Des personnes travaillant dans le secteur non réglementé du cannabis disent que l'approvisionnement en marijuana du Canada sera insuffisant d'ici la légalisation, en juillet 2018, et que le marché noir continuera à prospérer.
Quelques feuilles de marijuana Photo : iStock
En Colombie-Britannique, le ministre de la Sécurité publique, Mike Farnworth, a annoncé lundi que le public pourra participer à des consultations au sujet des règlements portant sur la distribution, l’âge et les limites de possession de la marijuana. Cependant, le ministre a remarqué que l’approvisionnement, un élément critique dans la lutte contre le marché noir, est de compétence fédérale.
Selon Dana Larsen, militant de longue date et dirigeante d’un point de vente, la quantité de marijuana de qualité disponible chez les fournisseurs autorisés est loin de répondre aux demandes actuelles, sans mentionner les demandes d’un marché récréatif légal l’été prochain.
« Les fournisseurs autorisés par la loi, il n’y en a pas assez », a dit M. Larsen. « Ils ne cultivent pas assez de cannabis. Ils n’ont pas le droit de produire la moitié des produits que nous vendons dans notre comptoir de vente [...] » Afin d’approvisionner les deux points de vente dont elle est propriétaire, M. Larsen dit devoir se tourner vers le marché clandestin.
Des douzaines de permis distribués
En ce moment, 59 permis fédéraux pour cultiver la marijuana médicale sont distribués au Canada. De nombreux cultivateurs ne sont pas autorisés à vendre le cannabis. Ian Dawkins, président de l’Association du commerce de cannabis au Canada qui représente à peu près 100 cultivateurs non autorisés, dit que les cultivateurs autorisés approvisionnent seulement 5 % du marché actuel, y compris le marché médicinal et le marché noir. « S’ils vont bloquer l’autorisation des cultivateurs, d’où viendra ce cannabis », demande M. Dawkins.
Selon lui, si la légalisation comprend les petits cultivateurs et dépend d’un système semblable aux comptoirs de vente indépendants de Vancouver, il ne devrait pas y avoir de problèmes majeurs d’ici le 1er juillet 2018.
Cette adaptation des pratiques est due à une récente décision du Tribunal fédéral, pour qui la possession d'une petite quantité de cannabis pour sa propre consommation n'est pas punissable.
Des cantons ne verbalisent plus les personnes contrôlées
avec moins de dix grammes de cannabis. (Photo: Keystone)
Les adultes en possession d'une petite quantité de cannabis ne seront plus punis dans le canton de Lucerne. Les autorités de poursuite pénale tirent les conséquences d'une décision du Tribunal fédéral concernant un cas à Bâle-Ville.
Le Ministère public lucernois a avisé la police de ne plus infliger d'amendes d'ordre aux personnes contrôlées avec moins de dix grammes de cannabis sur elles, a expliqué le porte-parole de la police lucernoise Kurt Graf samedi dans la Luzerner Zeitung. Pour les jeunes de moins de 18 ans, la possession reste interdite. Jeudi, c'est le canton de Zurich qui avait annoncé qu'il renonce à punir les adultes détenant moins de dix grammes. Jusqu'ici, il fallait payer une amende de cent francs.
Cette adaptation des pratiques est due à une récente décision du Tribunal fédéral. Celui-ci retient que la possession d'une petite quantité de cannabis pour sa propre consommation n'est pas punissable. Depuis octobre 2013, la loi fédérale sur les stupéfiants considère dix grammes de cannabis comme «quantité minime». Le porte-parole de la police lucernoise ajoute que des détails doivent encore être clarifiés à destination des policiers sur le front: «Nous ne pouvons pas munir tous les agents d'une petite balance», a-t-il précisé.
Pratiques hétéroclites
En janvier dernier, une étude d'Addiction Suisse montrait que les amateurs de cannabis pincés par la police ne sont pas traités partout de la même manière. Et cela malgré la loi de 2013, qui visait justement à une harmonisation des pratiques entre cantons.
Un consommateur de cannabis n'est ainsi souvent pas sanctionné de la même manière dans le canton de Fribourg que dans celui de Berne, notamment pour la possession seule. Les policiers fribourgeois sanctionnent systématiquement, les Bernois laissent passer. Un habitant de Bâle-Campagne a également nettement moins de risques d'être puni que son voisin argovien. Autre paramètre, le taux d'infractions sanctionnées (le nombre d'infractions divisé par la taille de la population) est neuf fois plus élevé à Genève et en Valais qu'à Bâle-Campagne.
La consommation de cannabis plus élevée à Genève n'explique pas tout, selon l'étude. Car elle est aussi nettement plus élevée à Bâle-Campagne qu'en Valais. Dans certains cantons, il existe même différentes pratiques au sein de la police elle-même. Il reste donc des zones d'ombre, estimaient les auteurs. (nxp/ats)
A l’issue de sa sixième édition, la Foire se confirme avec 17.000 visites, 1.500 professionnels, une augmentation de l’espace d’exposition et 180 entreprises qui fidélisent leur participation à 80 %. La sixième édition d'Expogrow a fermé ses portes dimanche 17 septembre en se confirmant ....
Expogrow, le rendez-vous international de l'industrie du cannabis
.... comme le salon professionnel autour du cannabis qui se distingue le plus du reste par la qualité de son public et par son caractère professionnel marqué.
L'organisation se montre satisfaite des résultats finaux avec 1.500 professionnels accrédités, l'augmentation de la surface d’exposition qui, cette année a dépassé 3.100 m2 répartis dans les quatre pavillons du centre de congrès et plus de 180 entreprises ainsi que les marques qui ont nouvellement misé sur la Foire. Tout cela monte le taux de fidélisation à 80 %.
En matière de participation, ce sont 17000 visites qu’a reçu Ficoba (Irun) durant les trois jours de Foire, malgré une météo très peu favorable. Expogrow est devenu un rendez-vous international du cannabis incontournable pour les professionnels du secteur et attendu par le public. Les participants venus pour cette édition de pays comme la Grèce, la Hollande, l'Italie, l'Angleterre etc. ont apporté une dimension européenne et internationale au salon.
Le public français s'est maintenu à la hausse, augmentant chaque année et confortant la Foire comme le rendez-vous le plus spécialisé et innovant qui soit et qu'il ne faut pas manquer. Cette année plus de 60 % du public avait traversé la frontière française vers le Sud. Pour les entreprises, les professionnels, les médias, les associations et le public français, Expogrow c’est « leur » Foire du cannabis. Parce que la législation de l’hexagone n’autorise pas d'évènement de ce genre, le salon d'Irún est devenu un rendez-vous annuel où se rassemblent les professionnels et les amateurs français.
Durant ce long week-end il y a eu un temps pour tout, le travail et le plaisir. L'un des points les plus remarquables et positifs de la Foire est la session B2B, fermée au public le vendredi jusqu'à 14h30. Une opportunité unique pour que les professionnels puissent consacrer le temps nécessaire à un accueil personnalisé du client.
L'opinion est unanime lorsqu’il s’agit de considérer cette journée comme une clef permettant de faciliter et fortifier les échanges commerciaux structurés entre les différents acteurs du secteur. Une bonne partie du succès de cet espace de travail est liée à la mise à disposition des mois à l’avance de l’application Expogrow B2B par l’organisation.
L'un des défis auxquels se sont confrontés Expogrow et la Fondation Renovatio durant cette édition, était de faire participer le public à l'espace de réflexion et de débat qui a toujours caractérisé cette Foire (anciennement connu sous le nom de Forum Social International). Le nouveau format talk-show appelé Cannabis Box Forum a permis d’accroître la participation et l'interaction entre les invités et l’assistance de ce rendez-vous cannabique respecté. La localisation dans la “galería acristalada” de Ficoba s’est avéré être le lieu indiqué pour ce rapprochement et l'intégration dans la Foire.
Durant ces deux jours de débats les visiteurs ont assisté au témoignage de l'expérience d'experts remarquables dans le domaine des sciences, de la médecine, de la régulation, de l'innovation industrielle ou de l'évolution des politiques de drogues et ses particularités nationales et internationales. A l’éventail de spécialistes se sont ajoutés cette année de nombreux invités issus de la société civile et du monde de l’entreprise qui s’efforcent de favoriser la connaissance et les applications restant à imaginer autour du cannabis. L'américain Michael Collins et l'uruguayen Augusto Vitale sont les figures qui ont suscité le plus d’attentes à l'heure des échanges.
Pour ce qui concerne la partie plus festive et de loisirs, le Festival de Musique démontre à nouveau qu'Expogrow est beaucoup plus qu'un salon commercial. Sur la scène du chapiteau sponsorisé par Cyco, se sont produits les britanniques d’Asian Dub Foundation qui ont offert un direct live percutant pendant leur concert du samedi soir. L’affiche a été complétée par la très attendue Maria de Chambao, une découverte pour le public nombreux venu de l'autre côté des Pyrénées. L’australo-coréenne Saritah a charmé doucement avec ses rythmes chauds tandis que la percussionniste Natascha Rogers a transporté l’auditoire vers des latitudes afro-cubaines, constituant à elles toutes un très haut niveau de participation féminine parmi les artistes programmés.
Les Français du Dirty South Crew ont surpris avec leur irrévérencieux mélange des genres et avec l’exécution exquise de leurs multiples sonorités. Très applaudis, les anglais de London Afrobeat Collective l’ont été aussi, eux à qui incombait la difficile tâche de mettre en mouvement les corps engourdis après une journée de vendredi marquée par la pluie. Les Djs (Don Cornelius, Víctor Santana et Negrote) ont fait tourné leurs meilleures sélections pour entretenir la flamme verte durant tout le week-end.
Parmi les activités parallèles de cette sixième édition, l'expérience d'hyperréalité proposée par Wuautech sous forme d'un circuit virtuel à travers "MetaCity" a fait sensation au sein de l’assistance. Durant trois jours, les milliers de visiteurs qui ont parcourus les 12.000m2 de Foire ont quitté l'enceinte de Ficoba chargés de matériel, de promotions, de cadeaux et de souvenirs d’un autre genre comme les caricatures d'Ivan Art ou les photos de notre "Fotocroma Expogrow".
Beaucoup d'autres animations comme les créations en live d’El Niño de las Pinturas, les compétitions du Game Truck d'****** et les concours et les surprises inracontables… ont complété la programmation. Durant la Foire quelques personnages médiatiques font chaque année d’Expogrow une vitrine sociale de ce que demande la société civile. Lors de cette édition, la Mari de Chambao a signé avec son groupe en faveur de la régulation. Expogrow a également eu la visite politique d’Unidos Podemos qui soutiennent une loi en faveur de la légalisation du cannabis.
On légalise l’été prochain, et il reste énormément de choses à déterminer.
Crédit photo : Matt Joycey / Vice
La première mouture du projet de loi fédéral sur la légalisation du pot a été présentée en avril, celle du Québec doit être présentée cet automne, et on demeure présentement en plein brouillard sur des questions importantes. Parmi elles, il y a la question des produits dérivés, qui a été complètement écartée par le gouvernement Trudeau.
Il n'y a que cinq produits qui seront permis lorsque la loi entrera en vigueur : le cannabis frais et séché, l'huile de cannabis, la plante et la graine. Pour les produits comestibles et le haschisch, ça pourrait venir plus tard, a indiqué par courriel l'Agence de santé publique du Canada (ASPC) sans préciser de moment. Il pourrait être question de quelques mois après l'adoption du projet de loi, selon La Presse. Une ouverture pour les criminels
Le gouvernement veut se laisser le temps de bien faire les choses en légalisant d'abord le weed, ensuite les dérivés. « Je pense que ça démontre une approche qui est prudente par rapport aux produits comestibles », assure Joël Lightbound, le secrétaire parlementaire de la ministre fédérale de la Santé, en entrevue avec La Presse.
Or, les gouvernements provincial et fédéral martèlent depuis le début de l'opération que la légalisation du cannabis sera l'occasion d'enrayer le marché noir. En ne légalisant pas rapidement les comestibles et dérivés comme le haschisch, on laisse la place au monde criminel, croit Jose Dominguez, maître cultivateur au sein de la compagnie de production de cannabis médical Canveda. Il presse le gouvernement de régler le dossier le plus rapidement possible.
« C'est déjà un énorme marché, observe-t-il. Je comprends que c'est une question d'évolution, la légalisation. On ne peut pas mettre tout parfait à partir du jour un, mais c'est définitivement quelque chose qui doit être mis de l'avant assez rapidement pour être capable de prendre le marché au marché noir. » Permis pour la consommation personnelle
Le gouvernement n'a pas été particulièrement explicite à ce sujet, mais il semble que les produits comestibles et le haschisch seront permis au moment de l'adoption du projet de loi, à condition que le consommateur fasse preuve de débrouillardise. Dans le projet de loi, sous la section « altération permise », il est indiqué que « tout individu peut altérer les propriétés chimiques ou physiques du cannabis », pourvu qu'il n'emploie pas de solvant.
Ça interdit d'emblée les jujubes, la wax, le shatter et les autres produits du genre. Mais ça permet de se faire ses propres brownies au pot avec de l'huile de cannabis, par exemple. Ça permet aussi de transformer son cannabis en haschisch, ce qui peut se faire aisément sans solvant pour certains types. Des techniques de séparation mécanique avec de l'eau et de la glace, des filtres en tissus, ou même de la bonne vieille huile de coude peuvent être employés. Questionnée à ce sujet par VICE, l'ASPC a d'abord indiqué que le haschisch ne serait « pas permis lorsque le projet de loi sur le cannabis entrera en vigueur ».
Après insistance de notre part, le service des relations avec les médias de l'Agence nous a demandé de nous référer à une section de questions-réponses sur le site du gouvernement, où l'on réitère que la modification personnelle sans solvant est permise. La question se pose alors : permettre la consommation d'un produit, sans le vendre, n'est-ce pas ouvrir la porte encore plus grand au marché noir, qui saurait tirer profit de ses clients n'ayant pas la motivation de bricoler ses dérivés?
Avec les informations d'Émilie Larivée-Tourangeau.
Là où plusieurs pays africains hésitent encore, le petit royaume d’Afrique australe a allègrement franchi le pas. Le Lesotho vient de devenir pionnier dans le développement de l’industrie du cannabis en accordant une licence pour sa culture à usage médical. Une première en Afrique qui pourrait entraîner dans son sillage d’autres pays du Continent.
(Crédits : Reuters)
La première plantation légale de cannabis en Afrique est Lesothane. Verve Dynamics, une entreprise phytopharmaceutique basée en Afrique Sud, vient de décrocher du ministère de la Santé du Lesotho, un permis pour la culture, le traitement, la recherche et l'exploitation du cannabis à usage médical et scientifique. La première licence de culture du cannabis délivrée à une entreprise sud-africaine
L'octroi de cette première licence fait de ce petit royaume enclavé à l'intérieur de l'Afrique du Sud, le premier pays d'Afrique à légaliser la culture du cannabis. Dans les faits, le gouvernement du Lesotho vient de poser un premier pas pour une légalisation généralisée de cette culture. Grand producteur de marijuana, le Lesotho fournissait déjà dans les années 2000 près de 70% du cannabis vendu en Afrique du Sud. Bien qu'illégale dans le pays, la culture de l'herbe avait attiré les cultivateurs en raison des gains conséquents.
Avec la première légalisation de la culture en Afrique, l'entreprise Verve Dynamics, basée au Cap où tout usage du cannabis est proscrit même si la Cour constitutionnelle a jugé illégale l'interdiction, s'est tournée vers le Lesotho pour y développer une variété de sativa. L'objectif à terme pour l'entreprise sud-africaine est de se lancer dans la production d'autres variétés. Le Lesotho, figure de proue pour une exploitation de l'or vert
Plus largement, la légalisation du cannabis à usage médical fait du Lesotho un pionnier de l'industrie de l'or vert. Dans l'hypothèse d'une légalisation généralisée en Afrique, le Lesotho pourrait fournir du cannabis auprès de 40 millions de consommateurs quotidiens recensés sur le Continent, selon des estimations datées de 2007 par l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime.
Dans son sillage, le Lesotho pourrait aussi entraîner d'autres pays africains qui ont longtemps hésité à légaliser la culture du cannabis, alors qu'ils en détiennent l'expertise et en produisent de grandes quantités.
La Zambie, qui étudie la possibilité d'octroyer des licences de culture du cannabis à usage thérapeutique, le Malawi qui se penche actuellement sur l'usage industriel de l'herbe ou encore l'Afrique du Sud qui se déchire dans le débat sur la légalisation, pourraient suivre l'exemple du Lesotho.
Au Pérou, la Commission de défense nationale de la République a approuvé un projet de loi visant à permettre l’utilisation médicinale d’huile de cannabis dans le traitement de certaines pathologies comme la maladie de Parkinson, le cancer, l’épilepsie, entre autres.
Ce projet de loi permettrait ainsi la production, l’importation et la commercialisation de l’huile de cannabis à des fins exclusivement médicinales. « Le dispositif permet, d’une part, l’importation d’huile de cannabis et, d’autre part, la production nationale entre les mains des compagnies pharmaceutiques. Tout ce processus avec des licences offertes par l’Exécutif, sera supervisé et surveillé pour s’assurer qu’il n’y ait aucun mauvais usage lié à cette activité « , a déclaré Alberto Belaunde, un parlementaire, principal instigateur de l’initiative.
Le député Alberto de Belaunde, auteur de l’initiative, a souligné que ce projet, approuvé à l’unanimité, donnera une meilleure qualité de vie à des milliers de patients souffrant de maladies terribles.
« C’est d’une importance capitale. Aujourd’hui, c’est la première étape pour des milliers de patients souffrant de pathologies telles que la maladie de Parkinson pour qu’ils puissent avoir accès à des produits qui les aideront à améliorer leur qualité de vie, ils souffriront moins de douleurs et pourront mener à bien leurs activités », a ajouté le député.
Il a indiqué que les bénéficiaires de ce traitement devront être inscrits sur un registre d’utilisateurs, l’usage de l’huile de cannabis devra être réglementé et être autorisé par un médecin.
Dans un premier temps, il a été envisagé que l’importation de l’huile de cannabis soit privilégiée, mais en échangeant avec des familles de consommateurs malades, il a été estimé que cela augmenterait les coûts, pour cette raison, il a été décidé de permettre la culture et la production d’huile de cannabis afin d’obtenir des prix plus accessibles au profit d’utilisateurs dûment inscrits et surveillés médicalement.
L’initiative a été lancée en début d’année après que la police ait démantelé un laboratoire à San Miguel (Lima) où l’huile de marijuana était confectionnée et destinée pour de jeunes patients atteints d’une maladie grave, une découverte qui a ému et éveillé les consciences des habitants de ce pays sud-américain.
Ce projet de loi doit être envoyé à la plénière du Congrès pour approbation finale, « tout le cercle est verrouillé avec des cadenas pour empêcher toute activité illégale, dans le cadre de cette opportunité qui s’ouvre aux patients », a précisé Alberto de Belaunde. Si le projet de loi est finalement approuvé, le Pérou suivrait son voisin chilien et colombien pour légaliser la marijuana à des fins médicinales. Pour sa part, l’Uruguay a légalisé le semis et la consommation de marijuana; tandis que le Sénat du Mexique a approuvé un projet de loi qui permet son utilisation médicale.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé qu’elle réalisera sa première évaluation officielle de la valeur médicale de la marijuana cette année. Selon les conclusions de cette étude, les contrôles internationaux pourraient être assouplis pour une utilisation thérapeutique. Ce sera la première évaluation du Comité de l’OMS sur les drogues concernant le cannabis depuis la création de cet organe international en 1949. Au cours des dernières décennies, une vingtaine de pays ont légiféré sur l’accès médical au cannabis et sur ses produits dérivés, car ils ont montré des résultats dans divers traitements, par exemple dans certaines formes d’épilepsie, mais aussi pour certains traitements palliatifs.
« Il s’agit du premier examen officiel, certaines études ont été faites auparavant, mais c’est le premier rapport d’expertise du Comité de l’OMS sur les dépendances à la drogue« , a déclaré Gilles Forte, coordinateur des politiques et utilisations des médicaments de l’OMS. «Le« pré-examen »est une étape préliminaire vers un examen scientifique plus approfondi et il peut se produire très rapidement», ajoute-t-il.
Si le «pré-examen» est positif, l’OMS entreprendrait une évaluation approfondie et donnerait une recommandation sur l’usage et le contrôle du cannabis à des fins médicales. Le président péruvien Kuczynski, un économiste libéral de 78 ans avait il y a quelques mois, lancé une polémique dans le pays en déclarant que fumer de la marijuana « n’est pas la fin du monde ». L’huile de cannabis doit permettre aux personnes atteintes de cancer, d’épilepsie ou de Parkinson d’avoir une qualité de vie décente et acceptable.
Le parti socialiste a déposé à la Chambre sa proposition de loi suggérant un modèle belge de réglementation du cannabis. Il vise à organiser, à travers un cadre légal strict, un contrôle public du marché, s'exerçant sur l'ensemble du processus de production, de la culture du produit jusqu'à sa consommation.
Le texte propose deux voies possibles de production et de distribution: la production individuelle de cannabis dans le cadre d'un usage strictement personnel (un arrêté royal préciserait le nombre de plants maximums) et celle assurée pour le compte de leurs affiliés par des "Cannabis Social Clubs" (CSC) à créer. Ces CSC fonctionneraient moyennant une licence délivrée par une "Autorité de contrôle du cannabis" (ACC).
L'objectif du texte est d'aller à rebours de la banalisation du produit promue, selon les auteurs, par le système répressif actuel. Le cannabis serait interdit aux mineurs d'âge. La proposition prévoit une évaluation du nouveau système permettant à terme une évolution de la législation.
Echec de la politique de prohibition
Les socialistes font le constat de l'échec de la politique de prohibition en vigueur depuis plus de cinquante ans. Le nombre de consommateurs n'a cessé d'augmenter, singulièrement dans les catégories les plus jeunes de la population.
Ces consommateurs sont les victimes potentielles d'un marché criminel de plus en plus prospère. Cette situation est coûteuse pour l'appareil judiciaire et ne permet pas, estiment les députés socialistes, une politique de prévention et de réduction des risques digne de ce nom. Depuis 2000, la consommation de cannabis est tolérée en Belgique, bien que la loi continue à énoncer une interdiction de principe. Depuis 2005, une directive du ministre de la Justice et du collège des procureurs généraux fixe les conditions des poursuites. A certaines conditions, les poursuites ne s'exercent pas.
Les divergences d'application selon les arrondissements judiciaires contribuent toutefois à la confusion qu'entraîne cette politique de tolérance. Celle-ci ne résout en outre pas la question de la criminalité du marché d'approvisionnement. La proposition de loi est signée par huit députés socialistes dont la cheffe de groupe sortante Laurette Onkelinx, le président du PS Elio Di Rupo et le député-bourgmestre de Liège Willy Demeyer, actif au parlement sur la question des drogues.
MONTRÉAL — Il y a largement consensus à l’échelle du pays sur le fait que les prix, les taxes et l’accessibilité de la marijuana légale doivent permettre de concurrencer le marché noir, affirme l’homme responsable d’orchestrer la légalisation de la drogue au Canada.
Toronto's former top cop, Bill Blair, had voiced support for the Liberal position on marijuana even
before being elected to office, saying the current laws had done little to keep marijuana out of the
hands of young people or organized crime from profiting from its sale. (Lucas Oleniuk / Toronto Star file photo)
Toutes les provinces s’entendent pour dire que davantage doit être accompli pour mieux protéger les enfants et soutirer de l’argent au crime organisé, a ajouté le député fédéral Bill Blair en entrevue, lundi. Le Canada prévoit légaliser la substance d’ici juillet 2018 en permettant aux adultes de posséder jusqu’à 30 grammes de marijuana légale en public, et de cultiver un maximum de quatre plants par foyer.
M. Blair mène en ce moment une tournée à l’échelle du pays afin de discuter avec les politiciens provinciaux et municipaux, ainsi qu’avec d’autres intervenants, en vue de l’entrée en vigueur de la loi qui approche à grands pas. Les détails demeurent encore flous sur la façon dont les provinces, dont le Québec, appliqueront la loi, notamment quant à la distribution, aux prix et à l’accessibilité — des responsabilités qui incombent aux provinces. Des consultations sont en cours au Québec. Parmi les aspects qui font «largement consensus», M. Blair indique que plusieurs intervenants ont souligné la nécessité de «mieux protéger les communautés et les enfants».
«Nous ne voulons pas laisser cette industrie au crime organisé et pour vaincre le crime organisé sur ce point, nous devons être capables d’être concurrentiels sur le prix, la qualité et l’accès», a-t-il soutenu. Bien que les provinces économiseront au final notamment avec la diminution du nombre d’arrestations liées à l’utilisation de la marijuana, elles devront investir des ressources au départ, a ajouté M. Blair.
«Nous devrons investir dans l’infrastructure et l’administration et ceux qui sont responsables de protéger les communautés auront besoin de lois, de technologies, d’outils, de ressources et de formation. Et cela nécessitera un investissement.»
Adam Greenblatt, qui travaille dans une entreprise de marijuana médicinale en Ontario, Canopy Growth, estime que l’image de marque sera un sujet important dans le débat. Le projet de loi C-45 qui fait son chemin dans le processus parlementaire interdit «la promotion, l’emballage et l’étiquetage de cannabis susceptibles de rendre le cannabis attrayant pour les jeunes ou d’en encourager la consommation».
«C’est important pour nous de différencier nos produits les uns des autres, mais aussi du marché illicite. La marque permet de solidifier la confiance du consommateur», a expliqué M. Greenblatt. M. Blair dit qu’il serait peut-être possible de permettre «un certain niveau de valorisation de la marque» — mais avec des limites raisonnables.
Si les provinces ne se sentent pas prêtes à implanter leurs propres mesures d’ici l’année prochaine, le gouvernement fédéral prévoit donner accès à la marijuana par l’entremise du service postal, le moyen utilisé actuellement pour livrer la marijuana médicinale aux patients.
La weed, nouvel El Dorado pour les start-ups américaines ? Tandis que la consommation et le marché explosent, elles sont de plus en plus nombreuses à proposer des services aux cultivateurs et particuliers.
Trevor Hagan/Bloomberg
Quand le Colorado et Washington ont été les premiers États américains à légaliser la possession de cannabis récréatif aux États-Unis en 2012, personne ne pouvait prédire l’essor monumental que cette industrie prendrait au fil de temps. Pourtant, cinq ans plus tard, huit États autorisent le cannabis récréatif. Et le business autour de la weed légale ne cesse d’augmenter.
Selon une étude, repérée par The Next Web et réalisée par l’Arcview Mark Research, une publication reconnue sur le marché du cannabis, la vente de weed aux États-Unis et au Canada, en comptant également la vente médicinale, pourrait dépasser 20,2 milliards de dollars de recettes en 2021, soit une augmentation annuelle de 25 % depuis 2017.
Une autre étude, réalisée en parallèle par New Frontier Data, entreprise d’analyse de données et partenaire de l’Arcview Mark Research, estime ainsi que d’ici 2020, le secteur du cannabis devrait créer plus d’emplois que les institutions gouvernementales. "L’industrie du cannabis est l’un des marchés en plus forte croissance et continue d’étonner tout ceux qui ne comprennent pas cette économie", affirme Giadha DeCarcer, fondatrice et CEO de New Frontier, à Arcview.
Le cannabis, une plante qui pousse avec des machines
En outre, c’est un business qui utilise une technologie de pointe. On est loin de la petite culture locale faite à la main, comme le note The Next Web. Les cultivateurs utilisent désormais le big data, l’internet des objets ou des robots dirigés par une intelligence artificielle pour améliorer leurs cultures de cannabis.
Ainsi, le succès du site Leafly, qui aide les professionnels à choisir quelles graines de cannabis acheter, leur explique la manière de les faire et propose un tas d’autres services, vient de lancer Headset.io. Il s’agit d’un outil d’analyse des données de son business, permettant notamment de calculer le rendement des graines ou de contrôler l’évolution des cultures au fil du temps. Le cannabis, comme toute plante qui se respecte, a besoin d’une certaine dose de lumière, d’une température adéquate et d’un entretien régulier.
Pour ça, l’internet des objets (IoT) propose de nouvelles solutions. Le but est d’automatiser le travail manuel sur les plantes pour limiter les erreurs humaines. Des start-ups comme Edyn créent par exemple des capteurs pour détecter en temps réel l’humidité, la température, l’acidité du sol. Ces capteurs envoient directement les infos sur le smartphone du propriétaire. Une équipe a même créé un robot capable de détecter la qualité de la weed. Celui-ci, destiné aux professionnels et créé par la start-up Bloom, devrait arriver sur le marché à la fin de l’année.
Grâce à des caméras et à une vision par ordinateur, l’entreprise affirme que le robot sera capable de détecter la meilleure branche d’une plante de cannabis afin de la découper en moins de 4 minutes, de manière très précise. Ces entreprises représentent un exemple infime du nombre de start-ups qui se lancent dans le business de la weed aux États-Unis. Le marché explose et, ne l’oublions pas, rapporte aussi de petites fortunes aux pouvoirs publics : en 2016, le Colorado a tout simplement récupéré 1 milliard de dollars de taxes sur le marché de la weed.
Au milieu des tablettes de chocolat, paquets de cigarettes et engins de transport miniatures, un nouveau rayon a fait son apparition. Dans cette boutique, on peut commander du cannabis. Nous sommes au Châtelard, à quelques dizaines de mètres des douanes de la frontière franco-suisse… côté suisse, évidemment.
À peine la frontière passée, des panneaux au bord de la route informent les
automobilistes de la vente de cannabis. Photo Le DL/Greg YETCHMENIZA
ci, à seulement quelques kilomètres de Vallorcine et une vingtaine de Chamonix, vendre ce produit est, comme dans tout le pays helvète, devenu légal. Sous certaines conditions puisque le taux de THC doit être inférieur à 1 %.
Benoit Michellod est responsable de la boutique… et « goûteur officiel ». Photo Le DL/Greg YETCHMENIZA
Retrouvez notre reportage complet dans les éditions haut-savoyardes et de l'Ain de ce mercredi 23 août. Source: ledauphine.com
Montevideo - Vendu légalement dans les pharmacies d'Uruguay depuis mi-juillet selon un mécanisme unique au monde, le cannabis attire de plus en plus d'adeptes, mais les banques font la grimace, craignant des sanctions internationales pour blanchiment d'argent.
De la marijuana vendue dans une pharmacie à Montevideo, en Uruguay, le 19 juillet 2017
afp.com/MIGUEL ROJO
Première à réagir, l'Espagnole Santander, numéro un en zone euro, a averti les pharmaciens vendant de la marijuana qu'elle fermerait leurs comptes bancaires. "Nous avons décidé de ne pas participer à cette activité", indiquent des sources internes à Santander consultées par l'AFP.
"Comme nous sommes une banque mondiale avec des clients qui utilisent des banques dans différents pays, nous devons respecter les diverses normes locales", précisent-elles. Jeudi, la banque publique uruguayenne Brou a pris la même décision. Auprès du journal local El Observador, son président justifie que sinon, "cela provoquerait l'isolement financier de la banque Brou et de ses clients, ce qui l'empêcherait de réaliser toute opération avec contre-partie internationale".
Le petit pays sud-américain avait attiré l'attention des médias du monde entier fin 2013 en votant une loi inédite qui légalisait la culture et la commercialisation du cannabis à des fins récréatives, afin de lutter contre le trafic de drogues. La loi établissait trois façons de s'en procurer: culture à domicile pour la consommation personnelle, appartenance à un club pour planter de manière coopérative et achat de marijuana en pharmacie.
C'est ce dernier volet, auquel la moitié de la population s'oppose selon un récent sondage, qui a été mis en pratique avec l'ouverture le 19 juillet de la vente en pharmacies de ce cannabis cultivé par des sociétés privées mais sous contrôle de l'Etat. Jusqu'à présent, plus de 12.000 personnes - sur une population totale de 3,4 millions d'habitants - se sont inscrites sur le registre national des acheteurs, ce qui les autorise à en acquérir 40 grammes par mois, à 1,30 dollar le gramme.
Il y a eu moins d'enthousiasme du côté des pharmacies, seules 16 acceptant de participer au programme. De larges queues se forment face à leurs devantures ces dernières semaines, et leurs stocks fondent rapidement. Face aux tracas bancaires, certains pharmaciens menacent déjà d'arrêter l'expérience. - 'Publicité favorable' -
Cette réticence des banques n'est pas nouvelle: aux Etats-Unis, le problème s'est posé alors que la drogue douce, autorisée à usage médical dans 29 Etats et récréatif dans huit, reste interdite au niveau fédéral.
Les banques qui ouvrent des comptes aux entrepreneurs du secteur peuvent être accusées de blanchiment d'argent. La majorité d'entre elles préfèrent donc s'abstenir. Seules environ 300 institutions sur près de 12.000 aux Etats-Unis acceptent - discrètement et en faisant payer cher leurs services - quelques clients du secteur, selon Standard and Poor's, essentiellement des banques coopératives ou régionales.
Malgré ce précédent, les autorités uruguayennes sont tombées de haut. "En vérité, nous ne savions pas (...) que cela pouvait arriver", a avoué le ministre de l'Economie, Danilo Astori, au journal La Republica. "Il faut trouver une solution et nous la cherchons". Il y a un "vrai risque" sur le maintien de la vente légale de cannabis, indiquent à l'AFP des sources ayant participé à élaborer la loi pionnière.
Artisan de cette législation, l'ex-président José Mujica (2010-2015), désormais sénateur, s'est agacé et a appelé son successeur Tabaré Vazquez à régler le problème. Julio Calzada, un des principaux promoteurs du projet quand il dirigeait le Bureau national des drogues (JND), se veut rassurant: "Il y a des alternatives", dit-il, mais "pas en Uruguay". Pour lui, une solution peut être de "négocier avec les banques américaines". Des sources du secteur évoquent aussi la possibilité de passer via un réseau parallèle au système bancaire.
Il n'empêche, "après avoir passé tant de temps à discuter du sujet, après tant d'avancées concrètes, après avoir planté la marijuana, après l'avoir récolté et l'avoir fait parvenir aux pharmacies, ne pas pouvoir la commercialiser pour un problème qui n'avait pas été prévu, c'est un coup très dur", observe Adolfo Garcé, politologue de l'Université de la République. Surtout que, "pour l'Uruguay, ce sujet (...) s'est transformé en bannière, en publicité favorable pour le pays".
Il y a un peu plus de quarante ans, la docteure américaine Denise Kandel présentait au monde entier sa théorie sur l’engrenage des drogues. Elle affirmait que la consommation de marijuana mène directement à l’usage et aux abus d’autres substances plus dures. Depuis, de nombreuses études ont montré qu’il n’y a en réalité pas de relation directe de cause à effet entre la marijuana et d’autres drogues illicites. Un fait confirmé entre autres par l’Agence américaine de lutte antidrogue dans un rapport de 2016.
En dépit de cette logique appuyée par des faits, le concept du cannabis comme étant une porte d’entrée vers d’autres drogues est toujours profondément enraciné dans les esprits, et revient souvent dans les discours politiques. Cependant, un centre de désintoxication californien est bien décidé à bousculer cette idée reçue en utilisant le cannabis comme une "drogue de sortie" pour aider les toxicomanes accros à d’autres substances à sortir de l’addiction.
High Sobriety est un centre de désintoxication situé dans le centre de Venice Beach, à Los Angeles. Il propose des programmes de rémission complète basés sur le cannabis. Fondée par Joe Schrank, un ancien alcoolique, la société High Sobriety est une alternative pour ceux qui rejettent l’idée que l’abstinence totale est la seule façon pour les alcooliques de sortir de l’addiction. Le site de l’établissement explique :
Pour Joe Schrank et son équipe, l’abstinence totale ne fonctionne que dans 25 % des cas, tandis que les 75 % de toxicomanes restants, qui auraient pu utiliser des méthodes différentes pour traiter leur addiction, ne sont pas les bienvenus dans le débat global sur la toxicomanie. Le cannabis peut diminuer le besoin d'autres drogues
High Sobriety a donc décidé d’offrir plusieurs alternatives à l’approche traditionnelle, l’une d’entre elle étant basée sur le cannabis. Les toxicomanes qui prennent des drogues dont la dose létale est connue, telle que la cocaïne, l’héroïne, la méthamphétamine, les opiacés et l’alcool, ne sont pas forcés d’arrêter du jour au lendemain. On leur propose en revanche de remplacer leur drogue dure par du cannabis, qui n’a pas de dose létale connue.
Les doses de cannabis sont contrôlées de près par High Sobriety. Ce type de traitement n’est proposé qu’aux personnes de plus de 25 ans, pour qui l’abstinence n’a pas fonctionné, et qui sont des consommateurs de substances dures et dangereuses, comme l’alcool. Le centre a établi une liste de dix critères à remplir afin de déterminer si un patient peut suivre ce traitement. Après la période initiale de sevrage, les gens peuvent ensuite choisir de continuer ou non à consommer du cannabis avec une supervision médicale.
Vous pouvez en savoir plus sur High Sobriety en vous rendant sur leur site Internet. Traduit de l’anglais par Sophie Janinet
Alors que le Parlement doit se prononcer sur la proposition de loi pour légaliser le cannabis, Investico a mené l’enquête sur les intérêts financiers des coffee-shops. Dans ce monde s’entremêlent activités clandestines et légales, une conséquence néfaste du cadre juridique ambigu mis en place depuis les années 1970.
Dessin de Daniel Pudles, The Economist, Londres. Daniel Pudles
Elle ne voit aucun inconvénient à ce qu’on mentionne son prénom : “It’s totally fine”, dit l’Australienne Francis à la terrasse du coffee-shop New Times dans la Spuistraat, à Amsterdam. Elle ne fait rien d’illégal, après tout ! Elle a de grandes lunettes de soleil, des nattes et une longue tunique rose en batik années 1960.
À Amsterdam pour la troisième fois, elle est dans un coffee-shop pour la énième fois. À l’autre bout de la table, Tim, originaire de Malte, a les yeux dans le vague. D’un tapotement du doigt, il fait tomber par terre la cendre de son joint. Il fume du Girl Scout Cookies, un cannabis de Californie connu pour sa saveur sucrée. Puis le silence et la méfiance s’installent. “My name ? Preferably not”, dit une troisième interlocutrice avant de se lever et de sommer les autres de la suivre.
La fréquentation d’un coffee-shop a beau être socialement acceptable, il reste difficile d’en parler avec des inconnus. C’est illégal mais toléré, normal mais en même temps légèrement tabou. Aussi n’y a-t-il rien d’étonnant à ce que les coffee-shops eux-mêmes se caractérisent par des contradictions. Par exemple, l’Australienne Francis ignore que les intérêts du New Times convergent non seulement avec ceux du secteur de la prostitution et du marché des machines à sous, mais aussi avec ceux du secteur bancaire.
Le propriétaire de cet immeuble d’Amsterdam est l’ancien exploitant de machines à sous Johan Erkelens, propriétaire de quatre coffee-shops. Pour acheter l’immeuble du New Times, il a emprunté de l’argent auprès de Hugo Persant Snoep, ancien propriétaire de plusieurs maisons closes. La banque NIBC, une banque d’investissement tout à fait convenable, a financé le reste. “Le loyer d’un coffee-shop est un peu plus élevé [que les loyers d’autres commerces]”, dit Johan Erkelens.
Dans le secteur des coffee-shops, les activités officielles et les activités clandestines sont étroitement imbriquées. Les autorités considèrent ce secteur, de même que ceux de la prostitution et des machines à sous, comme étant “criminogènes”. Mais cela n’a pas empêché des institutions financières néerlandaises respectables et des entrepreneurs de premier plan d’y avoir acquis des intérêts majeurs. Dans le monde du cannabis, la Rabobank et une personnalité connue de la mafia napolitaine se retrouvent littéralement côte à côte. Un chiffre d’affaires de 1 milliard d’euros
Les quatre plus grandes banques des Pays-Bas détiennent au total 171 coffee-shops en nantissement pour des prêts hypothécaires qu’elles ont accordés : des prêts forcément remboursés par des revenus issus de la vente de stupéfiants. Voilà un des aspects les plus frappants de l’enquête réalisée ces derniers mois pour l’hebdomadaire De Groene Amsterdammer par la plateforme de journalisme d’investigation Investico et par le quotidien financier Het Financieele Dagblad. Dans la perspective d’une éventuelle légalisation du secteur des drogues douces aux Pays-Bas, déjà votée [le 21 février 2017] par la deuxième chambre du Parlement, nous avons effectué une première étude systématique de l’ensemble du secteur.
Nous avons examiné à la loupe les 570 coffee-shops existant aux Pays-Bas en compilant les données disponibles sur les exploitants, les propriétaires immobiliers et les créanciers hypothécaires. Ces données publiques peuvent être obtenues contre paiement auprès de la chambre de commerce et du cadastre. Notre objectif était de déterminer les véritables détenteurs d’intérêts dans ce secteur, dont le chiffre d’affaires représente, selon certaines estimations, pas moins de 1 milliard d’euros par an.
Jusqu’à présent, ni l’administration publique ni la police judiciaire n’avaient une vue d’ensemble des différents intervenants dans le secteur des coffee-shops. Pourtant, la première chambre du Parlement va bientôt se prononcer sur une proposition de loi qui pourrait amorcer la légalisation de toute cette branche d’activité, notamment de l’ensemble des points de vente. Il ressort de notre étude que les puissances financières ont pris une longueur d’avance sur la politique. De fait, elles ont déjà légalisé le secteur en y prenant des intérêts.
Cependant, l’association d’activités officielles et d’activités clandestines ne se fait pas sans risque. Seuls les exploitants de coffee-shops font systématiquement l’objet d’un contrôle de casier judiciaire et des risques pour la sécurité. Les propriétaires des immeubles où se déroule ce commerce, de même que les créanciers pour l’achat de ces immeubles, ne sont pratiquement pas concernés par ces contrôles. En cas de légalisation, les gagnants pourraient donc être tout aussi bien des criminels que la Rabobank.
Quand George Clooney, Brad Pitt et Matt Damon s’installent au Dampkring à Amsterdam, pas question de fumer des joints. Les trois gangsters magistraux du film Ocean’s Twelve, l’histoire d’un braquage, se contentent de prendre un café et de discuter de leur prochain casse. Le spectateur averti n’aura cependant pas manqué de reconnaître la façade en bois caractéristique de l’établissement, de même que la déco à l’intérieur, du moins celle du Dampkring Original (il y en a un autre ailleurs dans la ville).
Au début de l’année, le Dampkring a changé de propriétaire. L’ancien et l’actuel propriétaires figurent dans la liste Quote 500, celle des 500 personnes les plus riches des Pays-Bas. La société immobilière Libra International a racheté le local et les appartements situés au-dessus pour 4 millions d’euros à Michael van der Kuit. Ce dernier possède également un terrain de golf, des bois et une plage dans la région cossue du Gooi [dans le centre du Pays-Bas], un club à Ibiza et des établissements dans l’hôtellerie et la restauration à Amsterdam.
Libra, le nouveau propriétaire, est la société d’investissement de Jan Verhagen et de son fils Marc, dont le patrimoine est estimé à 400 millions d’euros, qui se classent au 45e rang dans la liste des Néerlandais les plus fortunés. Les coffee-shops Happy Days de la capitale et un des trois Kadinsky sont également au nom de Libra et de l’une de ses filiales. Les banques, les plus gros détenteurs d’intérêts dans le secteur
Joachim Helms est président de l’Association de détaillants de cannabis. Cet homme aux larges épaules et au regard vif est depuis vingt ans le gérant du coffee-shop Green House d’Arjan Roskam, connu dans ce petit monde comme le “king of cannabis”, surnom que lui a donné le rappeur Busta Rhymes. Joachim Helms comprend très bien pourquoi les immeubles qui abritent les coffee-shops sont très recherchés. D’après lui, les exploitants de coffee-shops sont de bons locataires :
Les détenteurs des plus gros intérêts dans le secteur néerlandais des coffee-shops sont les banques. Nous avons fait le décompte des coffee-shops servant à nantir les prêts accordés par les quatre banques systémiques des Pays-Bas : Rabobank (82), ING Bank (44), ABN Amro (31) et Volksbank (auparavant SNS Reaal, 14). Concernant leurs prêts en rapport avec les propriétaires de ces immeubles, ces banques ont un encours qui s’élève au total à 1,1 milliard d’euros.
Le principal intervenant sur le marché des coffee-shops est sans conteste Rabobank, également propriétaire des coffee-shops The Bull à Vlaardingen et Regine à Haarlem. Au siège de la banque, à côté de la gare d’Utrecht Centraal, Wibout de Klijne, responsable de la conformité, explique que la banque se montre désormais plus réticente à accorder des prêts hypothécaires aux coffee-shops, une réaction semblable à celles communiquées par les banques ABN Amro, Volksbank et NIBC. Depuis un an et demi, la banque dispose d’une équipe centralisée de 450 personnes qui examine les dossiers de clients présentant des “risques d’intégrité complexes”, notamment les coffee-shops. Wibout de Klijne explique :
En dehors des quatre banques systémiques néerlandaises, d’autres institutions financières de premier plan manifestent un intérêt pour le secteur du cannabis. Les coffee-shops servent de nantissements pour des prêts hypothécaires consentis par le régime de retraite ABP (1), l’assureur Achmea (2), NIBC (3), Van Landschotbankiers (4), la Deutsche Bank (2), la banque française Crédit Agricole (1) et la suédoise Handelsbanken (2). Les services des impôts (2), l’État néerlandais (1) et les brasseurs Heineken (3), Grolsch (1) et Oranjeboom (1) ont également des coffee-shops en nantissement.
Si ces crédits hypothécaires s’appuient sur des boutiques de cannabis, on s’explique mal les réticences des banques à ouvrir des comptes à leurs exploitants. Il y a quelques années, des exploitants de coffee-shops à Maastricht, à Groningue et à Zwolle ont intenté des actions en justice contre des banques qui ne souhaitaient plus les conserver comme clients. Des coffee-shops débordés
Nous pensions trouver Joachim Helms au coffee-shop Green House sur la Haarlemmerstraat à Amsterdam. Des vapeurs douceâtres de cannabis flottent au-dessus des petites tables de l’établissement plongé dans la pénombre. Du haut du mur derrière le comptoir, Snoop Dog, Eminem, Richard Branson et autres célébrités qui sont venues dans l’établissement regardent les clients fumer des joints. Un vendeur retire de l’étagère un bac en plastique après l’autre. Les bacs sont tous étiquetés. Mango Kosh, Super Critical. Le vendeur présente entre ses doigts toutes les têtes de cannabis aux clients. Finalement Joachim Helms est à côté, dans un restaurant. “Le lieu me semble plus adapté, dit-il. Quand on n’a pas l’habitude de respirer cette fumée, au bout d’une demi-heure on en ressent les effets.”
M. Helms, ses collègues et les autres membres de l’Association des détaillants de cannabis sont confrontés à un problème qui pourrait rendre jaloux d’autres entrepreneurs. En effet, certains coffee-shops se portent beaucoup trop bien. Ils regorgent littéralement de monde, ce qui crée de longues files d’attente et exige des aménagements intérieurs pour permettre une vente plus efficace par guichets. “Nous n’arrivons plus à gérer la demande. Ce qui laisse le champ libre à nos principaux concurrents : les dealers clandestins dans la rue”, dit Joachim Helms.
Ces dernières années, bon nombre de coffee-shops ont été contraints de fermer. Ils se situaient trop près d’un établissement scolaire, ou ne respectaient pas les règles, ou encore ont dû céder la place à des entreprises “convenables”. Intraval, organisme d’études sur le secteur des coffee-shops, a estimé en 1995 le nombre de coffee-shops aux Pays-Bas à 1 460, soit près du triple de leur nombre aujourd’hui. Compte tenu de ces fermetures, les coffee-shops sont à présent moins nombreux sur le marché et par conséquent débordés. Une situation incompatible avec la volonté de limiter la taille des coffee-shops. “La consommation de drogues douces est assez constante”, dit Bert Bieleman, directeur d’Intraval.
De nombreux exploitants de coffee-shops sont confrontés à une deuxième difficulté qui, aux yeux d’autres entrepreneurs, serait un problème de luxe : ils gagnent plus d’argent qu’ils ne peuvent en dépenser. Selon M. Helms, l’explication est essentiellement juridique :
Cette situation nuit à l’objectif initial des pouvoirs publics : celui de limiter la taille des entreprises qui vendent du cannabis. Bart Vollenberg, copropriétaire de deux coffee-shops Koffie & Dromen à Almere et à Lelystad, décrit son activité quotidienne comme du “noircissement d’argent”. “L’argent que nous versent nos clients est blanc, mais nous le noircissons dès que nous nous approvisionnons auprès de nos fournisseurs.” M. Vollenberg, par l’intermédiaire de la fondation Epicurus, plaide en faveur de la légalisation de la culture du cannabis. Bien que sa boutique soit tolérée, il dépend pour son approvisionnement de personnes qui, de fait, sont obligées de transgresser la loi. “C’est complètement tordu”, estime-t-il. Deux mois de prison pour avoir cultivé du cannabis
Chaque année, la police découvre près de six mille plantations, soit en moyenne seize par jour, souvent dissimulées dans des entrepôts ou des immeubles de bureau. Récemment, les époux John et Ines, qui vivent à Bierum, au nord de Groningue, ont été condamnés à deux mois de prison pour avoir cultivé du cannabis. Ils s’efforçaient pourtant de faire les choses dans les règles : ils payaient leur facture d’électricité et leurs impôts, n’utilisaient pas de pesticides et ne fournissaient que deux coffee-shops tolérés.
Mais même ceux qui s’en tiennent aux règles n’ont pas le juge de leur côté. Selon les détracteurs de cette approche sévère, celle-ci a surtout pour résultat de décourager les petits cultivateurs et de favoriser l’emprise du crime organisé sur la culture du cannabis. Les coffee-shops exerçant leurs activités avec l’accord de la municipalité et du fisc ont donc beau faire, ils ont toujours un pied dans la criminalité.
Pour dresser un tableau des “coulisses” des coffee-shops, nous avons fait l’inventaire, sur la base de sources publiques, des antécédents pénaux des exploitants, ainsi que des propriétaires immobiliers et des créanciers hypothécaires de coffee-shops en activité.
Un peu moins de la moitié (256) sont concernés par des affaires qui ont fait l’objet de poursuites pénales – que ce soient les dépassements de stocks, le blanchiment d’argent, les délits économiques, la détention d’armes ou pire. Il y a dix ans, il s’est avéré qu’un tiers des exploitants de coffee-shops et de grow-shops [boutiques qui vendent les équipements destinés à la culture du cannabis] connus de la police dans le sud des Pays-Bas s’étaient rendus coupables d’actes criminels graves.
Mais si les exploitants de coffee-shops font régulièrement l’objet de contrôles, ce n’est pas le cas des propriétaires d’immeubles ou de leurs financiers. À Amsterdam, il s’est avéré que les personnes avec un passé douteux restent tranquillement propriétaires d’immeubles abritant des coffee-shops. C’est le cas de Bertus Cirkel, l’entrepreneur aventureux du quartier de Wallen, patron de l’établissement De Keeper.
Son avocat a refusé de répondre aux questions. L’Italien Raffaele Imperiale, qui entretenait des relations avec la mafia napolitaine et avait accroché aux murs chez lui des tableaux volés de Van Gogh, possède le coffee-shop Rockland. À Haarlem, les immeubles abritant les coffee-shops Maximillian, The Snoop et Take Away appartiennent aux frères de Kris J., un indicateur de la police condamné pour avoir importé et revendu dans les années 1990 10 000 kilos de hash et de cocaïne. La journée de libération du cannabis
Le feu passe au rouge et un jeune homme portant catogan et lunettes de soleil branchées pose un pied à terre. L’autre reste sur la pédale. Une petite enceinte dans la poche latérale de son sac à dos diffuse du Bob Marley, I Shot the Sheriff. Le pied bat sur la pédale le rythme des accords étouffés joués par Marley à la guitare. L’effet est contagieux : le soleil dans le dos, le king of reggae en fond sonore, nous voilà partis pour la neuvième manifestation de la Cannabis Bevrijdingsdag, la journée de libération du cannabis, dans le Flevopark à Amsterdam.
Le plus grand événement organisé autour du cannabis aux Pays-Bas est un festival gratuit qui fête la “culture internationale du cannabis” avec des conférences, de la musique et surtout beaucoup de joints, de pipes à eau et de vaporisateurs. Le public est hétéroclite, même si tous les participants plissent les yeux à mesure que l’après-midi avance.
Assis sur leurs petits tapis dans l’herbe, ils regardent les sommités nationales et internationales se succéder sur deux podiums. “Les politiciens ne veulent pas comprendre que nous ne sommes absolument pas des hippies. Alors que nous avons vraiment dépassé ce stade”, dit Alan Dronkers, fils de Ben Dronkers, le propriétaire de l’empire Sensi Seed, sur le podium de la Cannabis University. Son point de vue : l’illégalité de la culture de cannabis nuit à sa qualité. “Il faut la libéraliser, de même qu’on peut cultiver du tabac et brasser de la bière”, dit-il. Applaudissements.
Les personnes présentes sont conscientes que jamais la perspective d’une légalisation n’a été aussi proche. La proposition de loi en faveur d’un “circuit fermé” présentée par la députée Vera Bergkamp, du parti D66, concerne surtout la culture, dit-elle :
Elle suggère dans sa proposition que, dans le cadre de la politique de tolérance, le ministre de la Santé donne son feu vert à des plantations contrôlées. Les cultivateurs pourraient vendre leurs récoltes uniquement aux coffee-shops tolérés et ceux-ci pourraient s’approvisionner uniquement auprès d’eux. “Le but de la proposition de loi est de protéger la santé publique, argumente Mme Bergkamp. Le cannabis est le seul produit aux Pays-Bas dont la vente est autorisée, mais dont la qualité échappe à tout contrôle”. La politique de tolérance, une façon de ne pas trancher
La politique actuelle est surtout le résultat d’un compromis pour se concilier, au sein de la sphère politique, les opposants à une légalisation. L’introduction de cette approche dans les années 1970 n’a pourtant pas vraiment permis de sortir de l’impasse politique de l’époque. Et le problème persiste aujourd’hui : la proposition de loi de Vera Bergkamp a certes été adoptée par la deuxième chambre du Parlement, mais ses détracteurs sont pour l’instant majoritaires à la première chambre.
La politique de tolérance est une manière de ne pas avoir à prendre des décisions difficiles : on n’interdit pas, mais on n’autorise pas non plus. Cette indécision a créé un secteur où on laisse les consommateurs en paix, mais où les centaines de millions qui y sont dépensés sont en partie “noircis” par les boutiques de cannabis qui s’approvisionnent via des circuits criminels.
Les intérêts financiers acquis dans les coffee-shops par des banques et des créanciers sérieux accentuent l’imbrication des activités officielles et des activités clandestines au lieu de l’empêcher. L’an dernier, lors d’un procès contre un exploitant de coffee-shop qui détenait un trop grand stock, le juge amstellodamois Frank Wieland a mis le doigt sur le point sensible. Il déclarait dans son jugement :
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Santé - Près de deux tiers de la population suisse se déclarent favorable à la légalisation de la vente et de la consommation du cannabis, selon une enquête réalisée par le Fachverband Sucht, le partenaire alémanique du GREA.
Image d'illustration
Fabienne Morand
Selon une enquête réalisée en Suisse publiée aujourd'hui’hui par le Fachverband Sucht, le partenaire alémanique du GREA, toutes les régions linguistiques se prononcent pour une nouvelle approche concernant l'assouplissement de la loi actuelle sur le cannabis. Toutefois, cette majorité émettent des conditions. Ils sont 66% à se prononcer en faveur d’une levée de l’interdiction du cannabis pour autant que sa consommation reste proscrite pour les jeunes de moins de 18 ans.
Dans les mêmes proportions, une levée de l’interdiction est envisageable du moment que les personnes s’abstiennent de consommer si elles conduisent. 64% des personnes sondées estiment qu’une levée de l’interdiction va de pair avec la mise en place d’une réglementation comme c’est le cas pour les cigarettes (interdiction de fumer dans les lieux publics, par exemple). Elles sont également pour que la vente se fasse dans les pharmacies, ou dans des magasins spécialisés, par du personnel formé. Tessin, défenseur de la légalisation
Au Tessin, entre 75 % et 88% des personnes sondées y sont favorables, du moment que l’interdiction demeure pour les moins de 18 ans. En Suisse romande, ce taux se situe entre 42% et 56% selon les mêmes conditions.
Le GREA se réjouit de ces résultats. Allant au-devant d’un débat imminent sur la réglementation du cannabis et déjà amorcé dans les villes projets pilotes, les chiffres sont un appel et un signal fort à l’acceptation d’une réglementation du cannabis tant envers des politiques qu’envers les autorités publiques fédérales et cantonales. A noter que l'enquête s'est déroulée entre le 11 juillet et le 5 août 2017 auprès de 1’200 personnes âgées de plus de 18 ans
Le débat sur la légalisation du cannabis fait rage en Afrique du Sud. Un tribunal de la province du Cap-Occidental a considéré fin mars la criminalisation du cannabis comme inconstitutionnelle.
Un Sud-Africain atteint de sclérose en plaques, qui produit du cannabis
à Johannesbourg, le 18 juillet 2017-AFP/MUJAHID SAFODIEN
"Après son opération des pieds, ses anti-douleurs n’avaient aucun effet. Il n’arrêtait pas de hurler. A l’instant même où j’ai déposé une goutte d’huile de cannabis sur sa langue, il s’est calmé". Depuis plusieurs mois, Susanne (prénom modifié) donne un nouveau traitement à son fils de sept ans atteint du syndrome de Costello, une maladie rare qui provoque malformations physiques et déficit intellectuel.
"Ca a vraiment changé notre vie", affirme cette habitante de Johannesburg à l'AFP. Le débat sur la légalisation du cannabis fait rage en Afrique du Sud, où un tribunal de la province du Cap-Occidental (sud) a considéré fin mars sa criminalisation comme inconstitutionnelle. Le Parlement sud-africain a deux ans pour décider d’adapter ou non la législation.
Un enfant atteint du syndrome Costello soigné à l'huile de cannabis à Johannesburg, le 18 juillet 2017-AFP/MUJAHID SAFODIEN
Susanne, jeune maman célibataire, et ses proches sont convaincus de son utilité: ils ont été médusés par l’effet du cannabis sur la santé du petit garçon. Selon eux, après un mois de traitement, "il était désormais capable de jouer seul et ne perturbait plus les autres enfants à l’école".
Quand Susanne a entendu parler du cannabis "thérapeutique" pour la première fois, elle affichait pourtant un profond scepticisme. "Ça m’a fait rire", explique-t-elle, "je pensais que les gens fumaient juste pour se défoncer". Ses a priori sont balayés lorsqu'elle croise la route de Gerd Bader, un fervent défenseur des bénéfices de la "dagga", surnom donné à la plante en Afrique du Sud. Lui-même atteint de sclérose en plaques, il utilise l’huile de cannabis pour soulager ses douleurs et conseille à Susanne d’en faire autant avec son fils. - Considéré comme un criminel -
A 49 ans, Gerd Bader produit du cannabis et la transforme en huile pour une vingtaine de personnes dans un endroit qu’il préfère garder secret par peur des descentes de la police.
Le Sud-Africain Gerd Bader atteint de sclérose en plaques, qui produit du cannabis "thérapeutique" à Johannesbourg, le 18 juillet 2017-AFP/MUJAHID SAFODIEN
"Les gens qui souffrent et meurent en ce moment même ne peuvent pas attendre deux ans que le Parlement se décide éventuellement à légaliser le cannabis. Ils en ont besoin maintenant". Aujourd’hui en fauteuil roulant, Gerd affirme que l’huile de cannabis lui "a sauvé la vie", comme aucun autre médicament n’a pu le faire selon lui.
Il vend aujourd'hui ce remède peu conventionnel 600 rands (40 euros) le flacon de 2 grammes à d’autres malades qu’il considère comme ses "patients". "Je viens en aide à ceux que les médecins ont laissé tomber. Et pour ça, je suis considéré comme un criminel", s’indigne-t-il
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Atteint de sclérose en plaques, Gerd fabrique et utilise l’huile de cannabis pour soulager ses douleurs -AFP/MUJAHID SAFODIEN
La possession, la culture et la consommation de marijuana – même en petite quantité – sont interdites en Afrique du Sud et peuvent conduire les contrevenants à la prison. Le procès d'un couple arrêté pour possession de marijuana en 2010 a d'ailleurs débuté fin juillet à Pretoria. Connu comme le "couple dagga", Myrtle Clarke et Julian Stobbs entendent prouver les vertus médicinales du cannabis devant la justice.
- Médicament ou poison ? - La communauté scientifique demeure elle divisée sur les bienfaits médicaux du cannabis. En janvier, l’Académie américaine des sciences a proposé une synthèse de plus de 10.000 travaux parus sur les effets de la plante. Si elle est efficace pour réduire la douleur dans certains cas, trop de zones d’ombre demeurent encore pour ces experts.
Le débat sur la légalisation du cannabis fait rage en Afrique du Sud, où un tribunal de la province du Cap-Occidental (sud) a considéré fin mars sa criminalisation comme inconstitutionnelle-AFP/MUJAHID SAFODIEN
Le conseil de recherches médicales sud-africain a de son côté lancé plusieurs essais cliniques, selon les médias locaux. Pour Shaun Shelly, spécialiste des politiques liées aux drogues et chercheur à l’université de Pretoria, le cannabis peut être considéré comme une alternative lorsque les médicaments traditionnels ont été inefficaces.
"Comme pour n’importe quelle autre substance, il peut être un remède pour certaines personnes, et un poison pour d’autres", nuance-t-il. "Pour des personnes qui ont des problèmes d’addiction, prendre du cannabis avec un fort taux de THC (principe actif de la marijuana) n’est pas recommandé", ajoute-t-il. Mais il est catégorique sur un point. "La loi doit changer. Il est évident que pour le moment la politique de prohibition ne fonctionne pas", explique-t-il à l’AFP.
Un constat que l’ONU avait déjà fait en 2016 lors d’un sommet sur la drogue à New York. Après quarante ans de répression, l’organisation internationale avait appelé les Etats à "réexaminer leurs politiques et leurs pratiques" en matière de cannabis. Plusieurs pays ont modifié leurs lois anti-drogues qui dataient pour certains des années 1970. Au début du mois de juillet, l’Uruguay est devenu le premier pays au monde à avoir complètement légalisé la production, la distribution et la consommation du cannabis.
Depuis que la Californie a légalisé la consommation de marijuana, son business attire de plus en plus de femmes. Grazia a assisté, fin juillet, à leur rassemblement à L.A.
Los Angeles, un chaud matin de juillet. Des femmes de tous âges se pressent dans un hangar transformé en salle de conférences. Dans les haut-parleurs, Beyoncé hurle "Who run the world ? Girls !" Un morceau de circonstance pour accueillir les quelque 250 participantes de cette première réunion de femmes d'affaires spécialisées dans le cannabis. Les "cannapreneuses", comme elles se surnomment.
Une avocate porte un T-shirt "The best legal trip you'll ever take" ("Le meilleur trip légal que vous prendrez jamais"). Quelques pupilles sont dilatées, mais l'événement reste très professionnel. Toute la journée, des spécialistes du marketing, des médias sociaux, des créatrices de produits, des avocates, des comptables ou des directrices d'accélérateurs de start-up échangent pour permettre à ces femmes de se faire une place sur un marché en pleine expansion : les Californiens ont voté par référendum pour la légalisation du cannabis récréatif à l'automne dernier.
"Le cannabis a été la solution"
Simone Cimiluca-Radzins et Kristen Yoder sont à l'initiative de cette journée. Elles se sont rencontrées il y a un an lors d'une "retraite cannabis". Kristen, qui a travaillé dans un dispensaire et a cultivé de la marijuana illégalement dans son appartement, connaît bien son sujet, tandis que Simone, qui vient du monde de l'entreprise, est spécialisée dans la stratégie. Elles ont créé Liv Advisors, une société de consulting qui forme et conseille celles qui veulent se lancer dans le cannabis. "Je veux leur donner les ressources que j'aurais moi-même aimé trouver il y a un an", explique Simone, également présidente de Kalogia, un réseau de professionnels du cannabis.
A leur conférence, elles sont légion. Veronica Brillon, 51 ans, travaillait dans les ressources humaines. Il y a un an, elle quitte son travail à cause de crises d'angoisse et trouve un soulagement dans le cannabis. Son chien souffre de la hanche, elle se demande si ce produit, miraculeux pour elle, pourrait être utile à son animal. Elle crée ses produits canins avec le soutien de vétérinaires et ouvre un centre d'accueil de jour pour chiens, K9VacayLA. Très vite, les maîtres lui demandent de partager ses produits. "Les chiens de mes clients étaient anxieux, et le cannabis a été la solution."
Mara Epstein, la soixantaine, vient du monde des films pour adultes. "Je vois des similarités entre les deux industries. C'est underground, c'est le flou juridique sur beaucoup d'aspects. C'est aussi de plus en plus accepté. Et ça aide les gens. Vraiment, je revis mon expérience de début de carrière." Khara Krawczyk, elle, aime l'idée de s'impliquer quand tout reste à construire. Elle est en charge du site d'un tout nouveau magazine consacré au cannabis, Push Mag, monté par d'ex-journalistes de Dope Magazine, une référence. "Nous parlons de ce qui se passe dans le monde de la marijuana avant que la bulle n'explose, car quand tout le monde se sera engouffré dans la brèche, cette activité va perdre de son authenticité."
Les mères, meilleures avocates
"Il y a deux types de personnes dans le business du cannabis en ce moment, estime Rebecca Kershberg, qui va ouvrir à Los Angeles The Flower Pot, une boutique de produits cosmétiques issus du cannabis et d'autres herbes. Les fervents défenseurs, qui sont dedans depuis longtemps, et des entrepreneurs qui n'y voient qu'un moyen de faire de l'argent." "Il y a une "ruée vers le cannabis"", résume Kyra Reed. Cette trentenaire issue du domaine médicosocial se mobilise désormais pour former les femmes à la gestion d'entreprises orientées vers le cannabis.
"Aujourd'hui, 36 % des PDG de ces structures sont des femmes. Notre but, c'est 50 ou 60 %." Le point fort des femmes ? "Ce sont souvent elles qui introduisent le cannabis médical dans leur foyer, elles ont le rôle de soignantes", décrypte Lelehnia Du Bois, qui a grandi dans une communauté de cultivateurs au nord de l'Etat, et est devenue consommatrice après un accident.
"Les mères sont les avocates les plus crédibles de cette cause, car elles défendent le cannabis par amour pour leurs proches. C'est leur force pour supplanter les hommes dans ce domaine." Un marché estimé à 50 milliards de dollars sur le sol américain d'ici à 2026.
Partout au Canada, les entreprises de marijuana médicale tâchent déjà d'augmenter leur capacité de production et de grossir les effectifs en vue de la légalisation du cannabis, le 1er juillet prochain. Elles ont besoin d'espace - de beaucoup d'espace - pour cultiver des milliers de plants, faisant des régions rurales et des anciennes villes industrielles un choix naturel pour leurs activités.
Dans un avenir rapproché, ce ne sera plus les policiers
qui récolteront les plans de cannabis.
Photothèque Le Soleil
Le plus grand producteur de pot canadien, Canopy Growth, a converti l'usine de chocolat abandonnée de Hershey, à Smiths Falls, Ontario, en une installation qui emploie principalement des travailleurs de la communauté.
En Alberta, où la chute du prix du pétrole a porté un coup dur, Aurora Cannabis construit une usine de production de près de 75 000 mètres carrés à Leduc. La vallée de Cowichan, en Colombie-Britannique, appuie déjà le secteur du cannabis, illustre Graham Whitmarsh, chef des opérations de Harvest One.
«Il y a un type de collectivité où je pense que ça convient très bien, surtout celles qui dépendaient par le passé de l'exploitation forestière», explique M. Whitmarsh, qui a déjà conseillé le secteur pour des projets en Colombie-Britannique. «Il s'agit d'un secteur d'activité tout à fait nouveau. Il va grossir pour devenir ultimement quelque chose de substantiel et il ne dépend pas de ressources locales, donc ça cadre bien avec les collectivités», a-t-il ajouté.
Aux États-Unis, dans certaines régions, les petites villes ont profité de la légalisation du pot. Le quotidien The Colorado Springs Gazette rapporte que Wedgwick était au bord de la faillite avant que les distributeurs de cannabis n'obtiennent l'autorisation de s'y installer, en 2012. Depuis, la perception de taxes a financé la restauration de ses infrastructures en décrépitude.
À Adelanto, en Californie, la culture de plants de marijuana a provoqué une ruée vers les terres, faisant monter en flèche la valeur des propriétés, selon l'hebdomadaire «LA Weekly». Mais Lewis Koski, un conseiller auparavant responsable du contrôle de la marijuana au Colorado, invite les municipalités canadiennes à la prudence.
Il raconte que chez lui, la seule taxe perçue sur la production de marijuana va entièrement dans les coffres de l'État et que les localités ne touchent à leur part du butin qu'après la vente des produits par leurs distributeurs. Si elles souhaitent imposer une taxe locale, elles risquent de nuire à leur capacité concurrentielle. M. Koski souligne d'ailleurs que le Colorado a investi la plupart des recettes dans la sensibilisation aux risques de la drogue, mais il admet toutefois que l'État a connu un essor du marché de l'emploi.
La brutalité de la NFL laisse souvent les joueurs avec des douleurs invalidante. Mais beaucoup croient que la ligue a lutté contre une alternative judicieuse aux opioïdes addictifs
Josh Gordon des Browns de Cleveland est tombé a cause
des règles de la NFL sur la marijuana.
Photographie: Scott Cunningham / Getty Images
La gymnastique éthique demandée aux fans de la NFL est devenue plus difficile au cours de la dernière décennie, alors que la preuve scientifique reliant le football aux traumatismes cérébraux augmente. L'étude de la semaine dernière de 111 cerveaux de joueurs décédés de la NFL a révélé une encéphalopathie traumatique chronique (CTE) dégénérative chez 110 sujets, cela oblige les spectateurs à concilier leur soif de craquement d'os au cœur de l'appel de la ligue avec une réalité peu commode: beaucoup de joueurs qu'ils applaudissent perdront beaucoup une fois le feu des projecteur finit.
À maintes reprises, la NFL, qui a été accusée de dissimuler les effets nocifs des commotions cérébrales, a priorisé l'efficacité à court terme des joueurs sur leur bien-être à long terme. Ensuite, il y a des propriétaires comme le milliardaire magnat du pétrole Jerry Jones, dont les Cowboys de Dallas ont récemment détrôné le Real Madrid comme l'équipe sportive la plus précieuse au monde, qui continuent de nier le lien entre les blessures de football et le cerveau. C'est une position qui évoque les sept plus grands PDG des compagnies de tabac des États-Unis qui ont collectivement nié la nature addictive de la nicotine devant un sous-comité du Congrès en 1994.
Rien de tout cela ne semble avoir entamé la popularité de la ligue, du moins pas encore. Mais cette semaine, la NFL a finalement pris une mesure attendue depuis longtemps vers l'inversion d'un refus obstiné de reconnaître le cannabis médical comme une option légitime pour la gestion de la douleur. La ligue a envoyé une lettre à la NFL Players Association offrant de collaborer à la recherche sur l'utilisation potentielle du cannabis pour la réadaptation médicale.
« Je pense que nous avons beaucoup à apprendre à ce sujet », a déclaré Allen Sills, neurochirurgien installé en tant que médecin-chef de la NFL en Mars, a dit au Washington Post cette semaine. "La recherche sur la marijuana et plus particulièrement les composés cannabinoïdes, car ils peuvent concerner le traitement de la douleur aigue et chronique, c'est un domaine de recherche sur lequel nous avons besoin de beaucoup d'informations et que nous devons continuer à développer".
La décision arrive à un moment où la crise des opioïdes a atteint des proportions épidémiques en Amérique, provoquant une rhétorique ardente du président américain Donald Trump. Beaucoup estiment que la marijuana offre une alternative plus sûre et beaucoup moins addictive aux opioïdes. La capacité de se remettre rapidement des blessures est primordiale dans la culture du football. Les anciens joueurs ont raconté les cocktails de pilules anti-douleurs et d'injections anti-inflammatoires distribuées libéralement pour les récupérer sur le terrain. Hydrocodone, Vicodin, Percocet, Toradol et Celebrex sont aussi courants dans les vestiaires de la NFL que les épaulettes et le Stickum. C'est un buffet chimique derrière les coulisses qui aide à alimenter une industrie à plusieurs milliards de dollars.
Pourtant, la marijuana, en dépit d'être légale en Alaska, en Californie, au Colorado, au Maine, au Massachusetts, au Nevada, à l'Oregon et à Washington, reste interdite, avec des joueurs qui si ils sont positif au test de drogue se retrouvent exposés à des peines déraisonnables, y compris des programmes de réadaptation, des amendes et des suspensions. La ligue a été blamée pour avoir punit des utilisateurs de cannabis plus sévèrement que des contrevenants à la violence domestique, surtout en 2015, lorsque Josh Gordon a été interdit un an pour un test de cannabis défaillant par rapport à la suspension de deux matchs de Ray Rice pour avoir frappé sa fiancée. (Au milieu d'un tollé public, les deux peines ont ensuite été réduites et prolongées respectivement.)
Il est prouvé que le traitement de la ligue pour les joueurs blessés exacerbe l'épidémie d'abus de drogues sur ordonnance. Une étude scientifique évaluée par des pairs menée par des chercheurs de l'Université de Washington à St Louis a constaté que les joueurs retraités de la NFL abusent des médicaments opioïde contre la douleur à un taux supérieur à quatre fois celui de la population générale. Sur les 644 anciens joueurs interrogés, plus de la moitié ont déclaré utiliser des opioïdes au cours de leur carrière. De ce groupe, 71% ont déclaré avoir abusé des médicaments et 63% ont déclaré avoir obtenu des pilules provenant d'une source autre qu'un médecin: un coéquipier, un entraîneur, un membre de la famille ou Internet.
Il est facile de voir pourquoi les joueurs recherchent des médicaments contre la douleur. Cette semaine, le quarterback gagnant du Super Bowl, Jim Plunkett, a décrit l'existence sombre de nombreux joueurs retraités. "Ma vie suce", a déclaré l'homme de 69 ans à San Jose Mercury News. "Ce n'est pas vraiment amusant dans ce corps en ce moment. Tout fait mal."
La question a fait son chemin au tribunal de district des États-Unis dans le nord de la Californie, où en Mars une plainte modifiée déposée au nom de plus de 1800 anciens joueurs contre 32 équipes de la NFL a décrit une culture qui ne respecte pas la sécurité des joueurs et des lois fédérales sur la gestion des stupéfiants et analgésiques. Il soutient que les équipes «maintiennent une politique du retour en jeu en veillant à ce que les joueurs ne soient pas informés des risques pour la santé associés à la prise de médicaments», ajoutant que «les joueurs ne sont pas informés des effets à long terme sur la santé de la prise de substances réglementées et de prescription médicamenteuses dans les quantités qui leur sont accordées. "
La recherche montre que le cannabis peut réduire la gravité des commotions cérébrales et constitue une alternative sûre et non addictive aux opiacés pour la gestion de la douleur - et peut même aider à réduire l'abus d'alcool et les comportements violents qui peuvent résulter de commotions répétées. Les qualités neuroprotectives, analgésiques, anti-inflammatoires et soulagement de la douleur du cannabis sont conçues sur mesure pour un sport dont les effets crâniens et corporels sont inhérents. La recherche montre que le cannabis peut réduire la gravité des commotions cérébrales et constitue une alternative sûre et non addictive aux opiacés pour la gestion de la douleur - et peut même aider à réduire l'abus d'alcool et les comportements violents qui peuvent résulter de commotions répétées. Les qualités neuroprotectives, analgésiques, anti-inflammatoires et soulagement de la douleur du cannabis sont conçues sur mesure pour un sport dont les effets crâniens et corporels sont inhérents. Qu'il n'y ai pas eu de feu vert pour les applications médicales il y a des années est la seule controverse ici.
Le sport offre un miroir à la société et la réflexion n'est pas toujours agréable. La NFL n'a pas toujours empêché les joueurs d'utiliser de la marijuana, n'instaurant un programme de test rigoureux que dans les années 1980, alors que la «guerre contre les drogues» a pris de l'ampleur à travers le pays. Maintenant, comme la crise des opioïdes crescendos d'un océan à l'autre, il semble que la NFL soit enfin prête à faire ce qui est juste, même si ce n'a jamais pris autant de temps.
LE PARISIEN MAGAZINE. Alors que sa légalisation est débattue en France, des boutiques spécialisées du Colorado vendent de la marijuana depuis 2014, y compris sous forme comestible. Voyage au cœur d’un marché florissant.
Lisa Buffo, présidente d’une association de promotion du cannabis, ici chez un cultivateur de Denver.
(Jean-Christian Bourcart pour Le Parisien Magazine)
Le « bang » est rangé dans un placard de la cuisine. A côté de cette pipe à eau prisée des fumeurs de cannabis, des feuilles à rouler, un briquet, un cendrier... Ne manque que la drogue. Jack, l’employé qui me donne les clés de cette maison louée d’habitude aux touristes en visite à Denver, dans le Colorado, s’excuse : « Il est tard. La plupart des dispensaires ferment à 19 heures, et je ne peux pas vous vendre de cannabis. Ce serait illégal. » Cela n’empêche pas Jack de sortir un sachet rempli de fleurs séchées, la partie fumable de la plante. « Je ne peux pas vous en vendre, mais nous sommes entre adultes. Je peux vous en offrir... » Une manne de 1,3 milliard de dollars
Après avoir autorisé, en 2000, l’usage thérapeutique du cannabis, le Colorado est le premier Etat américain à avoir légalisé son usage récréatif – c’est-à-dire pour le plaisir –, pour les adultes (à partir de 21 ans), en janvier 2014. Aujourd’hui, cet Etat de 5,4 millions d’habitants compte environ 800 « dispensaires », les boutiques à cannabis, dont 300 à Denver, sa capitale. On les repère grâce à leurs croix vertes, similaires à celles de nos pharmacies. Il faut dire que le cannabis est ici associé à la santé. Ses principes actifs, au premier rang desquels le THC (tétrahydrocannabinol) et le CBD (cannabidiol), ont de multiples propriétés.
Le dispensaire GroundSwell : pour acheter son cannabis dans un décor chic. (Jean-Christian Bourcart pour Le Parisien Magazine)
Anti-infammatoires, antivomitifs, ils calment aussi les douleurs, chroniques notamment, et permettent de retrouver l’appétit. Ce que les industriels du secteur ne manquent pas de rappeler. « Nous mettons simplement en avant le fait que ces produits ont des effets bénéfiques sur la santé », explique Lisa Buffo, à la tête de la Cannabis Marketing Association, qui fédère les professionnels du milieu et fait la promotion de la plante. Certes, un dispensaire n’est pas un Monoprix. Avant d’entrer, par exemple chez Native Roots, dans le centre-ville, il faut prouver son âge avec une pièce d’identité. Et impossible de se servir soi-même. Installé derrière son comptoir, Benjamin, le serveur, ouvre des bocaux pour faire sentir les herbes disponibles. Le prix ? De 9 à 18 euros le gramme de ganja récréative.
Sous vitrine, des friandises (bonbons, barres chocolatées, chewing-gums...) voisinent avec des cosmétiques : lotions, sels de bain, huiles de massage. Le tout à base de cannabis. Parfois, comme chez Eufora, des sodas à la marijuana s’exposent dans un frigo transparent et cadenassé – il faut demander pour être servi. Comptez 15 euros la bouteille, dont environ 3 euros de taxes grâce auxquelles l’Etat du Colorado a empoché, en 2016, 199 millions de dollars, pour un marché de1,3 milliard. Une manne réinvestie dans la construction d’écoles ou dans des programmes de prévention, entre autres.
Si le cannabis reste considéré au niveau fédéral comme une drogue aussi dangereuse que l’héroïne, 28 des 50 Etats américains l’ont aujourd’hui légalisé ou dépénalisé, en général pour son usage médical. Mais huit autorisent son usage récréatif – pour les adultes uniquement : en novembre 2016, le Colorado, l’Etat de Washington, l’Alaska et l’Oregon ont été rejoints par le Nevada, le Maine, le Massachusetts et la Californie.
Et, si la loi diffère selon les territoires, le Colorado semble aujourd’hui le plus décomplexé sur le sujet. Ici, chacun peut acheter et se promener avec une once, soit 28 grammes, de fleurs séchées. De quoi rouler un joint par jour pendant un mois. La loi autorise aussi à faire pousser jusqu’à six pieds chez soi et, si la consommation est interdite dans la rue, elle est tolérée dans des clubs privés dont on devient membre pour quelques dollars. Certains hôtels autorisent même le vapotage de cannabis dans les chambres ! A fumer, à boire et à manger
La chef Jessica Catalano et ses recettes insolites. (Jean-Christian Bourcart pour Le Parisien Magazine)
Massage au cannabis, cours de cuisine à base de marijuana, séances de yoga agrémentées d’un joint... Synonyme de bien-être et de détente, la plante pointe ses feuilles dans tous les domaines. Figure de cet art de vivre, Jessica Catalano, originaire de New York, soignait auparavant ses migraines à coups de médicaments. Elle s’est mise au cannabis à son arrivée dans le Colorado. « Et je n’ai plus besoin de prendre des pilules », précise cette jeune maman d’une fillette de 22 mois, Mary Jane. Responsable de formation, elle se met à cuisiner des cookies à l’herbe pour son chien atteint d’un cancer, et des plats au cannabis pour elle-même.
Cette chef cuisinier donne ses recettes sur son blog, puis dans un livre publié cette année. « Pour stimuler les principes actifs, il faut chauffer l’herbe. Je l’intègre dans du beurre, de la crème, de l’huile de coco, dont je me sers dans mes plats. Pour une expérience agréable, j’harmonise son goût de terre, de sous-bois, avec la nourriture que je prépare. » Un secteur créateur de 100 000 emplois
Manger le cannabis plutôt que le fumer ? Une évidence dans le Colorado, où les edibles, c’est-à-dire les produits comestibles, supplantent lentement le traditionnel joint, et contribuent à transformer l’image de la plante. « Il est interdit de fumer dehors, rappelle Benjamin, le vendeur de Native Roots. Il est aussi illégal de consommer des edibles dans la rue, mais si vous êtes discret et respectueux des autres, vous ne serez pas embêté. »
A GroundSwell, un dispensaire chic aux murs décorés de bois, l’herbe à fumer représente encore la majorité des ventes. « Mais dans un an ou deux, les comestibles prendront le pas, calcule Danielle Massey, une des managers. La plupart des gens ne veulent pas fumer car ce n’est pas bon pour leurs poumons. »
Symbole de cette tendance, la société Incredibles s’est spécialisée dans les barres chocolatées aux parfums multiples, toutes à base de cannabis. De son côté, Mountain High Suckers ne propose pas moins de 27 parfums de sucettes au cannabis. Leur prochaine création ? « Une sucette en forme de pénis ! se réjouit Chad Tribble, l’un des patrons.
Puisque le récréatif a été légalisé, on peut s’amuser avec le cannabis. Alors amusons-nous ! » Comme la loi interdit que du cannabis passe la frontière, produire local est une obligation. Tout est donc fabriqué dans le Colorado, avec des plantes cultivées dans la région, dans des champs ou des entrepôts équipés de lampes imitant la lumière du soleil.
Aujourd’hui, dans cet Etat, 100 000 emplois sont directement liés au secteur du cannabis. A Denver, la plus belle réussite économique s’appelle Dixie Brands : 190 produits au cannabis sous sept marques différentes ! « Ce n’est pas pratique de rouler un joint, remarque Tripp Keber, à la tête du groupe, ni très crédible de tirer sur un bang en disant que c’est de la médecine. Le futur du cannabis, c’est l’huile. On peut l’infuser dans une boisson, du chocolat ou une lotion. Tout le monde peut l’utiliser : vous, vos parents, vos grands-parents ou même un enfant qui souffre d’épilepsie. Le futur du cannabis, ce sont ces comestibles, qui permettent de consommer en toute sécurité, en toute responsabilité, et régulièrement. » Cet entrepreneur hyperactif a longtemps noyé son stress de patron dans la tequila.
Le 11 septembre 2001, neuf de ses proches périssent dans l’attentat contre le World Trade Center. « Je ne savais pas comment gérer. Il y a eu d’abord la bouteille, puis le cannabis. Et j’étais moins en colère. » Sa vocation vient de là et se veut respectable. « Avec 10 ou 20 milligrames de THC, on se sent comme après deux verres de vin. Vous n’allez pas arracher vos vêtements pour courir dans la rue ! » martèle Tripp, qui se bat aussi, il le sait, contre des stéréotypes hérités du passé. Pour beaucoup d’Américains, le cannabis évoque encore la marginalité des hippies, ces fumeurs de joints pacifstes des années 1960 et 1970. « Chaque fois que je parle de cannabis à la télé, on montre en même temps des gars, cheveux longs et tee-shirt Bob Marley, en train de faire tourner un joint », regrette Tripp Keber. Revoir la présentation pour mieux vendre
Chez Native Roots, étals de friandises à la marijuana de la marque Incredibles. (Jean-Christian Bourcart pour Le Parisien Magazine)
Redorer le blason d’une drogue devenue licite, tel est le défi de l’industrie cannabique de Denver. Et tous les moyens sont bons. Si les pubs à la télé ou à la radio restent prohibées, « nous faisons campagne dans les boutiques, dans les journaux et sur les réseaux sociaux, nous mettons en avant les études cliniques », énumère Olivia Mannix, qui dirige Cannabrand, une agence de marketing spécialisée dans le cannabis. A ses clients, elle explique qu’ils doivent soigner leur vocabulaire, privilégier le mot « cannabis », nom scientifque de la plante, plutôt que les argotiques marijuana, weed (« herbe »), dope ou ganja, qui renvoie à la Jamaïque.
Elle redéfnit aussi la présentation des produits, pour les rendre « cool, beaux, vibrants ». Dans la limite de la loi, bien sûr. Les lobbies antidrogue ont obtenu que les emballages soient rendus impossibles à ouvrir par de jeunes enfants, et les doses ont été limitées. Ainsi, chaque portion de cannabis récréatif, du carré de chocolat à la bouteille de soda, ne peut contenir plus de 10 milligrammes de THC. Il n’empêche. Olivia Mannix a le sentiment d’oeuvrer pour le salut public : « Depuis la légalisation, le taux de criminalité a baissé, comme le nombre de morts par opiacés, le nombre d’accidents de la route et l’usage chez les ados.
Légaliser le cannabis, ça marche. Dites-le aux Français ! » Dans le Colorado, la partie semble gagnée pour l’industrie de l’herbe, et pas seulement grâce au marketing. Ici, beaucoup de gens consommaient déjà avant la légalisation. Laquelle leur a seulement permis de le faire au grand jour. Ce que résume Rick Scarpello, le patron des chocolats au cannabis Incredibles : « Vous pensez que j’ai créé des consommateurs ? Zéro ! Ils étaient déjà là. »
« L’usage fréquent peut conduire à l’addiction » Docteur Alain Rigaud, président de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA).
L’effet thérapeutique du cannabis est-il avéré ? Certaines molécules qu’il contient peuvent avoir des effets thérapeutiques, comme le cannabidiol, qui permet de lutter contre la douleur, les contractures, l’angoisse. Mais le THC est un psychoactif dont l’usage fréquent peut conduire à l’addiction et perturber les processus neuronaux de développement chez les adolescents, voire les jeunes adultes.
En légalisant son usage récréatif ne risquet- on pas un problème de santé publique ? Si c’est une libéralisation où le produit est en vente libre, accessible à tous, on va vers une catastrophe. Mais dans le cas d’une régulation avec un dispositif de prévention, une absence de publicité, un contrôle de la fabrication, de la concentration des produits et de la vente, vous ne verrez pas de hausse de la délinquance, ni d’augmentation signifcative des consommateurs.
Mais attention, le récréatif, c’est épisodique, à petite dose, pour se faire plaisir. Si on a besoin de cannabis tous les jours pour se détendre, on est dans un usage problématique. Et il faut demander de l’aide.
Un doctorant de l’Ecole des Science criminelles développe un test rapide et efficace pour analyser le cannabis. Le Graal pour la police et la justice, qui en rêvent.
L’appareil ressemble à une tablette numérique, un poil plus épaisse. Florentin Coppey, jeune doctorant de l’Ecole des sciences criminelles de l’Université de Lausanne (UNIL), y insère un échantillon de cannabis et lance le logiciel par simple pression sur l’écran. Moins de dix secondes plus tard, le résultat tombe: le taux de cannabidiol (molécule sans effet psychoactif) est haut, celui de THC (la substance qui fait planer) est bas. Verdict: le cannabis testé est légal.
A l’heure où la vague de cannabis légal, impossible à distinguer de son cousin illicite à moins de tests en laboratoire longs et coûteux, déferle sur la Suisse, la performance est de taille. Développé par le chercheur dans le cadre de sa thèse sur l’analyse des stupéfiants par imagerie, le dispositif a été testé la semaine dernière au Paléo Festival. Avec des résultats encourageants. «Nous sommes de plus en plus confrontés à la problématique du cannabis légal, nous avons donc voulu trouver un système simple et rapide pour le distinguer de l’illégal. A Nyon, la police a testé l’appareil avec des produits saisis sur des mineurs uniquement, dans une perspective strictement préventive. Le bilan est excellent», indique le chercheur.
Intérêt national
L’appareil en question vient des Etats-Unis où il est utilisé par les producteurs de chanvre dans les Etats qui autorisent le cannabis récréatif. Conçu pour le marché américain où la problématique du cannabis légal version suisse (moins de 1% de THC) n’existe pas, il doit encore être perfectionné pour pouvoir acquérir valeur de preuve face à un juge helvétique, mais son potentiel est bien réel. «Sa marge d’erreur de plus ou moins 5% doit encore être affinée et il doit être mieux calibré pour les faibles teneurs en THC, mais il permet de faire un premier tri et nous n’avons enregistré aucun faux positif», précise le professeur Pierre Esseiva, ponte de l’analyse des stupéfiants au sein de l’école et codirecteur de thèse de Florentin Coppey.
Vendu quelque 20'000 francs l’unité, l’appareil est maniable, rapide, efficace et simple d’utilisation. Mieux: il ne se contente pas d’analyser le cannabis mais pourrait également décortiquer de nombreuses drogues, de faux médicaments ou encore des produits dopants. En bref, le Graal pour les forces de l’ordre. «Le premier contact avec cet appareil est concluant et positif. Son principal avantage est sa rapidité ainsi que son côté non destructif du produit (ndlr: le test en laboratoire traditionnel, qui nécessite de brûler un échantillon du produit saisi, en détruit de fait une petite partie)», confirme Jean-Christophe Sauterel, porte-parole de la police cantonale. Toutes les polices du pays étant confrontées au casse-tête du cannabis légal (lire ci-contre), le dispositif lausannois pourrait en intéresser plus d’un. Pour autant, il faudra encore patienter avant de le voir embarqué dans des voitures de patrouille. Toujours au stade de recherche, il doit encore passer plusieurs étapes avant d’être homologué. Mais la justice fait déjà part de son intérêt pour le dispositif.
Au Ministère public, Franz Moos, procureur général adjoint, confirme que l’appareil pourrait intéresser la justice, seule habilitée à ordonner l’analyse en laboratoire. «Depuis l’apparition de la problématique du cannabis légal, difficile à distinguer de celui qui tombe sous le coup de la loi, nous appelons de nos vœux une réponse simple, rapide et moins coûteuse que les analyses en laboratoire. S’il démontre sa fiabilité, nous verrions donc ce dispositif d’un bon œil», indique le magistrat, qui précise que si la police cantonale décidait de l’acquérir, les tests en laboratoire n’en disparaîtraient pas pour autant. «Si ses résultats venaient à être contestés par le contrevenant, des analyses plus poussées pourraient au besoin être ordonnées.» A l’image de la prise de sang pour les automobilistes «pincés» pour alcool au volant qui contestent les résultats de l’éthylotest.
Les tests sont l'affaire des cantons
A Berne, Adrien Kay, porte-parole de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), le précise d’emblée: «Les tests pour différencier le cannabis légal de l’illégal sont du ressort des cantons. La Confédération ne s’en occupe pas.»
Dans ce dossier, les tâches sont ainsi clairement définies. «Les producteurs qui se lancent dans le marché du cannabis légal, qui contient moins de 1% de THC, doivent s’annoncer à l’OFSP. A eux de nous transmettre les résultats des tests effectués en laboratoire qui attestent du taux, comme l’impose l’ordonnance sur les produits du tabac et les produits contenant des succédanés de tabac destinés à être fumés. A ce jour, une cinquantaine de producteurs se sont annoncés. Notre rôle s’arrête là.»
Dans la course intercantonale aux tests rapides, certains attendent, d’autres cherchent. A ce petit jeu, Vaud et Genève ont une longueur d’avance. Mais leurs dispositifs doivent encore passer plusieurs étapes avant d’être homologués. Outre-Sarine, le problème est tout aussi connu, mais aucun Canton n’a encore trouvé de solution miracle, indiquent les polices bâloises et zurichoises.
Des « micro-producteurs » de produits dérivés du cannabis, qui craignent d'être tenus à l'écart du marché légal du pot au profit de grandes entreprises, ont pris part à une foire underground du cannabis artisanal, hier, à Montréal.
Des micro-producteurs de pot ont présenté leurs produits dérivés du
cannabis lors d'un « green market » qui a eu lieu hier à Montréal.
Photo Robert Skinner, La Presse
Tubes de yogourt glacé à saveur de fraise-coco-cannabis, sachets de poudre de limonade infusée au THC, tablettes de chocolat fin euphorisant au thé vert. Dans un loft du quartier de Griffintown, des dizaines de curieux ont pu tester hier les produits transformés de « micro-producteurs » de cannabis, dans le cadre d'un marché public underground qui fait la tournée des grandes villes canadiennes depuis deux ans.
« Ces producteurs sont des rebelles qui cherchent à prouver qu'ils peuvent respecter des standards professionnels de production très élevés. Ils utilisent des cuisines commerciales aux normes et le font dans un environnement sain. On essaie de se rapprocher des normes de l'industrie alimentaire », assure Sarah Gillies, coorganisatrice de l'événement. Sorte de foire de la marijuana artisanale, ce « green market » a été organisé à maintes occasions à Toronto et à Vancouver, mais il n'était jamais débarqué à Montréal jusqu'à maintenant, par crainte d'une intervention policière.
Les petits producteurs cherchent à s'imposer
Dans l'état actuel de la loi adoptée par le gouvernement Trudeau, ces petits producteurs de marijuana demeureront dans l'illégalité à partir du 1er juillet 2018, date à laquelle la consommation récréative du cannabis sera autorisée. Le gouvernement Trudeau entend éventuellement légaliser les produits transformés, mais compte confier leur production uniquement aux « producteurs autorisés » détenant une licence de Santé Canada. Aucun permis de transformation n'a jusqu'à maintenant été délivré.
Pour Damien, ancien brasseur qui s'est lancé dans la production de boissons gazeuses au THC trois mois avant l'élection de Justin Trudeau, le marché vert tenu hier était une façon de s'imposer dans l'industrie qui cherche par tous les moyens à écarter les petits acteurs comme lui qui proviennent du marché noir. « Le gouvernement Trudeau a légalisé la consommation, mais on n'a jamais vraiment eu de débat sur le modèle d'entreprises qu'on veut voir se développer dans cette industrie. » - Damien, producteur de boissons gazeuses au THC
« Pour le moment, ce ne sont que de grosses entreprises oligopolistiques qui ont le droit d'exister, comme c'était le cas pour la bière avant qu'on ouvre la porte aux petits producteurs, poursuit Damien. J'espère qu'on sera assez intelligents pour aller ailleurs cette fois-ci. » « Grâce à des événements comme celui-ci, on veut démontrer que les petits producteurs sont incontournables, plaide pour sa part Lisa Campbell, une des coorganisatrices de la soirée. Il y a une demande pour leurs produits. Le gouvernement n'arrivera pas à les faire disparaître en leur refusant une place dans le marché. »
Jusqu'à maintenant, 52 entreprises ont obtenu une licence de production de Santé Canada leur permettant de faire pousser du cannabis et de le transformer en huile. Le seul producteur autorisé au Québec, The Hydropothecary, s'oppose à ce que les producteurs qui ont oeuvré par le passé dans le marché noir obtiennent de telles licences. « Je ne vois pas pourquoi ceux qui brisent la loi aujourd'hui cesseraient de la violer le jour où ils auront une accréditation », affirme Sébastien Saint-Louis, cofondateur de l'entreprise.
Du pot dans les bars à narguilé ?
Après les dépanneurs et les pharmacies, c'est au tour des propriétaires de bars à narguilé, aussi appelé sheesha, du Québec de réclamer des gouvernements le droit de vendre du cannabis et de laisser leurs clients le fumer dans leurs établissements dès 2018.
L'Association des propriétaires de sheesha du Québec, qui regroupe informellement une dizaine de commerces où on peut fumer le narguilé, a officiellement inscrit un mandat en ce sens dans le Registre des lobbyistes au début du mois. « Nous pensons que nous sommes les mieux placés pour le faire, puisque nous, nos établissements sont déjà forcés par la loi sur le tabac d'être munis d'un système de ventilation à pression négative et d'un système d'estampillage permettant le contrôle des pastilles de tabac.
C'est déjà très strict. On a tout le système déjà en place pour permettra la consommation de cannabis de façon sécuritaire et responsable », plaide Patrick St-Onge, propriétaire du Hookah Lounge et responsable de l'association. Aucune rencontre entre lui et des représentants gouvernementaux n'a eu lieu pour le moment, assure M. St-Onge. « On ne fait que commencer nos démarches. Mais ça vaut le coup d'essayer. Qui ne risque rien n'a rien. »
OTTAWA — Le nombre d'infractions liées à la marijuana rapportées par la police a reculé pour une cinquième année consécutive, a indiqué Statistique Canada, lundi, alors qu'elle dévoilait son rapport annuel sur les crimes déclarés par la police.
JASON REDMOND / Reuters
L'agence fédérale a révélé qu'environ 55 000 infractions liées au cannabis avaient été signalées à la police en 2016, soit 6000 de moins que l'année précédente, malgré la hausse du pourcentage de Canadiens ayant consommé la drogue.
La police a accusé 17 733 personnes de possession de cannabis l'an dernier, une baisse d'environ 3600 comparativement à 2015.
Statistique Canada indique que le taux combiné d'infractions liées à des substances autres que le cannabis et la cocaïne, qui a aussi présenté un déclin, augmente depuis 2010. Cela inclut une hausse de sept pour cent du nombre d'infractions rapportées par la police liées à la possession de drogues comme les médicaments sous ordonnance — dont les opioïdes comme le fentanyl —, le LSD et la «drogue du viol», en 2016.
Le taux traditionnel de crimes déclarés par la police, qui mesure le volume de crimes déclarés par la police par rapport à la taille de la population, est demeuré stable en 2016. Le taux de criminalité au Canada affiche une tendance à la baisse depuis qu'il a atteint un sommet en 1991, à l'exception des années 2003 et 2015 où il a augmenté. Statistique Canada ajoute que près de 1,9 million d'infractions au Code criminel — excluant les délits de la route — ont été rapportées par la police en 2016, soit environ 27 700 de plus qu'en 2015. Cependant, la gravité des crimes a légèrement augmenté pour une deuxième année consécutive.
La légalisation de la marijuana en bref
On rapporte également une hausse des taux de certains crimes violents, notamment une augmentation de 30 pour cent des infractions sexuelles contre les enfants. Selon l'agence fédérale, cette croissance peut être en partie attribuable au renforcement des peines maximales pour la majorité des types d'infractions sexuelles contre les enfants, ce qui peut contribuer à une croissance du nombre de statistiques officielles pour les infractions visées.
Statistique Canada a observé que la distribution non consensuelle d'images intimes, qui constitue un crime relativement récent, prenait de l'ampleur. En 2016, la police a déclaré 815 affaires de distribution non consensuelle d'images intimes, comparativement à 340 en 2015. La croissance s'est concentrée au Québec et en Ontario. Le nombre d'affaires signalées a crû de 53 à 186 au Québec et de 114 à 286 en Ontario, selon l'agence fédérale. Statistique Canada a aussi noté que le nombre d'agressions sexuelles rapportées par la police avait reculé de 15 pour cent comparativement à la décennie précédente, et ce, malgré le fait que le taux d'agressions sexuelles autodéclarées n'a pas changé de façon significative au cours de la même période.
La police a rapporté 611 homicides en 2016, soit deux de plus que l'année précédente, mais la croissance de la population fait en sorte que le taux a diminué d'un pour cent pour atteindre 1,68 homicide par 100 000 personnes. L'Indice de gravité de la criminalité (IGC) déclarée par la police, qui mesure le volume et la gravité des crimes, a par ailleurs augmenté de 1 pour cent en 2016 au Canada par rapport à l'année précédente. La hausse est principalement attribuable à une croissance du taux d'affaires de fraude.
L'indice a diminué dans sept provinces et territoires. Parmi les provinces, le Québec a continué d'afficher le plus bas taux de criminalité, soit 3247 pour 100 000 habitants.
SAINT-ALEXANDRE — Des producteurs agricoles voudraient cultiver la marijuana qui sera légalisée en juillet 2018, mais s’inquiètent d’être exclus de ce nouveau marché si aucun changement n’est fait aux règles qui encadrent la production de marijuana thérapeutique.
Hervé Barjol, producteur en serre de Saint-Alexandre, espère pouvoir
produire des boutures et vendre de petits plants de marijuana aux consommateurs,
qui auront le droit d’en posséder quatre. Photo : Thierry Larivière/TCN
« Je trouve la réglementation plus pharmaceutique qu’agricole », affirme Hervé Barjol, producteur en serre de Saint-Alexandre en Montérégie. Ce dernier espère être en mesure de produire des plants qui seraient vendus aux particuliers, qui auront le droit d’en posséder jusqu’à quatre chez eux. « Si les graines ne sont pas légales et les plants non plus, comment les gens vont-ils pouvoir se procurer ces plants? » demande Hervé Barjol, qui estime qu’il serait possible de vendre de petits plants au printemps, un peu comme pour les tomates.
Le producteur en serre voit beaucoup de similitudes entre la production de vin et celle de marijuana. Dans les deux cas, il doit y avoir un suivi serré des inventaires, des permis de production, des lieux de vente déterminés par la loi, etc.
« Il faut démocratiser; il ne faut pas que ce soient seulement les grandes entreprises qui en produisent », soutient Hervé Barjol, qui ajoute que les petits producteurs biologiques visant un marché de proximité pourraient générer un revenu supplémentaire intéressant en produisant de la marijuana.
Freins à la production
« Un gros producteur en serre de la Montérégie a voulu demander un permis de production de marijuana thérapeutique à grande échelle. Il a abandonné; c’était trop difficile », ajoute Hervé Barjol, qui précise que la réglementation actuelle n’est pas adaptée pour une serre déjà en production, qui ne va pas abandonner la production de tomates ou de concombres pour se consacrer à 100 % à un marché dont personne ne connaît l’ampleur exacte pour le moment.
« À l’heure actuelle, les règles ne sont pas claires, mais ça semble encore assez lourd. Il faut que le MAPAQ se mouille dans ce dossier; la production de marijuana risque d’être plus rentable que les camerises », lance André Mousseau, président des Producteurs en serre du Québec.
« Le comité interministériel travaille sur l’ensemble des facettes de la légalisation du cannabis et le gouvernement fera connaître ses positions dans l’ensemble du dossier au moment opportun », a répondu le cabinet du ministre Laurent Lessard à la question de savoir s’il entendait soutenir les producteurs dans ce dossier.
André Mousseau est certain que plusieurs producteurs s’intéresseraient à cette nouvelle filière s’il n’était pas nécessaire de construire un « bunker ». Notons d’ailleurs que le gouvernement du Québec mènera des consultations sur la légalisation du cannabis à travers le Québec aux mois d’août et septembre.
Pour une légalisation inclusive La Cannabis Trade Alliance of Canada (CTAC), un groupe de pression pour une légalisation « inclusive » de la marijuana, propose un modèle inspiré d’États américains selon lequel plusieurs types de licences de production sont prévus (pépinière, production de clones, cultivateur, transformateur, laboratoire, vente en gros et détaillant). « Nous sommes fiers de voir que le projet de loi C-45 contient la notion de classes de licences [article 61] », explique Rosy Mondin, porte-parole de la CTAC. Le détail de ces classes de licences n’est cependant pas connu pour le moment.
On le sait, le projet de loi réformant le texte scélérat de la dictature, la fameuse loi n° 52, est toujours bloqué au parlement. Il buterait sur de sérieux blocages, notamment quant à la nécessité de dépénaliser le cannabis.
Un récent rapport présenté à l'INSERM, en France, par une mission interministérielle précise bien la relativité de la dépendance au cannabis par rapport au tabac, et surtout les effets négligeables d'une consommation épisodique. Or, tous les experts, y compris ceux de l'ONU, sont formels: la seule façon de lutter efficacement contre la toxicomanie est de dépénaliser la consommation, car le cannabis ne fait pas partie, à proprement parler, des stupéfiants. Ce n'est qu'une drogue douce dont les ravages dont bien moindres pour la santé que le tabac pourtant légal.
Un symbole de la dictature toujours en vigueur
C'est d'une telle consommation épisodique qu'il s'agit en Tunisie. Pourtant, nous avons une loi des plus sévères qui condense les tares de l'ancien régime. Rappelons qu'elle a été conçue par la dictature pour éloigner les soupçons de membres de la présidence qui pratiquaient le trafic de drogue pourtant au vu et au su de tout le monde. Aussi a-ton conçu cette loi honteuse contre la société, qui a brisé nombre de vies de jeunes innocents, des élèves pour la plupart, voyant leur avenir détruit pour un bien inoffensif joint, se retrouvant du jour au lendemain en prison pour un an au moins pour détention, sinon deux pour consommation.
Cette loi est toujours en vigueur, faisant de nos jeunes des délinquants. Comment est-il possible de ne pas l'avoir abolie au lendemain de la révolution, étant ce symbole honteux d'une dictature érigée contre le peuple et sa jeunesse ? Et comment, en plus, ne pas avoir songé à réhabiliter les jeunes dont on a détruit l'avenir en décidant, non seulement d'abolir cette loi, mais de dédommager ses victimes ?
Ne l'a-t-on pas fait pour ceux qui avaient attenté à l'ordre public, des délinquants donc, et qui se sont retrouvés réhabilités et dédommagés? On dira qu'il s'agissait de politiques; mais la faute d'un politique qui a eu recours à la violence et au terrorisme n'est-elle pas plus grave que celle d'un innocent dont la seule faute n'aura été que de fumer un joint, et au pire d'attenter à sa seule santé?
Cette politique de deux poids deux mesures est inadmissible en une Tunisie se voulant un État de droit. D'autant plus que le président de la République s'est engagé durant la campagne électorale à dépénaliser le cannabis; à ce jour, il ne l'a pas fait. Certes, une récente supposée réforme, à tort saluée par les militants pour la dépénalisation, est venue faire en sorte que le prison n'est plus obligatoirement prononcée, et donc que le jeune arrêté ne fait désormais pas d'office l'objet d'un mandat de dépôt.
Retirer le cannabis de la liste des stupéfiants
Toutefois, il faut savoir que la loi est restée en l'état; ainsi ce honteux symbole de la dictature continue à brimer les innocents. En effet, si la prison n'est pas automatique, elle peut toujours être prononcée par le juge qui a juste la possibilité de ne pas en prononcer la peine, ce qui lui était exclu. De plus, la peine est toujours prononcée avec l'amende prévue et donc le casier judiciaire est fatalement souillé. Où est l'éthique dans cette fausse réforme?
Y a-t-il vraiment une intention sérieuse chez les plus justes et éthiques en Tunisie de lever une telle indignité faite à nos jeunes qui fument des joints de plus en plus, continuant ainsi à être assimilés à des délinquants?
Sinon, et si les procédures parlementaires empêchent la nécessaire et fatale dépénalisation, pourquoi les ministres de l'Intérieur et de la Justice n'interviennent-ils pas, l'un pour interdire d'arrêter du fumeur de joint, s'il s'avère qu'il ne s'agit que de consommation et non de trafic, et l'autre en ordonnant de classer sans suite les affaires pour simple consommation et/ou détention pour un usage privatif?
Il semble que la volonté politique manque et pas pour les prétextes évoqués. D'après quelques confidences de justes parmi les avocats, les juges et les forces de l'ordre, la raison du maintien de la pénalisation du cannabis ne serait pas ou pas uniquement morale; elle serait aussi et surtout vénale!
On sait, en effet, qu'un procès pour cannabis infère des frais, ce qui permet à certains cabinets d'avocats d'en tirer des honoraires variant entre 500 ou 800 et même 1500 dinars; cela pourrait aussi, dans certains cas varier de 100 dinars à 20000 dinars, étant donné que les honoraires du barreau sont libres.
Est-ce qu'une telle cause vénale, qui ajouterait à la honte de la loi, serait derrière le refus de la dépénalisation du cannabis en Tunisie? On sait, au demeurant, que le conseil de l'ordre des avocats a émis un refus catégorique à une telle issue pourtant de bon sens, et surtout de parfaite justice.
Si jamais nos gouvernants étaient sérieux dans la volonté de justice aux jeunes, et pour contourner les difficultés idéologiques ou mercantiles, pourquoi ne décide-t-ils pas tout simplement de retirer le cannabis de la liste des matières stupéfiantes? N'est-ce pas la façon la plus rapide et la plus sérieuse de manifester une attitude juste et honnête en la matière? Car on espère que nos autorités se réveillent enfin au vrai danger des drogues qui n'est représenté que par ce trafic des bandes organisées qui échappe encore à une sérieuse lutte, celle-ci étant concentrée sur les innocents consommateurs. Or, si le trafic est l'affaire des forces de l'ordre, leur devoir même, la consommation relève de l'exclusif rayon d'action de la société civile et des associations de prévention. C'est ainsi qu'on réussira à prémunir nos jeunes des ravages des drogues.
Alors, que les autorités tunisiennes nous répondent : qu'est-ce qui les empêche vraiment de dépénaliser le cannabis? La raison n'en serait-elle que vénale, par hasard? Honte à nous, alors, de tomber si bas dans la matérialité!
La révolution du cannabis réservé à la consommation récréationnelle a frappé de plein fouet les Etats-Unis en 2014. Si la marijuana était déjà légale dans plus de 20 pays avec une prescription médicale, le Colorado a ouvert la voie à une légalisation totale en 2014. Le succès a été au rendez-vous et l’argent a coulé à flots dans les caisses de l’État.
La marijuana légale au Colorado est soumise à une taxe de 29,9 %.
500 millions de dollars de taxes en trois ans
Une recherche publiée par VS Stratégies, cabinet de recherche favorable à la légalisation du cannabis basé à Denver, a analysé les revenus issus de la légalisation du cannabis au Colorado. Depuis janvier 2014, en effet, les habitants du Colorado peuvent consommer de la marijuana légalement à l’instar de ce qui se fait aux Pays-Bas.
Sans surprise, le marché a été florissant et avec lui les taxes n’ont cessé de grossir. La marijuana récréationnelle, au Colorado, est soumise à une forte taxation : une TVA de 2,9 % appliquée également sur la marijuana à visée médicale à laquelle s’ajoutent une accise de 15 % et une taxe supplémentaire de 10 %. Au total, donc, 29,9 % de taxes.
Cette taxation de près de 30 % a permis au Colorado de collecter 76 millions de dollars dès 2014. en 2016 les taxes collectées ont été de 200 millions et, selon la recherche de VS Strategies, le montant total est de 506 millions de dollars en trois ans.
Des records de rentrées d’argent dans les autres pays
Après le succès du Colorado, qui devrait battre le record de 200 millions de dollars de taxes issues du marché de la marijuana en 2017, plusieurs Etats américains ont suivi la tendance. L’État de Washington, qui a légalisé le cannabis en juillet 2014, a collecté 256 millions d’euros de taxes depuis. L’Oregon, plus petit et dont l’ouverture du marché ne date que d’octobre 2015, 60 millions.
Un tel gain d’argent a permis au Colorado d’investir dans des écoles et même des programmes pour contre la consommation de drogue. Mais ce qu’il est intéressant de voir c’est que le Colorado ne compte que 5,5 millions d’habitants.
En trois ans, donc, le pays a collecté l’équivalent de 100 dollars de taxes par personne. Bien que ce soit une comparaison tirée par les cheveux, le même succès en France pourrait permettre de récolter 6,7 milliards de dollars de taxes en 3 ans, sans compter les retombées touristiques.