Le conseil composé des autorités provinciales et territoriales en valeurs mobilières du Canada a souligné lundi qu'un nombre important d'émetteurs assujettis ont annoncé leur intention de se lancer dans la culture et la vente de marijuana à des fins médicales.
Cette situation découle de la nouvelle réglementation prise par le gouvernement canadien le 1er avril dernier. En vertu de la modification à la règlementation fédérale, seule des entreprises peuvent être autorisées à produire de la marijuana à des fins médicales.
Les ACVM disent avoir constaté que plusieurs émetteurs assujettis de petite taille ou inactifs ont présenté des plans d'affaires axés sur ce type de produit.
Dans bon nombre des cas, le seul fait d'annoncer une intention de se consacrer à ce type d'activité s'est traduit par une hausse immédiate du cours de l'action de la société.
Les ACVM craignent que les investisseurs s'exposent à un préjudice financier en faisant l'acquisition de telles actions à un prix gonflé avant que l'entreprise ne soit viable.
Quelque 850 entreprises ont jusqu'ici présenté une demande d'autorisation.
Source:https://www.lesaffaires.com/bourse/analyses-de-titres/marijuana-a-des-fins-medicales-avertissement-aux-investisseurs/569944 0 commentaire En savoir plus… ›
Barcelone – Carrer Santa Monica. « J’essaie de ne pas trop me faire remarquer pour le moment, moi je veux être là pour des années. » Voilà la première chose que nous dit, enregistreur éteint, Oscar, propriétaire du Strain Hunters Club ouvert il y a à peine quelques semaines dans le centre historique de Barcelone. La bataille fait rage à Barcelone entre Cannabis Social Club pour prendre leur part du gâteau de l’énorme business du tourisme cannabique.
300, c’est le nombre astronomique de Cannabis Social Club qu’il y a à Barcelone, alors qu’ils étaient à peine une vingtaine il y a quatre ans. Un Cannabis Social Club ? Un mot poli pour dire un point de vente de marijuana. Dans les Cannabis Social Club, « les associés » viennent « chercher » leur marijuana comme à la pointeuse . Les fauteuils, la musique et la Playstation en plus.
Au départ, des associations parfaitement légales. La loi espagnole autorise chaque citoyen à cultiver à titre privé 3 plants de marijuana. Les Cannabis Social Clubs réunissent en coopératives des petits cultivateurs qui partagent leur récolte, sans bénéfice et en toute transparence. Mais les entrepreneurs de la ganja se sont engouffrés dans la brèche en montant eux aussi leurs clubs privés. Aujourd’hui ils caressent le rêve de transformer Barcelone en nouvelle Amsterdam.
Association de gens normal
Au Strain Hunters Club, c’est Oscar, quadra sûr de lui, qui nous accueille. Teint orange, allure sportive, et mâchoire serrée, il se présente comme « le président » de son association de « cultivateurs ». Son club : peut-être l’un de plus beaux de toute la ville. A deux pas de La Rambla, le Strain Hunters vous attend dans son ambiance boisée, avec des photos sous verre d’icônes de la culture canna et des fauteuils en skai. Les boissons sont servies par des créatures de rêve pendant que des gros bras distribuent les pochons de beuh à l’aide de balances électroniques über-high-tech. Oscar est fier comme un coq que son club aux faux-airs de datcha accueille la gent féminine :
« D’habitude, les femmes ne se sentent pas à l’aise. Ici, la fille vient avec son copain et elle est contente parce que le club est joli. »
Pour avoir l’honneur d’acheter un gramme de cannabis dans ce club qui veut taper une clientèle haut-de-gamme, venir « parrainé» par un ami et armé d’une pièce d’identité. Pas la peine de présenter le moindre engagement auprès de l’association, ni même de justifier d’un domicile en Espagne. Une petite signature, votre adresse, et le numéro de votre passeport… bravo, vous êtes désormais socio ! Chaque mois, vous pouvez retirer entre 10 et 80 grammes de cannabis pour la modique somme de 10 euros le gramme.
CSC | Ze story
En Espagne, le mouvement des Cannabis Social Club s’est lancé à la fin des années 1990 sous l’impulsion de militants pour la dépénalisation de la marijuana. Au départ, des idéalistes un brin tête brûlée qui profitent des largesses de la loi espagnole sur les stupéfiants : ici, chaque résident est autorisé à cultiver 3 plants et à consommer dans un espace privé. Les petits malins créent des associations et montent des clubs privés pour mettre en commun leurs récoltes et fumer en toute tranquillité.
Autre objectif pour les pionniers des Cannabis Social Club : donner une voix à tous les potheads du pays et mettre la pression sur l’État espagnol pour qu’il dépénalise. Plusieurs Cannabis Social Clubs sont dissous par les autorités mais d’autres affaires font jurisprudence. Comme au Pays Basque en 2001 où pour la première fois, un tribunal donne raison à une association de cultivateurs interdite en première instance.
Le Strain Hunters, quelque part entre la taverne et la datcha
Cannabiz’ Social Club
Dans les quartiers touristiques de Barcelone, les Cannabis Social ont tous les apparats d’immenses machines à fric. À La Mesa, situé dans le quartier du Born, à deux pas d’une des cathédrales les plus visitées de la ville, un vestibule sombre et dépouillé, à la manière d’un bar lounge pour nouveaux riches. Il faut montrer patte blanche pour accéder à la salle de consommation de 140 mètres carrés, située derrière un muret à l’abri des regards. La déco est « bohémienne-chic » dixit le patron : ici des canapés chinés de haute volée, un DJ permanent et des projections aux murs de vidéos d’art et d’essai. Les échanges se font par système informatisé dernier cri. L’équipe d’une quinzaine d’employés est tout droit sortie des pages mode de Vice – d’ailleurs le magazine le plus branché du monde trône partout dans le club.
Ce lundi soir à La Mesa, des socios se présentent continuellement au bar. Le business des Cannabis Social Club est en train de péter tous les chiffres à base de frais d’inscriptions allant de 20 à 50 euros et d’un gramme qui s’échange en moyenne à 10 euros. El Pais estimait en décembre que les clubs de la ville généraient 5 millions d’euros par mois. Joint par StreetPress, Jaime Prats, fondateur de la revue culte Cañamo qui suit l’actu du cannabis depuis 20 ans, évoque des clubs écoulant jusqu’à 2 kilos de cannabis par jour. Les plus gros, comme le Kush, revendiquent 25.000 socios. La Mesa en a 8.000. Le BCN THC qui a ouvert il y a à peine deux semaines compte déjà 500 adhérents.
Clandestino
Dans ces machines-à-frics à ciel ouvert, un seul point vient noircir la vie rêvée des « cultivateurs ». Déclarées sous le statut d’association à but non lucratif, les Cannabis Social Club n’ont pas le droit de faire de pub. Dans les rues des quartiers touristiques, les clubs – qui ne peuvent même pas poser d’enseigne – sont invisibles. Pas le droit non plus au sacro-saint flyer, ni même d’ouvrir une page sur Internet. Sur le web, les Cannabis Social Club sont aussi introuvables. Pour arriver au Strain Hunters, il nous a fallu arpenter pendant une demi-heure des forums consacrés au cannabis, avant de se résoudre à passer un coup de fil a un autre gros « cultivateur ».
Pour débaucher leur clientèle, les Cannabis Social Club usent et abusent des réseaux sociaux. Sur Instagram, Twitter et Facebook, leurs comptes postent et repostent. Oscar nous présente trois lascars habillés streetwear derrière un comptoir en bois brillant : son équipe de community managers. Nous aurons même la semi-obligation d’être pris en photo pour les réseaux sociaux en compagnie du Big Boss, qui se félicitera qu’on voit à l’image mon magnétophone et mon carnet de notes :
« Ca fait sérieux ».
D’habitude, les femmes ne se sentent pas à l’aise
Mais que se cache derrière cette devanture ?
Oscar nous fait poser pour son Instagram
Enrôlement toujours, Robert Mosterd, patron hollandais de La Mesa, propose de monter un partenariat avec StreetPress. Votre site d’information préféré pourrait devenir « socio » et avoir le droit de « parrainer de nouveaux adhérents ». Il y aurait bien sur rémunération, sachant que pour s’inscrire à la Mesa un nouveau membre doit s’acquitter d’une somme de 20 euros…
Lumpen proletariat
Interdit de publicité, le juteux business des Cannabis Social Club attire toute une faune de rabatteurs qui sent fort la misère sociale. Comme Mr. Green, un espagnol d’une trentaine d’années décrit par ses concurrents au mieux comme un vagabond ou un junkie, au pire comme un… tueur. Armé d’une tablette Samsung nouvelle génération d’un blanc éclatant, Mr. Green arpente les rues de Barcelone à la recherche de touristes qu’il pourrait faire entrer dans des Cannabis Social Club. Grande tige sèche, vêtue d’une casquette verte et d’un baggy, Mr. Green confie être un gamin de la DASS. Il a aussi un fils qu’il n’a jamais rencontré. Petit dealer depuis ses douze ans, il vit des miettes de l’économie des Cannabis Social Club. Sur chaque personne qu’il fait entrer dans un club grâce à son parrainage, il touche – d’après ses chiffres – de 25% à 50% des 20 euros de la cotisation obligatoire. Une misère au vue de sa moyenne haute de 5 adhésions par jour. En contrepartie, Mr. Green essaye de fourguer sa marchandise – MDMA, coke, viagra – aux jeunes touristes qu’il a alpagués. Il acceptera de répondre à nos questions une fois que nous aurons versé 20e au président du club pour lequel il fait le trottoir.
“Més que un club”, slogan du Barça
Un peu plus haut dans la hiérarchie sociale des crève-la-faim, il y a Mark , Hollandais d’une trentaine d’année qui se touche souvent les narines. Visage émacié et beaucoup trop parfumé, ce sosie de Robbie Williams à l’œil vitreux s’est installé à Barcelone il y a un an et demi, avec pour ambition de faire son beurre dans ce qu’il voit déjà comme « une nouvelle Amsterdam ». *L’idée de génie de Mark : monter une agence touristique qui permette aux touristes de fumer le matin dans des clubs et de visiter la Sagrada Familia foncedé l’après-midi. Concours Lépine toujours : il prépare une application pour proposer aux touristes des réductions dans des magasins de fringues partenaires de Cannabis Social Club.
Pour le moment il est rabatteur et « cultivateur » de marijuana – il dit fournir un des plus gros clubs de la ville. Pendant notre interview, Mark disparaîtra mystérieusement quelques minutes après avoir reçu un coup de fil.
Ils veulent faire le maximum de fric, le plus rapidement possible avant que la législation change
A l’Ariam, les dealers sont des mama espagnoles
Business model
Pour remplir leurs caisses, certains clubs n’hésitent pas à enfreindre la loi. Comme le Kush, vraisemblablement le plus rentable de la ville. Devant le Kush, nous verrons sortir en à peine 15 minutes presque une dizaine de très jeunes Français. Le Kush prend un maximum de risques en envoyant une armée de rabatteurs dans les rues de Barcelone – ce qui est interdit – taper les touristes au profil de spring breakers. Certains parlent même de 50 chalands. Romain, à peine 19 ans, a pu rentrer tranquillement alors que l’entrée lui avait été refusée dans d’autres clubs à cause de son âge. A l’intérieur, le personnel est presque exclusivement composé de jeunes noirs – en majorité des Cubains et des Dominicains. L’endroit est étouffant avec au mur des écrans de télé qui diffusent du gros rap pendant que des touristes, vêtus courts et rougis par le soleil, viennent s’approvisionner au « dispensaire » – le comptoir à weed. Un jeune homme, qui a travaillé au Kush, assure que les gérants font un classement des rabatteurs. Avec promotions et humiliations à la clé. D’après lui le club serait tenu par deux allemands, « des noirs » :
« Ce qu’ils veulent, c’est faire le maximum de fric, le plus rapidement possible avant que la législation change. »
Oscar et le Strain Hunter adoptent une autre stratégie. Le « cultivateur » fait profil bas et espère fidéliser une petite clientèle de qualité pour que le jour où la législation évolue, il soit parmi les clubs les plus réputés de la ville. En ligne de mire : le rêve de faire partie des pionniers d’une nouvelle Amsterdam. Mr. Green, qui lui a proposé ses services de rabatteur, s’est fait rembarrer comme un malpropre. « Le street-promoting, c’est pour des clubs qui n’ont pas les mêmes objectifs que nous », clame Robert Mosterd, propriétaire de La Mesa, qui vise aussi une clientèle select et le long terme.
Albert Tio, des discothèques au cannabis
A la Mesa, il est interdit de prendre en photo les socios
Hypocrisie
Dans la ville, c’est l’hypocrisie la plus totale. Vous n’entendrez jamais un entrepreneur prononcer les mots de « vendre » ou de « clients ». On dit « partager » et « socios ». A l’entrée du Kush trône un immense panneau qu’on imagine faire beaucoup rire le personnel : « En este local ni se compra ni se vende marijuana » * . Le cannabis serait officiellement cultivé par les adhérents de l’association qui mettraient en commun leurs récoltes. Pourtant, les adhérents du Kush sont bien tous de passage en Espagne…
Plus lol encore, le syndicat de la FedCac, qui doit en théorie porter la voix des petits cultivateurs de cannabis, est dirigé par … Albert Tio, un des dirigeants de la Terrassa, une des plus grosses boites de nuit de Barcelone ! Albert Tio est aussi le boss de l’Airam, un club qui bénéficie d’un spot imprenable à deux pas de la Rambla et qui fait régulièrement le plein. Accompagné de sa splendide épouse paraguayenne, il nous reprend quand on prononce devant lui le mot « client » :
« Il faut que tu changes de logiciel : ici on parle d’associations et d’adhérents. »
Robert Mosterd, fondateur de La Mesa, y va de son petit sketch :
« Je fais ça pour l’amour de cette plante. A La Mesa tout est réinvesti dans l’association. Il n’y a pas de chiffre d’affaire. »
Tout comme Albert Tio, Robert Mosterd est représenté par le cabinet d’avocats Nieto Povedano qui veille aux affaires d’une bonne partie des Cannabis Social Club les plus rentables de la ville.
StreetPress peut vous parrainer dans plusieurs Cannabis Social Club
Entrepreneurs
Qui se cache derrière les Cannabis Social Club ? D’abord des entrepreneurs un brin aventuriers comme Robert Mosterd, actuellement en procès pour s’être fait prendre avec … 22 kilos de cannabis ! Ce hollandais de 47 ans et boss de La Mesa prétend vivre de ses activités de photographe et de décorateur d’intérieur, après un passé dans le business de la restauration. Le teint hâlé, l’allure élégante – malgré l’embonpoint – dans son ensemble blanc, le businessman aux cheveux blonds-délavés reçoit au second étage du club dans un open-space digne d’une start-up de la Silicon Valley. Ses deux partenaires hollandais : des trentenaires à l’allure de yuppies en vacances. L’un d’entre eux admet vivre de ses « cultures » de marijuana et de la vente de graines. Il s’est installé en Espagne il y a 1 an et demi pour profiter du boom des coffee shops version barcelonaise. « Par contre, tu n’écris pas ça dans l’interview ».
Oscar, président du magnifique Strain Hunters club à 5 mètres de La Rambla, bénéficie, lui, de l’appui d’un gros investisseur : l’empire Green House qui gère des coffee shops en Hollande, vend des semences de chanvre et produit même des programmes de télévision diffusés sur National Geographic. Le club porte d’ailleurs le nom de cette émission. Oscar travaillerait pour eux comme réalisateur et photographe. Le quadra dynamique, au profil de requin de la weed, confie « cultiver » depuis plus de 20 ans.
D’autres gérants ont des airs de petites frappes. Comme au BCN THC, un club à l’allure de MJC bas-de-gamme avec sa table de billard, sa Playstation et ses graffiti pour ados. Au BCN THC, on cultive son look gangsta et la moyenne d’âge ne dépasse pas les 22 ans . Les 6 jeunes fondateurs ont investi près de 70.000 euros, de l’argent qui proviendrait de leurs économies … Pourtant son président de 21 ans, Alejandro, est chômage depuis ses 19 ans après une carrière furtive de maçon. Un des habitués ira jusqu’à nous menacer si on écrit des choses qui ne lui plaisent pas.
Il parait qu’ils ne veulent plus donner de licences
Le président Alejandro et Mr. Green
Marché noir
Lorsque que l’on s’inscrit comme membre à La Mesa, l’hôtesse au look de DJ electro explique aux nouveaux adhérents qu’ils doivent cacher dans leur caleçon les pochons quand ils sortent du club. Les proprios du club nous offrent un petit panel de 4 de leurs délicieuses herbes mais attention ! Le barman met tout dans un seul pochon en séparant chaque weed d’une feuille à rouler pour ne pas les mélanger :
« Si tu te fais arrêter par la police avec 4 pochons différents, ils peuvent te mettre en garde-à-vue pour trafic. »
Contrairement aux apparences, transporter de la marijuana, la fumer en public et la cultiver en quantité suffisante pour alimenter un commerce est interdit en Espagne. Pour fournir « le dispensaire » du Strain Hunters, Oscar explique que ses « cultivateurs » lui amènent ses herbes en petite quantité, dans des sac-à-dos, dans la plus grande clandestinité. Officiellement, une partie des membres de l’association s’occupe de cultiver. D’autres se chargent du transport jusqu’au club. Robert Mosterd de La Mesa concède, lui, se fournir parfois au marché noir.
Fournir de la weed en masse à ses socios n’est pas quelque chose de facile pour le commun des mortels : « Faire pousser de la bonne haze comme celle que tu trouves dans certains clubs, c’est super chaud ! Il faut être un pro », assure Mr. Green. Ramon, 30 ans et fumeur depuis toujours, a vu les Cannabis Social Club fleurir dans sa ville natale de Tarragone, à 100 bornes de Barcelone :
« Ce sont tout simplement les dealers de toujours qui ont ouvert leur commerce. »
Attention à la parano ! Le patron du Strain Hunters nous fait fumer. Et voilà qu’on s’attend à ce que déboule d’un moment à l’autre des hommes armés de kalachnikov venu détruire le point de vente d’un « cultivateur » concurrent…
Régulation
« Et toi, en tant que journaliste, tu penses qu’on va pouvoir tenir ? » s’inquiète un des partenaires hollandais de Robert. La poule aux œufs d’or des entrepreneurs de la weed est menacée. Joint par StreetPress, le ministère catalan de la santé explique qu’une loi devrait sortir d’ici deux à trois semaines. La régulation est en marche et c’est la course à l’armement. « Il parait qu’ils ne veulent plus donner de licences. Mais ils ne les retirons pas à ceux qui les ont déjà », croit savoir Alejandro. Le président du BCN THC souffle : les travaux de mise aux normes de son local pour obtenir une licence ont mis près de 6 mois… mais son club a pu ouvrir juste à temps avant la loi ! Ouf ! Mr. Green, le petit dealer à la dégaine de grande gigue, explique que la spéculation est déjà en marche : certains entrepreneurs auraient acheté des licences par dizaines dans le but de les revendre, une fois la nouvelle loi passée.
A la Meca, Cannabis Social Club version roots
Dans les locaux de La Maca, une association militante pour la dépénalisation du cannabis, Jaume Xaus porte-parole de la fédération de la CatFac, reçoit. Ici, le Cannabis Social Club a des airs de squat entre potes : un dreadeux zone sur un canapé pendant qu’un étudiant passe du blues depuis un ordinateur d’un autre âge. Vous êtes dans le quartier populaire de Sants où il n’y a pas de touristes. Jaume prétend incarner la pureté des Cannabis Social Club : des coopératives de petits cultivateurs qui fonctionnent en circuit fermé, à but non lucratif et qui font vœux de transparence. Le militant craint que les clubs qu’il fédère deviennent « les victimes collatérales » de ceux qui ont « de mauvaises pratiques ». Il demande à ce que la future régulation limite à 500 le nombre d’adhérents par association. Il voudrait aussi faire justifier les socios d’une présence d’au moins 15 jours sur le territoire espagnol.
De quoi mettre des bâtons dans les roues des entrepreneurs de la weed ? Ce filou de Mr. Green tape une barre :
« Et comment ils vont faire ? Vérifier qu’on demande bien aux touristes leur billet d’avion aller/retour ? »
Le rabatteur, qui squatte tous les forums consacrés au chanvre à Barcelone pour y laisser ses coordonnées, se prépare avec optimiste au début de l’été :
« Je m’attends à recevoir des centaines de messages et de mails. L’année dernière je tournais à 9.000 euros par mois. »
Jaume Xaus, militant anti-prohibition
* : Mark ne s’appelle pas Mark
* En VF: “Ici, on ne vend pas et on n’achète pas de marijuana”
NB: L’article a été écrit sous l’influence d’adjuvants
Lazarat, un village de 2 200 habitants au sud de l’Albanie, s’est transformé en deux jours en champ de bataille. Huit cents policiers y sont actuellement déployés, appuyés par des blindés et des membres des forces spéciales. Face à eux, des narcotrafiquants lourdement armés leur opposent une farouche résistance pour défendre leurs précieux plants de cannabis. Des négociations sont en cours avec les villageois pour qu’ils rendent les armes.
L’opération a débuté lundi 16 juin au matin lorsque plusieurs centaines de policiers ont tenté d’entrer à Lazarat pour détruire les champs de cannabis. Selon un communiqué de la police, des villageois ont alors tiré à la mitrailleuse lourde et aux roquettes antichars pour les stopper. Pour l’heure, un policier a été blessé. Le ministre de l’Intérieur Saimir Tahiri a appelé les habitants de Lazarat à prendre « leurs distances d’avec les criminels ».
900 tonnes de cannabis produites chaque année
Il s’agit de la première opération de grande envergure menée par la police albanaise contre ce village surnommé « le royaume du cannabis ». Bénéficiant d’un climat chaud et situé près d’un réservoir d’eau, l’endroit est idéal pour la culture de « l’or vert ». Selon la police italienne, Lazarat compterait 319 hectares de champs de cannabis et en produirait 900 tonnes chaque année, pour une valeur estimée à la revente d’environ 4,5 milliards d’euros, soit le tiers du PIB de l’Albanie. Pour les villageois, l’exploitation du chanvre est nettement plus lucrative que l’agriculture « traditionnelle » : on estime que deux kilos de cannabis valent le prix d’une tonne de blé.
Une journaliste de l’AFP s’est rendue sur place en novembre dernier. Elle raconte que des milliers de personnes originaires des régions les plus pauvres du pays affluent chaque matin à l’entrée du village pour travailler comme journaliers dans les plantations de chanvre cultivées en toute impunité. Jusqu’à ce lundi, la police n’osait pas intervenir en force à Lazarat de peur de déclencher une guerre. A chaque fois, la moindre tentative d’y pénétrer s’était soldée par des affrontements armés. « La culture de la marijuana, à une telle dimension, montre l’incapacité de l’Etat à contrôler ce territoire et à faire respecter l’Etat de droit », expliquait en octobre dernier le journaliste albanais Gjergji Erebara dans un article de l’Observatoire des Balkans et du Caucase.
Donner des gages à l'Europe
D’après l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, c’est en effet principalement d’Albanie que provient le cannabis consommé sous forme de marijuana en Europe, après avoir transité par la Grèce ou l’Italie. Et selon l’International Narcotics Control Strategy, un rapport publié annuellement par le département d’Etat américain, le pays a enregistré en 2012 une hausse de 175% sur les saisies de marijuana par rapport à l’année précédente. Un chiffre qui peut être expliqué par un renforcement de l’activité policière, mais également par une augmentation de la production.
Des chiffres qui valent régulièrement à l’Albanie des remontrances de la part de ses voisins européens, alors que le pays souhaite obtenir lors du sommet européen des 26 et 27 juin prochains le statut de candidat à l’UE, première étape du long processus d’adhésion. En décembre 2013, plusieurs pays, dont la France, s’y étaient opposés, justement en raison des insuffisances dans la lutte contre la corruption et le crime organisé. A l'approche du sommet de l'UE, le Premier ministre albanais Edi Rama doit donc convaincre. C'est pour faire entendre ses arguments qu'il a rencontré le président François Hollande le 11 juin dernier à Paris. Cette offensive contre le « royaume du cannabis » pourrait être un gage de sa bonne volonté. « La police albanaise doit rendre la fierté de l'Albanie en Europe en effaçant Lazarat de la carte européenne de la drogue », a d'ailleurs déclaré Edi Rama dans un message publié sur Facebook.
Le ministre de la Justice Mark Golding a annoncé jeudi que la possession de moins de deux onces (environ 57 grammes) de cannabis, appelée "ganja" en Jamaïque, ne donnerait plus lieu qu'à une simple amende. Le gouvernement de la Première ministre Portia Simpson-Miller veut également légaliser la possession et l'usage de marijuana pour raisons religieuses, médicales, ou à des fins de recherche.
"Ces changements envisagés ne sont pas nouveaux", a souligné Golding. "La décriminalisation de la ganja en Jamaïque a fait l'objet de nombreuses études au fil des ans". Golding a également expliqué que cette proposition était motivée par la volonté de "réduire la charge qui pèse sur le système judiciaire". "Une condamnation pénale et les conséquences significatives à long terme ne sont pas justifiables lorsqu'il s'agit d'une infraction mineure", a-t-il dit.
Le ministre a aussi indiqué que le gouvernement allait proposer un texte prochainement devant le Parlement pour nettoyer les casiers judiciaires des personnes condamnées par le passé pour la possession de petites quantités de cannabis. Dès 1977, une commission parlementaire avait proposé la décriminalisation du cannabis pour usage personnel et sa légalisation en cas d'usage médical.
Si le Parlement approuve la proposition du gouvernement, la Jamaïque suivrait les traces de l'Uruguay, et des Etats américains de Washington et du Colorado, qui ont récemment légalisé l'usage du cannabis. Il n'a pas été précisé quand le Parlement allait examiner les propositions du gouvernement.
«Lausanne ne doit pas rester à la traîne!» C'est le slogan des quatre signataires d'un texte demandant à la Municipalité de lancer le débat sur la consommation de cannabis. En effet, plusieurs grandes villes de Suisse se sont déjà profilées sur la voie de la dépénalisation du cannabis. Ou, du moins, l'étude de cette possibilité.
Regroupant des élus de La Gauche, du Parti socialiste, des Verts et des libéraux-radicaux, le texte d'Hadrien Buclin demande «que la Ville s’engage dans la dynamique initiée par Bâle, Berne, Genève et Zurich, et qu’elle rejoigne le groupe de travail mis sur pied par ces villes, en vue de participer à l’étude des modèles légaux de la consommation de cannabis».
La tendance vers la dépénalisation des substances issues du cannabis s'observe ailleurs dans le monde. En Suisse, Genève tente de pousser le bouchon. Un groupe formé de politiques de tous bords a proposé la mise en place d'une expérience de trois ans, qui viserait à autoriser la culture, la distribution et la consommation de cannabis dans le cadre d'associations de consommateurs. Un modèle déjà existant, en Espagne notamment.
A Lausanne, l'initiative est bien plus mesurée, puisqu'il ne s'agirait pour l'heure que d'acquérir les connaissances nécessaires à l'élaboration d'alternatives à la politique de répression. Ses signataires estiment qu'elle ne réduit en rien les risques de dépendances, ni les problèmes liés au trafic de rue.
Le ministère avait déjà reçu 858 demandes à la fin du mois d'avril. En moyenne, près de 25 nouvelles demandes sont acheminées sur une base hebdomadaire.
Parmi ces entreprises, on note des gens qui font pousser de la marijuana dans leur sous-sol, des entrepreneurs ayant une expertise pharmaceutique et même des petites sociétés minières en difficulté.
Santé Canada a radicalement modifié ses règles pour la culture de la marijuana à des fins médicales depuis le 1er avril afin de créer un marché commercial concurrentiel. L'objectif est de passer de plusieurs milliers de petits producteurs à une cinquantaine de plus grandes entreprises expédiant des dizaines de marques de haute qualité.
Les autorités ont commencé à recevoir les demandes de permis il y a un an. En septembre 2013, Santé Canada avait étudié 156 demandes, mais leur nombre a triplé à l'arrivée de février et a continué à augmenter de façon importante au cours des trois mois qui ont suivi.
Jusqu'à présent, seulement 13 permis ont été accordés. La liste des détenteurs du permis est disponible sur le site Internet du ministère.
De nouveaux venus sur ce marché se disent frustrés par l'inhabilité de Santé Canada à étudier rapidement leur demande. Ils ont notamment indiqué que leurs investisseurs commençaient à être impatients, et que leurs espaces loués commencent à être poussiéreux.
«Il s'agit d'une bureaucratie assiégée», affirme Umar Syed, président de l'entreprise torontoise CannMart, qui attend patiemment son permis depuis octobre.
«Ils sont aux prises avec une situation à laquelle ils n'étaient pas préparés... il y a quelque chose qui ne fonctionne vraiment pas.»
Les commentaires de M. Syed font écho à ceux d'autres demandeurs, qui n'ont pas voulu s'exprimer de peur de perdre leur droit d'obtenir un permis.
Le nouveau régime de Santé Canada a heurté deux écueils: une injonction prononcée en mars en Colombie-Britannique permet aux utilisateurs de marijuana médicinale accrédités en vertu de l'ancien système de poursuivre la culture personnelle pour l'instant; et deux récents rappels de marijuana médicinale de la part d'entreprises accréditées en vertu du nouveau régime, pour des raisons de qualité.
Une porte-parole de Santé Canada n'a pas répondu directement aux questions sur la capacité du ministère de gérer l'influx massif de demandes de permis.
Le marché potentiel est gigantesque. Santé Canada estime que les ventes de cannabis médicinal atteindront 1,3 milliard $ par année d'ici 2024, avec quelque 450 000 consommateurs enregistrés.
En vertu des vieilles normes, plus de 30 000 patients ont été autorisés à posséder de la marijuana médicinale. Environ 500 000 Canadiens consomment cette drogue à des fins médicales, qu'elle soit acquise légalement ou non, en fonction de projections statistiques datant de 2012.
David McDonald connait plus le monde minéral que végétal. Cet entrepreneur dirige une société d'exploration minière au Québec. Mais ses prochains projets sont tout autres. « Le secteur minier étant ce qu’il est actuellement, on s’est dit que si on peut se diversifier dans la marijuana, on pourra probablement donner un bon rendement à nos actionnaires », explique-t-il.
Et si David McDonald est prêt à changer de secteur, c'est qu'il anticipe un marché en pleine expansion. Pour l'instant, seulement 37 000 Canadiens possèdent une autorisation d'achat, mais on estime qu'ils seront 450 000 en 2024, pour un marché de plusieurs milliards de dollars. « On sait que pour les gouvernements, quels qu’ils soient, avec les dettes astronomiques, c’est une possibilité de revenus, de taxes, énorme. Si ce ne sera peut-être pas de mon vivant, il est évident que la marijuana va être légalisée », assure David McDonald. Et à ce moment-là, il sera prêt. Il espère racheter plusieurs petits producteurs d'ici un an.
Mais cette industrialisation ne plait pas aux ardents défenseurs de la légalisation, comme Hugo Saint-Onge, qui milite au Bloc Pot, un parti politique pro-légalisation, depuis 1998. « Quand les Anglais ont pris le contrôle ici, ils ont donné le monopole à un producteur pour l’alcool. Beaucoup de personnes dans le milieu du cannabis craignent que ce monopole revienne pour le marché du cannabis », confie-t-il. Pour l'instant, seulement 12 entreprises se partagent tout le marché canadien.
Tout commence en mai 1973 quand des centaines d’étudiants venus de tout le pays envahissent la petite bourgade de Nimbin, à quelques kilomètres au Sud de Brisbane. Ils entendent faire de « l’Aquarius Festival » un véritable Woodstock australien, dont la marijuana n’est alors qu’un accessoire. L’ambiance est aux cheveux longs et aux vans multicolores dans lesquels artistes et utopistes s’empressent de rejoindre la côté Est du pays. La plupart d’entre eux décident de s’établir durablement dans la région où les terres restent très abordables. Nimbin devient la capitale « hippie » du pays, une capitale qui mue rapidement en temple national du cannabis.
A l’origine, l’utopie d’un mode de vie alternatif
Dans les années 1970, une multitude de communautés émergent dans la région, dont la plus importante reste « Tuntable Falls » avec ses 200 habitants et son système scolaire et politique autonome. Les principes d’auto suffisance et d’harmonie sont au fondement de ces collectivités qui disposent de leurs propres cultures potagères, de panneaux solaires et de sources d’eau à proximité.
Elles mettent les questions environnementales, les droits de l’homme et les droits des aborigènes sur leur terre au cœur de leur réflexion. Sur le plan économique, des sociétés comme Rainbow Power Company, spécialisée dans l’énergie solaire ou encore Ecosik Bags, dans le textile recyclable, y prospèrent durablement.
Derrière l’artifice, une ambition politique certaine
Derrière les « fées ganja », les olympiades, les ateliers roulage et la parade du « big joint », le festival Mardi Grass affiche une véritable ambition politique : « Cet événement annuel est une manifestation contestataire à caractère politique » (site officiel du festival). Depuis 1993, cette ode annuelle au cannabis entend protester contre « l’invraisemblable et stupide guerre contre la drogue » à coup de slogans du type « We are the 420% Abongamous ». Avec un pass payant entre 30$ et 50$, l’événement accueille des profils variés, y compris des participants venus célébrer l’herbe magique en famille.
Nimbin est aussi le siège du HEMP Party (Help End Marijuana Prohibition), un parti fondé en 1993 dont le leitmotiv principal reste de « légaliser le cannabis pour usage personnel, médical et industriel pour tous les australiens ». Une entreprise politique qui a naturellement trouvé un certain écho aux dernières élections fédérales de 2013 (0,71%), alors qu’on sait que plus d’un tiers de la population australienne a déjà expérimenté le cannabis et que près d’un million d’Australiens en font une consommation hebdomadaire.
Un contrôle policier difficile : une poche hermétique à la législation
Nimbin, où l’on trouve partout de quoi fumer, reste une exception. En Australie, l’utilisation, la possession, la culture et la vente de cannabis est illégale même si les peines encourues diffèrent selon les Etats. Dans le New South Wales, où se trouve Nimbin et sa région, la politique à l’égard du cannabis est dite « citoyenne » avec un système d’avertissements et d’informations avant la sanction. Elle peut aller de la simple amende à la peine d’emprisonnement en fonction des quantités saisies.
A Nimbin, le respect de la loi reste difficile tant l’habitude de consommation est ancrée dans la culture locale. Pour le commandant de la police locale Greg Moor (pour news.com), « Nimbin a sa propre culture » - sans jeu de mots douteux. L’afflux incessant de bus « rend complexe de faire respecter la loi comme c’est le cas dans le reste de l’Etat. ». L’intensité du trafic et le manque d’effectif policier rendent quasiment impossible le travail de la police.
Une utopie transformée en juteuse attraction touristique
La rue de Nimbin. Crédit DR
Au fil des années, l’utopie des pionniers de Nimbin a tôt fait de muer en simple attraction touristique. Un spectacle juteux pour ses habitants dont la plupart vivent de la vente de la drogue et échappent aux taxes. Si la marijuana est la plus « médiatisée », les dealers de la ville proposent aussi une multitude de produits (champignons hallucinogènes, ecstasy) tous plus rentables les uns que les autres. Les 15% de chômage (selon le recensement gouvernemental de 2011), soit deux fois plus que la moyenne nationale, témoignent bien de la foison de ces jobs non déclarés.
Pour Mr Hopkins, créateur du Mardi Grass (pour ABC Australia), l’événement n’a pas réussi à changer la législation et l’image actuelle de la ville est une « honte ». Pour lui, « le commerce de la drogue à Nimbin est un marché de plusieurs millions de dollars, un marché pour touristes ». Touristes qui chaque année sont de plus en plus nombreux à venir observer l’étrange spectacle de cette rue colorée.
Sous ces airs de festival altermondialiste, Mardi Grass s’apparente davantage à une simple occasion de faire la fête en consommant l’esprit tranquille. L’afflux des bus touristiques remplis de « backpackers » est venu ternir l’image du village alternatif qu’avaient imaginé les pionniers de l’Aquarius Festival. En somme, une utopie trop vite partie en fumée.
Alors que l’enthousiasme des États-Unis concernant la guerre contre la drogue faiblit, cette dernière ayant coûté cher pour peu de résultats, les experts observent un véritable revirement à l’échelle de la politique mondiale.
Ce virage s’est caractérisé par de fortes pressions exercées par certains pays d’Amérique latine et d’Europe et des associations oeuvrant dans le domaine de la politique antidrogue pour l’adoption d’une nouvelle politique mondiale relative à la drogue. Cette question devrait en effet être abordée lors d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies en 2016.
Les États-Unis en ont assez de voir leurs prisons engorgées de toxicomanes et de petits trafiquants et certains États du pays expérimentent de nouvelles approches de dépénalisation du cannabis. Les pays partisans d’une ligne dure risquent donc de n’obtenir qu’un maigre soutien à leur cause. D’autant plus que l’opinion publique réclame de plus en plus l’adoption d’une nouvelle politique mondiale accordant plus de liberté aux pays afin que ceux-ci puissent décider de leurs propres stratégies et notamment privilégier la santé publique plutôt que des politiques de prohibition et d’interdiction.
La dernière initiative en faveur d’une révision de la politique en la matière est la publication, cette semaine, par le Projet international de politique antidrogue de la London School of Economics et l’Open Society Foundation, d’un rapport de grande portée intitulé Ending the Drug Wars (Mettre un terme aux guerres contre la drogue). Soutenu par cinq économistes titulaires du prix Nobel, le rapport sera utilisé par le gouvernement guatémaltèque dans les négociations internationales concernant la politique antidrogue.
Le rapport appelle à l’adoption de nouvelles stratégies de lutte antidrogue basées sur des preuves scientifiques plutôt que sur des arguments moraux. Il recourt au langage économique des analyses coût-bénéfice pour étudier les conséquences importantes des efforts de prohibition et d’interdiction sur les pays producteurs de drogue et les pays de transit – en Amérique latine, en Asie et en Afrique. Il analyse également les bénéfices des approches de « réduction des méfaits » appliquées aux toxicomanes, davantage axées sur la santé publique, par opposition aux arrestations et aux mises en détention. Les résultats du rapport sont nuancés et parfois contradictoire, preuve peut-être qu’il n’y a non seulement pas de réponse facile, mais surtout pas de solution universelle à cette épineuse question qu’est la politique antidrogue.
Selon John Collins, éditeur du rapport, les informations ne manquent pas sur les conséquences désastreuses de la guerre contre la drogue – des violentes guerres de cartels aux incarcérations de masse, en passant par les déplacements de population et la hausse des taux d’infection au VIH - mais l’heure est venue pour les pays de mener leurs propres expériences et recherches sur ce qui fonctionne ou non.
« De nombreux pays s’accordent sur le fait que la guerre contre la drogue repose sur la supposition fondamentalement erronée que lorsque l’on s’attaque à l’offre, on s’attaque à la demande, alors qu’en réalité cela entraîne seulement une inflation des prix de la drogue », a dit M. Collins. Les interdictions ont perturbé les flux sur le marché de la drogue, entraînant une montée en flèche des prix de la drogue et une escalade des guerres de cartels, car les produits de contrebande comme la cocaïne et l’héroïne ont acquis une valeur méritant d’être défendue pour les barons de la drogue et les trafiquants.
L’une des études présentées dans le rapport analyse « l’effet ballon », qui veut que lorsque l’offre de drogue est interdite et supprimée dans un pays, le problème ne fasse que se déplacer aux dépens d’un autre.
Selon Peter Reuter, auteur d’un chapitre du rapport intitulé The Mobility of Drug Trafficking (La mobilité du trafic de drogue), la répression de trafiquant par les autorités néerlandaises à l’aéroport de Schiphol au début des années 2000 pourrait avoir poussé les cartels à trouver d’autres itinéraires, en passant par exemple par l’Afrique de l’Ouest pour atteindre l’Europe.
M. Reuter avertit cependant que si l’effet ballon est une « métaphore convaincante » qui comporte « au moins un brin de vérité », il existe bien d’autres exemples qui montrent que la répression n’a pas toujours entraîné de changements évidents dans de nouvelles régions. Il déplore le manque de témoignages « en l’absence d’entretiens avec les trafiquants ». L’insuffisance de preuves tangibles est en effet l’un des principaux obstacles pour les personnes qui tentent de mener des recherches scientifiques sur l’industrie illégale de la drogue qui se chiffre en milliards de dollars.
M. Collins estime cependant que « les politiques scientifiques commencent à prendre le pas » sur l’idéologie dans les débats sur la question de la drogue.
Rejet des gouvernements latino-américains
Les statistiques sur le trafic de drogue restent floues. Il est plus facile de quantifier les énormes coûts humains et sociaux des guerres de la drogue sur les pays producteurs et de transit comme la Colombie, le Mexique, le Guatemala et le Salvador. Les dirigeants latino-américains se déclarent donc de plus en plus franchement contre les politiques prohibitionnistes.
Dans leur chapitre, intitulé Why is Strict Prohibition Collapsing? (Pourquoi l’interdiction absolue ne fonctionne pas ?), Daniel Mejia et Pascual Restrepo soutiennent que les gouvernements latino-américains rejettent cette politique parce que le coût élevé des tentatives de réduction de l’offre de drogue – qui entraînent des violences, favorisent la corruption et déstabilisent les institutions – est bien supérieur aux 400 à 500 millions de dollars par an d’aide que ces pays reçoivent des États-Unis et d’autres pays pour les efforts menés contre les trafiquants et les cartels. Le pays producteur et de transit ne sont plus disposés à « hypothéquer leur sécurité nationale » à cette fin, affirment-ils.
D’autres déclarent n’avoir rien à reprocher aux nouvelles politiques de dépénalisation de la consommation, qui traitent la toxicomanie comme un problème de santé plutôt que comme un crime et qui s’attaquent davantage au problème de la demande. Ils mettent cependant un bémol en soulignant que pour des pays comme la Colombie et le Mexique, fortement déstabilisés par les guerres de la drogue, une politique progressiste axée sur la santé ne sera pas suffisante pour résoudre le problème de l’érosion de la loi et de l’ordre, de la corruption, du crime organisé, des trafiquants et des déplacements massifs d’habitants hérités de la guerre contre la drogue.
« De nombreux pays s’accordent sur le fait que la guerre contre la drogue repose sur la supposition fondamentalement erronée que lorsque l’on s’attaque à l’offre, on s’attaque à la demande, alors qu’en réalité cela entraîne seulement une inflation des prix de la drogue »
Malgré l’assouplissement de l’interdiction des drogues dures, les réseaux illégaux renforcés par le commerce lucratif de la drogue ne vont pas disparaître – même si leurs marchandises les plus précieuses, comme l’héroïne et la cocaïne, perdent de leur valeur. Dans l’économie illicite mondialisée d’aujourd’hui, les criminels organisés font preuve d’une flexibilité remarquable. Ils sont en effet capables de se reconvertir pour intégrer d’autres marchés lucratifs comme le trafic d’êtres humains, de matières premières, d’animaux menacés d’extinction, etc. Dans l’État du Michoacán, au Mexique, le cartel des Chevaliers templiers s’est lancé dans le commerce de citrons verts, par exemple, en ayant recours à la violence pour prendre le contrôle des entreprises exportatrices légitimes. Les groupes d’autodéfense, qui se sont créés pour lutter contre les cartels en l’absence d’intervention efficace du gouvernement, signalent une autre triste conséquence des guerres de la drogue : l’émergence de groupes paramilitaires qui pourraient bientôt tomber dans le trafic, comme cela s’est produit avec les Forces d’autodéfense unies de Colombie (AUC).
M. Mejia maintient cependant que l’assouplissement de l’interdiction des drogues représente au moins un début de solution : « Oui, ce trafic sera en partie substitué par d’autres activités illégales, mais si la [politique de] prohibition est abandonnée, les rentes exorbitantes obtenues par ces organisations criminelles diminueront de manière non négligeable. »
« Avec la prohibition, les drogues ont atteint une valeur astronomique »
Sanho Tree, directeur du Projet de politique antidrogue de l’institut d’Études politiques de Washington, partage l’avis de M. Mejia. Selon lui, les cartels participent au trafic de stupéfiants « parce que les drogues sont les fruits les plus accessibles » – le narcotrafic est le moyen le plus facile de gagner d’importantes sommes d’argent de manière illégale, car il suffit de transporter la drogue d’un pays à l’autre. « La prohibition de drogues équivalait à offrir aux criminels des distributeurs automatiques de billets », a-t-il dit. « En faisant simplement pousser quelques mauvaises herbes et en les transformant, on peut faire fortune rapidement ».
La marche à suivre est complexe et il n’y a clairement pas de solution facile. Cependant, comme le dit M. Tree, « avec la prohibition, les drogues ont atteint une valeur astronomique. L’idée que l’on puisse maîtriser ces organisations en s’attaquant à l’offre est fausse et dangereuse. L’effet sur les prix des drogues est inverse. »
M. Tree préconise d’abandonner le discours opposant les drogues licites aux drogues illicites. Selon lui, cela crée une fausse dichotomie. « Nous devons disposer de tout un éventail de réglementations et de sanctions. Nous avons besoin de différentes catégories », a-t-il dit. Le cannabis pourrait intégrer la même catégorie que l’alcool et les drogues plus dures pourraient faire partie d’un groupe différent, soumis à davantage de restrictions. « Il n’y a pas de solution universelle », a-t-il ajouté.
« Nous n’essayons pas de présenter cela comme un problème unique avec des solutions simples, a dit M. Collins. Nous soulignons la complexité de la question tout en affirmant que nous pouvons améliorer considérablement la politique mondiale en matière de lutte antidrogue. Des sommes trop importantes ont été dépensées pour appliquer des politiques préjudiciables et trop peu de fonds ont été alloués à des politiques prouvées efficaces. Nous affirmons qu’il faut expérimenter de nouvelles méthodes et les évaluer. La plupart des États ont évité cette stratégie. »
Bien que les experts aient détecté un « profond revirement » politique maintenant que les États-Unis ne sont plus aussi déterminés à contraindre d’autres pays à les suivre dans la guerre contre la drogue, de nombreux pays continuent à défendre une ligne dure. C’est le cas de la Russie, de la Chine et de l’Iran, par exemple, mais aussi de plus en plus du Canada, d’après certains. Avec le « gel diplomatique » actuel entre la Russie et les États-Unis au sujet de la crise ukrainienne, la coopération en matière de lutte antidrogue semble cependant lointaine. Selon le média Russe RT, le directeur par intérim de l’Agence antidrogue américaine, Michael Botticelli, aurait refusé une invitation à une rencontre pour discuter de la lutte antidrogue à Moscou plus tard ce mois-ci et l’un de ses homologues russes, Viktor Ivanov, a été interdit d’entrée sur le territoire américain, car il fait partie des personnes frappées par les sanctions américaines.
Mais en l’absence de consensus mondial, comment les pays vont-ils établir ensemble une politique antidrogue ?
Les Nations Unies doivent laisser leur rôle de responsable de l’application des traités internationaux pour endosser celui de facilitateur, soutient M. Collins. Cependant, rares sont ceux qui s’attendent à ce que la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies de 2016 débouche sur une nouvelle convention. Le slogan de la session extraordinaire de 1998, « Un monde sans drogue – c’est possible ! » et la déclaration faite alors en faveur du développement de stratégies visant à éliminer la culture illégale de pavot à opium, de cocaïers et de cannabis avant 2008 semblent ridiculement naïfs aujourd’hui et ont peu de chance d’être repris dans la prochaine déclaration mondiale relative à la lutte contre la drogue.
La marijuana médicale n'est pas légal dans le Wisconsin, mais hier, le gouverneur Scott Walker a signé un projet de loi rendant légale dans l'État d'utiliser le cannabidiol, un médicament à base de cannabis, pour traiter les troubles convulsifs. Ce type particulier de marijuana médicale est approuvé parce qu'il n'y a aucune chance de le prendre par plaisir. Du journal Times of Racine, Wisconsin:
Le gouverneur Scott Walker a signé un projet de loi légalisant le cannabidiol, ou CBD, dont on a montré son efficacité pour les enfants dans le Colorado. Il était illégal dans le Wisconsin, car il contient une petite quantité de THC, le composant présent dans la marijuana, mais les défenseurs note que le CDB ne pourrait pas être utilisée comme de la marijuana récréative.
Le projet de loi a été rédigé de manière restrictive pour ne s'appliquer qu'au CDB, qui doit être administré par un médecin et n'est pas considéré par les avocats comme de "la marijuana médicale."
Petit pas, de toute façon. Mais au moins il y a un autre état où les parents n'auront pas à plier bagages avec leurs familles et passer au Colorado si un de leurs enfants se révèle avoir la maladie. Mais le Wisconsin pourrait ne pas être le seul. Plusieurs autres États qui n'ont pas légalisé la marijuana médicale envisagent toutefois de légaliser cette extrait de marijuana particulière pour le traitement de cette maladie rare notamment.
Pour une liste exhaustive de chaque Etat où se tient la dépénalisation de la marijuana ou de légalisation, consultez la critique récente état par état de John K. Ross ici.
Attendus depuis le vote en décembre de la loi régulant le marché du cannabis en Uruguay, les décrets d'application ne seront publiés que mardi mais leur contenu a été rendu public par Diego Canepa, président du Bureau national des drogues (JND), lors d'une conférence de presse à Montevideo.
Après inscription sur un registre national, les usagers pourront acquérir «un maximum de 10 grammes par semaine», a-t-il notamment déclaré.
Le gouvernement lancera un appel au privé «dans un délai de moins de deux semaines après l'entrée en vigueur des décrets» pour accorder entre deux et six licences de production, selon lui.
Le cannabis pourra être cultivé par des particuliers résidant en Uruguay pour leur usage personnel et par des clubs de consommateurs ou bien acheté en pharmacie, mais dans ce cas, pas avant le mois de décembre, compte tenu du temps nécessaire à sa récolte.
Le prix public sera de 20 à 22 pesos le gramme (environ un dollar).
Selon Julio Calzada, secrétaire général du JND, le volume total consommé dans ce pays de 3,3 millions d'habitants «tourne autour de 18 à 22 tonnes» de cannabis par an, en conséquence de quoi «il n'y aurait pas besoin de plus de 10 hectares» de cultures pour satisfaire la demande.
Ces précisions étaient attendues avec impatience par les usagers contraints jusqu'alors de s'approvisionner illégalement, seule la consommation étant autorisée.
«Ca a été un soulagement quand la loi a été approuvée parce que je n'aurai plus jamais à aller me fournir dans une +boca+ (point de vente illégal)», a ainsi confié à l'AFP Claudia, une employée de 36 ans, mère de trois enfants.
L'obligation de figurer sur un registre pourrait toutefois dissuader certains usagers de rentrer dans la légalité.
«Il y a des gens qui ont peur de s'enregistrer à cause du travail. Et si un autre gouvernement anti-marijuana arrive, il pourra utiliser cette base de données contre les gens», a ainsi estimé Juan Pablo Tubino, propriétaire d'un magasin spécialisé dans la culture du cannabis, à Montevideo.
- Expérimentation à la fois critiquée et observée -
Cette loi unique au monde a été portée à bout de bras par le président Jose Mujica, un ancien guérillero septuagénaire et iconoclaste dont le mandat s'achève cette année, qui a affronté de nombreuses réticences, jusqu'au sein de sa majorité de gauche, le Frente amplio (FA).
Les principales incertitudes concernent la capacité des autorités à contrôler une production illégale dans tous les pays voisins et des dizaines de milliers de petits cultivateurs répartis dans tout le pays.
La consommation de cannabis s'est multipliée ces dernières années, selon le JND qui estime ses usagers à 128.000 personnes. Mais les associations de consommateurs revendiquent elles 200.000 fumeurs, pour 3,3 millions d'habitants.
Des craintes sont également exprimées par ces autocultivateurs, qui voient déjà se multiplier les vols de plants.
«Désormais, on voit plus les autocultivateurs, on sait qu'il y a beaucoup de gens qui plantent, c'est pour cela qu'il y a des vols. Moi, on m'a volé, mes amis et des connaissances, aussi. Et ça se passe dans tout le pays», a ainsi assuré Juan Andres Palese, producteur et co-propriétaire d'une autre boutique dédiée à la culture de cannabis, un secteur en plein essor.
En raison des restrictions d'accès au produit pour les mineurs, les étrangers, ceux refusant de s'enregistrer, etc., la possibilité d'éradiquer totalement le marché noir semble également illusoire.
Les forces de l'ordre affirment en être conscientes. La nouvelle loi pourrait «modifier le marché» illégal de la marijuana, a admis à l'AFP le commissaire César Manuel Sosa, directeur de la Direction générale de répression du trafic de drogues. «La possibilité existe que (le marché) puisse dévier (vers d'autres drogues) ou violer cette loi, alors, nous devrons agir», a-t-il ajouté.
Notamment critiquée par l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) des Nations unies, cette expérimentation est toutefois observée avec intérêt par des pays, organisations ou anciens dirigeants estimant que la politique essentiellement répressive menée depuis plusieurs décennies sous la houlette des Etats-Unis, plus gros marché de consommateurs au monde, a été un échec.
«Il y a un consensus entre de nombreux pays pour reconnaître que ce que nous faisons contre les drogues ne fonctionne pas mais il n'y a pas d'accord sur ce que sera la réponse correcte», a reconnu pour l'AFP Hannah Hetzer, de l'ONG américaine Drug Policy Alliance.
Légaliser le cannabis, oui, mais dans quelles limites ? L’exemple pourrait bien venir de ceux que l’on surnomme volontiers les « drogues légales » : le tabac et l’alcool. La suggestion émane de la RAND Corporation. Cette organisation dédiée à la recherche de solutions pour les défis de politique publique a consacré un article à ce sujet dans l’American Journal of Public Health ce 17 avril.
Elever les prix et limiter les variétés
Depuis novembre 2012, l’usage récréatif de marijuana est légal dans les Etats américains de Washington et du Colorado. Une décision sans précédent puisque même les Pays-Bas n’en sont qu’à la dépénalisation. Les lois se sont donc créées ex nihilo. Les autres Etats envisageant de suivre l’exemple s’inspireront certainement de ces « modèles. » Mais ils pourraint aussi regardeer du côté des législations régissant production, vente et consommation d’alcool et de tabac, selon la RAND Corporation. Car les questions, bien que moins épineuses, se ressemblent fortement : comment autoriser au mieux les différents aspects de la commercialisation, tout en travaillant à une réduction des problèmes qui en découlent ?
« Les leçons des dernières décennies de régulation de l’alcool et du tabac offrent quelques pistes aux décideurs qui envisagent des alternatives à l’interdiction du cannabis, et qui s’intéressent à une approche de santé publique », estime Beau Kilmer, co-directeur du Centre de Recherche sur les Politiques en matière de Drogue et co-auteur de l’article. Dans les faits, plusieurs approches semblent judicieuses. Les membres de la RAND Corporation citent notamment le maintien de prix élevés pour limiter la consommation de cannabis, la mise en place d’un monopole d’Etat des ventes et de la distribution, la limitation des variétés disponibles à la vente et de la publicité, la restriction de l’usage dans les lieux publics.
Des législations variables
Les Etats de Washington et du Colorado n’ont pas attendu ces conseils pour adapter les législations. Dans les deux Etats, l’achat de marijuana est limité aux citoyens de plus de 21 ans. Les quantités aussi sont limitées : 28,3 g de cannabis réutilisable, 452 g d’infusion de marijuana solide et un peu plus de 2 kg d’infusion de marijuana liquide pour l’Etat de Washington. La production et la vente sont soumises à licence dans les deux Etats. Si le Colorado autorise toutes les formes, l’Etat de Washington semble plus restrictif.
L’exemple du Colorado n’inspire d’ailleurs pas les spécialistes de la RAND Corporation. « En se basant sur l’expérience nationale fournie par l’alcool et le tabac, il semble prudent – d’un point de vue de santé publique – d’ouvrir progressivement le marché du cannabis […] et de prévenir une commercialisation trop rapide, tout en le rendant disponible aux adultes responsables », détaille Rosalie Liccardo Pacula, co-directrice du Centre de Recherche et co-auteur de l’article. Il est clair que la vente de cannabis au Colorado a été tout sauf progressive : quelques mois après l’autorisation effective, des distributeurs automatiques de cannabis sont déjà disponibles. Sans contrôle d’identité ou de limitation de quantité.
Le cannabis va-t-il valoir plus que les métaux précieux pour les exploitants de mines canadiens ? Plusieurs compagnies minières locales se sont tournées vers la culture légale de cannabis.
Au Canada, l'utilisation médicale de la marijuana est en effet légale. Mais, depuis le 1er avril, la production personnelle, elle, ne l'est plus. Les industriels doivent donc prendre le relais, mais en se soumettant à des exigences réglementaires strictes, comme le rappelle la presse locale.
Mais comme le relève le Figaro, ce mardi 22 avril, ce qui attire les investisseurs se situe en fait aux Etats-Unis, puisque deux états américains, celui de Washington et le Colorado, en ont légalisé l'utilisation l'année dernière. De plus, la consommation médicale est légale dans vingt autres Etats.
Hausse des cours de bourse
Résultat, le marché explose depuis le début de l'année et pourrait dépasser les 10 milliards de dollars en 2018, contre 1,43 milliard en 2013, selon une étude du cabinet San Francisco ArcView.
Les entreprises minières espèrent faire oublier leurs mauvais résultats dans leur cœur de métier grâce à ce nouveau marché, surmédiatisé outre-Atlantique. Pour l'instant, les cours de bourses des minières converties en productrices de chanvre bondissent systématiquement.
Stratégie de la dernière chance pour les mines canadiennes? Le secteur, crucial pour l'économie du pays, subit la chute des cours de métaux de plein fouet. Le 15 avril, deux mines ont annoncé leur fermeture en Colombie-Britannique, mettant au chômage près de 600 employés.
"Il y a des centaines de millions de dollars à faire dans les software et les services secondaires. Ajoutez les vaporisateurs et ce sera bien plus", dit par exemple Justin Hartfield, un investisseur participant au Ghost Group, qui tente actuellement de lever 25 millions de dollars en capital d'investissement exclusivement destiné au cannabis.
Par "vaporisateur", M. Hartfield entend des cigarettes électroniques destinées à fumer de l'huile de cannabis ou de l'herbe. Des start-up fondées par d'anciens employés d'Apple, de Zynga et de la Silicon Valley Bank s'activent actuellement à la frontière entre technologie et design pour dominer ce marché émergent : Ploom, qui produit le modèle aujourd'hui dominant, Firefly, VaporX, Magic Flight... Des sites comme Gizmodo et Business Insider en publient des critiques, comme de gadgets high-tech classiques.
Leur objectif commun : offrir à un public trentenaire à haut niveau de revenu un objet technologique évolué au design attrayant. Quelque chose d'aussi éloigné que possible de la pipe à eau à drapeau rasta que leurs clients achetaient pour quelques euros dans les marchés aux puces, au temps du marché noir et de leur jeunesse.
Le vaporisateur de cannabis "Pax" de Ploom. (Ploom.com)
D'autres entrepreneurs investissent dans le matériel de culture. Certaines expérimentent des lampes LED pour remplacer les bulbes actuellement dominants. La société Sparc cherche ainsi à laisser les plants grandir sous lumière vingt-quatre heures sur quatre, sans avoir à éteindre les lampes douze heures par jour pour laisser les "têtes" se gorger de THC, substance active du chanvre. D'autres, comme l'ancien patron de la technologie de Zynga, Tom Bollich, tentent de s'imposer dans la climatisation des serres (Surna) ou la taille industrielle.
Côté service aux usagers, plusieurs applications se développent. Comme Weed Maps, une application qui utilise ses utilisateurs pour recenser, sur une carte, des établissements vendant légalement du cannabis à travers les Etats-Unis et en Europe. Dans la plupart des Etats américains, il s'agit de ventes sur ordonnance. La société affiche 30 millions de dollars de revenus annuels et en investissait début avril une partie pour une campagne de publicité en faveur de la légalisation du cannabis à New York, rapporte Gizmodo.
On trouve aussi un site de partage de photos exclusivement destiné au cannabis (Massroots), ou un site d'évaluation collective de différentes variétés d'herbe, que les utilisateurs sont invités à noter (Leafly). Côté gadget, Wired relève également l'existence de boîtiers comme ceux de la société MyDX, qui évaluent la qualité d'une herbe selon son taux en THC, son niveau de pesticides, et permettent de visualiser le résultat sur un smartphone.
https://www.youtube.com/watch?v=G3P5nbQV7cU
L'essor du secteur rencontre toutefois un obstacle : pour vendre dans l'ensemble des Etats-Unis, y compris dans les Etats qui n'ont pas décriminalisé le cannabis, ces sociétés ne peuvent pas mentionner le mot "cannabis" dans leurs publicités ni sur leurs sites Internet, ni déposer de brevets mentionnant explicitement leur usage. Officiellement, les e-joints sont donc, pour l'heure, des e-cigarettes. Et MyDX se présente d'abord comme un boîtier servant à analyser la qualité de vos légumes.
Surtout, nombre de ces sociétés ont des difficultés d'accès au système bancaire, et par là de financement, ce qui gène leur développement et laisse traîner autour d'elles un parfum d'illégalité. Ainsi, dans le Colorado, les banques refusent de collaborer avec l'ensemble de l'industrie du cannabis, craignant que leurs clients ne voient un jour leurs avoirs saisis.
Le patron de Leafly expliquait ainsi récemment au magazine Newsweek avoir ouvert sans difficulté un compte à la Key Bank de Cleveland (Ohio). La société développe après tout un software et ne manipule pas de sachets d'herbe. Un an plus tard, "quelqu'un de la banque m'a vu à la télévision", raconte-t-il. "Ils m'ont donné trente jours pour fermer mon compte, ou bien ils ont dit qu'ils m'enverraient un chèque au porteur. Nous avions environ 3 millions de dollars à cette éposque. Ça aurait été un gros chèque au porteur."
En janvier, le procureur général américain Eric Holder déplorait cet état de fait, tout en maintenant qu'il existait un risque pour les institutions financières à soutenir un tel secteur.
Récemment, Numerica Credit Union, la cinquième banque de l'Etat de Washington avec 1,3 milliard de dollars d'actifs, a fait savoir qu'elle était la première à offrir aux entrepreneurs du cannabis récréatif de venir grandir dans ses coffres.
Prix du meilleur stand
1st Place – Cloud Penz
2nd Place – Incredibowl
3rd Place – Nexus Glass
Prix du meilleur produit
1st Place – Incredibowl Inc. Redibowl
2nd Place – Oil Slick - Oil Slick
3rd Place – Sour Kush Kids Baked Bros
Prix du meilleur produit en verre
1st Place – Hitman Glass
2nd Place – Cloud 9 Head Shop
3rd Place – Halo par Nexus Glass
Prix du meilleur vaporisateur
1st – Cloud Penz par Cloud Penz
2nd - o.pen par o.penVAPE
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Prix du meilleur artiste sur verre
1st - Creep Glass
2nd - Salt
3rd - Apple Butter
Prix de la plus haute teneur en CBD
Flower – Hillbilly Armor (4.73 %) de Elite Cannabis Enterprises
Concentrate – Ogre Kush Shatter (20.91 %) de Mile High Dispensary
Edible – High CBD Dark Chocolate Cherry Bar (930 mg per serving) de Medibrothers
Prix de la meilleur nourriture medicale
1st Place - Mystic CBD Capsules de Natural Mystic Cannabis Caregivers
2nd Place - Bhang Cherries & Cream 180 mg Bar de Summit & Baked
3rd Place - One Eye Open Sativa-Based Lemonade / Black Tea de MarQaha
Prix de la meilleur nourriture (Us)
1st Place - Liquid Gold Delights Orange Meltaway Truffles de G Farma Labs
2nd Place - Cinnamon Roll Crunch de Kushie Kandy
3rd Place - Reef Jerky de Badfish Extracts
Prix du meilleur Hash Médical sans solvant
1st Place - Blueberry Waltz de Natural Mystic Cannabis Caregivers
2nd Place - Sour Lemon OG Solventless de Essential Extracts & Trill Alternatives
3rd Place - HGH Cookies Solventless de HGH Extractions & Pure Medical
Prix du meilleur Hash sans solvant (Us)
1st Place - White OG Solventless Wax de Essential Extracts & Down With Dirt
2nd Place - Boss Ice Wax de Infuzionz
3rd Place - Bruce Banner #3 de RiverRock Adult Use & Trichome Heavy Extractions
Prix du meilleur concentré Médical
1st Place - Sour Jilly de Green Dragon & TC Labs
2nd Place - Jilly Bean de Stay Concentrated Extracts
3rd Place - South African Durban Poison Wax de Advanced Medical Alternatives & Dab City Concentrates
Prix du meilleur concentré (Us)
1st Place - 303 OG Nug Run Sugar Budder de The Clinic
2nd Place - Lemon Walker OG de TC Labs & Gold Coast Collective
3rd Place - Willy Wonka Sativa BHO de High Class Concentrates
Prix du meilleur hybride Medical
1st Place - Pure Power Plant de Good Meds Network
2nd Place - Chem Crush de La Contes
3rd Place - Golden Goat de the Green Solution
Prix du meilleur hybride (Us)
1st Place - Cookies & Cream de Exotic Genetix
2nd Place - Colorado Chem de Cannables
3rd Place - Cinderella 99 x White de Natural Remedies
Prix de la meilleure Sativa Medical
1st Place - Jilly Bean #1 de Standing Akimbo
2nd Place - Durban Poison de Denver Relief
3rd Place - Cherry Pie de The Clinic
Prix de la meilleure Sativa (Us)
1st Place - Ghost Train Haze de Green Man Cannabis
2nd Place - Super Silver Haze de Life is Good Healing
3rd Place - Twista de The Green Solution
Prix de la meilleure Indica Medical
1st Place - Larry OG de MMJ America
2nd Place - Raskal OG de Colorado Alternative Medicine
3rd Place - Denver Maple de Ballpark Holistic Dispensary
Prix de la meilleure Indica (Us)
1st Place - South Central LA de Colorado Alternative Medicine & Root Seller Seeds
2nd Place - Grand Daddy Purple de Cannables
3rd Place - MK Ultra de The Green Solution
Le prix des Peoples: Hash
1st Place - Golden Goat Shatter - Infuzionz powered par The Green Solution
2nd Place - Jilly Bean Shatter de 710 Labs/ Bud Med Health Center
3rd Place - K1 Shatter de New Age Medical
Le prix des Peoples: Fleurs
1st Place - Presidential Kush de The Green Solution
2nd Place - Death Star de New Age Medical
3rd Place - Sour Diesel de Walking Raven Retail Marijuana Center
Début avril, plusieurs fumeurs de cannabis ont été contrôlés par la police à travers le pays. Des contrôles quasi simultanés qui étaient, selon la police, «le fruit du hasard». «On ne fait pas la chasse aux consommateurs. Quand on sort c'est pour choper des vendeurs et pas des fumeurs», soulignait alors Mike Goergen dans un article de L'essentiel. Un article qui été longuement commenté. Certains internautes se sont ainsi posés la question de la légalisation du cannabis au Luxembourg.
Le cannabis au Luxembourg
Pour rappel, le cannabis reste de loin la drogue la plus consommée au monde. 180,6 millions de personnes (3,9% de la population mondiale) en consommerait. Soit plus de 20 000 fumeurs de joints pour le Luxembourg, où le cannabis n'est pas dépénalisé mais décriminalisé. Aucune peine d’emprisonnement n’est prévue pour la consommation simple ou la détention pour usage personnel de cannabis. Si une personne est arrêtée en possession de cannabis, et si c'est seulement pour sa consommation personnelle, elle encourt une amende allant de 250 à 2 500 euros.
Les avis divergent. R. Tun y est favorable. «Pourquoi on ne légaliserait pas le cannabis comme en Uruguay ou aux États-Unis dans le Colorado et Washington se demande-t-il. Pour certains, la légalisation réglerait de nombreux problèmes. Pour Ian J., cela «permettrait de lutter contre les criminels qui profitent de la vente et d’utiliser les revenus pour lutter efficacement contre les drogues dures (cocaïne, héroïne en particulier), qui sont bien plus dangereuses».
Pour naafout, «légaliser c'est: une distribution contrôlée par l’État et des substances de bonne qualité à bas prix. Ne pas légaliser, c'est une distribution par des dealers non scrupuleux qui refourguent de la m***e coupée X fois à des prix exorbitants», argumente-t-il. Pour cet internaute, la légalisation permettrait de réduire le nombre de jeunes consommateurs «qui ne voudront plus essayer car il n'y a plus d'interdit à braver». Canne à Biz affirme pour sa part «qu'il n'y a pas beaucoup de criminalité aux Pays-Bas, parce que les coffee shops sont bien présents!»
«Sensibiliser les jeunes»
D'autres internautes prônent la légalisation mais sous certaines conditions. «Légaliser le cannabis mais avec des normes de sécurité. Comme par exemple une interdiction au moins de 21 ans et limiter la consommation à la maison et dans des coffee shops», commente Justicier. Selon lui, il faudra également «sensibiliser les jeunes à l'école, pour expliquer que la fumette et surtout l'alcool sont très mauvais dans la phase de développement du corps». «Légalisons le cannabis et augmentons les peines des dealers de dur» réclame pour sa part Anomik.
Certains internautes ne font pas de distinction entre les drogues douces et les drogues dures. Pour eux, le cannabis doit rester illégal. «Ces "gentils consommateurs" qui mettent le b***el comme les ivrognes du soir, participent à l'insécurité dans les rues comme sur la route» explique Triste clowny. Ainsi quand certains internautes réclament une légalisation du cannabis,
Lothard proteste. «À voir la tête et les yeux de certains très jeunes ados, de toute évidence consommateurs de cannabis (et même durant leurs heures de classe), je m'interroge réellement sur la pertinence de vos propos». Léo M. s'inquiète des conséquences. «Si ça arrivait au Luxembourg, combien de Français, Belges et Allemands viendraient acheter leur cannabis ici, en plus des cigarettes et de l'essence?».
Lancé par American Green, spécialiste de la culture du chanvre indien, le premier distributeur a été installé samedi à l'intérieur d'un dispensaire de cannabis au pied des Rocheuses. Afin de respecter le cadre légal de la vente d'herbe et éviter que des enfants accèdent à cette substance contrôlée, l'entreprise a développé un dispositif qui scanne le permis de conduire, la pièce d'identité la plus répandue aux Etats-Unis, et s'assure, grâce entre autres à des caméras, que le client est bien majeur comme indiqué sur le document officiel.
Parmi les produits proposés, le «pot head» ou fumeur pourra opter pour de l'herbe mais aussi du thé, des chocolats ou encore des bonbons à la marijuana. Aucun de ces distributeurs ne sera disposé dans un endroit public car la loi qui régule la jeune industrie du cannabis ne le permet pas.
Le débat sur la légalisation du cannabis refait surface au Maroc. Le week-end dernier, le parti Authenticité et modernité (PAM) a organisé une série d'évènements dans le Rif, région productrice du kif marocain, pour promouvoir son projet de libéralisation à usage thérapeutique. Le parti au tracteur a ainsi rassemblé, samedi 5 avril, près de 2 500 agriculteurs à Bab Berred, avant d'organiser le lendemain une journée de débat avec des ONG et des responsables politiques locaux à Chefchaouen.
"L'objectif de ces journées étaient d'entendre ce que les agriculteurs - qui sont quand même les premiers concernés - avaient à dire sur le sujet, mais aussi de présenter notre programme", assure Mehdi Bensaïd, député du PAM. En décembre 2013, son parti avait déjà fait parler de lui en organisant un débat sur la légalisation du cannabis thérapeutique au Parlement. Cette initiative avait été plutôt bien accueillie par les élus des différents bords. Conséquence : l'Istiqlal, parti historique de l'indépendance marocaine, avait déposé dans la foulée une proposition de loi en faveur de la légalisation à usage médicinal.
De leur côté, les responsables du PAM envisagent deux propositions de lois dans les semaines à venir. La première concerne la légalisation thérapeutique, médicinale et industrielle du cannabis. Il n'est donc pas question de dépénaliser ni de légaliser la vente et la consommation généralisées.
Si la surface cultivée a baissé de 60% en 10 ans, à environ 50 000 hectares, le Maroc reste l'un des principaux producteurs de haschich au monde. D'après les chiffres du ministère de l'Intérieur, 90 000 ménages, soit environ 700 000 Marocains, vivraient encore de la production du cannabis dans le Rif. Malgré différentes tentatives d'introduction d'autres cultures, comme des tomates ou des pommes de terre, ces derniers n'ont pas d'autres choix que de continuer à produire du kif sans pour autant profiter de son juteux trafic. "Il faut casser les tabous et faire primer les intérêts de ces citoyens, clame Mehdi Bensaïd. Notre projet de légalisation partielle profitera à tout le monde - État, agriculteurs, entreprises… - sauf aux trafiquants."
48 000 cultivateurs recherchés
Concrètement, le PAM propose de mettre en place une agence étatique qui aurait le monopole exclusif et achèterait le cannabis directement aux producteurs locaux, au même prix que le font les trafiquants, c'est-à-dire 10 euros le kilo de plant. Cette agence revendrait ensuite le kif à des entreprises et industries pharmaceutiques. Idéalement, cette stratégie permettrait de diminuer le trafic, d'accroître les revenus fiscaux de l'État, et de créer des emplois dans une région historiquement défavorisée.
Les députés du PAM entendent déposer cette première proposition de loi au Parlement après une deuxième journée de rencontre avec les agriculteurs, cette fois à Ketama, qui devrait avoir lieu d'ici trois semaines. Le deuxième texte, encore à l'étude, prévoit lui d'amnistier les 48 000 cultivateurs recherchés par les autorités parce que liés, souvent involontairement, à la culture de cannabis. "La majorité ne peut vivre en famille et se trouve dans une situation de semi-clandestinité. Il faut absolument trouver des solutions", explique Khadija Rouissi, autre élue PAM interrogée par l'AFP.
>> Lire aussi Maroc : les mille et une manières de cacher une cargaison de haschich
Encore polémique au Maroc, la possible légalisation partielle du cannabis reste très hypothétique. Mehdi Bensaïd et ses camarades du PAM assurent avoir bon espoir. "Aucun groupe parlementaire ne s'est opposé au projet", affirme-t-il. Il faudra attendre l'étude par le Parlement de la première proposition de loi de l'Istiqlal pour découvrir l'opinion des députés marocains sur cet épineux dossier.
Benjamin Roger
Source: https://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20140410174759/
«Ce serait un moindre mal que la situation actuelle. C'est une des trois options que nous avons proposées au gouvernement fédéral», a indiqué, mardi, au Soleil, le secrétaire du Collège des médecins, le Dr Yves Robert, en marge d'une conférence de presse sur les nouvelles directives aux médecins pour prescrire de la marijuana.
À son avis, la légalisation permettrait d'avoir un contrôle de qualité et de faire de l'éducation sans négliger les possibles entrées fiscales. Il croit qu'une libéralisation du pot n'entraînerait pas nécessairement une hausse de la consommation. En gardant le produit illégal, le Dr Robert croit que cela favorise sa diffusion de façon illicite sur un marché noir et la possibilité que des jeunes se voient offrir d'autres drogues plus nocives.
«Il y a une forme d'hypocrisie, de connivence. Actuellement, il y a n'importe quoi qui circule et ça circule. Il ne faut pas se faire d'illusions. Ce n'est pas la loi qui va faire que les gens vont consommer du cannabis ou non. La question est de savoir dans quelles conditions on veut que la consommation se fasse», a-t-il avancé.
Selon le Dr Robert, le débat sur la légalisation ou non du cannabis qui a repris depuis que le Colorado en permet la vente est avant tout politique. «On nous met dans un piège où, d'un côté, le gouvernement ne veut pas le légaliser parce qu'il ne veut pas déplaire à sa base électorale et, de l'autre, il ne veut pas l'étudier comme n'importe quel médicament parce qu'il ne veut pas le légitimer», a-t-il déploré.
Pour l'heure, le Collège des médecins du Québec et ceux des autres provinces canadiennes sont en colère contre le gouvernement Harper. Depuis mardi, la façon d'avoir du cannabis à des fins thérapeutiques est d'avoir une ordonnance médicale. Auparavant, c'est Santé Canada qui autorisait la possession et la consommation de cette drogue illégale à des fins médicales.
«Avec la nouvelle réglementation, le gouvernement fait trois affaires en même temps. Un, il respecte son idéologie. Deux, il envoie l'odieux et la responsabilité sur le dos des docteurs et il s'en lave les mains. Trois, ça permet de faire une économie administrative à Santé Canada. C'est l'idéal du point de vue du gouvernement conservateur», a-t-il soutenu.
Les deux autres options proposées au gouvernement Harper par le Collège des médecins étaient de maintenir le programme précédent ou d'assujettir la prescription de cannabis aux mêmes règles auxquelles doivent se soumettre les compagnies pharmaceutiques pour un nouveau médicament."
Le protocole de recherche n’est pas encore défini, mais cela devrait être fait «d’ici l’été», ont précisé en conférence de presse les docteurs Charles Bernard et Yves Robert, respectivement président-directeur général et secrétaire du Collège des médecins du Québec.
Le futur protocole de recherche permettra donc aux médecins de prescrire du cannabis séché à des fins médicales, mais en suivant certaines règles, comme la rédaction d’un formulaire de consentement, d’un formulaire d’évaluation de l’état de santé du patient, la vérification des interactions avec d’autres médicaments et la vérification de contre-indications, entre autres.
Depuis mardi, un règlement fédéral exige d’un patient qu’il obtienne une prescription médicale afin d’avoir accès à du cannabis séché pour des fins thérapeutiques. Et le cannabis ne pourra être prescrit que pour certains problèmes de santé déterminés: épilepsie, forme grave d’arthrite, cancer, SIDA et VIH, maladie de la moelle épinière, lésion de la moelle épinière et sclérose en plaques.
«Il (le médecin) ne peut pas prescrire à partir d’aujourd’hui, tant qu’il n’y aura pas le projet de recherche», a pris soin d’ajouter le docteur Robert. Il y aura donc un délai avant que les médecins puissent prescrire le cannabis séché par l’intermédiaire d’un protocole de recherche médicale.
Auparavant, le médecin n’avait qu’un rôle de confirmation du diagnostic. Le nouveau règlement fédéral accroît donc le rôle du médecin.
Les médecins se retrouvent donc dans une situation inconfortable, puisque le traitement par cannabis séché n’est pas officiellement reconnu au plan scientifique. Et ni le dosage ni les indications thérapeutiques ne sont standardisés, a souligné le docteur Bernard.
Or, le Code de déontologie des médecins stipule que l’usage d’un traitement non reconnu ne peut être fait que dans un cadre de recherche médicale.
«Ce que nous déplorons, malheureusement, c’est que si des patients ont de la difficulté à y avoir accès, le premier responsable c’est celui qui a fait la nouvelle réglementation. C’est un des problèmes auxquels on a à faire face: on nous transfère une responsabilité et on veut que ce soit nous qui ramassions l’odieux de cette décision. Et ce ne sera pas le cas», a prévenu le docteur Robert.
La voie de la recherche médicale est donc celle qui a été choisie par le Collège des médecins pour régulariser la situation des médecins et des patients, afin de répondre à la fois au Code de déontologie des médecins, au règlement fédéral et aux décisions des tribunaux.
Le Collège des médecins souligne également qu’il existe présentement des médicaments sous forme de comprimés qui sont des «cannabinoïdes» et qui sont autorisés par Santé Canada. Il conseille d’ailleurs à ses membres de prescrire d’abord ces médicaments avant d’envisager le cannabis séché.
Réaction
Présent à la conférence de presse du Collège des médecins, Adam Greenblatt, de la Société pour l’accès au cannabis médical, a dit accueillir la voie de la recherche prônée par le Collège des médecins avec «un optimisme prudent».
Il affirme toutefois s’inquiéter du fait qu’«il y a trop de restrictions sur les raisons pour lesquelles le cannabis séché peut être prescrit par les médecins» et que cela aura pour effet de «diminuer l’accès pour les patients».
Le petit pays sud-américain de 3 millions de personnes le mois prochain devenu le premier au monde à légaliser, réglementer et à participer à la production, la vente et la taxation de la marijuana.
Ce qu'on appelle la «révolution du cannabis» de l'Uruguay sera examiné à travers le monde en tant que leaders internationaux se débattant avec la politique de la drogue au milieu des critiques de principe de longue date de la «guerre contre la drogue».
M. Mujica, un ancien guérillero de gauche de 78 ans et prisonnier politique, n'est pas étranger aux gros titres, après sa décision d'éviter le palais présidentiel en faveur de sa ferme délabrée et de donner 90 pour cent de son salaire (7100 livres/mois).
Mais dans une interview avec le Daily Telegraph menée au milieu des piles de tomes agricoles, dans la salle avant faiblement éclairée de son bungalow, où il a vécu pendant 30 ans, il a exprimé sa surprise à la fureur.
«C'est cibler la lutte contre le trafic de drogue", a t-il dit. «Ce n'est pas une loi soutenant la dépendance. C'est une façon de combattre l'économie du marché noir."
Envolées lyriques, même sur une question aussi controversée, il a continué: «Chaque toxicomanie est un fléau, à l'exception de l'amour."
En vertu de la nouvelle loi radical qui a permis à des citoyens et des entreprises privées de se développer, acheter et vendre du cannabis, mais le gouvernement va également entrer dans l'entreprise - la culture et la récolte, de la distribution et de la vente à partir de points de vente autorisés et imposer les bénéfices réalisés.
Le projet de loi est beaucoup plus massif que le célèbre Pays-Bas libérale, où la culture reste interdit, ou les nouvelles dispositions dans les États américains du Colorado et Washington, où il n'y a pas de participation directe du gouvernement.
M. Mujica et ses alliés font valoir que la nouvelle politique offre une alternative révolutionnaire à ce qu'ils appellent les échecs de la «guerre à la drogue» défendue par les États-Unis en Amérique latine, qui a tué des dizaines de milliers dans les pays producteurs et de transit tandis que relativement peu est fait dans les pays consommateurs de l'Europe et les États-Unis.
La loi vise également à porter un coup majeur aux cartels de la drogue trafiquant des drogues dures en supprimant une de leurs plus grands soutiens monétaires. "Si vous voulez changer une réalité, il est insensé de continuer à faire la même chose, au lieu de changer quelque chose, même si elle n'a pas été couronnée de succès", a déclaré M. Mujica.
En vertu de la nouvelle loi, les Uruguayens pourront acheter une quantité limitée de cannabis, qui devrait être plafonné à près de 1,4 onces (40 grammes) par mois, en pharmacies ou à partir de guichets uniques de type Bureau de poste, qui sont normalement utilisés pour le paiement des factures ou changer de l'argent.
Les utilisateurs devront s'inscrire sur une base de données détenue par le gouvernement et ceux qui effectuent des demandes excessives seront renvoyées aux autorités de santé pour un traitement. La base de données est également destiné à assurer que seuls les résidents de l'Uruguay peuvent acheter le produit dans un effort pour réduire les risques de tourisme de la drogue.
Dans un pays catholique traditionnellement conservateur, les sondages indiquent que de nombreux Uruguayens n'aiment pas l'innovation introduite par la coalition de gauche à voilure Front large, soit parce qu'ils soupçonnent la consommation de drogues d'augmenter ou désapprouve le rôle du gouvernement dans le commerce de la drogue. M. Mujica est, cependant, imperturbable, disant que ses adversaires sont simplement "effrayés" par ce changement dramatique, tout en reconnaissant que la nouvelle loi pourrait ouvrir la voie à la dépénalisation d'autres drogues.
Il a des alliés dans la région: d'autres dirigeants latino-américains, y compris Otto Perez Molina, le président du Guatemala, se sont également prononcé contre la guerre aux drogues, tandis que Enrique Pena Nieto, le président du Mexique, a clos la lutte armée implacable de son prédécesseur avec les narco-trafiquants.
Au milieu des vues plus prudentes en Europe, le mois dernier Norman Baker, le ministre libéral-démocrate du Home Office, a tenu une conférence vidéo d'une heure avec les représentants de l'Uruguay, discuter des implications en matière de santé et de la sécurité publique de la nouvelle loi.
Il y a entretemps quelques difficultés pratiques de mise en œuvre de la politique, et non pas des moindres, l'Uruguay ne produit pas assez de cannabis pour satisfaire la demande. Les Grands dirigeants du Front, dont Lucie Topolansky, une sénatrice qui est aussi la première dame, suggère que les producteurs de marijuana médicale canadiens pourraient combler temporairement l'écart.
Ce fut une nouvelle au Canada, où un porte-parole du ministère de la Santé dit qu'il n'y avait "aucun plan" pour exporter de la marijuana à l'Uruguay, ou n'importe où ailleurs.
Un groupe de travail constitué par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) s’apprête à plancher sur la question du cannabis thérapeutique. Objectif: «exploiter toutes les possibilités de la loi pour que le cannabis puisse être utilisé comme médicament et pour pouvoir profiter du plein potentiel de cette plante médicale». Or, en Suisse, certains précurseurs n’ont pas attendu ses conclusions pour se placer sur ce terrain.
C’est le cas de Manfred Fankhauser. On l’imagerait volontiers dégaine de hippie, cheveux longs et pull tricoté. Mais le pharmacien de Langnau (BE) porte en fait une blouse blanche et de petites lunettes d’étudiant raisonnable. Dans son officine, il élabore et commercialise depuis 2011 des médicaments à base de cannabis. Il est une exception en Suisse. Sa matière première ne pousse pas dans les champs alentour, mais au bord du lac de Constance, dans un endroit «caché et protégé».
Une petite culture d’environ 120 plantes qui suffit pour une année et demie de production. La récolte est d’abord transportée chez un chimiste, qui en extrait la teinture mère (un concentré liquide), avant d’atterrir dans le laboratoire du pharmacien pour le dosage du produit fini. Il contient deux principes actifs: du THC, la molécule qui possède un effet planant, et du cannabidiol. Manfred Fankhauser fabrique aussi un autre médicament, uniquement à base de THC, appelé Dronabinol. Ici, le THC est synthétique et importé d’Allemagne, où il est fabriqué à partir d’écorce de citron.
Les deux préparations se vendent sous forme de gouttes. «Cela permet de contrôler les doses de manière précise, souligne Manfred Fankhauser. En général, les prescriptions vont de 2 à 10 mg de THC par jour.» Bien moins que les quantités inhalées avec un joint, qui oscillent entre 20 et 30 mg.
Solution miracle?
Ce fils de paysan de 51 ans a déjà conseillé et traité 850 patients. Les indications sont nombreuses: le cannabis est utilisé pour combattre nausées et perte d’appétit chez les personnes atteintes de cancer, crampes et spasmes liés à la sclérose en plaques ou encore douleurs chroniques. «Les patients font appel à nous quand les autres traitements n’ont pas fonctionné», explique Manfred Fankhauser.
La démarche n’a rien d’illégal! En principe, toutes les pharmacies pourraient produire des médicaments à base de cannabis suite à la révision de la loi sur les stupéfiants en 2008. La substance demeure interdite, mais l’OFSP accorde des licences spéciales pour l’usage médical. «Les procédures sont longues et compliquées. Il faut aussi connaître la plante, raconte Manfred Fankhauser. Je m’y intéresse depuis longtemps, j’y ai consacré mon doctorat.» De la part du patient aussi la persévérance est de rigueur. Pour obtenir le médicament, son médecin doit adresser une demande à l’OFSP. Et le coût élevé – entre 5 et 30 francs par jour selon les prescriptions – n’est pris en charge par les caisses maladie qu’au cas par cas.
Manfred Fankhauser est toutefois loin d’être un pionnier. Les Romains et les Grecs employaient déjà le chanvre comme remède. «Au début du XXe siècle, rappelle le pharmacien, la substance n’était pas considérée comme un stupéfiant: l’Université de Berne y consacrait des dizaines de recherches et de grandes entreprises pharmaceutiques comme Hoffmann-La Roche, l’ancêtre de Roche, l’utilisaient dans leurs préparations.» Le produit a peu à peu disparu au profit des barbituriques ou de la morphine. Les difficultés d’importations pendant la Seconde Guerre mondiale – la plante était alors cultivée en Inde – et la diabolisation de la substance dans les années 1960 ont mis fin à son usage.
Changement d’esprit
Depuis quelques années, les propriétés médicinales du chanvre font à nouveau l’objet de recherches. «L’attitude change», se réjouit Manfred Fankhauser. Autre signal: le Sativex, un médicament en spray à base de cannabis, déjà en vente dans plusieurs pays européens, a été autorisé en Suisse et devrait arriver sur le marché ce mois. Et bonne nouvelle: pour cette préparation, exclusivement destinée aux malades souffrant de sclérose en plaques, plus besoin d’autorisation spéciale.
Témoignage : «Je revis»
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Philippe Süsstrunk, 61 ans, est atteint de sclérose en plaques depuis 1990. (Image: Sedrik Nemeth)
Philippe Süsstrunk: «Je souffrais de crampes et de spasmes dans tout le corps, accompagnés de douleurs insupportables. Les médicaments myorelaxants (pour décontracter les muscles), que je consommais aux doses maximales, ne m’apportaient rien: je me sentais comme un morceau de bois de la tête aux pieds. Je prends des gouttes de cannabis naturel trois fois par jour dans un peu d’eau depuis deux ans et je revis. Les spasmes et les crampes ont presque disparu. J’ai pu supprimer les myorelaxants qui me rendaient vaseux et ne souffre d’aucun effet secondaire.»
Pourtant, l’habitant de Fleurier (NE) n’est pas immédiatement emballé lorsque son médecin évoque cette option. «Je n’avais jamais touché au cannabis. La question a aussi provoqué de longues discussions avec ma femme et mon fils. Aujourd’hui, je ne comprends pas pourquoi la substance ne peut pas être utilisée plus librement.»Le traitement de Philippe Süsstrunk, qui touche l’assurance-invalidité, coûte 550 francs pour un mois et demi: une lourde charge que son assurance-maladie n’a accepté de couvrir qu’au terme d’une bataille acharnée.
Il semblerait que la marijuana soit enfin entré dans le courant dominant des États-Unis et de la politique internationales.
Cependant, quelqu'un a négligé de prévenir les nombreux organes de presse qui continuent de recycler les mêmes vieilles images de "Cheech & Chong" qui auraient été retirés il y a des décennies. Après tout, la moitié des adultes américains ont essayé la marijuana et ils ne peuvent pas tous ressembler à des stéréotypes de stoner.
Les commentaires à propos de l'utilisation excessive d'anciennes images de "stoner" fatigués ont surgi récemment sur Bloomberg TV, Huffington Post et Forbes.
Plus récemment, le lauréat du prix Pulitzer journaliste du New York Times, Matt Richtel a pris Twitter pour exiger une explication de son propre journal pour avoir utiliser une image stéréotypée (littéralement de Cheech & Chong ) pour une histoire autrement plus grave sur des études scientifiques sur l'impact de la marijuana sur les aptitudes de la conduite.
Je ne peux même pas compter le nombre de fois où j'ai grincé des dents tout en regardant un segment de nouvelles grave sur le débat national sur la politique de la marijuana devenu éclipsé par des images implacable de gars portant des accessoires de la tête aux pieds arborant des feuilles de marijuana et tout en se déchirant à coups de bong au 420 fest. De même, Sheryl Sandberg et Getty Images ont récemment fait équipe sur un projet similaire pour fournir des images non sexistes de femmes au travail - qui ne ressemblent pas à des prises défectueuses de «Mad Men».
J'ai atteint mon propre point de frustration l'an dernier, quand j'ai écrit une pièce pour les nouvelles sur le site de NBC The Grio, comment la fin de la prohibition de la marijuana affecte les Afro-Américains, qui représentent une part largement disproportionnée des 750 000 personnes toujours arrêtés pour la marijuana aux États-Unis chaque année. Quelle image les éditeurs choisissent pour couvrir mon histoire? Une image d'un homme émettant des nuages de fumée s'échappant du plus énorme blunt vous ayez jamais vu dans votre vie. J'ai demandé qu'ils envisagent d'utiliser une photo plus approprié à la pièce, mais en vain. Franchement, j'étais tellement gêné par l'image que je n'ai même pas partager la pièce en famille et entre amis, ce que j'aurais normalement fait.
Pourquoi les images stéréotypées persistent alors que le consommateur de marijuana d'aujourd'hui pourrait ressembler davantage à votre tante Bettie ou au comptable de The Dude - et maintenant que les vaporisateurs, comestibles et crèmes topiques ont rendu l'omniprésent «joint» quelque peu obsolète? Une des raisons pourrait être le manque d'images existantes qui montrent des gens ordinaires utilisant la marijuana dans un contexte quotidien. Après tout, la marijuana est encore illégale dans de nombreux endroits, et les consommateurs peuvent être réticents à voir leurs images placardées partout.
C'est pourquoi la Drug Policy Alliance s'est efforcée de fournir des médias avec photos prêts à l’utilisation . Ces images, tiré par le photographe basé à San Francisco Sonya Yruel, sont des exemples du type de photos que les médias pourraient utiliser pour faire un reportage sur la légalisation du cannabis - les patients qui utilisent la marijuana pour soulager les douleurs débilitante, ou les gens perdant leurs maisons et leurs emplois en raison d'une arrestation liés à la marijuana. Nous faisons ces photographies sous licence libre et libre d'utilisation à des fins éditoriales et non commerciales, et nous espérons qu'ils contribueront à rendre les emplois de rédacteurs plus facile et le contenu plus pertinent.
Les photos que nous fournissons sont de patients Californien utilisant la marijuana médicale qui nous ont donné la permission d'utiliser leurs visages afin de rendre ces images disponibles pour une utilisation ouverte aux médias. S'il vous plaît n'hésitez à les utiliser pour des histoires de marijuana qui seront plus adaptée envers l'exactitude des coups bas prévisibles.
Après avoir formellement légalisé la marijuana en décembre 2013, les autorités sont entrées dans le vif du sujet. Elles doivent rédiger avant la mi-avril, comme l'exige la loi, un décret d'application afin de créer le premier marché réglementé du cannabis au monde.
Le texte, d'une folle ambition, repousse les limites des expériences menées dans les Etats nord-américains du Colorado et de Washington, aux Pays-Bas et en Espagne, qui autorisent ou tolèrent la production de cannabis dans un cadre privé.
Lire aussi le post du blog « Un monde cent drogues » : Cannabis - 2014, année de l'ouverture ?
Ce décret permettra à l'amateur uruguayen, majeur et enregistré auprès des autorités, sur simple présentation d'une carte d'identité, d'acheter en pharmacie, chaque mois, jusqu'à 40 grammes de marijuana, produite et commercialisée sous le contrôle de l'Etat.
Il pourra aussi cultiver son herbe dans une coopérative de quartier, un « club » comme l'a dénommé le législateur, ou chez lui, dans la limite de six plants par foyer. Un dispositif sans précédent qui place le pays en totale contradiction avec la Convention sur les stupéfiants de l'ONU, signée en 1961 et prohibant l'usage du cannabis.
« SÉPARER LES USAGERS DES DEALERS »
Assis dans son bureau du palais présidentiel, Julio Calzada, secrétaire d'Etat chargé du Comité national uruguayen sur les drogues, esquisse un sourire qui masque mal les heures de travail accumulées. « A l'époque, lâche-t-il, la télévision était en noir et blanc. Aujourd'hui, nous avons l'Internet. »
Sociologue de formation aux cheveux raides et longs, grisés par l'âge, il est une des figures clés du processus en cours. Sa table fourmille de notes et de statistiques en pagaille qu'il ne cesse de corriger. « Le dogme répressif est un échec, insiste-t-il. Notre approche est profondément différente, elle est économique. Nous voulons séparer le marché : les usagers des dealers et le cannabis des autres drogues. »
L'élaboration du texte et les négociations en cours imposent d'admettre sans barguigner que les problèmes soulevés par la mise en oeuvre de la loi sont légion.
Les modes de culture et de production doivent être précisés. La qualité et les quantités d'herbe introduites dans ce nouveau marché, évalué selon lui à quelque 2 300 kg par mois, restent aussi à déterminer, comme le stockage, la distribution et le prix de vente, envisagé entre 1 et 2 dollars le gramme, soit légèrement en deçà des tarifs pratiqués dans la rue : « Nationaliser la production de marijuana n'est pas simple, admet Julio Calzada. Mais c'est cela qui permettra d'assécher le narco-business et de détourner les consommateurs d'herbe des dealers qui vous refilent la dope qu'ils possèdent au moment où vous les croisez. »
CONSOMMATEURS RÉGULIERS : 8 % DES 15 À 64 ANS
Dans ce petit pays d'à peine 3,3 millions d'habitants, coincé entre l'Argentine et le Brésil, le nombre de personnes ayant fumé au moins un joint dans l'année s'élève, selon ses services, à 150 000 personnes – le double d'après les associations locales.
Une moitié sont des consommateurs hebdomadaires « réguliers », environ 8 % de la population âgée de 15 à 64 ans. Même si le pays a connu une forte poussée ces dernières années – en 2005, les usagers représentaient 4,6 % –, ce taux demeure plutôt faible et comparable à ceux observés aux Pays-Bas et en Espagne. L'Italie, qui applique une politique prohibitionniste, renvoie à des estimations deux à trois fois plus élevées.
Autre particularité, les usagers uruguayens de cannabis représentent plus de 80 % des clients des vendeurs de drogue. Le reste du trafic se partage entre la cocaïne et surtout la pâte base, cette « pasta base » bon marché (1 dollar la dose) composée de résidus issus de la préparation de ladite cocaïne, un produit comparable au crack et qui fait des ravages dans les replis de la capitale uruguayenne.
Selon de récentes études, un tiers des homicides et des incarcérations enregistrés dans le pays sont liés au commerce des stupéfiants. « Contrairement à de nombreux pays d'Amérique latine, souligne Sebastian Sabini, jeune député à l'origine de la loi sur le cannabis, l'Uruguay affiche un taux de consommation plutôt faible et relativement peu de violences liées au trafic, mais si nous n'avions pas réagi, cette violence qui se déchaîne à travers le continent nous aurait tôt ou tard affectés. »
Avec Julio Calzada, ils ont travaillé main dans la main pour fournir le corpus théorique au gouvernement. Ils ont voyagé au Colorado pour mesurer l'impact de la mise en vente libre du cannabis, au niveau local et sur les Etats voisins.
« UNE MESURE DE SÉCURITÉ PUBLIQUE »
L'influent ministre de la défense, Eleuterio Fernandez Huidobro, ancien dirigeant de la guérilla des Tupamaros, dans les années 1970, et proche du président José Mujica, a lui aussi joué de son poids politique. Pendant des mois, il a fait avancer l'idée que l'Uruguay constituait le parfait laboratoire pour cette « expérience d'avant-garde ». Tout comme Martin Collazo, fringant porte-parole de l'ONG Proderechos, soutenue par la fondation Open Society du magnat nord-américain George Soros, lui-même partisan d'une dépénalisation du cannabis.
« Mais rien n'aurait pu être fait sans la détermination du président », insistent Julio Calzada et Sebastian Sabini. José Mujica, cet agriculteur à la moustache poivre et sel, élu en 2009 et qui dit à 78 ans n'avoir jamais fumé un joint.
Ex-guérillero devenu la coqueluche des médias pour sa sobriété (90 % de son salaire est reversé à des organismes d'aide au logement) et ses réformes de société (il a fait adopter la loi dépénalisant l'avortement et légalisé le mariage homosexuel), il soutient depuis deux ans le projet à bout de bras, malgré l'opposition de plus de 60 % des Uruguayens. Comme il l'a répété au Monde, il est convaincu que le contrôle du marché par l'Etat est « une mesure de sécurité publique ».
Une idée forte, élaborée avec les hommes de son sérail qu'un Sommet des Amériques, en avril 2012 à Carthagène, consacré aux nouvelles politiques de lutte contre les drogues, achèvera de sceller.
C'est un fait divers qui précipitera sa décision. Le 12 mai 2012, un homme abat un serveur d'une pizzeria de Montevideo sous l'oeil d'une caméra de surveillance. Les images passent en boucle sur les chaînes de télévision. En vingt-quatre heures, l'affaire devient un sujet de conversation national.
Le meurtre serait lié à une histoire de drogue, la « pasta base » est même évoquée. A tort. On apprendra que le meurtrier avait été payé par une ancienne employée qui voulait se venger du patron de l'établissement. Qu'importe.
Le 20 juin 2012, la présidence organise une conférence de presse consacrée à la sécurité et au « bien-être commun ». Quinze mesures sont énumérées. Les peines de prison seront alourdies pour les trafiquants et la corruption dans la police davantage sanctionnée.
A la septième proposition, le ministre Eleuterio Fernandez Huidobro prend la parole et indique d'un trait que l'Etat prendra en charge la production du cannabis, légalisé et régulé. « Nous avons d'abord cru à une blague ou à un effet d'annonce, admet une journaliste présente à la réunion. Mais, très vite, le gouvernement s'est mis au travail. »
DES TERRAINS DE L'ARMÉE POUR CULTIVER
Juan Vaz admet avoir été surpris. Cet informaticien est une des figures du mouvement pour la dépénalisation et la légalisation du cannabis en Uruguay. En 2007, il a passé onze mois derrière les barreaux pour « production illégale de matière première de drogue ». « Fumer de la marijuana était toléré depuis la chute de la dictature , explique-t-il, mais pas le fait d'en acheter ni d'en produire. »
Il se dit ravi de la décision du gouvernement Mujica, même s'il regrette l'enregistrement obligatoire des cultivateurs et consommateurs. « Il y a toujours un risque d'atteinte à la vie privée », pointe-t-il. Il est persuadé qu'à terme, le marché noir ne survivra pas : « Si l'Etat parvient à garantir un prix faible, le narcotrafic avec son herbe du Paraguay voisin et de très faible qualité se trouvera pris à la gorge. L'acheminement, le stockage, la vente… le jeu n'en vaudra pas la chandelle. »
D'autant que le président vient d'annoncer que des terres appartenant à l'armée pourraient être utilisées pour la culture du cannabis. Une manière de sécuriser encore un peu plus le marché.
Sebastian Castro habite avec sa famille dans un quartier délaissé de la périphérie de Montevideo. Dreadlocks, fine barbe, ce fleuriste et agriculteur de 36 ans cultive chez lui une dizaine de pots de marijuana à l'air libre et sous lumière artificielle. « Une fois le décret validé, les autorités vont faire un appel d'offres pour trouver les entreprises susceptibles de produire le volume nécessaire de cannabis. Il leur faudra un savoir-faire et de la main-d'oeuvre locale », veut-il croire.
Même son de cloche chez Alvaro Calistro, 44 ans, responsable d'une association qui préconise le cannabis comme produit de substitution aux drogues dures. « Vu le tarif envisagé en pharmacie, lâche-t-il, il n'y aura pas de ruée vers l'or vert en Uruguay et l'impact dans la région sera minime. »
Debout, presque fier aux côtés de ses plants gigantesques de cannabis cultivés dans sa cour, il s'apprête à former une fédération de cultivateurs pour maintenir le dialogue avec les autorités. « L'Etat devra subventionner ce marché pour sa viabilité », assure-t-il, avant d'ajouter, souriant : « Cette loi est bonne, elle se transformera avec la pratique. Elle deviendra ce que l'on en fera. »
Déconcertante désinvolture. Ça bavarde, ça rit aux éclats. Tout le monde est gelé, ouvertement, officiellement et surtout, en toute impunité depuis la légalisation de la marijuana le 1er janvier dernier.
« C'est mon devoir patriotique, d'être ici et de fumer ce pétard », me dit Clay Young, tout en tirant sur un joint qui ressemble plutôt à un cigare. Ce touriste de Batcave, petite ville dans les montagnes de la Caroline du Nord, est fier de cette légalisation.
À côté de lui, Mauricio Najera et sa compagne Kim Patterson. Habituellement, ils fument en cachette dans leur sous-sol à El Paso, au Texas, de peur de se faire dénoncer par un voisin. Pour eux, cette visite à Denver, « c'est Amsterdam sans prendre l'avion ».
En trois jours, ils vont fumer, manger et boire des produits à base de cannabis. Sans oublier les massages à l'huile de THC. Suivez ces touristes de la marijuana dans la vidéo ci-dessous.
https://www.youtube.com/watch?v=9Sh-PpW5KSY
La capitale du pot
Depuis la levée de la prohibition, des milliers de touristes viennent à Denver de partout au pays pour profiter en toute impunité. Ils feront la tournée des dispensaires de la ville, où on cultive et vend le cannabis aux 21 ans et plus.
Une pièce d'identité, uniquement de l'argent liquide. C'est tout. C'est simple.
Il y a plus de magasins de marijuana que de cafés Starbucks à Denver, mais impossible de satisfaire à la demande. C'est la ruée vers l'or vert. Les chiffres d'affaires ont augmenté en moyenne de 1000 % en quelques semaines.
Toni Fox, propriétaire du dispensaire 3D (Denver's Discreet Dispensary), qui a milité pour la levée de la prohibition dans son État, est une commerçante comblée. Elle a l'intention de tripler son volume de production d'ici six mois, comme elle l'explique dans la vidéo ci-dessous.
https://www.youtube.com/watch?v=SFZ4lfmD7mQ
Les mentalités ont changé
L'opinion des Américains sur la marijuana a beaucoup évolué en 30 ans. On est bien loin de la campagne « Just Say No » de la première dame Nancy Reagan en 1985.
Barack Obama, lui, estime que la marijuana n'est pas plus dangereuse que l'alcool.
Et une majorité de ses compatriotes est d'accord avec lui. Selon un sondage de la maison Pew, 52 % des américains sont favorables à la légalisation de la marijuana, 77 % croient aux vertus médicinales du cannabis.
Le plus grand quotidien du Colorado, le Denver Post, a même lancé son site web consacré à la marijuana, The Cannabist. Ricardo Baca en est le rédacteur en chef. Il y a bien des critiques de vins, de cinéma, d'art, nous dit-il. Maintenant il y a des critiques de cannabis.
Rencontrez-le dans la vidéo ci-dessous.
https://www.youtube.com/watch?v=qt8GuE6q3XM
Renflouer les coffres de l'État
Le cannabis n'en demeure pas moins une substance très contrôlée et règlementée, plus encore que l'alcool. Le pays entier observe le laboratoire qu'est devenu le Colorado. Huit états pourraient lui emboiter le pas.
Argument de poids : l'État a doublé ses prévisions de revenus issus des taxes du cannabis, à 150 millions de dollars, dont 40 qu'il compte à la construction et la rénovation d'écoles publiques. Le tout dans une Amérique encore marquée par la crise économique de 2008.
Si bien que le magazine Time a pose la question en ces termes : serons-nous bientôt aux « États-Unis d'Amerijuana »?