MONTRÉAL - Au moment où le gouvernement Harper souhaite introduire des peines minimales obligatoires pour les condamnations liées à la drogue, un énième examen scientifique démontre que le resserrement des lois et la prohibition de ces substances seraient directement liés à l’augmentation de la violence.
Source : Canoë Infos
Un groupe de chercheurs de la Colombie-Britannique en est venu à cette conclusion après avoir récemment scruté toute la documentation scientifique publiée en anglais qui touche à l’application des lois et la violence liée au commerce de la drogue au Canada.
La conclusion que l’Urban Health Reasearch Initiative (UHRI) a publiée mardi révèle un consensus dans 13 des 15 études analysées: la prohibition entraîne une hausse de la valeur des substances, ce qui génère des occasions financières pour les gangs criminels organisés et toute perturbation des marchés entraîne des luttes armées.
L’examen scientifique fait valoir que la prohibition des drogues a engendré un énorme marché mondial de drogues illicites, d’une valeur annuelle estimée à 320 milliards $ américains.
Les études indiquent que la violence découle du vide de pouvoir qui survient lorsque la lutte antidrogue élimine des joueurs.
La prohibition des drogues a engendré un énorme marché mondial de drogues illicites, d’une valeur annuelle estimée à 320 milliards $ américains.
© Archives Canoé
Peu de joueurs arrêtés
Selon le spécialiste de la sécurité publique, Robert Poeti, les policiers n’ébranlent qu’une infime partie du marché des narcotrafiquants, ce qui n’influence donc pas l’offre.
Pour lui, il est impossible de conclure que la brutalité n’est que liée à la répression et est fermement convaincu que les groupes criminels sont les seuls responsables de l’augmentation des agressions armées.
«La violence est carrément liée au marché et aux guerres de territoire. Les trafiquants veulent tous être les plus importants distributeurs, mais il y a trop de joueurs», souligne-t-il.
Augmentation de la clientèle
Interdire des drogues populaires comme la marijuana pousse «monsieur-et-madame-tout-le-monde à interagir avec le milieu criminel lorsqu’ils veulent s’approvisionner, ce qui augmente les profits potentiels pour les personnes sans scrupule», indique Marc-Boris Saint-Maurice, fervent militant pour une légalisation de ce stupéfiant et fondateur du Bloc Pot.
Le sociologue Mathieu Bock-Côté se dit pour sa part peu surpris de voir les auteurs du rapport s’en prendre à la volonté du gouvernement conservateur de resserrer les sanctions et ne s’attend pas à ce qu’ils changent «la donne politique».
«Ceux qui sont favorables à la légalisation des drogues y verront une raison de plus de croire à leur thèse, ceux qui n'endossent pas le postulat du rapport n'y verront qu'un appel supplémentaire en faveur d'un laxisme qu'ils trouvent injustifié», croit-il.
Le rapport recommande entre autres que les élus considèrent d’autres modèles de lutte antidrogue comme mettre en place un cadre réglementaire qui permettrait de traiter les problèmes associés à la consommation des stupéfiants.
Par Agence QMI, Stéphanie Saucier le 23/03/2010