Le week-end dernier, la Haute Cour de la province du Cap-Ouest a abattu des sections d'une ancienne loi interdisant l'utilisation privée de la marijuana.
Ils appellent peut être le cannabis par un nom différent en Afrique du Sud, mais il faut croire que les avocats de la nation africaine persistent à vouloir décriminaliser le "dagga".
Le dernier week-end, la Cour suprême de la province de Western Cape a statué sur des articles de la Loi de 1992 concernant la drogue et le trafic de stupéfiants, en particulier en ce qui concerne l'utilisation personnelle du cannabis à domicile, déclarés inconstitutionnels et ne devant pas être appliqués. Cependant, la décision du tribunal doit toujours être approuvée par le Parlement et la Cour constitutionnelle.
Bien que ce processus judiciaire puisse prendre jusqu'à deux ans, les défenseurs locaux considèrent le verdict comme un petit pas vers la décriminalisation. Pour l'instant, l'adjudication ne concernera que cette province particulière, qui est la quatrième plus grande sur les neuf d'Afrique du Sud, et où se trouve aussi la ville du Cap.
Selon le militant pro-cannabis local Julian Stobbs, les utilisateurs «auront maintenant une échappatoire légale» leur permettant de faire valoir qu'aucune activité criminelle ou préjudice n'a eu lieu lors de l'utilisation du cannabis dans le cadre de la vie privée à leur propre domicile.
De retour en 2010, Stobbs a été arrêté après que la police ait perquisitionné sa maison et l'ait accusé de possession de marijuana. En tant qu'avocat célèbre dans la province du Cap-Ouest, Stobbs a déclaré que la décision a plus à voir avec la vie privée qu'avec l'utilisation du cannabis, mais il se félicite encore de la décision en tant que victoire mineure. Pourtant, si la police trouve la preuve que des citoyens prévoient de vendre leur produit ou de l'utiliser en public, ils peuvent toujours être poursuivis et emprisonnés.
La communauté qui bénéficiera le plus de la décision pro-privacy est celle qui pratique le rastafarianisme. Les membres du groupe religieux célèbrent la nouvelle avec prudence, cependant, devant autant d'attention à leur utilisation cérémonielle de dagga à la fois sacrée et privée. Avant le jugement de la Haute Cour vendredi dernier, l'utilisation religieuse était jugée illégale car ce type d'exemption serait trop difficile à appliquer.
Cette année a commencé sur une note prometteuse pour l'Afrique du Sud dans son ensemble. En février, le gouvernement a approuvé une loi permettant la culture de la marijuana médicale. Mais peu de temps après, l'étape progressiste a été ternie par des délais inexpliqués pour appliquer la nouvelle réglementation.
Bien que la dernière décision de la Haute Cour dans la province de Western Cape soit certainement favorable aux utilisateurs de cannabis, la décision d'autoriser l'usage domestique est plus axée sur le respect de la vie privée que sur le cannabis. Au final, la décriminalisation à grande échelle de dagga sera laissée aux mains du Parlement sud-africain.
source: https://www.merryjane.com/news/south-african-province-rules-home-marijuana-use-legal 0 commentaire En savoir plus… ›
La production de marijuana récréative ne sera pas « l’eldorado » auquel les producteurs agricoles s’attendent, selon la professeure titulaire au Département de criminologie de l’Université d’Ottawa Line Beauchesne.
Les normes gouvernementales de culture sévères, la difficulté d’obtenir une licence et les volumineux montants à investir pour démarrer la production de marijuana ne rendront pas l’exercice facile pour les producteurs agricoles désireux de tenter l’aventure.
« Reins solides »
Il faudra avoir les « reins solides » pour se lancer dans ce type de production, prévient la professeure. Les normes de production dans le Règlement sur la marijuana à des fins médicales sont sévères et, selon Mme Beauchesne, c’est la prolongation de ce modèle qui sera privilégiée par le gouvernement pour la production récréative.
La professeure titulaire au Département de criminologie de l’Université d’Ottawa Line Beauchesne signe un article scientifique sur la légalisation de la marijuana au Canada, publié à la fin de mars dans la revue Drogue, santé et société. Crédit photo : Gracieuseté de l’Université d’Ottawa
La loi oblige actuellement les producteurs de marijuana médicale à cultiver à l’intérieur afin d’éviter tout contaminant aérien, toute moisissure ou odeur indésirable. Or, bâtir les infrastructures adéquates engendre « des coûts astronomiques pour répondre à ce cadre réglementaire », explique Mme Beauchesne. L’experte ne pouvait quantifier le montant de l’investissement initial.
Cependant, les chiffres entendus aux audiences des commissions chargées de faire la lumière dans ce dossier faisaient état de plusieurs millions de dollars. Pour le moment, « on ne sait pas si la culture en champ sera permise », ajoute-t-elle. Dans son rapport dévoilé en décembre, le groupe de travail qui s’est penché sur la question a recommandé la culture extérieure, mais seulement à des fins artisanales.
Se mettre dans la file
Pour pouvoir faire sa place à temps sur le marché, « il faut déjà se mettre dans la file pour obtenir une licence thérapeutique », indique Mme Beauchesne.
Au départ, les normes de culture seront les mêmes pour les deux types de production, estime-t-elle, mais le gouvernement les modifiera et les producteurs médicaux auront alors une longueur d’avance sur le marché récréatif. D’ailleurs, à long terme, Mme Beauchesne prédit l’élimination des petits joueurs du marché actuel du cannabis. « Comme dans tout marché lucratif, les gros achèteront les petits. »
Autre changement : la licence de production. Jusqu’à maintenant sans frais pour les producteurs de marijuana thérapeutique, elle engendrera des coûts à partir du moment où la drogue sera légalisée.
L’expérience américaine a démontré que les consommateurs préféraient les produits comestibles, les vapoteuses et les huiles dérivées du cannabis à sa version séchée. Or, actuellement, seuls les produits séchés ou les huiles sont permis. Les producteurs devront travailler de pair avec l’industrie de la transformation ou investir dans leurs infrastructures pour diversifier leur offre. « On sait déjà que le gouvernement va accepter ces autres produits », ajoute la professeure.
Pesticide interdit La découverte de myclobutanil dans la marijuana médicale de deux producteurs autorisés par Santé Canada, Mettrum et OrganiGram, a prouvé l’efficacité du système de contrôle et de traçabilité du gouvernement. Utilisé couramment dans la production fruitière et maraîchère, ce pesticide est interdit dans la production de cannabis, puisqu’il devient toxique lorsqu’il est inhalé après avoir été brûlé. Les lots contaminés ont été rappelés, mais, après enquête, les licences des entreprises n’ont pas été suspendues par Santé Canada, même si la production d’OrganiGram est certifiée biologique. « C’est là que le gouvernement doit montrer que sa loi va avoir des dents, parce qu’il sait très bien qu’il y a de gros capitaux américains derrière plusieurs des joueurs [canadiens] actuels », dit Mme Beauchesne.
Avec la légalisation imminente, le puissant couple régnant sur le cannabis est de plus en plus considéré comme responsable
Les Emery le 10 mars, après la libération de Marc sous caution. Il est confronté à 15 accusations, y compris un complot pour commettre un acte criminel, le trafic et la possession de produits du crime, alors que Jodie est confrontée à cinq chefs d'accusation similaires. (Chris Young / CP)
"J'ai toujours voulu être le Starbucks de la weed", déclare Jodie Emery, fraiche de sa première incarcération. Après une arrestation à Toronto, elle est de retour à Vancouver, sirotant un latte dans un café bondé de West Hastings Street De l'autre côté de la rue se trouve son quartier général de Cannabis Culture qu'en raison de certaines conditions de la Cour judiciaire de l'Ontario établies en mars, elle ne peut pas visiter.
Elle s'accroche à son rêve de construire un réseau de distribution avec «la marque la plus reconnue dans les magasins et les salons». Une gamme de franchises de Cannabis Culture partout au Canada. Étagères remplies de cannabis de qualité supérieure. Salons pour fumeurs. Apparitions spéciales avec elle-même, le visage photogénique et amical derrière la marque familiale. Le dab gratuit courtoisie de son mari, l'irascible Marc (un dab, pour les non-initiés, est une forme de cannabis hautement concentrée, habituellement fumée directement d'une surface ou d'une flamme chaude).
Le couple avait semblé suivre son chemin, atteignant des objectifs selon leurs propres termes "en dehors de la loi". Ils ont trouvé des partenaires commerciaux et ouvert 15 "dispensaires" Cannabis Culture dans une poignée de villes. Les Emery ont échappé aux frais de rachat de leurs franchisés: ils avaient envisagé de facturer 25 000 $ à l'avance, au lieu de payer six à sept pour cent des ventes brutes. Toute personne âgée de 19 ans ou plus pourrait acheter son herbe, et beaucoup l'ont fait.
C'était jusqu'à ce que la police - à Montréal, juste avant Noël, puis à Toronto et à Hamilton - ait obtenu une rafle des magasins de Cannabis Culture dans ces villes. Trois franchises dans le "laissez-faire" de Vancouver ont été laissées intactes et sont toujours ouvertes.
Marc et Jodie ont été arrêtés le 8 mars à l'aéroport international Pearson. Ils ont été accusés de diverses infractions pénales liées à la marijuana, y compris la trafic. Marc reste à Toronto sous caution, alors que Jodie était autorisée à rentrer chez elle à Vancouver. Leur première comparution devant le tribunal à Toronto est prévue en avril. Pour sa part, Marc suggère qu'il en a fini avec la vente au détail de cannabis, du moins directement. "Nous finirons par travailler avec une entreprise, en prêtant notre image à une sorte d'entreprise", dit-il depuis Toronto. Va t'il retourner en boutique? Grands dieux... Non.
Jodie n'est pas sur la même ligne. "Je n'ai jamais connu mon entreprise de Cannabis Culture, et je ne veux pas abandonner le rêve que je construisais. [Mais] J'ai seulement l'intention de travailler légalement dans la distribution ou l'industrie du commerce du cannabis ", dit-elle.
Elle a été contactée par une entreprise de la région de Vancouver qui possède une licence fédérale de production de marijuana médicale (un «producteur agréé» ou LP). L'entreprise a essayé de la recruter avec un certain rôle si elle cessait de critiquer ses affaires. Elle dit avoir juste de rigolé.
Ils ne sont en aucun cas contrariés. Ils restent ouverts. Mais si les Emery sont fidèles à leur parole et rester à l'écart de la vente illégale et non réglementée de marijuana, ils peuvent faire le plus grand bien au mouvement pro-pot. Parce qu'ils ne l'ont pas aidé.
Les ventes et la consommation légales de marijuana apparaissent au Canada. Le gouvernement Trudeau aurait prévu d'introduire la législation pro-pot ce mois-ci. Il s'attend à ce qu'un cadre réglementaire soit mis en place d'ici le milieu de l'année prochaine, et les LP à grande échelle obtiennent le feu vert pour la production légale. Les opérations de détail seront réglementées et contrôlées selon les provinces.
L'herbe industrielle est de mauvaise réputation. Il n'y a pas de place pour les défenseurs de tous les temps, comme les Emerys, qui sont dans leur propre monde. En dépit de la preuve que le médicament peut causer des dommages, en particulier pour les enfants et les jeunes adultes, le couple insiste sur le fait que la marijuana est un remède, une plante simple que les gens peuvent consommer comme une sorte de supplément et «anti-stress».
Dites cela aux résidents du West End bondé de Vancouver, où, pour la deuxième année consécutive, ils devront se disputer avec des vendeurs de pot et des dizaines de milliers d'amateurs qui vont obstruer une plage et un parc de quartier, où le tabagisme est interdit par la ville - Pour les célébrations "4/20", la fête annuelle du 20 avril. Jodie a aidé à organiser des événements passés et à soutenir les célébrations de cette année.
L'événement non sanctionné de l'année dernière a été si importants et si énormes agaçant les résidents que le conseiller du parti vert de la ville de Vancouver a suggéré que les futurs rassemblements de fumeurs soient transférés dans un endroit plus approprié, comme un parking d'asphalte dans False Creek voisin. Mais une majorité au conseil a décidé à la fin de mars de reporter toute décision pour une autre année, en soulevant des questions sur qui mène vraiment la danse à Vansterdam.
Jodie dit que les gens devraient juste se détendre; 4/20 est juste un jour de tracas. Et d'ailleurs, une frénésie de marijuana ne nuira à personne. Elle s'attache à sa prétention que le puissant Frankenweed d'aujourd'hui est «plus sûr que l'eau», car, après tout, «les gens peuvent mourir en buvant trop d'eau».
Marc dit les choses aussi. En 2009, il a affirmé avoir fumé de la marijuana "cinq ou six fois" avec Justin Trudeau, y compris une occasion après que le politicien a été élu au Parlement. Quatre ans plus tard, Marc a reconnu qu'il avait inventé cela et s'est excusé pour sa "mauvaise représentation".
À ce moment-là, Trudeau est devenu chef du parti libéral fédéral. Jodie, quant à elle, espérait obtenir une candidature libérale à une circonscription de Vancouver avant les élections fédérales de 2015. Le porte parole du parti a rejeté ses papiers de nomination et, bien qu'aucune explication n'ait été donnée, la raison semblait assez claire: les Emery étaient grillés.
THE CANADIAN PRESS/Paul Chiasson
Ils ne prétendent plus aimer les libéraux. Marc trouve maintenant une cause commune avec le candidat au leadership conservateur Maxime Bernier, considéré par certains comme le porte-drapeau libertaire de son parti. "Max est une personne très axée sur le marché, un gentleman de principes dont chaque politique est basée sur la liberté individuelle", explique-t-il.
Lorsqu'il a réaffirmé son engagement envers Bernier après son arrestation de Toronto en mars, twittant une photo de lui-même et le candidat dans une étreinte amicale, certains des fidèles de Marc ont retwitté de dégoût. À savoir: "Jésus Mark [sic], êtes-tu fou?"
Non, pas fou, dit Jodie. Il fait tout ce qu'il veut. Par chance, parfois. "Marc a des décennies d'expérience professionnelle et d'activisme derrière lui, alors il a l'habitude de tout perdre, puis de le récupérer", dit sa femme. Il a passé plus de quatre ans dans une prison américaine pour la vente de graines de cannabis par la poste, et regardez-le maintenant.
Oui, maintenant, poursuivi à nouveau, sous caution. Et voici l'ironie stupide: après la libération de Marc de la prison des États-Unis en 2014, les Emery ont dit qu'ils n'iraient pas dans les ventes illégales d'herbes. "Mais nous étions en difficulté. Nous n'avions pas d'argent, pas de propriété ", rappelle Jodie. Ils ont donc commencé leur premier dispensaire, à Vancouver, puis à un autre, puis à un tas d'autres. «L'argent, les emplois et l'activisme», dit Jodie. "Nous avons pensé: qui mérite plus que nous, de toute façon?"
Question intéressante. Quelques minutes plus tard, elle dit qu'elle «n'a pas accepté cette activité à des fins financières», ajoutant: «Je ne suis pas là pour gérer un grand empire». Alors, qui sait.
Le cannabis bientôt en vente libre chez nous ? "Les dealers vendent des produits de plus en plus mauvais qui ne sont pas contrôlés"
Pourrons-nous acheter bientôt du cannabis en toute légalité, dans une pharmacie ou un magasin ? C’est l'une des questions posées ce matin sur le plateau de C’est pas tous les jours dimanche sur RTL TVI.
Le PS et Ecolo sont favorables à la vente libre du cannabis en Belgique. Julien Uyttendaele, député socialiste, explique les raisons de cette position.
"Je crois que l’on partir d’un constat clair, c’est que la politique prohibitionniste qui fonctionne depuis 50 ans n’a jamais atteint les objectifs fixés, c’est-à-dire diminuer le nombre de consommateurs, à fortiori dépendants, diminuer l’accessibilité des produits et assécher les réseaux criminels. Actuellement, le cannabis n’a jamais été aussi accessible, par ailleurs d’une très mauvaise qualité, et on n’a jamais autant consommé et de plus en plus jeune", indique le député bruxellois.
D’après les statistiques européennes, le nombre de jeunes qui fument ou ont fumé du cannabis a beaucoup augmenté entre 2001 et 2008.
"Les trafiquants se font beaucoup d’argent sur le dos des consommateurs"
Les écologistes ont les mêmes arguments. Muriel Gerkens, députée fédérale Ecolo, souligne également l’échec de la politique actuelle."Il y a des dealers, des trafiquants qui se font beaucoup d’argent sur le dos des consommateurs en leur vendant des produits de plus en plus mauvais et qui ne sont pas contrôlés puisque l’on ne régule pas la production et la vente", regrette-t-elle.
Du côté des opposants à une légalisation du cannabis, on trouve notamment Paul Verbanck, professeur à la faculté de Médecine de l'ULB. "Un utilisateur de cannabis qui développe des troubles mentaux importants vit 20 ans de moins", assure cet ancien directeur de l'Institut de psychiatrie et de psychologie du CHU Brugmann.
Damien Thiéry, député fédéral MR, estime aussi que la répression est nécessaire et se dit contre la "dépénalisation simple" du cannabis car ce n’est pas la "solution".
Ce nouveau produit, issu de croisements génétiques, connaît un succès foudroyant. Pauvre en THC, ce n’est pas un psychotrope, il échappe donc à la loi sur les stupéfiants. Mais pas toujours aux débats fumeux.
Les producteurs de cannabis légal se multiplient.
Mais ils doivent obtenir le feu vert de Berne pour commercialiser leurs produits.
(Photo: Keystone)
C’est la ruée. Le monde en vert et à l’envers: le cannabis légal déferle sur la Suisse depuis l’automne dernier. Un cannabis certes un peu «pour de faux», puisque devant légalement contenir moins de 1% de THC, la substance euphorisante.
Les points de vente se multiplient: kiosques, shops spécialisés, stations d’essence et naturellement le web. Et donc aussi les producteurs, qui doivent obtenir une autorisation de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), après des tests en laboratoire, pour mettre leurs produits sur le marché. La substance dominante du cannabis légal est le cannabidiol (CBD), sans effet psychotrope, mais supposé apporter calme, relaxation et détente, notamment musculaire. Des sportifs de haut niveau y recourent par exemple.
Même si le produit est nouveau et donc encore peu étudié, sa réputation médicale semble déjà bien établie. On parle d’effets anticonvulsifs, antiépileptiques, anti-inflammatoires, antiémétiques, etc. Ce cannabis peut être fumé, infusé, transformé en comprimés, en liquide pour cigarette électronique, en huile, etc.
Le CBD a bien sûr ses détracteurs, comme le Groupement romand d’études des addictions (GREA) qui pointe les mêmes dangers que la cigarette en raison de la combustion. La vente en kiosque fait également débat, certains y voyant une incitation propre à saper le travail de prévention. Même si la vente du produit est interdite aux mineurs et qu’il convient de bien séparer le bon grain CBD de l’ivraie THC.
«Ce produit, c’est un peu comme le Canada Dry»
Olivier Guéniat, criminologue et chef de la police judiciaire de Neuchâtel.
Comment expliquer l’essor soudain du cannabis légal?
Par l’apparition de cultures permettant, grâce à des croisements génétiques, de produire du cannabis avec un taux de THC inférieur à 1% et un taux élevé de cannabidiol (CBD) compris entre 10 et 20%. Disons que ceux qui ont mis la main sur ce marché ont eu du flair, même si l’autorisation d’un tel produit date déjà de 2011. Difficile de savoir pourtant aujourd’hui s’il s’agit d’un marché éphémère ou s’il perdurera.
Ce cannabis légal va-t-il un jour supplanter le cannabis illégal?
Sûrement pas, de la même manière que le jus de raisin ne remplacera pas le vin. Le CBD n’a pas d’effets psychotropes, même s’il a plus de «vertus pharmacognosiques» que le jus de raisin, je l’admets. C’est le THC et ses effets qui sont recherchés en premier lieu par les consommateurs de cannabis. Ce nouveau marché ne devrait ainsi pas profiter aux dealers. Les consommateurs qui voudront du cannabis légal iront l’acheter, j’imagine, dans les points de vente légaux.
Pourquoi n’est-il pas possible de distinguer le CBD lors de simples contrôles de police?
Seule une analyse chimique peut identifier cette molécule. L’odeur caractéristique du cannabis est produites par d’autres molécules, les terpènes, présentes dans toutes les plantes de cannabis, quel que soit leur taux de CBD et de THC. Un chien par exemple ne réagit pas au THC, ni au CBD, mais à l’odeur de la plante.
Le coût élevé des analyses – 500 francs – ne rend-il pas le dépistage aléatoire?
Non, car nous sommes capables d’effectuer un pré-test, qui est très bon marché et consiste en une analyse semi-quantitative, un bon pronostic pour quelques francs, vérifiant s’il y a plus ou moins que 1% de THC et entre 10 et 20% de CBD. La précision n’est pas énorme mais suffisante.
Le cannabis sans THC s’apparente-t-il à une simple cigarette?
On ne peut pas comparer. C’est une substance active pharmacologiquement, mais différente de la nicotine, car elle n’induit aucune dépendance. Le point commun cependant reste la fumigation qui nécessite les mêmes mises en garde en matière de santé.
Quelle est la procédure en cas de contrôle d’une personne en possession de CBD?
Nous ne contrôlons que les sachets ouverts. Si la personne admet qu’il ne s’agit pas de CBD, elle peut payer l’amende d’ordre de Fr. 100.-. Elle peut aussi attendre les résultats des analyses. S’il s’agit de CBD, la marchandise est restituée. S’il s’agit de cannabis illégal, la personne sera dénoncée au Ministère public et devra payer, en plus d’une amende, les frais d’analyse et de dossier.
Cela ne complique-t-il pas excessivement le travail de la police? Une légalisation générale ne serait-elle pas plus simple?
Non, parce que pour nous, en réalité, cela ne change pas grand-chose. Les pré-tests sont très simples et ne nécessitent pas énormément de matériel. Des études sont actuellement en cours sur la consommation de ce produit, notamment par rapport aux normes de circulation routière. Nous avons été certes un peu surpris par le phénomène, mais nous sommes en train de rattraper le retard. Pour nous c’est un peu un non-sujet.
Mais qui fait néanmoins beaucoup parler...
Sans doute parce que nous sommes imprégnés par soixante-huit ans d’interdiction. Etre confronté tout à coup à cette appellation de «cannabis légal» vendu en kiosque inspire la méfiance. A tort: ce produit est hors psychotrope, Swissmedic et l’OFSP ont donné leurs consignes, je ne vois pas où est le souci. Ce cannabis c’est un peu comme le Canada Dry, il a l’odeur, la couleur, mais pas la substance.
Les licences ont bien été distribuées mais pas encore assez : en conséquence, c’est le cannabis illégal qui tient encore le haut du pavé.
Photo credit:
Marijuana Stocks
C'est la conséquence la plus inattendue de la légalisation du cannabis récréatif dans six états américains, dont la Californie en novembre dernier. Et c'est assez logique : pour fournir tous les fumeurs de joints désormais légaux, ils faut planter, planter, planter...
C'est même devenu une véritable ruée vers ce qu'on appelle désormais l'or vert : un marché de près de 3 milliards de dollars en 2015 et estimé à 6 milliards de dollars en 2020 ! Le problème, c'est que la production « officielle », celle qui a reçu une licence officielle, ne suis pas. Sans compter qu'il faut en plus fournir les vingt-trois états où le cannabis thérapeutique est légal. Le seul moyen d'arriver à fournir tout le monde sans passer par les narcos mexicains ou autres, ce sont les milliers de plantations illégales.
Ce sont elles qui empoisonnent les rivières, en utilisant massivement des herbicides et des insecticides dont beaucoup sont interdits aux Etats-Unis depuis très longtemps. C'est dire leur dangerosité. Que se passe-t-il en fait ? Impossible d'avoir une plantation illégale au vu et au sus de tout le monde. Pour les cacher, le nord de la Californie a la solution idéale : les parcs nationaux. Des centaines de milliers d'hectares où l'agriculture, l'industrie, l'urbanisation est interdite. Mieux encore, ces parcs sont surveillés par quelques gardes, tout au plus. On compte en moyenne quatre rangers ou gardes forestiers pour un territoire grand comme la moitié de la Corse. 80% des prises de cannabis illégal vient des parcs nationaux !
Or, pour minimiser leurs interventions, les cannabiculteurs déversent des quantités ahurissantes de pesticides et d'insecticides. Pas question de perdre un seul plant alors qu'un plant mature peut rapporter jusqu'à 5 000 dollars ! Cette pollution pose un tel problème que certains rangers font désormais leur tournée équipés de masques et de combinaisons de protection. Voilà comment la légalisation du cannabis est en train de devenir un véritable cauchemar écologique !
A peine a-t-on ouvert la porte du dispensaire de cannabis médical de Brett Vapnik à Los Angeles que l'odeur entêtante de la petite feuille étoilée vous accueille.
Le marché du cannabis en pleine croissance aux Etats-Unis
A l'intérieur, on passe devant les plantations maisons de Vapnik, copropriétaire, avant d'entrer dans la boutique à la propreté clinique où sont exposés des jarres de fleurs de cannabis, des pipes et accessoires, du chocolat ou des biscuits au cannabis pour ceux qui ne fument pas, et des cosmétiques.
Pour acheter, il faut montrer une pièce d'identité et un permis délivré par un docteur spécialement habilité à certifier que le "patient" a des raisons médicales (douleurs, anxiété, insomnies, etc) de consommer.
Le va-et-vient n'arrête pas dans le dispensaire, fréquenté chaque jour par près de deux cents personnes de tous âges, et dont le chiffre d'affaires annuel avoisine 4 millions de dollars. Brett Vapnik compte sur un triplement de ses ventes à partir de l'an prochain grâce à la légalisation de la marijuana à usage récréatif, votée en novembre et qui va encore dynamiser ce marché en pleine expansion.
Seule ombre au tableau: les incertitudes générées par l'élection du président républicain Donald Trump.
Près de 60 % de la population américaine vit à présent dans un Etat où la vente et la consommation de marijuana a été au moins partiellement légalisée: 29 Etats plus la capitale fédérale Washington DC. Le gouvernement fédéral, toutefois, ne considère toujours pas l'herbe euphorisante comme une substance licite. "Selon eux, je suis un trafiquant de drogue", s'offusque M. Vapnik, interrogé par l'AFP.
Le porte-parole de la Maison Blanche Sean Spicer a notamment affirmé ces derniers jours qu'il "y a des lois fédérales qui doivent s'appliquer quand on parle de la marijuana récréative". A-t-il laissé entendre que le gouvernement fédéral allait lutter contre la légalisation au niveau local ?
"Difficile à dire", répond Brett Vapnik, 44 ans, qui juge toutefois peu probable que l'agence de lutte contre les stupéfiants (DEA) se lance dans des opérations contre les centres de prescription et vente comme le sien car le Congrès a interdit des actions des forces de l'ordre dans les Etats où la marijuana a été légalisée. Asphyxie
Il craint plutôt que l'administration Trump ne tente de les asphyxier en augmentant encore les impôts sur les bénéfices, qui atteignent déjà jusqu'à 70 % sur les activités liées aux "ventes illégales de drogues". Une contorsion fiscale, et légale, du gouvernement qui fait lever les yeux au ciel les entrepreneurs du secteur.
"Ils sont bien contents de nous taxer à un taux plus élevé que toute autre activité, donc techniquement le gouvernement fédéral est notre partenaire dans le commerce de la drogue", argumente M. Vapnik.
M. Trump s'était déclaré pendant sa campagne favorable à la marijuana à usage thérapeutique et respectueux des lois locales mais des membres de son cabinet, dont le très conservateur ministre de la Justice Jeff Sessions, sont en guerre ouverte contre la petite feuille étoilée. Troy Dayton, cofondateur et directeur du cabinet d'études spécialisé dans le marché du cannabis Arcview, se veut cependant optimiste: il anticipe d'ici 2021 un triplement du marché, qu'il évalue pour l'instant à 6,9 milliards de dollars.
"A court terme, le pronostic est incertain mais, à long terme, ça n'a jamais été meilleur", résume-t-il, ajoutant qu'il est "raisonnable de penser que d'ici 2021 le Congrès aura levé l'interdiction fédérale" au vu des emplois et des impôts qui peuvent être générés. Il remarque que dans les Etats pionniers de la légalisation comme le Colorado, l'Oregon, et l'Etat de Washington, l'impact a été "très positif".
Il insiste que 60 % des Américains soutiennent la légalisation et qu'il "va devenir de plus en plus difficile pour tout politicien, démocrate ou républicain, de soutenir la prohibition d'une substance plus sure que l'alcool", insiste M. Dayton.
Avant l'entrée en vigueur de la légalisation l'an prochain, certains font déjà la fête en Californie, comme dans ce club de consommateurs de cannabis VIP. Ses membres paient jusqu'à 1.000 dollars par mois pour avoir accès à des soirées où fumer des "joints" top-qualité et recevoir des boîtes de produits luxueux à base de cannabis, notamment des boules effervescentes pour le bain ou des lotions.
L’économiste Kenza Afsahi explique ce que ne dit pas le rapport d’Etat américain ayant affirmé que la production du cannabis serait potentiellement équivalente à 23 % du PIB marocain.
Le 5 janvier 2017, la police de Gibraltar a saisi près de 800 kg de résine de cannabis en provenance du Maroc et à destination de l’Espagne. Crédits : HO/AFP
Début mars, un rapport du département d’Etat américain a fait grand bruit, affirmant que la « production de cannabis » au Maroc équivalait à 23 % du produit intérieur brut marocain (PIB), qui s’est élevé, en 2016, à 100 milliards de dollars (93 milliards d’euros). Un chiffre considérable lancé comme un écran de fumée qui masque des réalités complexes en termes de culture et de transformation de la matière première.
La sociologue et économiste Kenza Afsahi, chercheuse au Centre Emile Durkheim (CNRS), maître de conférences à l’Université de Bordeaux et chercheuse associée au CESDIP de Versailles-Saint-Quentin et au Centre Jacques-Berque de Rabat, a réalisé sa thèse sur la culture de cannabis au Maroc. Décryptage.
Ce chiffre spectaculaire vous paraît-il crédible ? Kenza Afsahi La production de cannabis occupe une place importante dans l’économie du Maroc, mais ce chiffre doit être pris avec précaution. Il est issu du dernier rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) qui estime la production de haschich, ou résine de cannabis, au Maroc à 700 tonnes. Le rapport du département d’Etat parle, lui, de 700 tonnes de cannabis qui, une fois transformées en résine, seraient potentiellement équivalentes à 23 % du PIB. Il y a là une première confusion entre cannabis à l’état brut et cannabis transformé en résine.
D’autre part, on ne sait pas si l’estimation de la production de résine est faite sur la base du volume des saisies effectuées par les services de police et de douane au Maroc et à l’international, ou sur la base de l’estimation des surfaces cultivées de cannabis. Dans les deux cas, la méthodologie, qui n’est pas expliquée, est imprécise.
Vous semble-t-il refléter la réalité ? Non, car elle est plus complexe. Entre 2003 et 2005, l’ONUDC et le gouvernement marocain ont réalisé des enquêtes conjointes sur les surfaces cultivées et la production de résine avec une méthodologie connue et détaillée. Mais elles ont cessé depuis 2006. Or la culture du cannabis au Maroc a connu des changements ces dix dernières années. La diminution des surfaces cultivées s’est accompagnée de l’introduction de nouvelles variétés hybrides importées d’Europe aux rendements et au taux de THC (tétrahydrocannabinol, la principale substance psychoactive) plus élevés.
Ces nouvelles variétés sont beaucoup plus gourmandes en eau, en engrais et en pesticides, nécessitent des nouvelles techniques de culture et demandent davantage de main-d’œuvre. Leur rendement n’est pas non plus assuré, parce que certains cultivateurs ne maîtrisent pas encore le savoir-faire lié à ces hybrides et que les sols sont épuisés par des années de surexploitation du cannabis.
Enfin, le prix de la résine de cannabis à la consommation en Europe est beaucoup plus élevé que le prix à la ferme chez les paysans du Rif, et une grande partie des recettes du marché du haschich profite à l’étranger et pas à l’économie marocaine, encore moins aux paysans dont une partie vit dans une grande précarité.
Au-delà de cette estimation chiffrée, le Maroc est présenté comme le premier producteur et exportateur mondial de cannabis. Comment expliquer cette situation ? Cette assertion alimente régulièrement le débat public parce que le haschich marocain est exporté massivement vers l’Europe et que, selon les services de police et de douanes, notamment européennes, la majorité du haschich saisie dans le monde proviendrait du Maroc. Mais c’est là aussi une information à prendre avec précaution.
D’abord, la répression du trafic du haschich est plus développée entre les deux rives méditerranéennes qu’elle ne l’est dans d’autres régions du monde. Ensuite, les estimations d’autres pays producteurs importants à l’échelle mondiale – l’Afghanistan, ou même le Liban et l’Inde qui seraient de plus petits producteurs – ne sont pas fiables, ce qui ne permet pas d’avoir de réels points de comparaison. Enfin, les pays industrialisés sont devenus d’importants producteurs de cannabis – pour l’herbe en tout cas –, un phénomène qui a débuté il y a une dizaine d’années et qui va se renforcer avec la probable légalisation dans plusieurs pays.
Que le Maroc soit ou pas le premier producteur au monde n’est pas le plus important. Compte tenu des changements dans le marché mondial et de la concurrence européenne, l’accent devrait plutôt être mis sur l’incertitude quant à l’avenir de milliers de familles de paysans déjà incriminés et marginalisés, qui dépendent fortement de cette économie dans le Rif. Le rapport du département américain, et plus globalement les rapports d’expertises internationaux sur le cannabis au Maroc, est un bon exemple de l’inégalité de traitement entre les Etats occidentaux et les pays du Sud. Les pays du Nord débattent de la légalisation du cannabis, en se concentrant sur la santé publique de leur population en matière de consommation de drogues, tandis que les pays du Sud sont stigmatisés et contrôlés à travers la publication des chiffres sur la production et le trafic.
Le Rif est la principale région de production. Y a-t-il d’autres ? Aujourd’hui, le Rif est la seule région de culture de cannabis et de production de résine. Il y en a eu d’autres par le passé : au XXe siècle, la France, à travers la Régie des tabacs et du kif, a introduit et développé la culture de cannabis, notamment à Beni Mellal, dans le Haouz, et à Ouazzane.
Par ailleurs, le produit est destiné au marché international, mais aussi national. Tout n’est pas exporté. Hormis dans la région du Rif, la consommation au Maroc est importante. Elle est toutefois peu connue car il n’y a pas eu d’études réalisées sur ce sujet.
La culture du cannabis est une source de revenus pour de nombreux agriculteurs marocains. Le pays peut-il se passer d’une telle source de revenus ? Si on veut faire évoluer la situation, les acteurs étatiques et les organisations doivent mettre en place une stratégie sur le moyen et le long terme en concertation avec des acteurs locaux. C’est ce qui manque aujourd’hui. Pourtant, le nord est devenu la deuxième région la plus riche du Maroc alors qu’elle était extrêmement marginalisée sous le règne du roi Hassan II.
Sous l’égide de Mohammed VI, certains pôles ont été mis en valeur : Tanger Med, Tétouan, Chefchaouen, Taounate, Taza, etc. Mais l’espace historique de culture du cannabis ne profite pas de ce développement, en raison notamment du très fort enclavement de ces zones montagneuses.
Les autorités ne peuvent pas y supprimer la culture de cannabis, car les populations sont convaincues que la terre est impropre à tout autre culture. Répondre à cela demande de la créativité, de la concertation et le désenclavement de ces zones. La région a un réel potentiel, entre montagne et mer, avec des parcs régionaux, et pourrait connaître un développement touristique durable et écologique.
La légalisation du cannabis peut-elle être une solution ? Le débat sur la légalisation de la culture du cannabis pour des usages textiles (chanvre) et pharmaceutiques a été lancé par des acteurs associatifs, puis repris par des partis politiques. Le projet de légalisation n’émane pas des acteurs locaux. Les paysans y sont opposés ou s’interrogent sur ses enjeux. Par exemple, ils craignent qu’après avoir été sous l’emprise des trafiquants, ils soient désormais sous celle des lobbies pharmaceutiques, ou que la légalisation profite à d’autres régions agricoles où il y a moins de problème d’eau, où les terrains sont plus fertiles et moins accidentés.
Quoi qu’il en soit, le fait que les Marocains discutent de l’avenir du cannabis dans le pays est une très bonne chose, à la condition que les personnes les plus concernées – paysans, consommateurs – soient au cœur des débats. Le fait que la plupart des acteurs soient considérés comme des « illégaux » complique cet accès à la négociation.
Quelle est la stratégie adoptée jusqu’ici par les autorités vis-à-vis de ce phénomène ? Avant 2001, tous les projets de cultures alternatives au cannabis financés par l’UE ont échoué. Globalement de 2003 à 2011 (date des « printemps arabes »), la stratégie a été l’éradication et la limitation des surfaces cultivées autour du centre historique. Depuis quelques années, les autorités se sont concentrées sur la répression du trafic au-delà de l’espace de culture de cannabis et les saisies se sont multipliées. En matière de développement, des projets de décloisonnement des routes communales ont été réalisés sans réelles retombées.
Malheureusement, les grands projets de développement dans les provinces situées autour des espaces de culture ne semblent pas profiter aux cultivateurs et ces espaces restent encore marginalisés et sous-développés.
Les autorités marocaines sont dans la protection du territoire contre la menace terroriste. Comment expliquez-vous qu’elles ne parviennent pas à faire face à ce trafic ? Mais les autorités marocaines sont efficaces dans le Rif ! Pourquoi pensez-vous qu’il n’y a pas de violences et de conflits liés à la drogue ? Et puis, on ne réprime pas le trafic lié à une activité traditionnelle ancestrale, comme on réprimerait des filières terroristes. Malgré l’internationalisation des échanges du cannabis, cette économie est restée profondément ancrée dans le local, avec un savoir, des acteurs, des conventions qui lient le pouvoir aux cultivateurs. Grâce au contrôle des autorités, la formation des réseaux de commercialisation n’a pas abouti à des réseaux menaçant la sécurité de l’Etat et il n’y a pas de conflit majeur dans le Rif à ce jour.
Très encadrée, cette décision de Buenos Aires intervient dans la foulée de plusieurs autres pays sud-américains.
Photo du service de presse du Sénat argentin lors du vote des sénateurs en faveur d'une loi autorisant l'usage thérapeutique d'huile de cannabis, le 29 mars 2017 (AFP/HO)
Les associations de malades sont soulagées. Après les députés, les sénateurs argentins ont définitivement adopté mercredi une loi autorisant l'usage thérapeutique d'huile de cannabis, mais ont maintenu l'interdiction de cultiver la plante, une revendication des familles de malades. La loi permet l'importation d'huile de cannabis pour les patients ayant des prescriptions médicales et au ministère argentin de la Santé de fournir gratuitement le médicament dans des cas d'épilepsie, d'autisme et d'autres pathologies. «C'est un rêve qui se réalise, une immense joie car cela va soulager (...) les patients quelle que soit leur pathologie», a déclaré à l'AFP Maria Laura Alasi, mère de Josefina, 4 ans, qui est atteinte depuis l'âge de 7 mois du syndrome de West, une grave forme d'épilepsie. Cette loi «ouvre la voie à ce que la substance soit obtenue auprès d'un fournisseur légal et à un accompagnement médical», s'est félicité le docteur Marcelo Morante dans les couloirs du Sénat, après l'adoption du texte. Depuis la décision pionnière de l'Uruguay, qui a été en décembre 2013 le premier pays au monde à avoir légalisé la production, la distribution et la consommation du cannabis, d'autres comme le Mexique, la Colombie et le Chili ont infléchi leur position dans un contexte de légalisation progressive de la marijuana sur le continent américain.
Le fondateur de Virgin considère que l’industrie laitière intensive est néfaste pour l’environnement, au contraire de la culture du cannabis.
Cultiver de la marijuana plutôt qu’élever des vaches laitières. C’est ce qu’a conseillé le milliardaire britannique Richard Branson aux fermiers néo-zélandais. Il s’exprimait le 27 mars lors d’un dîner de charité à Auckland. Celui-ci était consacré aux défis du monde de demain et aux opportunités qui en découleraient.
“Ce serait magnifique car manifestement le nombre de vaches laitières que possède la Nouvelle-Zélande endommage les rivières, si vous pouviez prendre un peu de cette terre pour faire pousser du cannabis, ce serait tout autant profitable pour elles, voire plus”, a-t-il expliqué à la chaîne de télévision locale Newshub.
Avec ses prairies à perte de vue, le petit pays de 4,4 millions d’habitants est parvenu en 40 ans à devenir le premier exportateur mondial de produits laitiers. Une montée en puissance obtenue grâce à des coûts de production et un prix du lait parmi les plus faibles au monde. Cette politique intensive a conduit à une forte dégradation de l’environnement.
Selon Richard Branson, la culture du cannabis sera aussi respectable que la fabrication du vin d’ici 10 ans. Il s’est également penché sur l’échec de la politique répressive contre les drogues. “Nous avons fait beaucoup d’études sur la guerre contre les drogues et cela a été un échec abject, et ce qui est très clair pour nous est que les drogues devraient être dépénalisées et que les personnes avec un problème lié à la drogue devraient être aidées.”
Interrogé sur l’opportunité de remplacer son cœur de métier par la culture de la marijuana, le représentant des fermiers néo-zélandais William Rolleston a déclaré qu’il n’était pas contre : “Les fermiers regarderont toutes les cordes à ajouter à leur arc, si c’était légal et profitable… Mais ça ne viendra pas dès demain”, a-t-il conclu.
L'usage récréatif du cannabis devrait être autorisé dès le 1er juillet 2018 au Canada.
La légalisation du cannabis est une promesse de campagne du Premier
ministre Justin Trudeau.@ PEDRO PARDO / AFP
Le projet de loi sur la légalisation du cannabis au Canada sera examiné dès avril prochain, avec pour objectif d'autoriser son usage récréatif au 1er juillet 2018, jour de la fête nationale. Une première dans un pays du G7. La perspective de ce calendrier a fait bondir lundi les valeurs des sociétés de production de cannabis à des fins médicales, à la Bourse de Toronto. Promesse de campagne du Premier ministre Justin Trudeau, la légalisation du cannabis au Canada serait une première dans un pays du G7.
Contrôler l'accès au cannabis.
La ministre de la Santé Jane Philpott, a estimé lundi que la loi "permettra de légaliser l'accès au cannabis, mais en même temps de réglementer et de contrôler son accès" pour les consommateurs. En passant par l'outil législatif, le gouvernement veut s'assurer "que les bénéfices sont tenus hors de portée des organisations criminelles", a-t-elle ajouté lors d'un point de presse. Pour les Canadiens souhaitant cultiver leur propre cannabis, le projet de loi prévoit qu'ils pourront posséder jusqu'à quatre plants par foyer, selon CBCNews.
Envolée en Bourse.
L'action de la société Canopy Growth, spécialisée dans la culture de cannabis médicalisé, a bondi de 11% à la Bourse de Toronto à 11 dollars canadiens. Un autre producteur, Aurora Cannabis, a connu une augmentation identique à 2,50 dollars. L'action d'Aphria, sur le même secteur, a également gagné 8,4% à 6,70 dollars. Cette envolée des cours boursiers témoignent de l'importance du marché potentiel.
Entre 4,2 et 5 milliards de dollars de recettes fiscales.
A l'automne, un rapport du directeur parlementaire du budget avait estimé que les recettes fiscales seraient modestes en se basant sur une base de 4,6 millions de consommateurs pour 655 tonnes de cannabis par an et des dépenses de 4,2 à 6,2 milliards de dollars canadiens (3 à 4,2 milliards d'euros). La banque CIBC avait en revanche estimé que les recettes fiscales pourraient être de l'ordre de 5 milliards de dollars, voire plus, si l'on ajoutait les recettes du tourisme de l'herbe au Canada.
Généralement, quand on dit cannabis et parfum, on pense plutôt à la manière qu'ont les gens d'essayer de dissiper l'odeur de weed en s'aspergeant de parfum. Mais, cette parfumerie de Los Angeles, Xyrena, souhaite changer les choses, dans le cadre de ce qu'ils appellent leur rébellion olfactive.
Avec leur dernière création "Reefer Madness", Xyrena a mélangé différentes variétés de weed pour obtenir un parfum unisexe. C'est plus que cool, c'est fashion de sentir la weed maintenant.
La nouvelle collection de Xyrena vous propose de sentir l'odeur d'une weed très fraîche. La marque a donc transformé en parfum deux des variétés les plus fumées : la "OG Kush" et la "Blue Dream".
Le dernier parfum rend hommage au roi du cannabis comestible : le "Space Cake". Découvrez ci-dessous les packaging qui rendent hommage à l'âge d'or d'Hollywood, accompagnés de la description de chaque parfum, par Xyrena.
"OG Kush s'ouvre sur les arômes classiques de cette variété : citron amer et pin, avant de se transformer en fragrance plus terrestre de cèdre, avec un soupçon de caoutchouc brulé, très commun dans cette variété."
"Blue Dreams s'ouvre sur un arôme de myrtille classique avec un soupçon de skunk avant de devenir un parfum plus poivré tout en restant dans la douceur, donnant un équilibre floral équivalant à la variété de weed qui l'inspire."
"Space Cake transportera vos sens dans un coffee shop d'Amsterdam. Avec ses notes de beurre salé, de cannabis broyé, de terre ainsi qu'un léger parfum de weed et une huile essentielle de cèdre pour une reproduction au plus proche de l'expérience."
Si certains voient en Xyrena la quintessence de la défonce, de l'abus (ou du mauvais goût), détrompez-vous, l'entreprise a reçu de nombreuses louanges pour son éthique. En 2015, Xyrena est devenue la première (et la seule) parfumerie à être certifiée "sans cruauté animale" et "vegan" par les associations PETA, Leaping Bunny et Vegan Action.
Si vous avez envie de sentir la weed toute la journée, et que vous aimez savoir que votre argent va à des entreprises avec un certain sens de l'honneur, vous pouvez acheter les parfums de la collection Reefer Madness pour 69 euros à cette adresse Petit bonus, regardez le clip fait par Xyrena pour "Blue Dream".
Le gouvernement libéral de Justin Trudeau va lancer le mois prochain le processus de légalisation de la consommation et du commerce du cannabis, selon la chaîne publique d'information CBC.
Si tout va bien, la consommation de cannabis sera légale au Canada dès le 1er juillet 2018.
| Archives AFP
Si tout va bien, le cannabis deviendrait légal à partir du premier juillet 2018, jour de la fête nationale du Canada, conformément aux engagements pris par le gouvernement Trudeau lors de la dernière campagne électorale.
Au cours du week-end, une ébauche du projet de loi a été présentée aux députés libéraux qui étaient réunis en caucus à Ottawa, selon CBC. L'annonce officielle devrait intervenir dans la semaine du 10 avril, précise la chaîne d'information. L'épineux dossier est piloté par Bill Blair, secrétaire parlementaire du ministre de la Sécurité publique et ancien chef de police de Toronto, dans la province de l'Ontario.
Prix du cannabis: aux provinces de décider
Dans le projet de loi en cours de rédaction, les dix provinces et trois territoires canadiens auront le droit de déterminer comment le cannabis sera distribué et vendu en plus d'avoir la possibilité de fixer les prix de vente, a précisé CBC. Enfin, Ottawa prévoit établir à 18 ans l'âge minimum pour acheter du cannabis, mais les provinces auront la possibilié de hausser cet âge en fonction de critères locaux.
L'an dernier, la ministre de la Santé, Jane Philpott, avait indiqué que son parti allait « introduire une législation pour empêcher la marijuana de tomber entre les mains des enfants, et les profits de tomber entre les mains des criminels ».
La société travaille sur des vaporisateurs et des extraits pour traiter des troubles du système nerveux central
La conférence annuelle CannaTech à Tel Aviv rassemble les professionnels du cannabis d'Israël et du monde entier, le 20 mars 2017. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
Kanabo Research, une société de cannabis thérapeutique à Tel Aviv, destine ses formules de vaporisation et ses dispositifs à l’usage médical plutôt qu’à l’usage récréatif, comme il est courant chez les consommateurs. La société a terminé sa série de financement initial et lance sa première gamme de produits au sommet CannaTech cette semaine.
Kanabo développe des extraits du cannabis thérapeutique qui traite certains troubles du système nerveux. Cinq formules sont actuellement en développement, selon la société, et deux brevets ont déjà été déposés. Le vaporisateur VapePod de la société délivre des doses précises et régulières de ces extraits, et il est actuellement étudié pour être certifié en tant que dispositif médical. Le vaporisateur est activé quand l’utilisateur inhale via l’embout buccal, et vibre jusqu’à ce que la dose adaptée soit délivrée.
Le président fondateur de Kanabo, Avihu Tamir a saisi l’opportunité de produire du cannabis thérapeutique il y a 4 ans, raconte-t-il, lorsqu’il s’est rendu compte que les malades fumaient du cannabis au lieu d’en inhaler. Il explique qu’inhaler des extraits produit moins de toxines que fumer la fleur de la plante. « Les fleurs ne sont pas médicinales, c’est un produit agricole », indique Tamir. « Les fleurs vont disparaitre. Les extractions, c’est le futur. »
Kanabo développe ses formules en fonction des expériences des patients qui souffrent d’anxiété ou d’insomnie. Alors que la plupart des sociétés se focalisent sur les deux cannabinoïdes principaux, le THC et l CBD, Kanabo se penche sur l’ajustement de cannabinoïdes mineurs dans ses produits, le cannabinol, explique Tamir. Le marché médical en pleine croissance manque toujours d’un dispositif d’inhalation médicale, ajoute Tamir.
« Les sociétés pharmaceutiques n’estiment pas que l’inhalation est quelque chose de médical », déplore-t-il.
La compagnie est en pleine négociation avec les régulateurs en Israël et espère obtenir l’accord pour ses produits en Israël et en Europe, bien que l’accord de la FDA soit bien plus difficile, selon Tamir. Au début du mois, le gouvernement a fait le premier pour autoriser les sociétés israéliennes à exporter des produits liés au cannabis thérapeutique.
Les vaporisateurs de Kanabo, exposés à la conférence CannaTech à Tel Aviv, le 20 mars 2017. (Crédit : Luke Tress/Times of Israël)
La conférence annuelle CannaTech aura lieu cette semaine à Tel Aviv. Des politiciens, des entrepreneurs, des chercheurs et autres présenteront leurs innovations et toutes les technologies liées au cannabis.
Les partisans de la légalisation et les acteurs du marché craignent un renforcement de la répression contre les consommateurs. Malgré ces doutes, le cabinet d'étude et d'investissement ArcView group a publié une étude qui annonce des projections intéressantes pour ce secteur économique en pleine croissance.
L'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche a suscité de nombreuses questions pour l'industrie du cannabis et les partisans de la légalisation au Etats-Unis. La nomination de Jeff Sessions à la tête du département de la Justice a également provoqué des doutes sur un durcissement de la législation et de la répression contre les consommateurs au niveau fédéral.
Cet ultraconservateur avait en effet déclaré en 2016 lors d'une audition au Sénat que "les gens biens ne fument pas de majiruana". Mais selon un rapport du cabinet de recherche et d'investissement ArcView Group spécialisée dans l'économie du cannabis et publié ce vendredi 23 mars, la victoire du milliardaire à la présidentielle américaine aurait peut d'incidences sur le plan économique.
Le ministre de la Justice américain Jeff session est un fervent opposant du cannabis sous toutes ses formes. Crédits : Reuters/Yuri Gripas.
Une croissance annuelle de 27%
La division marketing du groupe ArcView a ainsi maintenu ses prévisions de croissance de dépenses de consommation pour l'Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) avec un taux annuel de 27%. Avec un marché estimé en 2016 à 6,7 milliards de dollars, le cannabis pourrait générer un chiffre d'affaires de 22,6 milliards de dollars par an d'ici 2021, même si l'administration Trump et le département de la Justice s'opposent à cette industrie, annonce le rapport. En dépit de certaines incertitudes, Troy Dayton responsable des études chez ArcView a déclaré dans un communiqué qu'il n'y aurait pas "d'impact sur la croissance de ce marché". Il s'est par la suite montré rassurant :
"Peu importe ce que l'administration fait, les États vont continuer d'émettre des autorisations pour vendre du cannabis pour une longue liste de demandeurs et des points de vente vont continuer d'avoir de longues listes de clients prêts à acheter ce produit."
D'après les estimations des spécialistes, les Nord-Américains ont dépensé environ 56,1 milliards de dollars dans le commerce licite et illicite lié au cannabis. Le problème se pose davantage au niveau de la répartition : 6,7 milliards de dollars (11,9%) ont été dépensés dans le marché légal et 87% de ces dépenses viendraient seulement de cinq États fédérés et du Canada. Ce qui représente un manque à gagner très important pour les finances publiques.
Un contexte délicat
De nombreux entrepreneurs surnommés "les cannapreneurs" doivent faire face à un paradoxe. Selon un sondage Gallup réalisé en octobre 2016, 60% des Américains seraient en faveur de la légalisation, soit le chiffre le plus élevé depuis la publication de cette première enquête d'opinion en 1969. Et dans le même temps, de nombreux représentants importants des citoyens américains s'y opposent comme l'a relevé Business Insider.
Même si l'administration américaine actuelle n'a pas pris de position définitive sur la législation en matière de drogue, des mesures restrictives pourraient survenir. Il y a quelque jours, Jeff Sessions a promis plus de répression contre les crimes liés à la drogue. Il a par la suite exprimé son opposition à l'usage thérapeutique du cannabis, expliquant que cela pouvait entraîner un hausse de la consommation de marijuana ou des overdoses causées par des addictions aux opioïdes comme l'héroïne. Pourtant des études théoriques et empiriques menées dans l'état du Colorado ou ailleurs ont montré l'inverse.
Au mois de février, le porte-parole de la Maison Blanche Sean Spicer a également suscité des inquiétudes chez les acteurs de l'industrie du cannabis lors d'une conférence de presse en annonçant "une meilleure application" des lois fédérales sous l'administration Trump. Aux Etats-Unis, si l'usage thérapeutique et récréatif du cannabis est autorisé dans plusieurs États fédérés, il reste encore interdit au niveau fédéral. Ce qui crée un véritable conflit entre les pro- et anti-cannabis. Une opposition ne risque pas de s'arranger avec les dernières annonces de la Maison Blanche.
En Suisse, le marché du cannabis allégé est en plein essor. Les boutiques bio qui en proposent se multiplient, le cannabis allégé est même vendu dans les bureaux de tabac.
Des boutiques de cannabis light se sont multipliées en Suisse, en toute légalité. "Nous on a un taux de THC qui est en dessous de 0,99% selon la loi suisse. Donc ce cannabis est légal puisqu'il n'a aucun effet psychotrope", explique Paul Monot de la boutique Dr Green.
Un marché en plein essor
Ce cannabis ne fait pas "planer" mais garde toutes ses vertus. "Je vais juste l'essayer en tisane pour des problèmes d'articulation, d'arthrite", confie une cliente. "Je cherche un produit qui me relaxe, qui me détende, qui fait du bien sans qu'il me défonce et m'empêche de communiquer", témoigne un client. Cette entreprise 100% helvète a misé sur le cannabis bio et ses ventes ne cessent d'augmenter. 3 000 plants poussent dans ce hangar. Le marché est en plein essor, il est estimé par les médias suisses à 93 millions d'euros pour 2017. Désormais, le cannabis allégé est aussi vendu dans les bureaux de tabac.
Israël tente de se positionner comme exportateur de pointe sur le marché croissant du cannabis thérapeutique. En effet, le marché mondial, estimé à 50 milliards de dollars d’ici à 2025, aiguise l’appétit du gouvernement israélien qui compte autoriser l’industrie locale à exporter et prévoit des revenus annuels à hauteur de centaines de millions de dollars.
Yuval Landschaft, directeur de l’unité sur le cannabis médical du ministère israélien de la Santé (IMCA) n’a pas froid aux yeux même si le cannabis médical est un secteur relativement jeune, et sans standard clinique universel. Israël ambitionne donc de combler ce vide en combinant son expertise en agriculture, en technologie et en médecine fondée sur l’usage du cannabis.
La stratégie est de créer du cannabis adapté à la médecine, avec une qualité et une efficacité assurées tout au long de la chaîne d’approvisionnement, de la culture à la fabrication et la distribution. En Israël, les producteurs autorisés travaillent avec des institutions scientifiques sur des essais cliniques afin de développer des souches de cannabis qui traiteraient plusieurs troubles et maladies.
Il y a environ 120 études en cours en Israël, dont des essais cliniques qui étudient les effets du cannabis sur l’autisme, le psoriasis et les acouphènes. Plus de 500 compagnies israéliennes ont demandé une licence pour la culture, la fabrication et l’exportation de cannabis médical, selon des responsables gouvernementaux. L’année dernière, les États-Unis et plusieurs firmes ont investi environ 100 millions de dollars pour autoriser les brevets israéliens sur le cannabis thérapeutique, les start-up d’agrotechnologie et les firmes développant des équipements, comme les inhalateurs, a dit Saul Kaye, directeur général d’iCAN, un centre de recherches privé sur le cannabis. S. Kaye s’attend à ce que l’investissement dans ce domaine soit multiplié par dix et atteigne 1 milliard de dollars au cours des deux années à venir. Tikun Olam, le plus grand producteur de cannabis médical en Israël, a créé des partenariats avec des compagnies américaines pour cultiver du cannabis dans quatre États américains, selon son directeur général, Aharon Lutzky. Le marché américain est le plus important pour l’instant, et il devrait dépasser les 20 milliards de dollars d’ici à 2020. Mais importer du cannabis aux États-Unis est illégal au regard de la loi fédérale. Le seul moyen de contourner cette interdiction est de recevoir l’approbation de l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA).
Le médicament Epidiolex du groupe britannique GW Pharmaceuticals, un médicament expérimental à base de cannabis pour traiter l’épilepsie, pourrait être le premier à recevoir cette autorisation. La reconnaissance croissante du cannabis médical crée des opportunités dans plusieurs pays, notamment ceux qui ont légalisé le cannabis thérapeutique sans pour autant développer des infrastructures pour son exploitation. Le Canada, par exemple, exporte du cannabis vers l’Australie, la Croatie et le Chili.
Le salon Cannatech ouvre ses portes lundi pour trois jours à Tel Aviv, en Israël. On y parle de cannabis thérapeutique, une filière d’avenir dans un pays qui se prépare à exporter sa production.
Illustration de culture de plants de cannabis à domicile. (MAXPPP)
Le salon Cannatech ouvre ses portes lundi 20 mars et pour trois jours à Tel Aviv, en Israël. On y parle de cannabis thérapeutique, une industrie montante dans le pays. Un reportage franceinfo de Etienne Monin - Alexis Morel Radio France
C’est une révolution qui fait du cannabis thérapeutique un marché comme un autre dans lequel Israël cherche à se positionner. Le feu vert à l’exporation a été donné en février dernier par une commission interministérielle. Cette décision tombe après un vote à la Knesset qui autorise depuis cet été la réorganisation de la filière et qui ouvre le marché à plus de sociétés.
Le secteur du cannabis made in Israël
Il est produit dans quelques fermes qui sont très protégées. Il est prescrit par des médecins agrées. Ce cannabis a différentes formes. On peut le trouver en pilule ou en inhalateur, par exemple. Il est prescrit pour des personnes atteintes de cancer ou de stress post-traumatique. Quelque 25 000 patients on eut accès a un traitement en 2015. L’usage thérapeutique existe depuis plus de dix ans.
L’environnement s’est considérablement enrichi. Il existe aujourd’hui un incubateur de start-up autour des produits du cannabis et un fond de placement financier. Un centre de recherche agréé travaille sur un protocole de culture et sur de nouvelles variétés. L’un des enjeux est de trouver le dosage idéal entre le THC, un psychoactif, et le CBD qui a un pouvoir anti-inflammatoire.
Le ministère de l’Agriculture a annoncé en début d’année qu’il comptait investir deux millions d’euros pour la recherche. Et un groupe à lancé une étude de cas dans un hôpital à Jérusalem pour élargir l’usage du cannabis aux cas d’épilepsie. Les acteurs cherchent à accroître le potentiel dans absolument toutes les directions.
Des débouchés à l'export
D’après l’un des promoteur les plus actifs, 100 millions de dollars auraient été investis l’an passé, depuis l’étranger, dans les entreprises israéliennes. On estime que l’exportation du cannabis ferait grimper de 15% les exportations agricoles globales. Aux États-Unis, le marché serait de plus de trois milliards de dollars sur les deux années à venir puisque presque 30 États ont légalisé le cannabis thérapeutique et huit le cannabis récréatif.
Cette révolution en Israël est menée par un gouvernement de droite et d’extrème droite. Le ministre de la Santé qui participe en première ligne a ses réformes est un ultra-orthodoxe. Israël porte sur le cannabis un regard pragmatique, intéressé et "moderne" d’après ses dirigeants.
A New York, dans le Bronx, un home pour personnes âgées permet à ses résidents de recourir au cannabis pour soulager certains maux. Rencontre avec le Docteur Zachary Palace, responsable du projet pilote
Dans sa chambre, Marcia Dunetz, 80 ans, montre le petit coffre-fort où elle stocke son cannabis en gélules. Elle en conserve toujours la clé autour du cou.
Ce jour-là, le fleuve est déchaîné. L’Hudson moutonne. Une voiture nous attend à côté du quai. On parcourt quelques centaines de mètres dans ce quartier perché de Riverdale, en plein Bronx, et on l’aperçoit déjà, majestueuse. La Hebrew Home, immense structure en briques, se dresse devant nous. «Vous verrez, il y a des contrôles de sécurité à l’entrée», nous avait prévenues Wendy Steinberg, la directrice de la communication. «C’est parce que nous accueillons aussi des résidents victimes de maltraitance. Nous sommes le premier home pour personnes âgées des Etats-Unis à le faire».
La Hebrew Home, avec vue plongeante sur l’Hudson, qui fête cette année son centenaire, se distingue aussi pour autre chose: son programme pilote de cannabis thérapeutique. Ruth Brunn, 98 ans, fait partie des rares bénéficiaires. Ce jour-là, elle n’était pas assez bien pour nous recevoir. Atteinte de neuropathie, en chaise roulante, elle a depuis peu un nouveau geste quotidien: avaler une gélule verte remplie d’huile de cannabis, avec de l’eau vitaminée. «Je ne me sens pas défoncée. Tout ce que je sais, c’est que je me sens mieux quand je prends ça», expliquait-elle récemment au New York Times.
Stocker de manière sécurisée
C’est le Dr Zachary Palace, spécialiste en gériatrie, qui dirige le programme. On le retrouve dans son petit bureau, orné de plantes assoiffées. «Nous avons débuté en octobre avec 3 de nos 850 résidents, nous en sommes maintenant à six et nous aurons peut-être 40 à 50 patients d’ici la fin de l’année», explique-t-il.
Il détaille le processus: «Nous évaluons d’abord quels patients répondent aux critères pour bénéficier de cannabis médical selon le règlement de l’Etat de New York. S’ils sont d’accord, nous leur fournissons une attestation et ils doivent se faire inscrire dans un registre online. C’est à eux de se procurer leurs doses dans un dispensaire spécialisé, ils doivent les stocker de manière sécurisée dans leur chambre, qui est leur espace privé, et se les administrer eux-mêmes».
A aucun moment une infirmière ou un médecin n’intervient. Pour des raisons légales. Interdite au niveau fédéral, la consommation de marijuana est autorisée dans 29 Etats américains, dont celui de New York, pour un usage strictement médical. «Dans d’autres homes, qui reçoivent des fonds fédéraux, c’est un peu la politique du «Je ne demande pas, je ne sais pas».
Nous, nous l’assumons et nous en parlons, car nous avons trouvé une solution qui se tient sur le plan légal. Nous avons toujours cherché à agir contre la surmédication, à faire baisser le nombre de médicaments administrés dont les effets peuvent parfois s’annuler entre eux. Le cannabis peut être une solution», glisse celui qu’un collègue médecin vient familièrement d’appeler «Z».
Un sujet qui reste tabou
Zachary Palace parle donc cannabis avec ses patients, les conseille, peut réévaluer le dosage ou leur rappeler de ne pas oublier leur dose quotidienne, mais n’est pas censé manipuler le produit. «Alors même que nos infirmières interviennent parfois pour administrer de la simple vitamine C!
Mais c’est comme ça. Et je dois admettre que je trouve assez amusant de devoir s’adapter à certaines situations comme celle-ci», glisse-t-il l’air malicieux, après s’être intéressé au contexte légal suisse. Dans sa chambre, Marcia Dunetz, 80 ans, montre à la photographe son petit coffre-fort où elle stocke son cannabis en gélules. Elle en conserve toujours la clé autour du cou.
Le Dr Zachary Palace, spécialiste en gériatrie, qui dirige le programme pilote, et sa patiente Marcia Dunetz. Kate Glicksberg
Le cannabis pour les plus de 65 ans est encore un sujet tabou. Aux Etats-Unis, sa consommation est en augmentation chez les personnes âgées, mais peu d’études permettent de déterminer son impact précis sur cette catégorie de la population, relève Igor Grant, directeur du Centre pour la recherche du cannabis médicinal de l’Université de Californie, San Diego.
«On sait que le cannabis est bien toléré, à faibles doses, sur des individus sains ou qui souffrent de douleurs chroniques ou de sclérose en plaques, probablement comme d’autres médicaments qui peuvent avoir des effets sédatifs ou psychotropes. Mais chez des personnes plus âgées, le cannabis peut aussi empirer leur état, et par exemple augmenter la confusion ou la désorientation», commente-t-il.
Un rapport publié début janvier par un comité de 17 scientifiques de l’Académie américaine des sciences, qui a analysé plus de 10 000 études, confirme que des incertitudes sur les effets thérapeutiques du cannabis subsistent, tout en relevant certains bienfaits. Comme par exemple contre les nausées et vomissements provoqués par les chimiothérapies.
Elle a pu renoncer à la morphine
Zachary Palace est, lui, en tout cas très satisfait des premiers résultats constatés au sein de la Hebrew Home après quelques mois d’essais. Le cannabis stimule l’appétit, permet de lutter contre l’insomnie et de réduire des inflammations. Il est surtout capable de soulager certaines pathologies liées à l’âge, à tel point que des patients, comme Ruth Brunn, ont pu renoncer à la morphine, qui peut provoquer des problèmes respiratoires ou constiper. «C’est plutôt une bonne chose. Nous n’avons à ce stade constaté aucun problème».
Aucun problème, vraiment? Il rectifie: «Une patiente atteinte de Parkinson se plaignait au début d’étourderies. Nous lui avons conseillé d’arrêter, mais elle voulait continuer, alors même qu’elle était au début un peu hésitante à cause des préjugés qui circulent sur le cannabis. Nous avons juste rééquilibré son dosage et tout va bien maintenant». Cette patiente, c’est Marcia Dunetz, avec sa petite clé autour du cou. Il cite aussi le cas du seul homme qui participe au projet pilote: «C’était quelqu’un de solitaire et de plutôt renfrogné, qui restait souvent dans sa chambre. Il arrive maintenant plus facilement à interagir avec les gens»
Le gériatre tient à louer le caractère «visionnaire» de Daniel Reingold, le président de RiverSpring Health, qui gère le Hebrew Home. «C’est quelqu’un d’inventif, qui cherche toujours des solutions pour améliorer la vie des personnes âgées. Quand il avait lancé l’idée d’un voyage de deux semaines en Israël pour une dizaine de patients de 85 ans et plus, personne n’y croyait tellement ça paraissait compliqué. Mais on l’a fait, et c’était extraordinaire!».
Du thé au cannabis pour son père
Le cannabis, Daniel Reingold en a vu les effets directs sur son père, décédé d’un cancer en 1999. Il lui faisait bouillir du cannabis qu’il mélangeait à son thé. Son père avait ainsi retrouvé l’appétit et la joie de vivre. Quand Daniel Reingold a lancé l’idée du programme pilote devant le comité directeur du home, personne n’a trouvé à y redire. Il fallait ensuite juste trouver la solution sur le plan légal: autoriser, encourager, surveiller, mais sans impliquer le personnel soignant.
A Riverdale, le cannabis est pris en gélules ou sous forme de gouttes à mettre sous la langue. Pas de vaporisateur. Zachary Palace: «Nous avons une politique anti-fumée stricte, même les cigarettes électroniques sont interdites, alors les vaporisateurs forcément aussi». Le cannabis à usage médical n’est pris en charge ni par Medicare, pour les plus de 65 ans, ni par Medicaid, qui vient en aide aux défavorisés. Les patients et leurs familles ont donc à débourser environ 200 dollars par mois.
Dans l’Etat de New York, le cannabis médical peut notamment être prescrit pour les cas graves de neuropathie, de sclérose en plaque, d’épilepsie, de cancer, de sida ou de Parkinson. Les patients qui souffrent d’Alzheimer par contre ne peuvent pas encore en bénéficier. Pour quels patients serait-il particulièrement contre-indiqué? Zachary Palace: «J’évite par exemple de le proposer à des résidents qui ont déjà souvent tendance à tomber. Ou ceux qui souffrent de confusion mentale».
Il le ferait pour ses parents
Le jour de l’élection de Donald Trump, le 8 novembre, cinq Etats (Arizona, Californie, Maine, Massachusetts et Nevada) se sont prononcés sur l’autorisation du cannabis à des fins récréatives. Tous ont dit oui, sauf l’Arizona. Ces Etats viennent s’ajouter au Colorado, à l’Oregon, à l’Etat de Washington et à l’Alaska, qui avaient déjà étendu la légalisation de la marijuana au-delà du seul usage médical.
Ce jour-là, l’autorisation du cannabis thérapeutique a aussi été validée dans quatre nouveaux Etats (Arkansas, Dakota du Nord, Floride et Montana) portant le total à 29. Malgré son interdiction au niveau fédéral, le marché du cannabis est très lucratif aux Etats-Unis. Selon ArcView Market Research, il a engendré un chiffre d’affaires de 6,9 milliards de dollars en 2016, 30% de plus qu’en 2015, et pourrait représenter 21,6 milliards de dollars d’ici 2021.
La Hebrew Home de Riverdale s’est notamment inspirée de la pratique en Israël, qui encourage depuis dix ans déjà le recours au cannabis thérapeutique. Zachary Palace doit abréger la discussion. Des patients l’attendent. Encore juste une dernière question: prescrirait-il le cannabis à ses propres parents en cas de maladie? «Oui, sans aucun doute», assure-t-il en se levant. Dehors, le vent ne s’est pas calmé. L’Hudson moutonne toujours.
L'Université d'Oxford sera à l'avant-garde d'un programme de recherche de plusieurs millions de livres, dans l'espoir d'aider à développer de nouvelles thérapies pour les maladies aiguës et chroniques en examinant les effets du cannabis médical.
La plus ancienne université d'Angleterre sera en partenariat avec Kingsley Capital Partners, qui fournira jusqu'à 10 millions de livres (12,36 millions de dollars) d'investissement initial, qui sera financé par sa nouvelle société biopharmaceutique Oxford Cannabinoid Technologies (OCT).
Le partenariat devrait rassembler le soutien financier de Kingsley et l'expertise clinique d'Oxford ainsi que la recherche en immunologie, en neuroscience et en cancer afin de trouver des moyens de développer de nouveaux traitements pour les personnes atteintes de douleur, de cancer et de maladies inflammatoires.
Les scientifiques de l'université s'attendent à ce résultat en étudiant les mécanismes cellulaires, moléculaires et systémiques des cannabinoïdes.
"La recherche sur les cannabinoïdes a commencé à produire des découvertes biologiques excitantes et ce programme de recherche est une occasion opportune d'améliorer notre compréhension du rôle des cannabinoïdes dans la santé et la maladie", a déclaré Ahmed Ahmed, professeur d'oncologie gynécologique à l'Université d'Oxford.
Alors que le cannabis médical et la médecine cannabinoïde ont été vus comme fournissant un soutien aux patients dans la souffrance; Neil Mahapatra, associé directeur chez Kingsley Capital Partners, explique que «la recherche sur les voies et mécanismes particuliers qui produisent cet avantage est actuellement« limitée et attendue depuis longtemps ».
«Grâce à l'OCT, nous espérons que notre partenariat stratégique avec Oxford soutiendra le développement de nouvelles thérapies innovantes pour aider des millions de personnes dans le monde», a-t-il ajouté.
Le projet a même reçu une approbation publique de Patrick Stewart acteur de Star Trek et X-Men, qui a admis dans une déclaration soulager à l'aide de produits à base de cannabis l'ortho-arthrite dans ses mains - une recommandation fournie par un médecin à Los Angeles il y a deux ans.
À l'heure actuelle, le cannabis n'est pas autorisé en Grande-Bretagne malgré les appels à sa législation, cependant, le cannabidiol a récemment été classé comme médicament. En 2016, un groupe multipartite d'hommes politiques du Royaume Uni a demandé au gouvernement de légaliser le cannabis médical, déclarant qu'il y avait une base solide de preuves révélant que le cannabis pouvait être efficace dans un certain nombre de maladies chroniques.
«Je soutiens avec enthousiasme le plan de recherche sur le cannabis de l'université d'Oxford. C'est un progrès important pour la Grande-Bretagne dans un domaine de recherche qui a été trop longtemps retardé par les préjugés, la peur et l'ignorance», a déclaré Patrick Stewart dans un communiqué à CNBC.
«Je crois que ce programme de recherche pourrait avoir des effets bénéfiques pour des gens comme moi et pour des millions d'autres».
La présidence de la République a annoncé le mercredi de nouvelles mesures pour limiter les cas d’emprisonnement de consommateurs de cannabis, alors qu’un projet d’amendement de la controversée “loi 52” sur les stupéfiants attend d’être examiné par la chambre des représentants du peuple.
Promulguée en 1992 la “loi 52” prévoit une peine minimale d’un an de prison pour “consommation de stupéfiants” et interdit aux magistrats de prendre en compte toute circonstance atténuante. A l’époque cette loi était souvent utilisée comme prétexte pour réprimer les voix critiques.
Aujourd’hui, son application s’est banalisée et des milliers de jeunes sont jetés chaque année en prison, la plupart pour consommation de cannabis. Ce Mercredi, le Conseil de la sécurité nationale réuni dans sa nouvelle composition sous la Presidence du chef de l’Etat Beji Caid Essebsi a annoncé des mesures visant à limiter les cas d’emprisonnement. Ainsi pour une première condamnation au titre de la loi 52, une grâce pourra être désormais prononcée dès le jugement et non plus après un mois de prison. La nouvelle mesure sera effective dés ce lundi 20 Mars jour de la fête de l’indépendance. Il a été décidé par ailleurs que la commission des grâces se réunira désormais tous les mois au lieu de quatre fois par an.
Dans le même temps, un projet d’amendement “partiel et exceptionnel” de la loi 52 sera présenté rapidement à la chambre des représentants du peuple pour donner aux juges un pouvoir discrétionnaire. Des ONG et le collectif “Al Sajin 52” militent de longue date pour l’abrogation de cette loi. Fin décembre, un projet d’amendement a été soumis par le gouvernement aux députés. Le texte, qui prévoyait initialement de supprimer les peines de prison pour les deux premières condamnations, est toutefois toujours bloqué à l’ARP.
Quoi qu’il en soit la mesure est considérée comme une grande avancée car elle permettra surtout d’éviter des milliers d’emprisonnement .
Le sujet fait débat en Zambie. L‘État autorise-t-il la culture de la marijuana à des fins médicales ? La réponse est visiblement oui si l’on s’en tient à la récente sortie du ministre zambien de l’Intérieur.
Face au Parlement, Stephen Kampyongo a révélé que les lois zambiennes autorisent déjà la culture du cannabis médicinal, mais à condition que le demandeur possède une licence du ministère de la Santé.
Pour l’Association des médecins de la Zambie, c’est un premier pas vers la victoire. Son président, Aaron Mujajati, avait en effet demandé au gouvernement d‘étudier sérieusement la question de la légalisation de la marijuana à des fins médicales. Bwalya Nondo, porte-parole du Parti National de la Restauration (NAREP), a également salué l’annonce, “attendue depuis longtemps”.
D’autres évoquent par ailleurs les avantages économiques de cette décision à un moment où le pays veut se libérer de sa dépendance au cuivre. A en croire Peter Sinkamba, président du Parti Vert et grand défenseur du cannabis médical, la marijuana peut faire gagner à la Zambie 36 milliards de dollars américains par an. Mais pour certains Zambiens, la légalisation du cannabis à des fins médicales devraient être bien encadrée par les autorités au risque de voir prospérer des trafics en tous genres et des écarts. Pour cette frange-là, l’idéal serait que la culture de la plante verte revienne à l‘État pour un meilleur contrôle.
D’ailleurs, ce vendredi, la Commission anti-drogue de la Zambie a tenu à recadrer le débat alors que des informations faisaient état d’une légalisation de la marijuana. La commission a rappelé que la culture, la détention et la consommation du cannabis restaient punissables en Zambie, appelant les populations à consulter les lois en la matière. Selon les spécialistes, la marijuana peut être utilisée dans le soulagement de la douleur, en particulier chez les patients atteints de cancer. Elle serait également efficace pour les personnes souffrant d‘épilepsie.
Professeur de philosophie dans un lycée au Centre-Ouest de la Tunisie, Houssem prépare son doctorat en philosophie après avoir réussi son agrégation avec brio en 2014. Durant huit semaines, la loi 52 a éloigné Houssem de ses élèves, de ses recherches et de ses livres. Au cours de l’enquête, les policiers ont confisqué son ordinateur et l’ont endommagé. Une partie de sa thèse y était stockée. Sorti d’une expérience, le moins qu’on puisse dire, traumatisante, le philosophe dénonce la cruauté de la prison. Récit d’un séjour pénitentiaire ordinaire.
Houssem A, 28 ans, est libre. Après deux mois entre la prison de Sidi Bouzid et la prison de Kasserine, il a été acquitté par la justice, le 14 février 2017, dans une affaire de consommation de cannabis. Une mobilisation a suivi son arrestation. Houssem est un des futurs philosophes et penseurs qui se comptent sur les doigts de la main. « L’emprisonner pour un joint est une aberration que la Tunisie payera cher » ont contesté ses professeurs, ses collègues et ses élèves avant sa libération.
Professeur de philosophie dans un lycée au Centre-Ouest de la Tunisie, Houssem prépare son doctorat en philosophie après avoir réussi son agrégation avec brio en 2014. Durant huit semaines, la loi 52 a éloigné Houssem de ses élèves, de ses recherches et de ses livres. Au cours de l’enquête, les policiers ont confisqué son ordinateur et l’ont endommagé. Une partie de sa thèse y était stockée. Sorti d’une expérience traumatisante, pour le moins qu’on puisse dire, le philosophe dénonce la cruauté de la prison. Récit d’un séjour pénitentiaire ordinaire. La prison punit le cannabis et sert d’autres drogues
La prison n’est pas isolée de la société comme ils veulent nous faire croire. Elle est son reflet le plus intime. Elle est sa raison la plus profonde et sa conséquence la plus intrinsèque.
Ainsi commence le récit Houssem. Visiblement marqué par une expérience éprouvante, Houssem a du mal à se concentrer sur une reconstitution linéaire de son vécu. Il préfère réfléchir à la cruauté de la prison que raconter des faits. Le crâne rasé de force, pour l’humilier et l’avilir, il garde sur son visage rond et pâle, un regard moqueur et fier. Ses yeux vifs contrastent avec un front droit et des lèvres timides. Houssem préfère le silence et la solitude. Durant ses six ans d’étude à Tunis, il n’avait d’autre compagnon que ses livres et ses pensées. Et pourtant, il était aimé et respecté par tout le monde. « Je ne faisais de mal à personne » explique-t-il.
Houssem pose ses grandes mains sur ses larges jambes avant de continuer « la prison est l’épanouissement extrême du sadisme de la société. La volonté de vengeance envers ses marginaux. C’est un lieu qui transforme ses victimes en cas pathologiques difficilement guérissables. La privation de liberté n’est qu’un prétexte territorial qui légitime la violation des droits humains les plus fondamentaux et alimente un commerce lucratif extrêmement hiérarchisé et verrouillé ».
Houssem n’a jamais caché sa consommation de cannabis. Depuis son adolescence, dans un quartier de Kasserine, la zatla était son seul refuge comme pour ses copains. « Je fume pour épargner aux autres ma rage et ma colère permanente » se défend Houssem. Sa situation d’intellectuel issu d’un milieu populaire lui donne l’air d’un vagabond sage. Jusqu’à ses 18 ans, Houssem passait sa vie entre l’école et la rue où « il était impossible de différencier les criminels des justiciers ».
Après la prison, Houssem est encore plus convaincu de l’injustice et de l’arbitraire du système dans lequel nous vivons. « Ce système est absurde. Il nous punit pour avoir consommé une drogue douce et nous gave, en même temps, d’autres drogues plus dangereuses. En prison, chaque jour, un dealer autorisé [ un gardien ] passe avec un chariot de drogues. Les prisonniers font la queue pour prendre une bouteille d’eau où sera dilué leur dose quotidienne. C’est le moment le plus sacré de la journée. Un silence religieux règne sur toute la prison durant ces quelques minutes ».
Durant son incarcération, on a servi Houssem du Temesta. Ce comprimé somnifère est une drogue dangereuse s’il est consommé quotidiennement. Des médecins estiment que son sevrage qui dure trois ans, est parmi les plus durs. « Tous les prisonniers se droguent légalement pour rester sous contrôle. Cela n’empêche pas la violence, la dépression et la répression. Les rapports de force ressemblent à ceux de la jungle : sois le plus fort ou meurs écrasé » se rappelle Houssem, témoin de bagarres sanglantes entre prisonniers où les matons n’interviennent pas. « Au meilleur des cas, ils transportent les blessés et répriment les autres » explique-t-il.
En prison, « Impossible de ne pas perdre espoir dans le genre humain »
Souffrant de claustrophobie, Houssem a été autorisé par le médecin à sortir de sa cellule plus d’une fois par jour. « Ce petit privilège n’a pas plu à un jeune gardien qui m’a dit que les médecins n’ont pas leur mot à dire dans les prisons. Il a donc décidé de me punir avec l’aide de ses collègues pour avoir insisté pour sortir de ma cellule. Près de dix hommes se sont acharnés sur mon corps à coup de pieds et de poing … Je sens encore des douleurs au niveau du dos et du torse » s’indigne Houssem en montrant les traces de bleus sur sa main gauche.
Cette raclée n’a pas été l’unique punition que Houssem a subie durant les deux mois de son incarcération. Le jeune philosophe rebelle était régulièrement jeté au mitard. « Ils m’accusaient de rébellion et de vouloir inciter les autres prisonniers à la désobéissance. En réalité, je ne faisais que dire la vérité à voix haute. j’écrivais des pétitions et des demandes à mes compagnons de cellule. Certains étaient malades, d’autres tabassés ou volés par les matons, d’autres voulaient voir un docteur ou avaient d’autres demandes …
Je ne pouvais pas refuser d’aider » explique Houssem. En prison, chaque personne qui ose dénoncer l’injustice est exposé à la punition. « Personne ne doit contester l’autorité de la punition. Tous les moyens deviennent légitimes pour soumettre ta dignité à l’arbitraire du plus fort. Cette autorité, il faut le rappeler, est sacrée grâce à tout un dispositif législatif rétrograde » dénonce Houssem, qui a été ligoté pendant des jours à une barre de fer dans sa cellule. Et d’ajouter :
La prison est la première fabrique d’extrémistes et de malades mentaux. Vous ne pouvez pas vivre entre les murs de la prison sans perdre espoir dans le genre humain. Parfois, je pense que les chiens qu’on lâche sur nous sont plus cléments que les hordes de gardiens qui nous contrôlent.
Le récit de Houssem est émaillé de silences mais aussi de semblants d’anecdotes qu’il nous livre non sans amertume, « Les prisonniers n’ont le droit qu’à une seule chaîne de télévision ; une chaîne indienne qui diffuse des feuilletons sans sous-titrage. À force de la regarder, les prisonniers parlent couramment le hendi. Une fois, un prisonnier de longue date a écrit une lettre au directeur de la prison en hendi pour lui exprimer sa gratitude de lui avoir donné la chance d’apprendre une nouvelle langue ».
En plus de la torture physique, il existe des méthodes de torture morale. « Dans la salle d’attente, les matons torturent les prisonniers qui manifestent le moindre signe de résistance. Le sol de cette pièce est souvent couvert de sang. Ce n’est pas par hasard que les geôliers l’ont choisi pour accueillir les visiteurs.
Le message doit être clair et fort. Les prisonniers ne sont pas isolés dans leur torture. Leurs familles sont autant exposées aux violences et aux traumatismes ». Quelle impression la prison laisse-t-elle ? « On apprend à avoir peur des murs, de son ombre et de ses propres songes. Gare à celui qui cogite en dehors des cadres et de l’ordre établi. Celui qui s’aventure à critiquer le système est neutralisé par les opprimés eux-mêmes. Une fois entre ses murs, il est impossible de vivre dehors. On oublie comment marcher, comment interagir avec autrui et on oublie même comment lever les yeux » conclut Houssem.
Depuis novembre 2016, la loi a inclus son usage récréatif dans huit Etats américains où la plante était seulement autorisée pour un usage thérapeutique. Notre reporter est allé enquêter du côté de San Francisco et des montagnes de l'Oregon afin de humer l'ambiance. Tantôt studieuse, tantôt «high», mais toujours fructueuse.
Dans l’Ouest américain, des plantations de chanvre de variétés diverses. Alena Paulus
A San Francisco, comme dans toute la Californie, le cannabis à usage thérapeutique était déjà légal depuis 1996. Mais ce 8 novembre 2016, jour de l'élection présidentielle, le «Golden State» s'est prononcé pour une légalisation totale, c'est-à-dire l'autorisation aux majeurs de plus de 21 ans de produire, consommer et vendre (avec une licence) la fleur de cannabis.
Malgré le coup de massue que provoque l'arrivée d'un président populiste et de son administration ultraconservatrice, les anti-prohibition ont pu crier victoire. Car la fumette pour le plaisir est maintenant légale; plus besoin de se cacher.
La Californie est le cinquième Etat à autoriser la pleine légalisation du cannabis, après le Colorado, l'Oregon, l'Alaska et l'Etat de Washington. Même vote favorable en Arizona, au Nevada et au Massachusetts. D'autres ont approuvé son usage thérapeutique (Arkansas, Floride,Montana et Dakota du Nord). Que l'on ait voté démocrate ou non, il semble que le pays tout entier puisse se voir sous peu doté d'une loi fédérale, c'est-à-dire une légalisation totale sur l'intégralité du territoire des Etats-Unis. La Californie était un enjeu majeur: il s'agit de l'Etat le plus peuplé, dont le PIB est supérieur à celui de la France.
C'est en effet dans la région de San Francisco que sont concentrées toutes les grandes entreprises des nouvelles technologies. Une des conséquences néfastes de cette arrivée massive des «tech people», pourtant rapidement adaptés à la «positive attitude», est que leur nombre (100000 en seulement trois ans!) fait grimper les loyers. La population bohème doit quitter la ville, direction Oakland, de l'autre côté de la baie, ou migrer à la campagne.
Amy est une survivante de cet esprit hippie freaky à la californienne. La quarantaine avenante, le regard clair, les cheveux blonds en dreadlocks ramassés dans un chignon, sans maquillage, le teint hâlé et une vivacité de baroudeuse, elle exerce dans son domaine de prédilection : le cannabis. Elle sait le planter, le récolter, le trier («trimming»), le cuisiner et le vendre. La vie à San Francisco n'a pas été facile ces dernières années, mais Amy va enfin pouvoir mettre ses projets à exécution: gérer sa propre plantation.
Le «weed business» est en route, et son marché est estimé à plusieurs milliards de dollars. En Oregon, la culture du cannabis est légale depuis 2014. Avec Amy, nous allons donc observer de plus près une véritable plantation. Mieux: nous allons nous y intégrer et travailler parmi les «trimmigrants», ces saisonniers dévolus au tri.
Entre les mains des trimmers, la plante passera du stade d'arbuste sec et feuillu à celui de fleur de cannabis, verte, orangée ou violette suivant l'espèce, bien lissée et compacte, prête à être empaquetée. Le travail dans ces fermes-plantations est réputé dur, mais lucratif. Des "hippies with machines guns"
Nous quittons la baie de San Francisco dans un van qu'auraient approuvé les Freak Brothers, célèbres personnages de BD. Passé le mont Shasta et ses neiges éternelles, nous arrivons le soir dans les montagnes sauvages de l'Oregon. La ferme est isolée, loin des regards malveillants ou envieux, plantée au milieu d'un cirque de sommets. On y entend à la nuit tombante les hurlements des coyotes. Amy et moi sommes accueillis chaleureusement par Jeff, le propriétaire, âgé d'une quarantaine d'années.
En fils de la génération Nirvana, il affiche une immuable «cool attitude» et écoute toujours du gros son. Ses guitares de collection sont accrochées aux murs. Mais il nous montrera aussi un autre arsenal: celui de ses revolvers de poing, fusil à lunette et fusils M16. De quoi dissuader les visiteurs importuns. Question sécurité, on peut aussi faire confiance à Max, un bulldog américain de 50 kilos, tous muscles saillants, qui ne quitte pas son maître.
Rapidement, la vie chez ces «hippies with machine guns» s'organise autour du travail.Le «trim» est une tâche minutieuse qui se joue au cheveu près. Dans un garage exigu plein de bacs, de gros sacs en plastique, de bocaux et de sachets en papier, les quelques personnes assises, munies de ciseaux, découpent d'un geste rapide et précis tout ce qui pourrait parasiter l'éclat et la rondeur d'une fleur de cannabis.
On m'initie à la technique particulière appliquée à la Kush It, qui doit être débarrassée de ses feuilles vert foncé, pour bien laisser apparaître la fleur au vert moussu constellé de taches rouillées. Le coup de ciseaux doit être précis et rapide. Les heures de travail sont au choix de chacun, car c'est au poids que l'on est payé. Une journée normale de trimming est de douze heures... Le tarif standard est de 150 dollars le demi-kilo mais chacun sait qu'il peut gagner jusqu'à 400 dollars par jour s'il est véloce et endurant. Pour les meilleurs, rompus à l'exercice, un tel job saisonnier, qui peut s'étaler sur trois mois, leur permettra de voyager tout le reste de l'année.
Autour de moi, une poignée de personnes «trimment» assidûment. Amy commence à bien remplir son sac de têtes impeccablement taillées... Il y a aussi deux «freaks» itinérants arrivés de l'Etat de Washington, d'autres de La Nouvelle-Orléans pour la «weed season» dans l'Ouest, et deux Canadiens venus en Oregon pour apprendre le fonctionnement d'une ferme, afin d'en monter une chez eux dans l'Alberta où la légalisation est aussi en marche.
J'ai de la chance, Amy nous a introduits dans une ferme familiale où l'on est nourris et où l'on peut se doucher dans une vraie salle de bains. Car, un peu partout dans l'Ouest, des «guerilla farms», des fermes tenues par des propriétaires sans scrupules, attirent des saisonniers contraints de vivre dans une plantation sans eau chaude ni électricité, et qui doivent apporter leur propre nourriture.
On y «trimme» paraît-il toute la journée à trente personnes sous une tente géante, les pieds dans la boue. Chez Jeff, sous les néons du garage, l'atmosphère est détendue et bon enfant. Ça discute fort et la musique est bonne. C'est le jour de Halloween, et la station de radio WWOZ programme des séries de blues à tomber par terre... C'est juste à ce moment-là que je commence à me demander combien de temps on peut tenir ainsi, à sept personnes qui ne se connaissent pas ou peu, dans ce garage de 12 mètres carrés, douze heures par jour, où les seuls instants de détente consistent à fumer des «spliffs» sous les rayons automnaux du soleil de l'Oregon!
Le deuxième matin, à mon réveil, encore sous l'influence de mon dernier joint, je me vois «trimmer» la montagne avec mes ciseaux endiablés... Elle m'apparaît comme une fleur de cannabis géante! On en arrive à perdre un peu certaines notions. Comme celle du temps, par exemple. Un subtil phénomène d'hypnose commence à opérer. Le «trim» est minutieux, répétitif et l'atmosphère chargée en cannabis!
Une adaptation est nécessaire, mais, passé les premières 24 heures, plutôt «stupéfiantes», on est amené à réaliser qu'il ne reste d'autre choix que de ranger ses vieilles habitudes, faire confiance au groupe et se laisser aller au «mood» collectif. Bon esprit. «No bullshit!» Le travail doit être pris très au sérieux mais ne jamais oublier d'être relax. Et alors tout roule... Malgré les gants en plastique, la poussière de cannabis est partout
Pour ces Américains, mais aussi ces Canadiens, la musique n'est pas qu'un fond sonore, elle est dans les gènes. L'incroyable collection de rock, blues, jazz et autres sons du patrimoine rythme nos journées. Malgré les gants en plastique, la poussière de cannabis est partout: sur les tables, le sol, sous les ongles, à l'état de poudre ou de résine. Les doigts sont tellement collants qu'il devient impossible d'allumer son spliff de détente: le briquet ne répond plus! Les poignées de porte sont protégées par des manchons en plastique, et le protocole vestimentaire est strict: dans la maison se trouvent des tout-petits, alors pas d'herbe ni de poussière de cannabis à l'intérieur. Pour entrer il faut se déchausser et changer de vêtements.
Kathy, la femme de Jeff, qui gère également le lieu, déambule dans le «garden» un bébé posé sur une hanche, un petit à la main. Dans ce grand potager exotique sont plantés (sous surveillance vidéo) la cinquantaine de pieds de cannabis de la ferme, devenus de véritables arbres de 2,50 mètres de hauteur et qui produiront plusieurs kilos de fleurs chacun. Kathy s'inquiète des récentes pluies tombées massivement après une floraison tardive due à la sécheresse.
Elle vérifie le séchage des pieds déjà coupés, décortique le travail des trimmers et les conseille. Elle et Jeff, qui n'ont monté cette ferme qu'au printemps dernier, prévoient déjà d'en créer une nouvelle dans les prochains mois, plus au nord. Jeff promène son bulldog de concours. Il m'explique que bientôt les banques vont accepter l'argent de la production du cannabis: la ferme pourra enfin fonctionner comme une vraie entreprise. Car, en attendant une loi à l'échelle fédérale, les banques n'ont pas pris de risques. Jeff n'a pas le choix: il s'en tient au cash, de grosses quantités de cash. Et, bien sûr, il faut pouvoir le protéger. Les taxes de l'Etat destinées à la recherche et à la prévention des drogues dures
Le business est bon. Depuis le 8 novembre, il est possible et légal en Californie d'acheter 28,5 grammes de marijuana pour des activités récréatives. On peut aussi faire pousser six plants, dont la revente est autorisée (avec une licence et une taxation plus douce qu'ailleurs, à 15%). Pour l'Etat de Californie uniquement, on estime à 1 milliard de dollars la recette fiscale annuelle. Une somme destinée à la recherche et à la prévention des drogues dures.
Au final, l'herbe vendue dans les magasins officiels coûtera plus cher que celle de la rue, mais elle sera le produit d'un circuit «vertueux», avec des contrôles sanitaires rigoureux et des impératifs légaux qui généreront des bénéfices pour la communauté et créeront des milliers d'emplois. Amy, comme beaucoup d'autres issus du monde alternatif - militants prolégalisation, écologistes, pacifistes, anciens producteurs plus ou moins légaux -, a bien l'intention de prendre sa part du gâteau, tout en continuant de pratiquer un mode de vie tourné vers le naturel.
Ce lifestyle issu de la culture hippie, à contre-courant de la consommation industrielle, faisait partie de ce que l'on appelait jadis « la contreculture » ! Alors, peut-on parler d'un renouveau de cet esprit des sixties et des seventies ? Oui, avec cette nuance que les babas cool d'aujourd'hui ont des armes à feu et le sens des affaires ! Il est curieux, d'ailleurs, de remarquer que c'est dans la région de San Francisco, autrefois haut lieu de cette culture hippie, que s'est installé le bastion des entreprises de haute technologie, la Silicon Valley, dont certains des grands noms se sont revendiqués de cette mouvance des années 1960 !
Aujourd'hui, la Californie de la réalité virtuelle, celle de Facebook, Google, Apple, Uber et autres qui continuent de révolutionner nos modes de vie, ne voit aucun inconvénient à soutenir la légalisation du cannabis. Au contraire, Sean Parker, président de Facebook, un des hommes les plus puissants du secteur, aura été l'un des plus gros contributeurs de la promotion de la légalisation. Dans la ferme, les blagues fusent, la cool attitude règne
Alors, le cannabis pourrait-il être la plante du futur ? Certains tirent le signal d'alarme : des études sanitaires montrent que son abus peut aggraver des cas de psychose ou de paranoïa. Dans la ferme, rien de tout ça, pas la moindre trace d'irrationalité. Tout est fait pour que le travail soit performant et la vie commune, agréable. Bizarrement, les journées passent vite.
On se concentre sur le travail du tri et de la coupe, stimulé par le gros son soul et rock. Les blagues fusent, la cool attitude règne... On nage dans l'euphorie! Bientôt, ces dizaines de kilos de cannabis de variétés diverses - Kush It, Blueberry, Royal Hawaiian ou Black Bull - seront exposées sur des étagères de boutiques-officines garantissant la qualité du produit, et des spécialistes conseilleront leurs clients sur les vertus des différentes espèces. Ça fait rêver... ou ça inquiète, au choix.
Dans le même temps, on s'apprête à libérer des milliers de prisonniers autrefois jugés pour des délits liés à la consommation.Une bonne nouvelle pour le système pénitentiaire américain saturé par le surpeuplement carcéral. De plus, la levée de la prohibition renvoie les organisations mafieuses, de type cartels mexicains, dans les cordes; de ceux-là, on ne comptait plus les victimes.
Tant que la Californie était limitée à l'usage thérapeutique, elle restait dans un flou juridique qui laissait les producteurs en situation de vulnérabilité. Un scénario idéal pour les vendettas: on a fini par compter quelques meurtres dans certaines fermes californiennes. Les autorités se devaient d'adopter une attitude plus pragmatique. Le cannabis aux Etats-Unis était autrefois un problème moral, puis il est devenu un problème sociétal. Aujourd'hui, c'est un investissement, tout simplement. Bientôt la légalisation au Canada
Au Canada, où l'on s'attend à une légalisation totale au printemps 2017, l'Etat forme à l'avance des apprentis à la production et au commerce du cannabis. L'argument principal du gouvernement Trudeau étant qu'ainsi les profits échapperont aux mains des criminels. Pour un pays peu peuplé comme le Canada, on estime le marché à plusieurs milliards de dollars par an avec des milliers d'emplois à la clé. Le rêve américain a beau être plus ou moins désenchanté, il va quand même virer un peu psychédélique...
Lire aussi.Cannabis: la ruée vers l'or vert
Dans mon bunker cannabique, nulle angoisse si ce n'est celle, furtive, de voir surgir sur le terrain, un gros chat type lynx ou cougar ou, pire, un ours affamé. Les craintes de Kathy concernant la mauvaise météo sont infondées : la récolte sera excellente cette année pour une petite exploitation comme celle du couple. Une production parfaitement bio et de très bonne qualité. J'essaie de me débarrasser du pollen qui a envahi mes vêtements, ma peau et mes cheveux.
Rien qu'en me curant les ongles j'aurais de quoi invoquer quelques éléphants roses. La vie d'un trimmer n'est pas désagréable, s'il se trouve dans les bons circuits. Jeff me demande si je reviendrai l'année prochaine. N'est-ce pas une expérience qu'on ne fait qu'une fois dans une vie, un peu comme les catacombes de Paris ? Sur les plateaux boisés de l'Oregon, on vit dans l'harmonie, entre réalités pratiques et babas cool... with machine guns ! A quand des fermes à cannabis en France ? L'usage thérapeutique du cannabis : règles précises
Il est légal dans 28 Etats américains, plus la capitale, Washington D.C. L'obtention de son autorisation est plus ou moins aisée selon les différentes législations. Mais, quel que soit l'Etat concerné, un médecin n'est pas habilité à en prescrire. Il ne peut qu'en recommander la consommation. Le patient fera alors la demande d'une carte d'identité de malade traité au cannabis (Medical Marijuana Identification Card). Celle-ci obtenue, il peut alors acheter légalement le produit dans une des officines de sa ville.Dans certains Etats, comme le Kentucky ou le Tennessee, l'usage est limité au traitement de l'épilepsie ou de la sclérose en plaques.
La teneur en THC de ce cannabis (l'élément qui fait «planer») y sera très réduite ou inexistante.Dans l'Illinois, le Nouveau-Mexique ou la Californie, par exemple, la tolérance est plus grande quant aux symptômes à traiter: douleurs musculaires, nausées, anxiété ou stress, sans limitation de teneur en THC. Une fois muni de sa carte médicale et de papiers d'identité (car il faut impérativement être majeur pour en bénéficier), on se voit proposer une gamme entière de produits cannabiques. Les maladies souvent réactives à un traitement au cannabis sont le cancer, les douleurs chroniques, articulaires, musculaires, la dépression, le glaucome, les migraines, l'insomnie, les scléroses et les nausées.
Chaque malade se voit recommander une espèce adaptée à son cas. Il a toutefois le choix de son produit, mais ne peut acheter que quelques grammes à chaque visite.
Lire aussi.Interdire le cannabis freine-t-il son usage?Attention c'est une drogue!
Même pour un usage thérapeutique, le cannabis reste interdit aux mineurs car on connaît ses effets délétères sur un cerveau en formation. Les autorités américaines et canadiennes précisent qu'il contient des substances qui peuvent « altérer le fonctionnement du cerveau et du système nerveux, et perturber la concentration, la prise de décision ou le temps de réaction de l'individu ».
Conséquence : les capacités motrices sont réduites, notamment dans le cas de conduite d'un véhicule. De plus, le cannabis est aussi susceptible d'accroître l'anxiété, de causer des crises de panique et, dans certains cas, de provoquer hallucinations et paranoïa. Sa consommation ne doit surtout pas avoir lieu en présence d'enfants.
Des poursuites judiciaires ne seront lancées à l'égard des contrevenants, après la 4è interpellation
Amsterdam flaunts its cannabis cafes and Barcelona its private reefer clubs, but neither the Netherlands nor Spain were among the top eight nations in which teens admitted they had used cannabis in the last 30 days, according to the study
Miguel Schincariol (AFP/File)
Le gouvernement israélien a officiellement approuvé dimanche la dépénalisation de la consommation de cannabis, faisant de l'Etat hébreu, déjà à la pointe de la recherche concernant l'utilisation médicale de la marijuana, le premier pays au Moyen-Orient ou en Afrique à dépénaliser cette substance.
Selon la proposition rédigée par les ministères de la Sécurité publique et de la Justice, tout individu interpellé consommant de la marijuana dans un lieu public recevra une amende, et ne fera pas l'objet de poursuite judiciaire.
Les personnes commettant cette infraction pour la première fois feront l'objet d'une amende de 270$ (1.000 shekels). L'amende sera doublée lors de la deuxième infraction. Une troisième infraction entraînera une liberté conditionnelle. Des poursuites seront lancées contre le réciviste à la quatrième interpellation.
L'argent provenant des amendes sera reversé aux campagnes de sensibilisation antidrogues. Le ministre de la Sécurité publique Gilad Erdan, qui a initié la proposition, a déclaré que "l'approbation du gouvernement est une étape importante sur la façon de mettre en œuvre cette nouvelle politique, qui mettra l'accent sur l'information et le traitement plutôt que la répression".
An Israeli agricultural engineer inspects marijuana plants at the BOL (Breath Of Life) Pharma greenhouse in the country's second-largest medical cannabis plantation, near Kfar Pines in northern Israel Jack Guez (AFP)
Un comité interministériel va par ailleurs être créé pour proposer des amendements et des règlements à la réforme ainsi que pour superviser les changements nécessaires à sa mise en œuvre.
La présidente du Comité spécial de la Knesset sur la toxicomanie et l'alcoolisme, Tamar Zandberg, du parti de gauche Meretz, a déclaré que "c'est une étape importante, mais ce n'est pas fini. Cette avancée envoie le message important que le million d'Israéliens qui consomment du cannabis ne sont pas des criminels. Nous allons continuer à suivre les détails au sein du comité et veiller à ce que les changements soient mis en œuvre."
Israël est déjà un leader dans la recherche sur l'utilisation médicale du cannabis, les producteurs collaborant avec des institutions scientifiques pour effectuer des essais cliniques et développer des souches de cannabis visant à traiter une série de maladies. L'an dernier, les médecins israéliens ont prescrit du cannabis médical à environ 25.000 patients souffrant de cancer, d'épilepsie, de stress post-traumatique et de maladies dégénératives.