ce à quoi les pharmacies vont peut-être être rendues dans dix ans », assure-t-elle.
Bertrand Bolduc n’est pas du même avis. « Ces gens-là, je pense qu’ils sont bien intentionnés. Le problème, c’est qu’ils ne comprennent pas la complexité des situations que les patients présentent », nuance-t-il, en évoquant des cas où des patients pourraient prendre de nombreux médicaments pour diverses raisons.
« C’est pas parce qu’ils connaissent bien le produit, un produit en particulier, qu’ils comprennent une situation globale, complexe, qui évolue dans le temps, poursuit M. Bolduc. C’est pour ça que, si on utilise le cannabis comme médicament, il faut que ça passe par la pharmacie. »
Une mesure restrictive
Si le cannabis médical est vendu en pharmacie, la vente par la poste « n’aura plus de raison d’être ».
La culture à la maison aussi doit cesser, croit M. Bolduc, qui évoque entre autres le danger d’intoxication des enfants exposés à la plante. Pour le président de l’Ordre, c’est aussi une question de contrôle et de suivi de la qualité du produit.
Shantal Arroyo n’appuie pas l’idée d’interdir la culture personnelle, qui est d’autant plus importante que le gouvernement fédéral envisage imposer une taxe d’accise du 10 % sur le cannabis thérapeutique, ce qui va porter la taxe globale à 25 % du prix de détail. « C’est du vol », s’insurge-t-elle.
Et il reste la question plus importante encore : serait-ce même légalement possible d’empêcher les patients de faire pousser leur cannabis? Le projet de loi fédéral prévoit qu’une fois légalisé, on pourra faire pousser du cannabis à la maison – ce que le Québec entend interdire, et qui pourrait être contesté devant les tribunaux.
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En outre, un jugement de la Cour fédérale de 2016 assure déjà le droit aux patients de faire pousser leur propre cannabis médical. L’interdire « porterait atteinte à leurs droits garantis par la Charte [canadienne des droits et libertés] », peut-on lire dans le jugement, « et qu’une telle atteinte n’est pas conforme aux principes de justice fondamentale ».
L’Ordre ne s’est pas penché sur cette question légale. Il souhaite plutôt que le Québec fasse pression sur Ottawa pour changer le projet de loi sur la légalisation du cannabis, de manière à ce que ses demandes puissent devenir réalité.
Les entreprises canadiennes œuvrant dans le secteur du cannabis multiplient les offres d'emploi alors qu'elles se préparent à la légalisation de la marijuana à des fins récréatives, prévue plus tard cette année.
Les serres de cannabis s'enracinent un peu partout dans le pays au fur et à
mesure que l'entrée en vigueur de sa légalisation approche.
Photo : Getty Images/Uriel Sinai
La main-d’œuvre est en plein essor, selon Alison McMahon, qui dirige Cannabis at Work, une agence de placement spécialisée dans cette industrie naissante.
En ce moment, elle recrute partout au Canada pour des postes variés, allant de la culture, vers la production, en passant par les ventes et le marketing.
La stigmatisation autour du milieu a souvent empêché les gens de postuler dans cette industrie, mais ces perceptions ont changé et les gens sont maintenant enthousiastes face à toutes les possibilités, selon Mme McMahon.
L'intérêt grandissant pour la marijuana au Canada permet aux entreprises de choisir les meilleurs, a indiqué Kerri-Lynn McAllister, directrice générale du marketing chez Lift, une entreprise qui organise des événements sur le cannabis et qui gère un site web partageant des nouvelles sur le sujet.
Mme McAllister a elle-même vécu cette situation : elle a récemment quitté son emploi dans le secteur de la technologie financière pour se joindre à Lift.
Selon elle, l'industrie est récemment sortie de l'ombre et cela permet aux entreprises d'attirer des gestionnaires, des experts en technologie, ainsi que des maîtres du marketing qui sont au sommet de leur art.
Des dizaines d'employés potentiels ont rencontré Alison McMahon et ses collègues à l'exposition de Lift sur le cannabis à Vancouver, samedi, avec leur curriculum vitae en main.
Chad Grant travaille dans le domaine de la construction. Maintenant, il souhaite faire pousser du cannabis.
« Ce sera une grande industrie, alors j'aimerais être sur le terrain », a-t-il expliqué.
Travailler dans le secteur du cannabis ne serait pas une nouveauté pour certains.
Grady Jay cultive du cannabis pour cette industrie clandestine depuis des années. Il souhaite désormais se tourner vers le marché légal.
Expérience, un atout
Les entreprises recherchent particulièrement des gens d'expérience, surtout pour ce qui est de la production, a indiqué Mme McMahon. Cette expérience peut avoir été acquise dans les serres commerciales ou le marché noir, a-t-elle dit.
Les postulants qui se font embaucher peuvent s'attendre à faire des salaires comparables aux industries semblables, selon Mme McMahon. Un directeur de production pourrait faire environ 100 000 $ par année, alors qu'un cultivateur pourrait s'attendre à recevoir 50 000 $ par année.
« Certaines personnes semblent penser que parce que c'est du cannabis et en raison de toute la croissance, les salaires seront très élevés. Ce n'est pas le cas. C'est un peu plus traditionnel sur les salaires », a-t-elle expliqué.
Toute personne qui veut se joindre à l'industrie devrait faire ses recherches, a conseillé Mme McMahon. « On peut avoir un très bon candidat, avec une grande gamme de compétences, mais s'il n'a pas regardé ce qui se passe dans l'industrie...cela pourrait potentiellement être à son détriment. »
Un amendement va être présenté au Parlement pour définir le cadre législatif de la culture et de la fabrication des produits pharmaceutiques à la base de cannabis médical.
En 2015, des rassemblements s'étaient déjà produits pour demander la
légalisation du cannabis. REUTERS/Kostas Tsironis
La Grèce s'apprête à autoriser le cannabis médical par le biais d'un amendement prochainement soumis au Parlement, ce qui devrait attirer les investissements dans ce secteur, a annoncé dimanche à l'AFP Yannis Tsironis, ministre adjoint au Développement agricole. "Dans quelques semaines, un amendement sera présenté au Parlement pour définir le cadre législatif de la culture et de la fabrication des produits pharmaceutiques à la base de cannabis médical, ce qui ouvrira la voie à des investissements grecs et étrangers", a affirmé M. Tsironis.
Le chiffre d'affaires qui pourrait être généré par ces investissements "est estimé entre 1,5 et 2 milliard d'euros", a-t-il précisé, soulignant que des entreprises grecques mais aussi israéliennes et canadiennes étaient intéressées.
Le climat grec très favorable à la culture du cannabis
M. Tsironis, ainsi que d'autres responsables gouvernementaux, se sont rendus ce week-end à la première exposition internationale de cannabis à des fins médicales organisée en Grèce. Une centaine d'entreprises, grecques et étrangères, ont participé de vendredi à dimanche à cet évènement, organisé dans l'ancien site olympique de taekwondo à Phalère, quartier balnéaire d'Athènes.
Selon le gouvernement et des experts, le climat de la Grèce est très favorable à la culture du cannabis à des fins médicales. L'année dernière, le gouvernement avait autorisé, sous certaines conditions, l'importation de certains produits pharmaceutiques à base de cannabis médical, ainsi que la culture du chanvre (cannabis sativa) à des fins industrielles.
Le chanvre peut être utilisé dans la construction, le textile, la papeterie, l'alimentation ou encore dans la fabrication de matériaux composites. Une dizaine des pays de l'Union européenne ont autorisé le cannabis à des fins médicales.
Depuis six mois, la vente de cannabis est autorisée dans les pharmacies en Uruguay. Le dispositif compte déjà 18.000 consommateurs enregistrés.
L’Uruguay est le pays au monde qui va le plus loin en matière de légalisation de la marijuana pour un usage récréatif. Depuis le 19 juillet dernier, elle est en vente dans une douzaine de pharmacies sous le contrôle de l’Etat qui en maîtrisant la production et la distribution de cette drogue, espère combattre les narcotrafiquants. Déjà, 18.000 consommateurs réguliers se sont enregistrés pour pouvoir en acheter et ils plébiscitent l’initiative.
Dans les pharmacies en Uruguay, il n’y a pas que des médicaments et des produits de soin : on y trouve aussi du cannabis. Depuis le 19 juillet dernier, certaines officines ont l’autorisation de le commercialiser pour un usage récréatif.
L’Uruguay est ainsi devenu le premier pays au monde où le marché de la marijuana, sa production et sa commercialisation sont régulés par l‘État. Après avoir formellement légalisé le cannabis en décembre 2013, les autorités uruguayennes ont adopté une mesure qui va plus loin que les expériences menées dans plusieurs États américains, aux Pays-Bas et en Espagne.
Dans une officine de la vieille ville de Montevideo, nous rencontrons Federico, un consommateur de cannabis. Il salue l’initiative. “Depuis qu’on peut en acheter en pharmacie, dit-il, j’ai l’impression que c’est un système qui fonctionne vraiment bien. Le seul problème, c’est qu’il n’y a vraiment pas beaucoup de pharmacies qui en vendent et très souvent, dans celles qui ont du cannabis, il faut faire la queue, parfois jusque dans la rue, regrette-t-il avant d’ajouter : Mais sinon, j’ai l’impression que ça se passe très bien.”
1,30 dollar le gramme
Pour l’instant, une douzaine de pharmacies ont intégré le circuit de distribution mis en place par le gouvernement. Chaque client peut acheter jusqu‘à 10 grammes par semaine pour 1,30 dollar le gramme, un tarif moins élevé qu’au marché noir.
Pour pouvoir obtenir des sachets de marijuana, il faut être citoyen uruguayen, majeur, s’enregistrer auprès de l’Institut national de régulation du cannabis et donner ses empreintes digitales. Objectif des autorités : conserver une trace des transactions, contrôler les identités et exclure le tourisme de la drogue.
“Aujourd’hui, on achète ça dans les pharmacies, on paye des impôts dessus, fait remarquer un consommateur. C’est un système qui existe et qui va continuer d’exister dans l’avenir : ça me paraît très bien de pouvoir s’en procurer légalement, acheter du cannabis comme on achèterait n’importe quoi d’autre : c’est très bien.”
La vente en pharmacie est l’axe principal du projet de régulation par lequel l’Etat uruguayen veut combattre les narcotrafiquants et les priver d’un marché qui représenterait 40 millions de dollars par an.
"Les sommes dépensées ne vont plus au marché noir"
Pour approvisionner les clients des pharmacies en marijuana estampillée “production gouvernementale”, la culture a été confiée à des producteurs privés. Chaque année, 4 tonnes de fleurs de cannabis seront produites.
Pour l’Institut de régulation du cannabis, après quelques mois de commercialisation en officine, le bilan est encourageant : près de 20% des consommateurs réguliers de cannabis se sont enregistrés.
“Cela veut dire que tous ces gens ne s’en fournissent plus illégalement ; donc les sommes dépensées pour acheter du cannabis ne vont plus au marché noir, se réjouit Diego Oliveira, directeur de l’Institut national de régulation et de contrôle du cannabis (Ircca). Il ne fait aucun doute que ça limite les possibilités de trafic, du moins en ce qui concerne le cannabis ; mais il est encore trop tôt, il faut continuer à avancer dans cette voie avant d‘évaluer le dispositif, ce qui est d’ailleurs l’une des nos tâches fondamentales,” indique-t-il.
Mais cette régulation ne plaît pas à tout le monde : la population y est défavorable à 54% et l’opposition juge que le dispositif offre une nouvelle voie d’accès à la drogue. Politologue à l’Université catholique d’Uruguay, Rosario Queirolo a mené des recherches sur cette politique. “Cela marchera si le gouvernement atteint les trois objectifs de cette loi : décriminaliser les consommateurs ; en matière de santé publique, produire une substance de meilleure qualité et concernant la sécurité publique, reprendre ce marché aux narcotrafiquants et diminuer le niveau de violence, énumère-t-elle. Si le gouvernement obtient des résultats dans ces trois domaines, assure-t-elle, je crois que les Uruguayens seront toujours plus nombreux à soutenir cette régulation.”
Culture personnelle
Cette loi permet aussi aux Uruguayens de cultiver eux-mêmes leur herbe dans un club de consommateurs par exemple pour jardiner en groupe
ou bien, alors tout seul chez soi. C’est ce que fait Martin. La culture à domicile est autorisée si elle est limitée à sa consommation personnelle et à six plants par foyer.
“L’avantage, c’est que je sais exactement ce que je vais fumer par la suite, dit-il. Je sais comment la plante a été cultivée, je peux choisir les graines, si je veux de la Sativa ou de l’Indica et la quantité que je veux, explique-t-il. J’aime fumer au moment de l’année où j’en ai envie, sans aucune bureaucratie, être totalement indépendant et surtout, complètement en dehors du narcotrafic,” conclut-il.
“Six mois après que les premiers grammes de marijuana ont été vendus en pharmacie, nous précise Pierre Morel, notre reporter sur place, la population uruguayenne montre de plus en plus d’enthousiasme face à cette initiative de régulation. Le processus initié sous le président José Mujica n’est pas la priorité de l’actuel gouvernement de Tabaré Vázquez ; pourtant ce système unique au monde est bien lancé : à ce jour, 18.000 personnes achètent de la marijuana vendue par le gouvernement uruguayen,” souligne-t-il.