L’Uruguay commençait ce mercredi à vendre en pharmacies du cannabis pour un usage récréatif, sous contrôle de l’État, une première au monde.
L'Uruguay commençait ce mercredi à vendre en pharmacies
du cannabis pour un usage récréatif, sous contrôle de l'État,
une première au monde. | AFP
Pour l’heure, seules 16 officines dans tout le pays de 3,4 millions d’habitants devaient commencer à distribuer cette drogue douce. L’État n’est pas parvenu à trouver un accord avec les grandes chaînes de pharmacies. L’emplacement de cette poignée d’établissements, jusqu’ici tenu secret, devait être dévoilé au tout dernier moment, dans la nuit de mardi à minuit. Le cannabis sera vendu au prix de 1,30 dollar le gramme, chaque personne inscrite au préalable sur les registres de consommateurs pouvant en acheter au maximum 10 grammes par semaine.
Trois façons de s’en procurer
Le calendrier de début de la vente de cannabis en pharmacies était un des points d’achoppement de la loi sur le sujet voté en 2013, sous la présidence de José Mujica (2010-2015). Ce texte avait légalisé trois façons de se procurer du cannabis : culture à domicile pour la consommation personnelle, appartenance à un club cannabique pour planter de manière coopérative, et achat de marijuana en pharmacie sous le contrôle de l’État. Les deux premiers volets ont déjà été mis en pratique, mais celui de la vente en pharmacies, qui suscitait notamment de nombreuses réticences chez ces dernières, a été plusieurs fois repoussé.
Deux types de cannabis commercialisés
Selon les dernières données de l’IRCCA, près de 5 000 personnes se sont enregistrées depuis le 2 mai sur les registres de consommateurs. Lundi, la Commission nationale des drogues (JND, Junta nacional de drogas) a publié sur son compte Twitter @jnduruguay le type de conditionnement, semblable aux pochettes renfermant les sachets de thé individuels.
Voir la pièce-jointe : 2017-07-19_10h50_45.png
Deux types de cannabis seront commercialisés, l'« Alfa I », avec une prédominance de Indica, et le « Beta I », avec une prédominance de Sativa. Sur l’emballage on pourra également lire le pourcentage de THC (tétrahydrocannabinol), la principale substance à effets psychotropes de la marijuana, ainsi qu’un « avertissement » et des « recommandations » pour son usage.
La légalisation du cannabis à des fins récréatives entrera en vigueur le 1er juillet 2018 au Canada. En attendant, la bataille pour la production a commencé et les producteurs des fruits et légumes espèrent avoir droit à leur part du gâteau. Contribuer à la réflexion
Un employé de l’entreprise Tilray arrose des plants
de cannabis qui sont produits à des fins de consommation médicale.
Photo Credit: Entreprises Tilray
Les producteurs en serre du Québec ont fait part de leur volonté de contribuer à la réflexion qui aboutira à l’élaboration de la loi sur l’utilisation du cannabis à des fins récréatives au Canada. Le projet de loi a été déposé en avril dernier par le gouvernement fédéral et le Québec a lancé des concertations publiques sur la question. Son projet de loi-cadre sera déposé à l’Assemblée nationale dans quelques mois.
Les producteurs en serre du Québec veulent apporter leur pierre à l’édifice. Dans un entretien avec Alice Chantal Tchandem, le président, André Mousseau, a précisé qu’il s’agit de faire des propositions pour s’assurer que la production sera de qualité.
La production ne doit pas être la seule affaire de grands groupes financiers
Le marché de la marijuana à des fins récréatives s’annonce particulièrement lucratif, avec une demande de plus en plus importante.
Un constat qui fait dire à M. Mousseau que sa légalisation devrait bénéficier à toutes les entreprises serricoles de la province, peu importe leur envergure et leur créneau de production. Plusieurs de ces entreprises ont d’ores et déjà manifesté leur intérêt pour cette production, mais André Mousseau a peur que le marché de la production et de la commercialisation soit contrôlé par deux ou trois grands groupes financiers pour desservir l’ensemble du pays.
« Les Producteurs en serre du Québec sont d’avis que l’encadrement adéquat de la production de cannabis devra se faire en considérant l’expertise diversifiée des entreprises serricoles oeuvrant déjà à la production conventionnelle ou biologique de légumes, fruits et végétaux d’ornement. En effet, ces dernières ont développé au fil des années des compétences considérables en matière de techniques de production diversifiées, de contrôle de la qualité, de recherche et développement, de traçabilité et de respect des lois et règlements. »
Le gouvernement uruguayen annoncera "sous peu" la date exacte du début de la vente de cannabis en pharmacies, prévue initialement pour le mois de juillet, a annoncé une source officielle à l'AFP jeudi.
Le gouvernement uruguayen devrait annoncer "sous peu"
la date de début de la vente de cannabis en pharmacies
MIGUEL MEDINA / AFP
"Nous travaillons pour que soit respecté le calendrier initial", a déclaré cette source, en réponse à des informations de presse selon lesquelles le début de la vente serait repoussé au delà de juillet, en raison de "problèmes logistiques". De même, une des principales chaînes de pharmacies du pays aurait décidé de faire arrière et aurait renoncé à s'inscrire sur le registre officiel des officines qui vendraient donc ce produit. Si plusieurs médias uruguayens avaient avancé la date du 19 juillet, ce haut fonctionnaire a insisté sur le fait que celle-ci "n'avait rien d'officiel", rappelant que le gouvernement avait toujours parlé d'un début de la vente vers la mi-juillet approximativement.
"Nous n'avons pas encore la date exacte, mais elle sera communiquée sous peu, avec la liste des pharmacies et le formulaire à remplir", a-t-il ajouté. Le calendrier de début de la vente de cannabis en pharmacies est un des points d'achoppement de la loi sur le sujet votée en 2013, sous la présidence de José Mujica (2010-2015).
Cette loi avait légalisé trois façons de se procurer du cannabis: culture à domicile pour la consommation personnelle, appartenance à un club cannabique pour planter de manière coopérative et achat de marijuana en pharmacie sous le contrôle de l'Etat. Les deux premiers volets ont déjà été mis en pratique, mais celui de la vente en pharmacies, qui suscitait notamment de nombreuses réticences chez ces dernières, a été plusieurs fois repoussé. Selon l'Institut d'Etat de régulation et de contrôle du cananbis (IRCCA), environ 4.700 personnes se sont enregistrées depuis le 2 mai sur les registres de consommateurs, sur 3,4 millions d'habitants au total.
Près d'un an après la légalisation de l'usage thérapeutique du cannabis en Australie, le pays commence à développer son industrie, estimée à 65 millions d'euros, mais les patients rencontrent encore des difficultés à se faire prescrire la drogue.
Invoquant un ordre divin, les habitants de ce village du nord-ouest de l’Inde ont décidé de ne plus accueillir de touristes. Ces derniers menaceraient les coutumes locales en véhiculant une culture étrangère, rapporte le Hindustan Times.
L'architecture traditionnelle du village de Malana. MyLoupe / Contributeur, Getty images
À Malana, les touristes se bousculent pour apprécier l’un des meilleurs hashish du monde. Dans ce village isolé du nord-ouest de l’Inde, dans l’état d’Himachal Pradesh, des artisans confectionnent le Malana Cream, une variété de cannabis frottée à la main qui fait le bonheur des amateurs de drogues aux quatres coins du monde. Mais ce juteux business – la substance se vend 250 dollars pour 11 grammes – devrait considérablement ralentir : les touristes ne sont plus les bienvenus à Malana.
Des villageois réunis en un parlement bicaméral ont en effet décidé de fermer l’accès du village aux étrangers, sur ordre divin, raconte le Hindustan Times, mardi 11 juillet. Les touristes sont accusés de menacer la culture et les traditions de Malana.
"Le dieu Jamlu ne veut qu’aucun villageois ne loue sa propriété"
Voir la pièce-jointe : 2017-07-12_09h12_05.png
Pour en arriver à cette décision, le parlement a invoqué le dieu Jamlu, par l’intermédiaire d’un oracle. Et d’après ce dernier, Jamlu ne porte pas vraiment les pratiques des touristes dans son cœur. "La divinité ne veut qu’aucun villageois ne loue sa propriété comme une maison d’hôte et un restaurant", rapporte Bhagi Ram, gouverneur de Malana au Hindustan Times. "Il a interdit à chacun de faire cela et ceux qui violeront ses ordres verront s’abattre sur eux sa malédiction."
Protéger sa culture face au tourisme de la drogue
Selon le récit local, le peuple malanais, qui parle son propre dialecte et ne reconnaît pas l’autorité du gouvernement indien, descend de l’empereur Alexandre Le Grand. Appartenant à la caste des kshatryas – celle des guerriers, la plus noble après celle des brahmanes–, ils se perçoivent comme un peuple sacré et refusent tout contact avec un étranger ou membre d’une caste inférieure. L’endogamie y est donc généralisée et a contribué à l’isolement des Malanais qui ont longtemps vécu de la fabrication artisanale de produits en chanvre. Avant que la culture et le commerce de cannabis y soient importés par des étrangers dans les années 1970. Depuis, l’ouverture au monde et aux nouvelles technologies n’a cessé de se développer pour faire planer dans les esprits la menace d’une dilution des traditions locales.
Mais les habitants reprochent aussi aux étrangers d’avoir contribué à bâtir une image tronquée de Malana en l’associant exclusivement au cannabis. En février dernier, le village avait ainsi interdit les photos : les clichés pris par les visiteurs étaient perçus par les locaux comme caricaturaux, réduisant trop souvent Malana à un hub du trafic de drogues.
Le gouverneur du Nevada a approuvé un état d'urgence déclaré pour la réglementation récréative de la marijuana, après que l'autorité fiscale de l'État a déclaré que de nombreux magasins manquaient d'herbe.
La Commission de la taxe de Nevada a déclaré dans un communiqué qu'il examinerait les règlements d'urgence le 13 juillet pour fournir une structure pour la distribution de la marijuana aux détaillants. Cela permettrait aux grossistes d'alcool d'entrer dans l'entreprise de marijuana.
"Selon les rapports sur les ventes de marijuana pour usage adulte, dépassent déjà les attentes de l'industrie dans les 47 magasins de marijuana au détail sous licence autorisés de l'État, et la réalité que beaucoup de magasins manquent de stocks, le Ministère doit immédiatement aborder le manque de distributeurs", la déclaration m'a dit. "Certains établissements signalent le besoin de livraison dans les prochains jours".
Le problème de la distribution est au centre d'une lutte juridique entre l'État et l'industrie des alcools du Nevada, qui a poursuivi pour entrer dans l'entreprise. Le Nevada a actuellement fait appel devant la Cour suprême de l'État. L'autorité fiscale a affirmé que la plupart des grossistes d'alcool ayant demandé à distribuer de la marijuana n'ont pas encore satisfait aux exigences d'être autorisés.
«Les propriétaires d'entreprises de cette industrie ont investi des centaines de millions de dollars pour créer des installations à travers l'état. Ils ont embauché et formé des milliers d'employés supplémentaires pour répondre aux exigences du marché. À moins que le problème avec la licence des distributeurs soit résolu rapidement, l'incapacité Pour livrer des produits aux magasins de détail, beaucoup de ces personnes perdront leur emploi et mettront ce marché naissant à un arrêt brutal. Une halte sur ce marché entraînera un trou dans le budget scolaire de l'État ", a déclaré le département dans son communiqué .
Les électeurs ont approuvé la marijuana récréative en novembre. Les ventes ont débuté le 1 er juillet et, au cours du premier week-end, la Nevada Dispensary Association a déclaré que les ventes se chiffraient à environ 3 millions de dollars.
Près de l'Utah, West Wendover est actuellement en train de rédiger une ordonnance pour la vente de marijuana. Mesquite a récemment voté pour permettre des ventes récréatives à son dispensaire seul.
Source : http://fox13now.com/2017/07/10/nevada-running-out-of-weed-state-of-emergency-declared/ (Si c'est FoxNews ce n'est donc pas une Fakenews comme dirait l'Agent Orange)
Parfois surnommée « le 51ème Etat américain », l’île, au bord de la faillite, a légalisé le cannabis à usage médical dans l’espoir de se redresser.
C’est un marché qui pourrait rapporter 50 millions de dollars de recettes par mois. Ricardo Rossello, le gouverneur de Porto Rico, en semble en tout cas persuadé. Il a signé dimanche 9 juillet une loi permettant aux patients souffrant de cancer, fibromyalgie et d’autres pathologies de ne pas être poursuivis s’ils détiennent du cannabis ou des produits dérivés. « L’interdiction de l’usage récréatif reste en vigueur », a rappelé le gouverneur. Mais la rentrée d’argent attendue dans les caisses de l’Etat pourrait aider l’île des Caraïbe, écrasée par 70 milliards de dollars de dettes. M. Rossello a demandé à ce Porto Rico soit déclaré en situation de faillite en mai dernier. « Nous avons travaillé afin de créer un cadre légal efficace pour les patients et le secteur du cannabis à usage médical », a déclaré le gouverneur en promulguant le texte, produit de débats houleux à l’Assemblée législative. Une décision qui pourrait créer 50 000 emplois
10% des impôts prélevés sur les ventes iraient financer le centre de traumatologie de l’hôpital public de Porto Rico, menacé par les coupes budgétaires drastiques prévues pour assainir les finances de l’île de 3,5 millions d’habitants. D’autre part, la moitié des fonds récoltés par les amendes - imposées notamment aux vendeurs non autorisés - sera destinée à l’université publique de Porto Rico qui risque de voir son budget réduit de près de moitié d’ici 2021. Outre ces revenus additionnels, le gouverneur espère que le nouveau secteur du cannabis à usage médical permettra de créer quelque 50 000 emplois où la pauvreté règne et dont le taux de chômage atteint 12,3%.
Porto Rico n’est pas un Etat américain mais il est considéré comme un territoire américain. Il n’est pas la seul à capitaliser sur un produit lontemps condamné. En novembre 2016, en parallèle de l’élection présidentielle, la Floride, l’Arkansas et le Dakota du Nord ont tous les trois voté pour la légalisation de la marijuana à usage médical. D’autres Etats comme la Californie, le Colorado ou Washington ont déjà légalisé la consommation de marijuana à usage récréatif.
Le développement de la culture du cannabis entraîne une augmentation de la consommation d’électricité. Le quotidien The Guardian s’est intéressé à l’impact sur le climat de ces cultures aux États-Unis où 33 % de l’électricité est produite à partir de gaz naturel et 30 % à partir de charbon.
Justin Calvino, cultivateur de marijuana en Californie,
obligé de gérer son business en naviguant entre les zones d’ombre
que les changements de lois engendrent / AFP PHOTO / Josh Edelson
L’usage médical et récréatif du cannabis a été autorisé ans dans certains états aux États-Unis. Selon une étude réalisée par Evan Mills, chercheur du Lawrence Berkeley National Laboratory à l’Université de Californie et membre du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), la culture de marijuana en intérieur aux États-Unis représenterait 1 % de la consommation énergétique du pays en 2011.
En effet, l’illégalité des plantations dans certaines régions conduit les producteurs à privilégier les cultures intérieures pour échapper à la surveillance aérienne. Or, la culture indoor utilise de puissantes lampes ainsi que des régulateurs de températures, des purificateurs et déshumidificateurs d’air. C’est 10 % de la consommation électrique totale des ménages en Californie, où la production est parmi les plus élevées des États-Unis, qui serait liée à la culture indoor de cannabis. La culture de l’herbe représenterait près de 10% de la consommation électrique totale des ménages en Californie, où la production est parmi les plus élevées des États-Unis.
Pour Amy Andrle, productrice dans le Colorado, « personne ne pouvait effectuer des recherches sur de nouvelles techniques d’éclairage ou autre tant que la culture du cannabis n’était pas légale, mais l’innovation possible depuis est stupéfiante. » Elle-même met en place des mesures pour réduire son empreinte écologique : utilisation des pesticides bannie, plants arrosés à la main et réductions pour les clients qui viennent à vélo.
Le Premier ministre Alexis Tsipras a annoncé lors d’une conférence de presse que les médecins grecs pourraient désormais prescrire l’usage du cannabis à des fins médicales. Ainsi, après la République tchèque, la Finlande, les Pays-Bas, le Portugal et l’Espagne, la Grèce devient le sixième pays de l’UE qui opte pour la légalisation de la marijuana à des fins médicales.
Tsipras n’a dévoilé aucun détail concernant la culture et la distribution du cannabis. Le Premier ministre a confirmé que le cannabis se situerait désormais dans la classe B des médicaments, comme c’est le cas pour la méthadone et l’opium dont les vertus médicales ont été confirmées. Dans la classe A se trouvent notamment l’héroïne, le LSD et la drogue synthétique MDMA.
Une bonne nouvelle pour l’économie
Cette annonce est une bonne nouvelle pour l’économie locale car elle permet la création d’une industrie légale du cannabis. Sur l’île de Crète se trouvent toute une série de cultures illégales de cannabis. L’usage du cannabis à des fins récréatives est très répandu en Grèce, mais il est cependant rarement sanctionné. Selon le bureau d’experts Deloitte, la légalisation du cannabis au Canada aboutirait à un marché de 23 milliards de dollars par an, plus que la vente de vin, de bière et d’alcools forts confondus. Des six pays précités, seul le Portugal a admis l’usage du cannabis à des fins récréatives. Il reste à voir si la Grèce fera de même.
Les tests de salive pour détecter l’usage de drogues sur les routes sont entrés en vigueur le 1er juillet.
Les conducteurs drogués enfin contrôlés aux Pays-Bas
- Shutterstock
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les contrôles de salive pour détecter les conducteurs sous l'emprise de substances psychotropes n'avaient jusqu'à présent pas cours aux Pays-Bas. Avec un temps de retard sur nombre de leurs partenaires européens, dont la France, la loi autorisant la police à procéder à ces prélèvements n'est entrée en vigueur que le 1er juillet dernier dans le royaume.
Présentant un large spectre d'investigation, ce test de prélèvement permet de déceler aussi bien les drogues synthétiques (ecstasy, ghb) que les opiacés (cocaïne, héroïne) et ou le THC du cannabis.
Technologie améliorée
En dépit de la vente libre de petites quantités de cannabis tolérée depuis des décennies, les Pays-Bas ont remisé à plusieurs reprises ce projet. Outre la fiabilité des tests de l'époque, leur coût (de 15 à 20 euros) et leur temps de réponse (10 à 15 minutes) présentaient trop d'inconvénients. Désormais, la technologie rend ces appareils de contrôle aussi efficaces que les alcootests.
En cas de contrôle positif aux drogues, un prélèvement sanguin permettra de confirmer les substances et les quantités. Ces résultats auront la force de preuve dans le cadre des poursuites judiciaires guettant les contrevenants.
Selon les hôpitaux néerlandais, 10% des conducteurs grièvement blessés lors d'accidents de la route, se révèlent avoir consommé des substances psychotropes.
En entretenant des relations d'affaires avec les "coffeeshops", les banques et les sociétés immobilières, notamment, écoulent en toute légalité l’argent du commerce de la drogue.
Au total, 171 des 570 coffeeshops que compte le royaume
figurent dans le portefeuille des banques, pour un montant
d'emprunt de 1,1 milliard d'euros - Shutterstock
Toléré dans le royaume depuis plus de quarante ans, le commerce du cannabis se révèle aujourd'hui un rouage de l'économie néerlandaise à part entière. Parce que la vente de haschisch et de marijuana, même en petites quantités, est particulièrement lucrative, nombre d'entreprises ayant pignon sur rue entretiennent des relations d'affaires avec les propriétaires de "coffeeshops", comme s'appellent ces commerces.
Pour avoir consenti à ces établissements des prêts immobiliers qui leur rapportent, les ténors bancaires ABN Amro, ING et Rabobank écoulent ainsi en toute légalité l'argent du commerce de la drogue. Au total, 171 coffeeshops, sur les 570 que compte le royaume, figurent dans leur portefeuille pour un montant d'emprunt de 1,1 milliard d'euros, selon une enquête du quotidien "Het Financieele Dagblad".Plus de 500 millions par an perçus par le fisc
Dans l'agroalimentaire, les brasseurs Heineken ou AB InBev sont impliqués, la plupart des fois, pour des prêts accordés à des coffeeshops autorisés à vendre des boissons alcoolisées. Dans le secteur semi-public, les sociétés de gestion immobilière, dont des offices de HLM, leur consentent, elles, des baux commerciaux. Quant au fisc, il ponctionnerait plus de 500 millions d'euros par an dans les caisses des coffeeshops Cette banalisation de l'économie de la drogue a de quoi inquiéter, sachant que la production à grande échelle de cannabis aux Pays-Bas est aux mains du crime organisé qui en exporte entre 60% et 80%. Source: lesechos.fr
Le Nevada est devenu le cinquième État américain à légaliser l'usage récréatif du cannabis. Les adultes de plus de 21 ans peuvent y acheter jusqu'à 28 grammes par jour.
La légalisation de l'usage du cannabis dans le Nevada a
provoqué un afflux de consommateurs chez les revendeurs
.@ Ethan Miller / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
De longues files d'attente se sont formées samedi devant les dispensaires de cannabis du Nevada, alors que cet État de l'ouest des États-Unis est devenu le dernier en date à légaliser l'usage récréatif de la marijuana.
La légalisation du cannabis : une aubaine pour Las Vegas. Le Nevada a ainsi rejoint quatre autres États (le Colorado, l'Oregon, Washington et l'Alaska), où la vente de marijuana à des fins récréatives est autorisée. Fumer du cannabis est également légal dans d'autres États, mais reste interdit au niveau fédéral.
La vente légale de cannabis se présente comme une aubaine pour la principale ville du Nevada, Las Vegas, et devrait encore renforcer sa réputation de lieu de tous les excès pour des millions de visiteurs venus du monde entier pour ses casinos.
"Un grand changement". "Je parie que l'État se fait la jolie somme d'un million de dollar ce week-end", a tweeté le sénateur démocrate Tick Segerblom, avocat de longue date de la légalisation de cette drogue. "C'est un grand changement pour Las Vegas et le tourisme ici", a-t-il ajouté dans les pages du journal local Las Vegas Sun.
Destiny Diaz a fait la queue pendant presque trois heures devant un dispensaire de cannabis, attendant l'entrée en vigueur à minuit heure locale de la loi. "Un grand jour". "C'est un grand jour et une chose que les gens attendaient depuis longtemps", explique-t-elle au Las Vegas Sun. "Nous n'allions pas manquer ça." Selon la nouvelle législation, les adultes de 21 ans et plus peuvent acheter jusqu'à 28 grammes de cannabis par jour ou 3,5 grammes de concentré.
Fumer dans la rue ou avant de prendre la route est toujours interdit. La police de Las Vegas a dressé la liste de ce qui reste interdit : vendre à des jeunes de moins de 21 ans, fumer du cannabis dans la rue ou encore conduire après un joint.
En Thaïlande, des voix s’élèvent en faveur de la dépénalisation de la marijuana. Un basculement historique tant l’Asie du Sud-Est demeure la région du monde où la législation contre les drogues est la plus répressive.
Buntoon Niyamapha dans la Station agricole royale de Pang Da.
PHOTO : Jonas Gratzer
Nous sommes au tout début du printemps. Dans quelques semaines s’épanouira la splendide floraison des pêchers et des goyaviers dans les plantations et vergers de cette région du nord de la Thaïlande. Déjà, un petit groupe de plantes d’environ 1,50 mètre de hauteur protégées par un léger voile blanc d’hivernage exhibe leur beauté. Car c’est ici – au beau milieu d’un champ s’étendant dans une vallée proche de la ville de Chiang Mai – que poussent les premiers plants de cannabis cultivés au grand jour dans le pays depuis de nombreuses années.
Dans les années 1980, la Thaïlande était un des principaux exportateurs de cette plante aux propriétés stupéfiantes. Ce commerce a été réprimé et éliminé sur l’insistance des États-Unis, mais depuis peu les attitudes à l’égard du cannabis ont évolué dans les deux pays. Les spécimens que l’on peut voir à la Station agricole royale de Pang Da et dans les plantations commerciales environnantes ne sont que des plants de chanvre à très faible teneur en tétrahydrocannabinol (THC), le constituant psychotrope de la plante. Ils seront surtout utilisés pour leurs fibres et leurs huiles nutritionnelles.
Mais des variétés plus puissantes, cultivées à des fins récréatives aussi bien que médicales, pourraient être introduites si les projets de légalisation complète de la plante aboutissent. Cela marquerait un tournant pour l’ensemble de l’Asie, et en particulier l’Asie du Sud-Est, dont les politiques antidrogue comptent parmi les plus sévères du monde.
Prison et peine de mort
Au cours des quatre dernières décennies, l’approche mondiale à l’égard des stupéfiants a été essentiellement punitive. La tolérance zéro, des peines minimales obligatoires et l’attribution de larges pouvoirs aux forces de police ont été la norme. Pourtant, un nombre croissant de pays reconsidèrent aujourd’hui cette approche. Enfermer les consommateurs de drogue s’est révélé coûteux et inefficace. La tendance est aujourd’hui à la prise en charge et à la réduction des risques.
L’Asie du Sud-Est demeure une exception. À Singapour, les fumeurs de cannabis encourent jusqu’à dix années de prison. En Indonésie, les trafiquants sont exécutés, quel que soit leur pays d’origine ou les efforts de leurs gouvernements pour les faire libérer. Entre juin 2016 et février 2017, on estime que 7 000 personnes ont été tuées aux Philippines en raison de leur implication supposée dans le trafic de drogue. La plupart ont été abattues dans la rue, avec la bénédiction du gouvernement.
À lire aussi Philippines. La sale guerre contre la drogue de Duterte Le site de la police de Hong Kong indique que, dans cette cité-Etat, “toute personne cultivant une plante du genre cannabis […] encourt une amende de 100 000 dollars de Hong Kong [11 500 euros] et jusqu’à quinze années d’emprisonnement”. C’est la Thaïlande qui, à partir de 2003, a planté le décor de la guerre contre la drogue dans la région. Au cours des trois mois qui ont suivi la mise en œuvre des “mesures extrêmes” recommandées par le Premier ministre d’alors, Thaksin Shinawatra, pour enrayer le trafic des amphétamines, plus de 2 000 personnes ont trouvé la mort, les peines ont été durcies et les prisons submergées.
Aujourd’hui, si le pays abrite 10 % des habitants de l’Asie du Sud-Est, il compte 40 % de ses détenus [290 000 prisonniers]. Pendant ce temps, l’usage des drogues progresse. L’échec a été si patent qu’en 2016 le ministre thaïlandais de la Justice de l’époque, Paiboon Koomchaya, a déclaré que la guerre contre la drogue était perdue. Parmi les solutions qu’il a alors proposées figurait la légalisation du cannabis. L’idée était qu’en autorisant les usagers à expérimenter légalement l’ivresse d’une drogue douce, on les détournerait de l’envie d’essayer les drogues dures. Certains espèrent que cette nouvelle approche améliorera la santé du pays et boostera le tourisme médical.
“Robin des bois du cannabis”
Le domicile de Buntoon Niyamapha, dans la capitale, Bangkok, est un laboratoire de drogue décoré d’affiches de Walt Disney. La Belle et la Bête et Rox et Rouky semblent contempler une table couverte de petits flacons médicaux en verre que la sœur et la femme de Buntoon emplissent d’huile de cannabis à l’aide de pipettes. Dans une autre pièce, Buntoon nous montre une pâte sombre séchant dans une casserole à proximité d’un ventilateur parmi tout un appareillage de laboratoire. “Du THC pur”, dit-il fièrement. Il a perfectionné sa méthode d’extraction depuis 2012, date à laquelle on a diagnostiqué à sa sœur Kamootpon un cancer de la paroi utérine. Il l’a d’abord persuadée de boire de l’eau chaude dans laquelle infusaient des bourgeons de marijuana. (Les termes cannabis et marijuana peuvent être indifféremment utilisés.)
J’étais morte de peur jusqu’à ce que mon frère me fasse lire des études en ligne”, se souvient-elle. Le cancer a disparu, mais Kamootpon continue à se mettre chaque soir une goutte d’huile sous la langue. “Je sens que ça me fait du bien et je dors beaucoup mieux”, ajoute-t-elle. Pour Buntoon, qui aime le fumer, le cannabis n’est plus seulement récréatif – c’est devenu une vocation. Il fait cuire deux à trois kilos de plante par jour et donne l’huile qu’il en tire à “au moins 200 personnes” qui en ont besoin. “C’est de la charité, pas du business, souligne-t-il. Je suis le Robin des bois du cannabis.” Cette joyeuse bande forme un groupe d’adeptes enthousiastes de la marijuana médicale dont l’influence ne cesse de s’étendre.
En quelques années, ils sont passés du statut de marginaux à celui d’organisateurs de séminaires en présence de représentants du gouvernement. Parmi les participants à ces rencontres, on trouve toujours un groupe de convertis qui témoignent des effets positifs que la plante a eus sur eux. En 2002, on a diagnostiqué à Nivate Pipatanatiganant un cancer de l’intestin grêle. Quand on lui a dit qu’il ne lui restait plus que deux mois à vivre, il renonça à sa chimiothérapie et décida d’expérimenter. Il se fit moine, modifia radicalement son régime alimentaire et se mit à consommer du cannabis.
Nivate a été influencé par un cours de médecine traditionnelle thaïe. Il y a appris que le cannabis avait été utilisé dans le pays durant deux mille ans à des fins récréatives et nutritionnelles, mais qu’il était aussi employé comme analgésique et sédatif dans les huiles de massage. Tout ce que je savais à son sujet, c’est que c’était une drogue illégale dont on pouvait devenir dépendant, dit-il. Mais quand on se noie, de telles considérations ne tiennent plus ; on essaie tout.” Toutefois, en raison de la prohibition, Nivate a dû se tourner vers le marché noir et improviser. Comme il ne fume pas, il faisait infuser sa marijuana dans une bouteille de vodka et en buvait un petit verre matin et soir. “Je n’ai pas osé avouer à mon médecin que je prenais du cannabis, dit-il. Il continue à penser que c’est un miracle. Je crois que Dieu m’a donné un cancer pour que je vienne en aide aux autres patients.”
GI et anti-guerre du Vietnam
Il existe depuis des millénaires des preuves empiriques du pouvoir curatif du cannabis. D’après le Classique de la matière médicale du Laboureur céleste, ou Shennong bencao jing, un recueil de prescriptions médicales chinoises qui aurait été composé il y a quatre mille sept cents ans, le cannabis soulage le paludisme, les rhumatismes et, plus inattendu, la distraction. Les médecins occidentaux ont utilisé la plante jusqu’à son interdiction à la fin des années 1930. [La prohibition du cannabis date de 1937 aux États-Unis.]
Il suffit de taper “marijuana” et le nom de n’importe quelle maladie dans le moteur de recherche Google pour voir surgir une pléthore de témoignages fabuleux, ainsi que des articles expliquant comment “le système” a conspiré pour maintenir la plante hors de portée du plus grand nombre. Le cannabis a joué un rôle important dans les rites chamaniques depuis l’âge de pierre et la feuille de la plante est devenue le symbole de la contre-culture moderne, ce qui ne l’a guère aidée à renforcer sa crédibilité.
À lire aussi Cannabis. Pourquoi cette drogue devient dangereuse La Thaïlande a joué un rôle majeur dans ce processus. Dans les années 1960, de nombreux soldats américains combattant les forces communistes au Vietnam et au Laos voisins étaient cantonnés en Thaïlande. D’autres y venaient pour des permissions ou des séjours de repos. Nombre d’entre eux commencèrent à fumer du cannabis dans des pipes en bambou – des baungs ou, prononcé à la façon américaine, des “bongs”. Plus tard ils rapportèrent aux États-Unis non seulement cette habitude, mais aussi, grâce à de complexes réseaux d’approvisionnement clandestins, le produit lui-même.
Le cannabis joua rapidement un rôle central dans le mouvement antiguerre. Ayant perdu la guerre au Vietnam, le gouvernement américain en lança aussitôt une autre, mais cette fois contre la drogue, qualifiée de nouvel “ennemi public numéro un”. Le cannabis fut classé parmi les substances illégales les plus nocives, plus dangereux encore que les amphétamines ou la cocaïne. En Thaïlande, les États-Unis aidèrent les autorités à brûler les bongs et à éradiquer les plantations, ce qui eut pour résultat de les repousser au Laos.
La florissante industrie du cannabis
Le changement récent d’attitude vis-à-vis du cannabis a été d’une ampleur spectaculaire. Vingt-cinq des cinquante États américains ont légalisé la marijuana à usage médical et huit, depuis l’Alaska à l’ouest jusqu’au Maine à l’est, en autorisent aussi l’usage récréatif. Le cannabis est devenu l’industrie américaine enregistrant le plus fort taux de croissance et, si l’on en croit le cabinet d’analyse New Frontier Data, générera en 2020 plus d’emplois aux États-Unis que l’activité manufacturière. [soit 250 000. 100 000 à 150 000 emplois ont été créés.] Plus d’une trentaine d’autres pays se sont engagés dans la même voie. Leur démarche se fonde à la fois sur les statistiques et sur la science.
Les chiffres ont montré que les lois répressives ne font pas baisser l’usage des drogues. La science, elle, prouve que le cannabis n’est pas chimiquement addictif et qu’il est impossible de succomber à une overdose en en consommant. Il a été en outre démontré que sa substance active pouvait contribuer à soulager les symptômes d’une série de maladies, depuis la maladie de Crohn [maladie inflammatoire intestinale] et le syndrome de la Tourette [maladie neurologique] jusqu’à la sclérose en plaques et l’asthme. En 2015, prenant en compte toutes ces données, le directeur américain de la santé publique, Vivek Murthy, plaida en faveur d’une initiative politique et de la poursuite des recherches, “pour voir ce que la science [pouvait] nous dire sur l’efficacité de la marijuana”.
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Pendant ce temps, l’Asie du Sud-Est reste prise entre les extrêmes. Individuellement, de nombreux Asiatiques tolèrent l’usage de la drogue tant que cela ne les touche pas de manière négative. Le président philippin Rodrigo Duterte a reconnu qu’il ajustait pour son propre plaisir le dosage du puissant et potentiellement addictif analgésique fentanyl qu’il prend régulièrement, ce qui n’a visiblement pas entamé le soutien dont il bénéficie dans sa guerre contre la drogue. La Thaïlande est loin d’être le seul pays de la région à avoir une longue histoire avec le cannabis. D’un autre côté, beaucoup d’habitants du Sud-Est asiatique sont révulsés par la dégénérescence que peut provoquer l’abus des drogues.
Les médias font leurs choux gras d’images de violence, de crime et de corruption, et le cannabis est présenté comme une “porte d’entrée” conduisant à la consommation de substances plus insidieuses. Les déclarations martiales permettent de remporter les élections, tandis que punir usagers et vendeurs dans les quartiers pauvres est souvent aussi populaire que peu coûteux.
Puissant anticancer ?
En Thaïlande, le cannabis est classé parmi les drogues illégales les moins nocives. D’ailleurs, dès le début du déclenchement de la guerre contre la drogue, le premier ministre Thaksin avait envisagé de le légaliser. Mais le moment n’était pas encore venu, a-t-il estimé. Aujourd’hui, vu le changement d’attitude en Occident vis-à-vis de la plante, il l’est peut-être. Depuis quelques années, un groupe d’anciens résidents américains en Thaïlande aujourd’hui rentrés aux États-Unis publient le magazine Highland ; des musiciens écrivent des chansons sur la plante ; et les bongs sont à nouveau vendus ouvertement en Thaïlande.
L’année dernière, le débat s’est intensifié dans le pays quand la sortie d’un livre intitulé “La marijuana est un médicament qui soigne le cancer” a attiré l’attention des médias. Son auteur, le Dr Somyot Kittimunkong, a côtoyé des patients thaïs atteints de cancer qui s’automédicalisent à l’aide de cannabis, et a rendu compte de leurs résultats souvent remarquables.
Il ne s’agit pas d’un article académique, et le Dr Kittimunkong n’est que dermatologue, mais son ouvrage a suscité l’intérêt d’un public ouvert aux traitements médicaux alternatifs. Et des études récentes montrent que ses affirmations – et celle de ses patients – pourraient ne pas être aussi extravagantes qu’elles paraissent.
Depuis de longues années, les cannabinoïdes, les principaux composants psychoactifs du cannabis, se sont révélés efficaces contre le cancer chez la souris. En février dernier, la firme britannique GW Pharmaceuticals a présenté les résultats d’une étude menée sur l’homme. Elle a comparé deux groupes de personnes affectées par des tumeurs agressives au cerveau.
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Les patients traités avec un médicament combinant du cannabidiol et du THC, l’élément qui provoque l’ivresse haschichine, présentèrent un taux médian de survie d’environ six mois de plus que ceux qui avaient pris un simple placebo. Face à cette accumulation d’éléments, la Thaïlande a approuvé en janvier une proposition de loi autorisant dans quinze districts la culture d’une variété de chanvre contenant du cannabiol, substance qui n’a pas d’effet euphorisant.
Le problème en Thaïlande est que les gens ne se tournent vers le cannabis qu’en tout dernier ressort, souligne le Dr Somyot. Cela ne laisse pas assez de temps à la drogue pour produire son effet.” Certains médecins vont jusqu’à aider leurs patients à se traiter avec du cannabis. Somnuk Siripanthong, du centre de santé holistique Panacée, installé à Bangkok, organise des réunions publiques dans l’église qu’il fréquente. Il y informe les participants des vertus curatives du cannabis et leur donne des flacons de l’huile distillée par Buntoon. Ces réunions attirent des gens affectés par toutes sortes de maladies, mais c’est le cancer qui intéresse le plus Somnuk. “Les rayons et la chimiothérapie marchent bien chez certains patients, constate-t-il. Mais d’autres voient leur état se détériorer rapidement.”
Il se plaque un pistolet imaginaire sur la tempe et fait mine d’appuyer sur la détente. “Clic, vous vous en sortez ; bang, vous êtes mort, dit-il. Pendant longtemps, nous n’avons pas compris pourquoi. Jusqu’à ce que l’on découvre qu’une mutation génétique affaiblit considérablement le système immunitaire de certaines personnes. Les cannabinoïdes ont prouvé qu’ils étaient très efficaces pour remédier à cette faiblesse et aider l’organisme à éliminer le cancer.”
Un chemin encore long
C’est peut-être parce que Somnuk est lié au gouvernement et que Buntoon est un ancien policier que leur prosélytisme en faveur du cannabis ne leur attire pas d’ennuis. Mais les deux hommes préféreraient avoir la loi de leur côté afin de pouvoir procéder à des essais reconnus de leur produit et en ajuster le dosage.
Ils voient également le potentiel économique d’une éventuelle légalisation ; le cannabis pourrait fournir une raison supplémentaire de se rendre dans ce qui est déjà l’une des cinq premières destinations de tourisme médical dans le monde, avec près de 3 millions de visiteurs chaque année – dont beaucoup originaires de Hong Kong. “Des centres médicaux pour étrangers où serait utilisé le cannabis permettraient de soigner gratuitement les Thaïlandais, remarque Somnuk, qui pense que son pays pourrait à nouveau être respecté pour son herbe.
Le chemin vers une légalisation pleine et entière pourrait être encore long. L’homme qui en a défendu le principe, l’ancien ministre de la Justice Paiboon, a été promu au conseil privé du roi, et pour l’instant aucun autre représentant officiel n’a repris le flambeau. [D’ailleurs, le Premier ministre, le général Prayuth Chan-ocha a demandé d’accentuer la répression à l’occasion de la Journée mondiale contre la drogue, le 26 juin.] Et puis il y a ceux qui ont intérêt à étouffer la petite flamme ; la légalisation totale du cannabis pourrait restreindre la latitude d’action de la police, dont certains membres accumulent aujourd’hui des butins considérables grâce aux pots-de-vin et aux saisies de stupéfiants.
Des autorités longtemps impliquées dans le trafic
“Pour changer l’approche à l’égard de la drogue, il faut impliquer la police et en faire un pilier essentiel et fondamental de la nouvelle politique, observe Olivier Lermet, le conseiller de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour la région. Les policiers doivent comprendre l’objectif et le rôle qui leur sera dévolu.”
Les autorités thaïlandaises ont longtemps été impliquées dans le trafic de drogue. Publié en 1972, le livre d’Alfred-W. McCoy La Politique de l’héroïne : l’implication de la CIA dans le trafic des drogues, raconte comment, après le monopole du trafic de l’opium instauré par le gouvernement jusqu’à la fin des années 1950, les militaires ont établi des liens avec l’État Shan, qui produisait l’opium en Birmanie, tandis que la police garantissait la sécurité des filières d’exportation.
Amplifié par le soutien économique et militaire apporté par les États-Unis aux forces anticommunistes, ce processus finit par donner naissance au Triangle d’or, une région de collines à cheval sur la Thaïlande, la Birmanie et le Laos qui, jusque dans les années 1990, a satisfait l’essentiel de la demande mondiale en opium. Même si aujourd’hui les autorités thaïlandaises s’efforcent officiellement d’éradiquer le trafic de drogue, l’ONUDC estime que celui-ci continue de générer 30 milliards de dollars [26 milliards d’euros] de recettes chaque année, et qu’il est directement lié aux trafics tout aussi lucratifs des animaux sauvages et des êtres humains.
Des enjeux financiers aussi énormes entraînent naturellement des phénomènes de corruption. Le maigre salaire des policiers exacerbe le problème, tout comme la fragilité du système démocratique thaïlandais [le pays a connu deux coups d’État depuis 2006 et une junte militaire est au pouvoir depuis mai 2014].
Remplacer les champs de pavots par le cannabis
Le pays a pourtant montré à plusieurs reprises qu’il était capable de lutter efficacement contre l’usage de drogue. Entre 1965 et 2003, le pays a divisé par cent la surface des terres consacrées à la culture du pavot à opium.
Le facteur essentiel a été le développement économique ; on a donné aux paysans des collines du Nord-Est les moyens de se lancer dans des cultures commerciales alternatives. Ce projet a été applaudi comme l’un des plus réussis du genre, et beaucoup des plantations modèles qui ont vu le jour à cette occasion – comme les plantations de théiers et de fraisiers du Khun Wang Royal Project Development Centre, près de Chiang Mai – sont aujourd’hui devenues des destinations touristiques recommandées par certaines agences de voyages. Les visiteurs qui se rendent à Pang Da découvrent à leur arrivée une vallée soigneusement cultivée. Les champs de haricots, courges amères et choux chinois dessinent un damier entre les pentes boisées des collines.
Et depuis le début de l’année, on peut apercevoir, surgissant parmi ces cultures tel un cortège nuptial, un carré de plantes voilées de blanc, les premières tiges, peut-être, d’un produit agricole aussi bénéfique à l’économie qu’il l’est pour la santé.
LÉGALISATION - Le Parlement régional de Catalogne a adopté mercredi une loi autorisant et encadrant les clubs de consommateurs de cannabis.
Les fumeurs de cannabis catalans sont désormais dans leur bon droit s’ils se réunissent en un club. Le Parlement régional de la deuxième autonomie la plus peuplée d’Espagne a largement adopté une loi détaillant dans quelles conditions les clubs de cannabis sont autorisés.
A l’intérieur de ces clubs, chaque membre devra avoir au moins 18 ans. La vente d’alcool et de tabac y sera interdite et celle de cannabis ne devra pas dépasser une certaine quantité (non indiquée pour le moment) pour chaque personne.
«La drogue n'annule pas le Ramadhan contrairement à l'alcool qui ne doit plus être consommé 40 jours avant le mois sacré, car l'alcool reste dans le sang tout au long de cette durée. Avec le kif, il suffit d'une douche pour que le corps soit purifié», explique un «apprenti imam» qui préparait «religieusement» un autre joint...
(Flickr/Carlos Octavio Uranga)
Pendant le Ramadhan, c'est le...Kif! Les vendeurs de kif et de psychotropes fleurissent dans la rue durant la période du jeûne. C'est donc un mois béni tant pour les croyants que pour les dealers. Ces derniers apprécient particulièrement ce mois sacré vu le profit qu'ils en tirent. Pour preuve, depuis le début du Ramadhan les services de sécurité ont interpellé plus de 90 personnes impliquées dans des affaires de trafic de drogue. «Ces opérations se sont soldées par la saisie de 908 boîtes de médicaments, 141g de drogue et sept armes blanches utilisées dans des cambriolages et des agressions contre les citoyens», a révélé la police algérienne dans un communiqué. L'alcool manquant, la demande de drogues augmente...
«Pendant le Ramadhan, la consommation d'alcool diminue fortement, mais elle est remplacée par des drogues de substitution: cannabis et médicaments», nous confirme un inspecteur de police qui a requis l'anonymat. «Je n'ai pas de chiffres précis. Mais de par mon expérience, l'augmentation de la consommation de drogues pendant le Ramadhan est évidente. Bien sûr, ces drogues ne sont pas consommées pendant la journée, mais à partir de la rupture du jeûne», précise le même «flic». D'ailleurs, comme pour la mercuriale, les «prix du cannabis augmentent à chaque veille du Ramadhan», souligne notre ami.
Effectivement, les dealers de la capitale sont presque en rupture de «stock». Ceux qui ont encore de la marchandise l'écoulent à prix fort, sachant que quoi qu'il en coûtera ils auront toujours des «clients». Car, c'est devenu une «tendance» de prendre un joint après «l'iftar». Beaucoup de jeunes puisent la spiritualité du Ramadhan dans les joints... Deux cuillerées de «chorba» et un demi-«bourek», ils se précipitent plus tard vers les ruelles de leur quartier pour commencer leur «sahra» (soirée).
Toutes sortes d'excitants sont au menu! Tels que le thé, le café, la cigarette et le narguilé. Mais ce dernier est malheureusement accompagné par le kif! Assis tout seul derrière un arbre, Samir fait partie de ces jeunes à la recherche de la «khalwa» (état psychique et physique après la consommation du haschich). Il est à peine 21h, cela ne fait même pas une heure que l'appel à l'iftar a été prononcé par le muezzin et Samir en est déjà à son deuxième joint. Samir qui semble être au 7e ciel commence alors à nous parler de ses soirées hallucinogènes...
«Pour moi, le kif pendant le Ramadhan est quelque chose de sacré», assure-t-il. «C'est devenu une tradition bien ancrée comme 'le bourek, la chorba, la zlabia ou encore le kalbelouzze''», ajoute-t-il, avec un long rire qui prouve que la «zatla» commençait à faire son effet. Samir qui se drogue en soirée a-t-il jeûné? «Si, si je fais et j'ai toujours fait carême», affirme-t-il. Alors, comment se fait-il qu'il se drogue? N' y a-t-il pas un paradoxe dans l'histoire?
Le Ramadhan n'est-il pas, annulé par la drogue? «Non, non le kif est une «djanaba qui part après une douche et n'annule pas le Ramadhan contrairement à l'alcool qui ne doit plus être consommé 40 jours avant le mois sacré, car l'alcool reste dans le sang pendant 40 jours.
Ces 40 jours sont ainsi considérés comme étant la durée minimale pour éliminer toute trace d'alcool dans le sang, le corps est après purifié», répond cet «apprenti imam» qui préparait «religieusement» un autre joint. C'est sans doute cette ambiguïté d'une interdiction non explicite qui pousse à la substitution de l'alcool par du haschisch, vu qu'il n'y a pas de verset clair à ce sujet. Ce qui pousse certains, comme Samir, à se faire des «auto-fetwas» afin de se donner bonne conscience...Ce qui fait que les jeunes «kifent» le Ramadhan...
La marijuana n'a pas toujours été illégale au Canada. Et saviez-vous qu'en 1923, lorsque le cannabis a été ajouté à la liste des substances dont la vente et la possession étaient interdites au pays, cela s'est fait sans aucun débat?
Un militant pour la légalisation de la marijuana allume un joint à Ottawa, le 20 avril 2012.
Photo : La Presse canadienne/Sean Kilpatrick
Jusqu’au début du 20e siècle, on pouvait acheter librement de l’opium, de la cocaïne et de la morphine. En 1908, la première loi sur les narcotiques a été adoptée, interdisant le trafic d’opium, qui était un problème important sur la côte ouest. Il y avait alors plusieurs manufactures d’opium et des fumeries dans les quartiers chinois de Vancouver et de Victoria.
Fumeur d'opium dans une conserverie de Richmond en 1913 Photo : Musée royal de la Colombie-Britannique/Frederick Dundas Todd
La morphine et la cocaïne ont été ajoutées à la liste des substances interdites en 1911. Puis, en 1923, ce sont l’héroïne, la codéine et le cannabis qui ont été prohibés. Le cannabis aurait été ajouté à la dernière minute. Le ministre de la Santé de l’époque, Henri-Séverin Béland, a simplement mentionné qu’il y avait une nouvelle drogue au programme. Selon des documents cités dans le rapport du Comité spécial sur les drogues illicites de 2002, une première ébauche du projet de loi ne contenait aucune mention du cannabis. Celui-ci n’est apparu que dans une deuxième copie.
Le ministre Béland aurait soutenu que le projet de loi visait à « consolider » la législation existante. Impossible de trouver trace des débats à la Chambre des communes, s’il y en a eu. Pourquoi avoir ciblé la marijuana, une drogue pourtant peu connue au pays à cette époque? Les réponses divergent.
Pour suivre l’exemple américain
On a simplement suivi ce que faisaient nos voisins du sud, pense Line Beauchesne, professeur agrégée au Département de criminologie de l'Université d'Ottawa. La marijuana avait déjà été interdite dans quelques États américains, dont la Californie, le Wyoming et le Texas. Cibler le cannabis était en fait une façon détournée de s’attaquer aux travailleurs mexicains, qui affluaient au sud des États-Unis après la révolution de 1910, dont certains fumaient de la marijuana.
« On a voulu contrôler les Mexicains […] et on a passé un certain nombre de lois, dont l’interdiction du cannabis, qui ne dérangeait personne jusque-là », souligne Line Beauchesne.
Un immigrant mexicain à Nuevo Laredo, au Mexique, près de la frontière américaine, vers 1912 Photo : Bibliothèque du Congrès
L’influence américaine a été très importante, croit aussi Dan Malleck, professeur au Département des sciences de la santé de l’Université Brock et auteur du livre When Good Drugs Go Bad [Quand les bonnes drogues deviennent mauvaises] (2015). C’était un prétexte pour retourner les Mexicains chez eux. Line Beauchesne, professeur agrégée au Département de criminologie de l'Université d'Ottawa « La marijuana était une préoccupation aux États-Unis et les autorités américaines ont poussé les autorités canadiennes à légiférer pour l’interdire », affirme-t-il. Dans la pratique, la consommation de cannabis n’était pas très courante au Canada au début du 20e siècle.
Plusieurs auteurs suggèrent que c’est avant tout en raison de considérations racistes que la marijuana et les autres drogues ont été interdites en Amérique du Nord. Les tenants de cette théorie signalent que l’interdiction de l’opium visait surtout les Chinois et les Japonais, qui en étaient les principaux utilisateurs.
De plus en plus de travailleurs chinois et japonais s’installaient sur la côte ouest, ce qui créait de sérieuses tensions, telles que l’émeute de Vancouver en 1907, au cours de laquelle les vitres de dizaines de commerces asiatiques ont été fracassées.
William Lyon Mackenzie King, qui était alors ministre du Travail, a enquêté sur cette affaire. Quand il a découvert qu’il y avait plusieurs manufactures d’opium parmi les boutiques touchées, il a décidé de sévir contre son trafic et, par extension, contre celui des autres drogues.
La vitrine du magasin de K. Matsuba, au 151 East Cordova Street, à Vancouver, en septembre 1907. Photo : Bibliothèque et Archives Canada/PA-066909
« Les Canadiens progressistes de classe moyenne étaient inquiets », soutient M. Malleck. « Ils pensaient que les drogues allaient détruire la société. Pas que les Chinois ou les Mexicains allaient le faire, mais que les drogues qui leur étaient associées allaient la détruire. Il y a donc une connexion raciale, mais pas de racisme en tant que tel. »
Pour éradiquer les comportements immoraux
La pionnière canadienne Emily Murphy a aussi joué un rôle important pour faire inclure le cannabis dans la liste des substances interdites, selon Marcel Martel, titulaire de la Chaire Avie Bennett Historica Canada en histoire canadienne à l’Université York et auteur d'Une brève histoire du vice au Canada depuis 1500.
Mme Murphy, qui était alors juge en Alberta, a publié en 1922 The Black Candle, un livre qui reprenait une série d’articles parus dans Maclean’s, sur les ravages du trafic de la drogue. Un chapitre s'intitule : « Marihuana, une nouvelle menace ». Elle y décrit les effets de cette nouvelle drogue, qui aurait pour effet de rendre ses utilisateurs « complètement fous ». « Les toxicomanes perdent tout sens de la responsabilité morale », écrit-elle.
L'écrivaine, politicienne et juriste Emily Murphy Photo : Bibliothèque et Archives Canada
Quand ils sont sous l’influence [de la marijuana], ils deviennent des maniaques obsédés susceptibles de tuer […] d’autres personnes des manières les plus sauvages et cruelles. Emily Murphy, The Black Candle (1922) Ce livre pourrait avoir influencé le premier ministre Mackenzie King, déjà sensibilisé aux « ravages » de l’opium. « Vous avez un individu, cette juge, et à cause de son poste d’autorité dans la société, nécessairement les gens portaient un peu plus attention à ce qu’elle disait, et vous avez un premier ministre déjà préoccupé de cette question-là qui se dit : "si on a un problème avec la marijuana, on va le régler" », précise M. Martel.
Les écrits de Mme Murphy témoignent d’une préoccupation pour les problèmes sociaux très présente au début du siècle. L’alcoolisme, la toxicomanie, les maisons de jeu et la prostitution étaient alors vus comme des maux qui pourraient être éradiqués en interdisant leurs causes immédiates, soit l’alcool, les jeux de hasard et les drogues.
Des policiers arrêtent un homme accusé de possession illégale d'alcool, à Toronto, le 16 septembre 1916. Photo : Bibliothèque et Archives Canada
À partir du moment où le Bureau des drogues dangereuses a été créé, en 1920, on a commencé à interdire à tout vent. « La porte étant ouverte à la régulation fédérale des substances psychotropes, le cannabis a été ajouté tout naturellement », précise Dan Malleck.
Cadre légal canadien du début du 20e siècle
1908 : Loi sur l’opium (première interdiction, autres médicaments, alcool et tabac); 1911 : Loi sur l’opium et autres drogues (opiacés et cocaïne); 1920 : Loi sur l'opium et les drogues narcotiques; création du Bureau des drogues dangereuses, du Département de la Santé et du Bureau fédéral des drogues; 1923 : Ajout d’une annexe sur les narcotiques (cannabis, codéine et héroïne); 1929 : Loi sur l’opium et les substances psychotropiques.
Plus de la moitié des Suisses ont consommé une substance illégale les 12 derniers mois.
26% des fumeurs de beuh sallument leur dernier pétard juste
avant daller se coucher. (Photo: AFP)
L'étude annuelle de Global Drug Survey a été réalisée sur 78oo personnes en Suisse. Ses résultats, obtenus en avant-première par «20 Minuten», révèlent que plus de la moitié des Suisses ont consommé une substance illégale lors des 12 derniers mois.
Le cannabis reste très prisé des sondés, dont 74% en ont fumé au moins une fois dans leur vie. Ils sont un tiers à en avoir consommé plus de 200 jours sur l’année écoulée. Mais la fumette régulière séduit moins les femmes que les hommes. Les méthodes favorites restent le joint et le bong. Près de 80% des sondés souhaitent une libéralisation de l’herbe, mais un tiers favoriserait des conditions strictes.
Par ailleurs, 24% des Suisses disent avoir déjà consommé du MDMA, et c’était la première fois pour 28% d’entre eux; 1% de ses amateurs ont dû être traités d’urgence après leur prise.
Alors que la légalisation du cannabis s’étend outre-Atlantique, des sociétés se spécialisent dans la transformation d’entrepôts en fermes et boutiques de cannabis. Et les prix s’envolent.
Crédit photo: Canna Obscura
Quand on vend un produit cher, mieux vaut soigner le site de vente et de production. C’est ce qui se passe actuellement aux États-Unis où la légalisation du cannabis progresse régulièrement que ce soit pour un usage médical ou récréatif. C’est le New York Times qui relevait récemment qu’après avoir commencé à générer de confortables ressources fiscales dans près de 30 États américains, la marijuana commence à impacter le marché immobilier. La tendance du moment consiste à transformer d’anciens entrepôts en site de production, de transformation voire de vente de cannabis.
Le New York Times cite ainsi le cas d’un projet de marijuana à usage médical baptisé Ermont qui vient de racheter au prix fort un bâtiment désaffecté de 3500 m² à Quincy, dans le Massachusetts. Les propriétaires ont compris que ces grandes surfaces qui n’intéressaient plus personne valent désormais de l’or. Dans le Colorado, un rapport officiel démontre que les loyers pour ce genre d’entrepôts ont bondi de plus de 50% entre 2010 et 2015.
Il est vrai que l’industrie naissante du cannabis peut se le permettre: les ventes légales aux États-Unis ont atteint 6,7 milliards de dollars l’an dernier et pourraient s’envoler vers les 20 milliards en 2021, selon Acrview Market Research.
Il n’empêche que des voix s’élèvent déjà pour dénoncer une bulle immobilière en préparation. Car la tendance n’est pas près de s’inverser. Ces entrepôts continueront à être recherchés car ils permettent de cultiver des milliers de plants, de contrôler préciser les conditions de culture tout en pouvant sécuriser assez facilement les lieux.
Et enfin, comme il est encore illégal de transporter de la marijuana hors des frontières d’un État américain, l’herbe doit pousser là où elle est vendue. Preuve que l’impact du cannabis est loin d’être négligeable sur l’immobilier une étude du réseau CBRE a prouvé que sur la ville de Denver entre 2009 et 2014, 36% des nouveaux locataires industriels étaient liés à la production de cannabis! L’abus de drogue pourrait donc nuire gravement à la santé du marché.
Le gouvernement australien a annoncé jeudi des tests de dépistage de l'usage de la drogue parmi les sans emploi pour dissuader les chômeurs de dépenser leurs allocations en stupéfiants
Un homme prend une aiguille avant de avant de s'injecter avec de l'héroïne
Crédit : JOHN MOORE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
Le gouvernement australien a annoncé jeudi 11 mai des tests de dépistage de l'usage de la drogue parmi les sans emploi pour dissuader les chômeurs de dépenser leurs allocations en stupéfiants. Il s'agit d'un test qui portera sur des personnes nouvellement sans emploi, selon les autorités, qui disent vouloir lutter contre l'usage des stupéfiants qui pourrait être alimenté par la protection sociale. "C'est un ballon d'essai qui portera sur 5.000 personnes et si ça ne marche pas, on l'arrêtera et si cela aide les gens, on continuera, cela serait stupide de ne pas le faire", a déclaré le ministre des Finances Scott Morrison.
Les chômeurs touchant des allocations dont les tests seraient positifs recevront une carte de débit qui ne leur permettra pas d'effectuer de retraits d'argent liquide, juste de payer des produits de première nécessité (loyer, alimentation). Ceux qui échoueraient plus d'une fois aux tests devront se rendre chez un médecin pour y faire un bilan et recevoir des soins.
Avec ce projet, ajouté aux baisses d'allocations pour ceux qui ne se rendent pas aux entretiens d'embauche, le gouvernement veut économiser plus de 600 millions de dollars australiens sur quatre ans (406 millions d'euros).
Des organisations dénoncent le projet
Le test portera sur trois sites déterminés à partir de l'étude des eaux usées. Le Programme national de surveillance des drogues dans les eaux usées a identifié "un taux étonnamment élevé" d'utilisation de la méthamphétamine à travers le pays, rappellent les autorités. Le ministre de la Protection sociale Christian Porter a assuré qu'il s'agissait de favoriser les chances des chômeurs de trouver un travail.
"Cet essai portant sur 5.000 personnes vise totalement à identifier et à aider les gens, et à favoriser les changements de comportements", a-t-il déclaré. "Nous pensons que ce système permettra d'assurer que des gens, à un moment absolument critique de leur vie quand ils cherchent un boulot, adoptent des comportements qui les aident dans ce processus et ne détruisent pas ce processus".
Des organisations de défense de la protection sociale sont montées au créneau pour dénoncer le projet. "On diabolise encore davantage les gens dépendant des allocations sociales, ceux qui ont les revenus les plus bas du pays", a déclaré la directrice du Conseil australien des services sociaux Cassandra Goldie au groupe de médias Australian Broadcasting Corporation. "Encore un coup dur pour la protection sociale. Le respect des règles est déjà difficile". Le taux de chômage est actuellement de 5,9% en Australie, avec environ 753.000 personnes sans emploi.
QUÉBEC – Moins d’une semaine après le dépôt du projet de loi fédéral sur la légalisation du cannabis, la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) a lancé mardi une campagne de sensibilisation sur les effets de la marijuana au volant.
La campagne met en garde contre les effets du cannabis concernant les délais de réaction lors de la conduite automobile. Elle s’adresse aux conducteurs âgés de 18 à 44 ans, mais en mettant l’accent sur les 18-24 ans. Vous pouvez voir la vidéo de la campagne ci-dessous.
«Il ne fait aucun doute que le cannabis produit des effets qui nuisent à la capacité de conduire. Il est donc important, pour le gouvernement du Québec, de s'assurer que le réseau routier est sécuritaire pour l'ensemble des usagers», a expliqué le ministre des Transports, Laurent Lessard, par communiqué. «Nous souhaitons ainsi améliorer le bilan routier en conscientisant les conducteurs quant aux dangers de la conduite sous l'influence de la drogue», a-t-il ajouté.
L’impact de la marijuana sur la conduite automobile est déjà bien étayé par les statistiques. En effet, 18 % des conducteurs qui sont morts sur les routes du Québec, entre 2011 et 2015, avaient du cannabis dans le sang. Et 30 % d'entre eux étaient âgés de 16 à 24 ans. De plus, selon un sondage réalisé en 2016, 25 % des conducteurs qui ont pris de la drogue dans la dernière année ont affirmé avoir conduit un véhicule après avoir consommé, signe que les impacts sur la conduite sont peut-être sous-estimés par les automobilistes.
La conduite avec capacités affaiblies par la drogue est une infraction criminelle. Comme pour l'alcool au volant, les sanctions sont sévères et peuvent inclure une amende, la perte du permis de conduire et l'emprisonnement, a précisé la SAAQ. Cette campagne de sensibilisation, qui se déroule jusqu’au 14 mai, se déploiera principalement à la télévision ainsi que sur différents médias numériques comme Facebook, YouTube ou Spotify.
Alors que les programmes officiels doivent être publiés cette semaine, les Liberal Democrats ont annoncé que le leur comprendrait la légalisation du cannabis. Déjà ouvertement opposé au Brexit, le parti centriste tente d'attirer les progressistes, déçus par le Labour et hostiles à une « super-majorité » conservatrice, en vue de l'élection du 8 juin prochain.
Le leader du parti Tim Farron lors du lancement de la campagne
pour les législatives, le 1er mai. (Crédits : Reuters/Peter Nicholls)
A trois semaines de l'élection générale, le contour des programmes se précise, Outre-Manche. Après les fuites dans la presse des promesses de justice sociale du Labour et les mesures à destination des travailleurs détaillées ce lundi dans le Financial Times par Theresa May, les Liberal Democrats (centre) dévoilent eux aussi, au compte-goutte, leurs priorités. Parmi les plus marquantes, la légalisation pure et simple du cannabis.
Petite révolution au Royaume-Uni, où la production et la vente sont punies de 14 ans de prison, la démarche est peu surprenante au vu des propositions récentes du parti sur la question. Réputés ouverts sur les questions de société, les Lib Dems proposaient déjà, lors des précédentes élections, en 2015, de traiter l'usage de drogue comme un problème de santé plutôt que de sécurité publique. Un an plus tard, lors de la conférence de printemps du parti, les instances dirigeantes approuvaient le principe d'un marché régulé du cannabis, ouvrant ainsi la voie à la position actuelle.
31 millions de livres d'économies
Concrètement, les Lib Dems feront campagne, d'ici au 8 juin, pour la légalisation de la production et de la vente du produit. Inspiré du système mis en place dans certains Etats américains, comme le Colorado, la nouvelle législation permettrait l'ouverture d'officines spécialisées, qui vendraient des quantités régulées aux personnes âgées de plus de 18 ans.
Selon le parti emmené par Tim Farron, une telle politique casserait le monopole des réseaux illégaux et criminels tout en entraînant d'importantes économies pour les forces de police et le système judiciaire. En 2015, par exemple, plus de 87.000 dossiers liés au cannabis ont été ouverts par la police britannique, pour un coup de 2,256 livres par contribuable en moyenne. Mécaniquement, la légalisation libérerait les forces de l'ordre de plus d'un million d'heures cumulées de travail et permettrait l'économie de 31 millions de livres (36 millions d'euros).
Des recettes redirigées vers la prévention et la guérison
D'un point de vue législatif, les Lib Dems prévoient également d'abroger le Psychoactive Substances Act, qui interdit d'office l'usage de toute nouvelle drogue. Le parti va même plus loin, n'excluant pas que ce pas en avant mène vers la légalisation d'autres drogues récréatives comme la MDMA.
Comme en 2015, le parti préconise en parallèle de cette légalisation une politique de prévention. En réduisant, d'abord, le niveau de THC, la molécule responsable des principaux effets psychoactifs du cannabis, présent dans le produit. Une meilleure éducation en amont et un renforcement de la prise en charge des patients dépendants en aval sont également des priorités. Toutes ces mesures seront financées grâce... aux recettes engendrées par les taxes prélevées, comme pour les paquets de cigarettes. Près d'un milliard de livres (un milliard d'euros), assurent les Lib Dems, qui se basent sur un rapport réalisé lors de leur participation au gouvernement de coalition avec les conservateurs, entre 2010 et 2015.
Une deuxième annonce forte après le "non" au Brexit
Des Tories qui restent farouchement opposés à tout assouplissement de la législation en la matière, tout comme les travaillistes, plus enclins à allouer davantage de fonds pour tenter de réduire la consommation. Après leur opposition formelle au Brexit, malgré le déclenchement de l'article 50 du Traité de Lisbonne, les Lib Dems viennent donc de dévoiler une deuxième promesse de campagne marquante et radicale.
Dans l'espoir d'attirer un électorat progressiste, à la fois effrayé par le programme « socialiste » de Jeremy Corbyn et hostile à la perspective d'une « super-majorité » conservatrice. Pour l'heure, le parti centriste, qui assure avoir gagné des milliers de nouveaux adhérents ces dernières semaines, oscille entre 8 et 10% des intentions de vote.
Loin, très loin du niveau qui lui permettrait de retrouver un nombre de députés similaire à celui d'avant 2015, soit 57 sièges. Punis il y a deux ans pour leur participation à la coalition avec les Tories, les Lib Dems ne sont plus que neuf à la Chambre des communes.
Ils fument tous les jours, mais pas pour être «stone». Souvent seuls, dans le confort de leur foyer. Ce qui ne les empêche pas forcément de conduire sous l'influence du cannabis. Comment des consommateurs de longue date voient-ils le débat sur la légalisation du cannabis?
La Presse est allée à la rencontre de consommateurs de longue date pour
connaître leur point de vue sur la légalisation du cannabis.
Photo Edouard Plante-Fréchette, La Presse
Fumer pour se relaxer
Des fumeurs réguliers nous parlent de leur consommation quotidienne de cannabis. «Plus jeune, ça faisait partie des substances qu'on pouvait consommer pour faire la fête », dit Alain, 41 ans, au sujet du cannabis et de ses dérivés. Comme tous les autres fumeurs à qui La Presse a parlé, il a commencé à fumer du pot vers 15 ou 16 ans. Puis, il est devenu un fumeur régulier. Quotidien.
Il ne consomme que du haschisch et ne recherche pas le gros effet. «Je déteste être trop stone», dit-il. Julie, 34 ans, qui fume aussi tous les jours, n'aime pas non plus «quand ça buzze» et préfère un effet plus doux. Janie fume aussi «tous les jours qu'elle peut», entre autres pour calmer des douleurs chroniques. Son cas est particulier, puisqu'elle a accès à du cannabis thérapeutique et bénéficie d'un suivi professionnel.
Moment de détente
Fumer ne veut pas dire se défoncer à tout coup. Richard, 38 ans, fume pour se relaxer, comme d'autres prennent un verre de vin. Il rentre du travail, démarre son souper, et quand il s'assoit, il a un joint dans la main. «Pour faire le vide dans ma tête», précise-t-il. «Le soir, ça fait du bien, dit Julie. Je suis de nature hyperactive, j'aime bouger, et avec le temps, je me suis rendu compte que ça me fait bien dormir.» Alain, lui, parle de sa consommation comme d'un «mode de vie». Josée est plus crue: «C'est plate, mais je suis tombée dans une routine, dit la mère de famille, qui fume tous les jours en rentrant du travail. Il faut admettre que le cannabis, oui, ça rend accro.»
Dépendant au cannabis?
«Ça n'a jamais affecté ma vie», dit Pierre-Luc au sujet de sa consommation quotidienne de cannabis. Josée dit aussi qu'elle «fonctionne très bien» et raconte avoir complètement arrêté lors de ses deux grossesses. «C'est un sacrifice que j'ai fait pour mes enfants, et j'étais capable de le faire», dit-elle. Comme Julie, elle a fumé un peu en allaitant, mais pas régulièrement. Alain est conscient de vivre une forme de dépendance psychologique, mais affirme aussi pouvoir arrêter pour de courtes ou de longues périodes.
«Les quatre premiers jours, j'y pense», avoue-t-il. Après, ça passe, et il dit pouvoir s'abstenir pendant des semaines, voire des mois. Janie estime sa consommation «très adaptée» à sa condition depuis qu'elle a accès à du cannabis thérapeutique, à des produits de qualité et à des informations éclairantes. «Je ne fume pas plus, pas moins, mais je fume mieux», résume-t-elle.
Sur la légalisation
«Ça ne changera rien pour moi», estime Richard lorsqu'il réfléchit à la légalisation. Socialement, toutefois, il envisage les choses positivement: la fin de la lutte contre la marijuana permettra, croit-il, d'affecter les ressources policières et judiciaires ailleurs et de «dépenser moins pour combattre la criminalité». Il croit d'ailleurs que les gens qui s'inquiètent de la légalisation du cannabis «ne savent pas c'est quoi». Julie aimerait que «les gens arrêtent de voir [le cannabis] comme une drogue dure et qu'ils cessent de penser que ça mène directement à l'héroïne».
Janie craint une dérive commerciale qui inciterait les producteurs à privilégier l'efficacité du produit et le profit. Elle juge essentiel d'informer les gens sur les produits et croit aussi que la vente doit être encadrée et contrôlée, «un peu comme l'alcool et les médicaments». «Il est temps qu'on arrête d'être hypocrite», estime pour sa part Alain, qui juge que si l'alcool est légal, l'illégalité du cannabis - moins nocif globalement, à sa connaissance - n'a aucun sens. «On cherche du fric. Là, il y en a un paquet.» Sans compter que la légalisation pourrait permettre de mieux contrôler la qualité du produit et ses effets, selon lui.
Une «SAQ du pot»?
Un joint, c'est juste un joint? Pas si sûr. «Avec les années, le pot est devenu de plus en plus fort», a constaté Julie. Une légalisation du cannabis l'inciterait d'ailleurs à faire pousser ses propres plans, pour avoir un meilleur contrôle de ce qu'elle consomme. Alain voit aussi d'un bon oeil l'établissement de boutiques où les consommateurs pourraient choisir leur marijuana en fonction de son taux de THC (l'un des ingrédients actifs du cannabis). «On pourrait choisir son intensité au même titre qu'on choisit sa palette de goût à la SAQ», convient Julie. Richard, lui, aborde la chose sous l'angle économique: ce qui dictera son choix, c'est le prix. Il ira vers le rapport qualité/prix qui lui convient le mieux, que la formule soit légale ou pas.
Un joint au volant?
Après l'alcool, la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) s'est attaquée à la conduite automobile sous l'effet du cannabis. Sa récente publicité met l'accent sur l'allongement du temps de réaction au volant. «J'ai ri dans ma barbe», dit Richard, qui affirme se sentir «plus concentré» lorsqu'il a fumé avant de conduire et assure très bien connaître ses limites. «L'annonce où ils ont l'air d'avoir fumé du LSD? demande Josée, lorsqu'on évoque la publicité. Ce n'est pas ça pantoute.
Quand tu as consommé du cannabis, on dirait que tu roules à 10 km/h. Tout est plus smooth, tu es moins stressé.» Elle fait une distinction entre les jeunes consommateurs et «quelqu'un comme [elle], de réfléchi». Alain ne voit pas les choses comme ça. «Une fois, j'ai conduit avec un joint dans le corps et ç'a été mon moment le plus effrayant sur la route, raconte-t-il. J'avais beaucoup de difficulté avec mes perceptions. Je roulais beaucoup trop lentement et j'avais encore l'impression d'aller trop vite. Je trouve ça plus dangereux [que l'alcool].» Richard n'en démord pas: «L'alcool m'inquiète beaucoup plus.» Que le pot soit légal ou pas, il croit que ceux qui conduisent déjà sous influence vont continuer, tout comme ceux qui s'abstiennent.
Le profil des fumeurs
Des fumeurs réguliers nous parlent de leur consommation quotidienne de cannabis.
Julie, 34 ansOstéopathe Fume tous les jours depuis environ 20 ans. Fume surtout le soir, pour se relaxer et s'endormir.
Richard, 38 ansGestionnaire en entreprise Fume tous les jours depuis 18 ans. Fume après le travail, pour faire le vide.
Alain, 41 ansÉbéniste Fume tous les jours depuis au moins 15 ans. Fume surtout le soir, toujours seul.
Josée, 36 ansCuisinière Fume tous les jours depuis plus de 15 ans. Fume après le travail, en fin d'après-midi, et en soirée.
Janie, 34 ansInfirmière Fume tous les jours, ou presque, depuis plus de 15 ans. Fume hors du travail, notamment pour calmer des douleurs chroniques. * Afin de préserver l'anonymat des personnes interviewées dans le cadre de ce reportage, des prénoms fictifs ont été utilisés.
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE
Légaliser pour mieux consommer?
«Il y a énormément de parallèles à faire» avec la consommation d'alcool, dit Jean-Sébastien Fallu au sujet du cannabis. Chaque substance est unique, précise le professeur à l'École de psychoéducation de l'Université de Montréal et directeur de la revue Drogues, santé et société, mais le geste de fumer un joint en rentrant du boulot, même quotidiennement, ressemble beaucoup à celui de déboucher une bière ou de se servir un verre de vin dans des circonstances semblables.
Une portion «non négligeable» d'utilisateurs de cannabis l'intègrent dans leur quotidien sans en consommer de grandes quantités, selon lui. Comme pour l'alcool. «Les motifs de consommation sont tout à fait semblables», dit ce spécialiste, tout en soulignant que chez certains, boire ou fumer peut devenir une nécessité, voire une forme d'automédication pour gérer des émotions négatives.
Aucun des fumeurs réguliers de cannabis interrogés par La Presse n'a évoqué de problèmes de fonctionnement liés à sa consommation. Certaines personnes peuvent en consommer tous les jours, toute leur vie, sans avoir de conséquences, convient Jean-Sébastien Fallu. Une consommation qui ne cause pas de problèmes pour l'un n'est pas forcément indiquée pour l'autre, toutefois.
«Ce qu'il faut regarder, c'est l'interaction entre la substance, l'individu et son contexte.» L'âge du début de la consommation régulière de cannabis semble avoir un impact sur la relation qu'on entretient avec la substance. «Ce qu'on voit, c'est que les gens qui fument tous les jours et qui demeurent hautement fonctionnels n'ont probablement pas commencé à fumer du cannabis tôt à l'adolescence», dit Nathalie Castellano Ryan, aussi de l'École de psychoéducation de l'Université de Montréal. Après l'âge de 16 ans, les risques d'en faire une habitude néfaste diminuent, selon elle.
Tracer la ligne
Où tracer la ligne entre une consommation inoffensive et problématique? «Le critère numéro un, c'est de voir s'il y a des conséquences significatives sur le comportement psychosocial. Est-ce que la consommation commence à faire souffrir la personne elle-même ou son entourage? C'est ça qui devrait allumer certaines lumières.»
Jean-Sébastien Fallu préfère d'ailleurs parler d'habitude lorsque la consommation ne correspond pas à une dépendance au sens psychiatrique du terme. «Même dans le cas des drogues les plus addictives comme la cocaïne et les méta amphétamines, même pour l'héroïne, ce n'est même pas 50% des gens qui sont considérés comme dépendants au sens psychiatrique du terme», ajoute-t-il.
Légaliser le cannabis pourrait avoir des répercussions positives pour le consommateur, croit le chercheur. En ce moment, le fumeur de pot ne connaît pas la puissance de la drogue qu'il a en main avant de l'essayer. Un buveur de bière, par contre, peut facilement doser sa consommation s'il sait que sa bière compte 9,5% d'alcool et non seulement 5%. L'étiquetage, prévu dans le projet de loi sur la légalisation du cannabis, pourrait ainsi s'avérer très utile.
«Le marché noir encourage des produits toujours plus puissants. Un marché légal pourrait peut-être répondre à une demande de produits moins forts, estime Jean-Sébastien Fallu. Il y a des gens qui aiment fumer une fois de temps en temps pour avoir un petit feeling, mais pas être intoxiqués.» Afficher la teneur en THC sur les produits vendus légalement «pourrait permettre aux gens de mieux choisir leurs produits et de mieux consommer».
Depuis que le cannabis légal est arrivé dans les rayons des kiosques suisses, le débat sur la réglementation du cannabis est reparti de plus belle. Plusieurs projets se dessinent.
L'engouement autour du cannabis légal a relancé le débat sur son
cousin à hauteur teneur en THC
JPDS
On pensait le débat sur la réglementation du cannabis enterré pour longtemps après le très net refus à 63,3 % de la population helvétique de dépénaliser la substance en 2008. Il aura fallu l’arrivée sur dans les rayons des kiosques du cannabis légal, contenant moins de 1% de THC, pour relancer un débat passionné (notre édition du 3 mars dernier). Plusieurs projets concrets se dessinent déjà pour encadrer, contrôler ou expérimenter l’usage du cannabis récréatif. Le vent aurait-il tourné, se chargeant au passage de l’odeur suave de la plante? Tour d’horizon.
1. L’initiative des Verts Dernier projet en date: l’initiative parlementaire fédérale des Verts. Déposée jeudi, elle vise à créer une loi générale sur le chanvre, un texte qui régirait tous les aspects de l’usage de la plante. De la culture du chanvre à sa commercialisation, en passant par la prévention pour la jeunesse ou encore sa taxation. Le parti écologiste souligne «les échecs des politiques prohibitionnistes».
A la place, il propose de mettre en place «un dispositif cohérent qui aurait de nombreux avantages, comme le contrôle de la qualité et de la quantité (teneur en THC, origine etc.), la prévention et la protection des jeunes, la taxation de l’argent généré par le commerce (recettes annuelles estimées entre 300 et 600 millions de francs pour la Suisse) et la stimulation de l’agriculture bio». Difficile à l’heure actuelle de donner des tendances sur les chances de réussite du projet. L’UDC a d’ores et déjà signifié son opposition. En 2008, le PDC s’était mobilisé contre la dépénalisation, tout comme les libéraux. Les radicaux et la gauche y étaient favorables.
2. L’initiative «Legalize it!» Une décennie après la dernière votation sur le sujet, le peuple devra-t-il se prononcer à nouveau sur la réglementation du cannabis? C’est en tout cas le souhait de l’association Legalize it, qui milite depuis vingt-cinq ans pour la légalisation du chanvre. Le texte de l’association propose d’ajouter un alinéa à l’article constitutionnel qui réglemente l’alcool pour y inscrire la légalisation de la consommation personnelle de cannabis. Une autre modification ajouterait le cannabis à la liste des marchandises soumises à un impôt spécial, à l’image de l’alcool et du tabac. Déposée fin avril, l’initiative doit encore être validée par la Chancellerie fédérale. En cas de feu vert, ses soutiens auront dix-huit mois pour récolter 100 000 signatures.
3. Les projets pilotes des villes Particulièrement touchées par la consommation de cannabis, plusieurs villes suisses, comme Berne, Bâle, Genève, Lausanne ou encore Zurich, songent à des expériences permettant à des consommateurs de se procurer légalement de l’herbe pour leur usage personnel. La Ville de Berne devrait être la première à lancer l’expérience; elle a obtenu début mars l’aval de sa commission d’éthique et attend désormais une réponse de la Confédération pour déroger à la loi sur les stupéfiants.
En cas d’autorisation, la capitale se lancera dans une vaste étude pour évaluer l’impact de la réglementation basée sur un échantillon de 1000 personnes. Les «cobayes» pourront se fournir auprès de pharmacies agréées. En échange, ils devront se soumettre à des tests médicaux réguliers, répondre à des questionnaires ou encore ne pas conduire pendant les heures qui suivent la prise de cannabis.
Bâle, qui compte elle aussi un chantier bien avancé, se contenterait d’une expérience sur 150 personnes et seulement pour évaluer l’usage médical du chanvre. Pour les autres villes, les contours des projets ne sont pas encore bien dessinés, mais on parle plutôt d’essayer le modèle des «cannabis clubs», à savoir des associations de consommateurs soumises à autorisation.
En lien avec cet article: On se détend
Faut-il légaliser le cannabis? L’interrogation revient souvent dans les débats politiques. La vraie question serait plutôt: qu’est-ce qui justifie la pénalisation de la production, de la vente ou de la consommation? Autour du chanvre, c’est en général la crainte des risques qui prend le dessus. La plante déchaîne les peurs, parfois irrationnelles. Dans ce domaine, la désinformation ...
Face au retour du débat sur la légalisation du cannabis, les experts en addictions souhaitent rétablir des vérités scientifiques et militent pour un contrôle de la substance «La prohibition ne fonctionne pas»
«La Bible de Gutenberg et les voiles de la Santa Maria étaient faites en chanvre», s’exclame le Dr. Claude Vaney, président du groupe d’experts pour l’Application médicale limitée de stupéfiants interdits. Un rappel du passé pour souligner la méconnaissance d’une plante qui accompagne pourtant l’humanité depuis des siècles.
Réunis la semaine dernière à Lausanne, des experts du Groupement romand d’études des addictions (Grea), l’une des principales associations de spécialistes dans le domaine, entendait mettre un terme à la «désinformation» et «redéfinir les priorités sur le cannabis et le CBD sur les bases de connaissances scientifiques fiables». Médecins, neurologues ou encore psychologues, les experts présents n’avait nullement l’intention de dédiaboliser ces substances à bon compte. Le professeur Daniele Zullino, médecin-chef du Service d’addictologie des HUG, l’annonçait d’emblée: «Le cannabis n’est pas anodin, il peut poser des problèmes.» Avant de nuancer dans la foulée: «Mais pas systématiquement. En réalité, les consommateurs problématiques sont une minorité.»
Consommer du cannabis tous les jours reste mauvais pour la santé. Sous effets aigus, personne ne peut fonctionner normalement. «L’effet à court terme du cannabis fait apparaître temporairement des symptômes psychotiques, comme des modifications de la perception ou un relâchement des associations conceptuelles: c’est le high (l’impression de «planer», ndlr). Ce dernier disparaît rapidement avec l’élimination du THC. De plus, les capacités d’apprentissage peuvent être altérées temporairement lorsque l’on est intoxiqué, car une perturbation de la mémoire à court terme est l’un des effets de l’inhalation de THC les plus connus.»
Pas de causalité entre schizophrénie et cannabis
Une fois cet avertissement de rigueur lancé, le professeur Zullino s’attaque aux idées reçues sur le cannabis. En premier lieu, le lien, souvent établi dans les médias, entre la schizophrénie et la consommation de cannabis. «Il y a bien une corrélation entre les deux, mais la causalité n’a jamais pu être établie. On retrouve les mêmes corrélations avec la consommation de tabac ou d’alcool. En Australie, où il y a eu une augmentation abrupte de la consommation de cannabis ces trente dernières années, ainsi qu’une baisse de l’âge initial du premier contact, l’incidence de la schizophrénie n’a pas augmenté.»
Autre préconception répandue que les experts tentent de balayer: la fumette rendrait bête et détruirait le cerveau. Selon Daniele Zullino, «si les fumeurs de cannabis ont généralement un QI plus bas que les non-fumeurs, ce n’est pas à cause des effets du cannabis. Evidemment, une prise importante cause des troubles de la mémoire à court terme. Sur le long terme, cela peut produire des retards scolaires ou des déficits cognitifs, mais la structure du cerveau n’est pas altérée définitivement par le cannabis, au contraire de l’alcool par exemple qui détruit les cellules». Pour le spécialiste, c’est le temps perdu à ne pas stimuler son cerveau qui crée ces retards, une situation comparable à quelqu’un «qui resterait assis sur son canapé à longueur de journée pendant des années».
Pour une régulation
Face à ces faits scientifiques qui tendent à relativiser la dangerosité du cannabis, les experts espèrent pousser les politiques à ne pas faire de choix «irrationnels». Jean-Félix Savary, secrétaire général du Groupement romand d’études des addictions (Grea), milite pour une réglementation du cannabis. «Il s’agit de la substance la plus consommée au monde et sa prohibition est un cuisant échec. Il faut désormais envisager une réglementation de son marché en Suisse. Il n’y a plus de raisons d’avoir peur, d’autres pays ont franchi le pas et nous avons désormais le recul nécessaire pour savoir ce qui nous attend.»
Pour le Grea, les avantages d’une réglementation sont innombrables: réduction de la taille du marché illégal, rentrées fiscales conséquentes pour la collectivité, meilleur encadrement des problèmes liés à la consommation, protection de la jeunesse par une restriction d’âge, protection des consommateurs par le contrôle de la qualité des produits vendus, ou encore séparation des marchés des drogues qui ont tendance à fusionner. Presque incrédule, Jean-Félix Savary se demande pourquoi il y a encore tant de résistances: «Nous savons réguler, contrôler les autres substances, pourquoi n’y arriverions-nous pas avec le cannabis?» MMK Economie: le CBD ou la loi de la jungle
Plus de 270 demandes d’autorisation auprès de la Confédération pour distribuer du CBD; déjà une petite dizaine de marques, pas toutes suisses; un marché quasi vierge estimé par l’Administration fédérale des douanes à 100 millions de francs par année: voilà les ingrédients d’une petite guerre économique que sont prêts à se livrer les nouveaux acteurs du cannabis légal. Mais dans ce marché complexe, encore sous le coup de «l’effet curiosité», il n’y aura pas de place pour tout le monde.
Vendu entre 14 et 16 francs le gramme, le cannabis légal est taxé à hauteur de 25% du prix de vente à laquelle s’ajoute une autre taxe de 38 francs par kilo. La poule aux œufs d’or offre donc des possibilités de marge limitées. Mais les entrepreneurs évaluent les possibilités du marché au-delà des estimations de l’Administration des douanes. «En Suisse romande, le volume de marchandises vendues, toutes marques confondues, tourne autour de 200 kilos. A l’échelle nationale, on doit atteindre 2,5 tonnes», évalue Alan Wicht, cofondateur de la marque Avalon, une des plus importantes du marché et la seule à avoir accepté de communiquer avec transparence.
Effet de curiosité
Malgré ces chiffres importants, le jeune entrepreneur reste prudent. «Le marché est volatile et bénéficie encore d’un effet de curiosité. A mon avis, il risque de s’essouffler.» Le nombre d’acteurs l’inquiète également: «Tout le monde veut sa part du gâteau. Pour l’instant, c’est un peu la loi de la jungle. Notre stratégie est de mettre en avant la qualité de nos produits, tous bios et suisses, et d’installer notre marque dans la durée. Les amateurs helvétiques sont des connaisseurs, la qualité et le goût doivent être au rendez-vous.»
Martin*, patron d’une des entreprises pionnières dans la vente de cannabis légal et qui témoigne anonymement à cause de «mauvaises expériences avec la presse», abonde: «On assiste aujourd’hui à une foire d’empoigne où l’unique objectif d’hommes d’affaires plus ou moins scrupuleux est de faire de l’argent. Ça ne me préoccupe pas trop.» Adepte de la culture bio, il insiste sur les propriétés de la plante qui «donne l’une des meilleures huiles du monde» et préfère se distancier de l’image négative véhiculée par la course aux profits actuels.
Contrôle plutôt que légalisation
Etonnamment, les deux entrepreneurs ne sont pas favorables à une légalisation du cannabis à haute teneur en THC. Des deux côtés, l’argument est le même: ils préfèrent un contrôle à une légalisation complète, notamment pour prévenir la consommation problématique chez les jeunes, mais aussi limiter la teneur en THC et revenir à une culture plus naturelle.
Leurs réserves peuvent s’expliquer, par le fait que les produits à forte teneur en CBD ne sont pas substituables aux produits à haut taux de THC. Ils sont plutôt complémentaires. Pour Alan Wicht, «le consommateur type de CBD est plutôt trentenaire et dispose d’un emploi». Quant aux retours des clients, «ils mettent en avant le plaisir du goût, l’aspect rituel de pouvoir fumer un joint après le travail en semaine».
Pour les amateurs de cannabis à forte teneur en THC – illégal –, la seule possibilité reste le marché noir, sur lequel le CBD n’aurait eu qu’un impact marginal. Selon plusieurs sources qui connaissent bien le secteur, le prix de référence de 10 francs le gramme (qui peut descendre jusqu’à 6 francs le gramme selon la quantité achetée) n’a pas évolué depuis l’arrivée du cannabis légal. En revanche, toujours selon ces sources, la qualité aurait augmenté pour ne pas perdre le public qui en consomme avec parcimonie. MMK THC, CBD, entre craintes et espoirs pour la médecine
Cent vingt molécules cannabinoïdes ont été identifiées parmi les composants du cannabis. Deux d’entre elles intéressent particulièrement les chercheurs: le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD). Le THC est la principale substance psychotrope du cannabis. C’est elle qui est prisée par les usagers de cannabis récréatif. Sa concentration dans le cannabis vendu au marché noir peut varier largement, mais sa moyenne se situe autour de 12% en Suisse.
L’impossibilité de faire une overdose avec le THC permet de classer le cannabis dans la catégorie des drogues douces. Aucune dépendance physique ne se développe avec cette substance, même si des cas de dépendance psychique restent possibles. Au-delà de l’aspect psychotrope, le THC produit des effets anti-nauséeux, antidouleur et de stimulation de l’appétit. Le CBD, quant à lui, n’a aucun effet intoxicant et n’est donc pas un stupéfiant. «Il peut même agir contre les effets du THC», explique le Dr. Claude Vaney, président du groupe d’experts pour l’Application mé-dicale limitée de stupéfiants interdits.
Le CBD a un effet analgésique, anticonvulsif, anxiolytique et neu-ro-protecteur. Ces propriétés, seulement récemment répertoriées, suscitent un grand espoir dans le traitement de mala-dies chroniques. On utilise déjà les vertus thérapeutiques de ces deux substances pour soulager les per-sonnes souffrant de sclérose en plaques ou pour atténuer les effets secondaires des traitements pour de graves affections telles que le SIDA. «Le potentiel thérapeutique du cannabis est très prometteur», estime Claude Vaney. Une réglementation permettrait de mener des études à plus grande échelle. MMK Un festival célèbre le CBD
Dans un célèbre sketch, l’humoriste français Jamel Debbouze imaginait un monde où Jésus, au lieu de dire «buvez ce vin, c’est (sic) mon sang», se serait exclamé «fumez ce shit, c’est mes cheveux». Un monde où serait célébré le «petit goût fruité» du cannabis, plutôt que celui du beaujolais.
Avant lui, Coluche avait déjà exploré le filon, avec le personnage de Gérard et ses critiques avinées sur le «hakik». Une manière de souligner, par l’humour, le poids de la culture et de relativiser la mauvaise image véhiculée par le cannabis. Cette proximité entre culture du vin et du chanvre a inspiré deux Vaudois, à l’origine du «CBD festival» qui célébrera à Lausanne, les 15 et 16 septembre prochains, le cannabis légal, son goût, ses propriétés, les différentes manières de le consommer etc. Une sorte de fête des vendanges du cannabis.
«Nous profitons de l’engouement actuel pour le CBD pour promouvoir les artisans et produits locaux. L’idée est de montrer toute la palette de produits qui peuvent être faits avec le cannabis légal: huile, beurre, etc.», explique Adil Brunet, l’un des deux organisateurs. Les amateurs de fumette pourront s’en donner à cœur joie même si les responsables du festival «souhaitent mettre en avant d’autre modes de consommation que la combustion, comme l’extraction».
Au programme: des conférences, notamment sur les vertus thérapeutiques du chanvre, mais surtout de la musique et une palette d’artistes – locaux eux aussi. En point d’orgue, la «CBD cup», concours du meilleur cannabis légal de suisse. Loris Burnand, l’autre organisateur, explique que l’idée est de mettre en avant «le savoir-faire des agriculteurs locaux». Cette opération, festive, cherche à rendre le cannabis à très faible teneur en THC plus respectable, en axant la communication sur le terroir, le savoir-faire, le bien-être et sur l’absence d’effets psychotropes. De quoi rendre prémonitoire le sketch de Jamel Debbouze. MMK
En matière de cannabis, pas toujours simple d'y voir clair en Belgique. Est-il légal d'en consommer, d'en cultiver, voire d'en acheter? On va faire le point sur la législation. En coulisses, chaque parti prend position. Si Écolo et le PS sont favorables à une légalisation complète du cannabis, ce n'est pas le cas de tous les autres partis.
"Le cannabis, c'est légal en Belgique?". "Non, il est juste toléré!".
Peut-être t'es-t-il déjà arrivé d'avoir ce genre de discussions entre potes. Et c'est vrai qu'on n'y voit pas toujours clair en termes de légalisation du cannabis dans notre pays. Faisons donc d'abord le point sur la législation.
La loi est claire: la détention, la vente et la culture de cannabis sont interdites en Belgique. Un temps "toléré pénalement", le gouvernement Michel a finalement décidé d'appliquer la tolérance zéro vis-à-vis du cannabis, jusqu'à sa consommation. Une tolérance zéro qui était déjà appliquée par Bart De Wever à Anvers d'ailleurs.
La Belgique semble donc prendre le chemin inverse de la tendance mondiale, qui va vers plus de tolérance vis-à-vis du cannabis. Une partie de la communauté scientifique est aussi montée au créneau pour défendre sa légalisation. Outre la volonté de remplir les poches de l'État, leur proposition se base sur un constat: la consommation et la détention de cannabis ne baisse pas. Malgré la politique répressive.
La consommation est plus forte que jamais. Près de 15 % des Wallons et 22 % des Bruxellois de 15 à 64 ans ont déjà consommé du cannabis au cours de leur vie, selon la dernière enquête de l'institut de la santé publique (2013). On monte même à 32 et 34% pour les 15-24 ans, et certaines études parlent de deux tiers.
Il en est de même pour la détention: "Nous constatons bien plus de détention de cannabis qu’il y a dix ans, presque du simple au double", remarque le commissaire Michel Bruneau, du service central drogues de la police fédérale (DJSOC)", au Vif/l'Express en décembre dernier.
Foutoir dans la législation
Cela fait donc des centaines de milliers de personnes qui ont enfreint la loi de 1921, toujours d'application. Cette loi fera toutefois l'objet d'une tentative de modification au début des années 2000. "L’idée était de maintenir symboliquement l’interdit pénal, mais celui-ci ne serait plus appliqué sur le terrain", explique Christine Guillain, pénaliste à l’Université Saint-Louis toujours au Vif. En d'autres mots, ça veut dire que cette nouvelle loi prévoyait que le policier qui constatait l'infraction ne dresserait plus de PV nominatif.
Ce qui aurait empêché le Parquet d'agir. "Il s'agissait donc d'une dépénalisation de facto", explique Christine Guillain. Cette loi, refusée par la Cour d'arbitrage, s'est transformée en une directive beaucoup moins ambitieuse avec un retour au PV nominatif (en plus d'une tolérance de 3 grammes de tolérance et 1 plant à domicile). C'était en 2005 sous Verhofstadt II. Elle s'accompagne d'une autre directive signée en 2003 qui différencie la gravité du cannabis vis-à-vis des autres drogues.
Depuis? Plus rien... C'est sur ce demi-pas en avant que s'est greffée la récente position du gouvernement Michel, et l'application de la tolérance zéro sur le terrain selon la commune où tu te trouves.
Face à ce retour en arrière, les partis traditionnels prennent position. À commencer par Écolo et le PS. Pour les verts, c'est assez simple: ils veulent réglementer la production, la vente et l'usage du cannabis. Muriel Gerkens, députée fédérale à la Chambre, a d’ailleurs déposé en mars dernier une proposition de loi en ce sens. "Bien loin d’en faire une quelconque promotion, le but recherché est de mieux contrôler sa distribution et de sa production pour ne pas laisser ce marché aux mains d’une criminalité mafieuse".
L’objectif premier de cette proposition serait de protéger la santé des consommateurs. "Nous constatons que les produits vendus en Belgique ont un taux de THC (tétrahydrocannabinol) trop important et que certains plants contiennent des substances toxiques", détaille la députée dans La Libre. Concrètement Écolo veut mettre à disposition des lieux de vente, contrôlés, et avec du personnel formé.
Pour le PS, c'est Elio Di Rupo qui montait en personne au créneau. C'était également en mars dernier et voici ce qu'il déclarait dans La DH: "La politique menée actuellement en matière de cannabis est profondément insatisfaisante".
Comme pour Benoît Hamon en France, le chef du PS belge se montre également favorable à l'appropriation de la vente du cannabis par les pouvoirs publics: "Comme Benoît [Hamon], je propose que ce soient les pouvoirs publics qui régulent et réglementent la production et la vente de cannabis. Des experts de l’Europe entière […] nous pressent de prendre des mesures en faveur d’une régulation en matière de cannabis, comme nous l’avons fait pour le tabac ou l’alcool."
On notera que le PTB et DéFi sont globalement pour une dépénalisation, avec un contrôle sur la vente et la consommation pour le premier nommé.
MR et CDH: contre
Ce n'est pas du tout le point de vue du MR, tu l'auras compris. Il rejette la dépénalisation "en raison des risques élevés et des effets négatifs pour le consommateur, notamment en ce qui concerne l’assuétude et les comportements à risque. Mais également en raison de la banalisation induite par cette mesure."
La position officielle du MR est claire et fait écho à la décision du gouvernement fédéral en matière de tolérance: "le gouvernement fédéral Michel Ier a souligné, via l’accord de gouvernement, qu’il avait la ferme intention de mettre fin à cette tolérance pour le cannabis qui existe depuis 2003 en stipulant que la consommation et la détention de drogues dites douces seront donc poursuivies autant chez les mineurs d’âge que chez les plus de 18 ans", même si on n'était pas de cet avis du côté des jeunes.
Détail amusant noté par le Vif: une proposition de loi datant de 2000 proposait de dépénaliser la détention de cannabis en dessous de 15 grammes (3 actuellement, sans force de loi). Et devine de qui vient cette proposition? De Olivier Chastel et Daniel Bacquelaine, respectivement chef du MR et ministre de Pensions aujourd'hui.
Pour le CDH, pas de quiproquo: ils sont "opposés à la dépénalisation et la légalisation des drogues". Le parti humaniste veut mettre le paquet sur la prévention. Notamment par la réalisation de campagnes destinées aux jeunes, et ce le plus tôt possible. Le CDH craint pour la santé des concitoyens en cas de dépénalisation complète.
Le débat doit être (re)lancé
Comme vu plus haut dans les chiffres, le cannabis s'est pourtant déjà banalisé. Sa consommation et sa détention augmentent également. En conséquence, il semble que les politiques répressives ou des demi-mesures soient un échec cuisant. Et on passera ici les problèmes de surpopulation carcérale (un tiers des détenus sont liés à des dossiers drogues).
La législation sur le cannabis en Belgique, c'est aussi cette fâcheuse impression que la loi n'est pas la même pour tous. Ou en tout cas, qu'elle n'est pas appliquée de la même manière sur tout le territoire. Il s'agit pourtant à la base d'une loi fédérale. Mais c'est à chaque zone de police de la faire appliquer en fonctions des directives. Et finalement au juges d'appliquer ou de ne pas appliquer de sanction.
Bref, si ce débat est avant tout idéologique et touche à la morale, il doit être mis sur la table. Ne fût-ce que pour y voir un peu plus clair dans la législation. Et pour peut-être, par la suite, accompagner la tendance mondiale comme c'est le cas aux États-Unis, au Canada et même au Portugal. Les dérives en moins.