«La drogue n'annule pas le Ramadhan contrairement à l'alcool qui ne doit plus être consommé 40 jours avant le mois sacré, car l'alcool reste dans le sang tout au long de cette durée. Avec le kif, il suffit d'une douche pour que le corps soit purifié», explique un «apprenti imam» qui préparait «religieusement» un autre joint...
(Flickr/Carlos Octavio Uranga)
Pendant le Ramadhan, c'est le...Kif! Les vendeurs de kif et de psychotropes fleurissent dans la rue durant la période du jeûne. C'est donc un mois béni tant pour les croyants que pour les dealers. Ces derniers apprécient particulièrement ce mois sacré vu le profit qu'ils en tirent.
Pour preuve, depuis le début du Ramadhan les services de sécurité ont interpellé plus de 90 personnes impliquées dans des affaires de trafic de drogue. «Ces opérations se sont soldées par la saisie de 908 boîtes de médicaments, 141g de drogue et sept armes blanches utilisées dans des cambriolages et des agressions contre les citoyens», a révélé la police algérienne dans un communiqué. L'alcool manquant, la demande de drogues augmente...
«Pendant le Ramadhan, la consommation d'alcool diminue fortement, mais elle est remplacée par des drogues de substitution: cannabis et médicaments», nous confirme un inspecteur de police qui a requis l'anonymat. «Je n'ai pas de chiffres précis. Mais de par mon expérience, l'augmentation de la consommation de drogues pendant le Ramadhan est évidente. Bien sûr, ces drogues ne sont pas consommées pendant la journée, mais à partir de la rupture du jeûne», précise le même «flic». D'ailleurs, comme pour la mercuriale, les «prix du cannabis augmentent à chaque veille du Ramadhan», souligne notre ami.
Effectivement, les dealers de la capitale sont presque en rupture de «stock». Ceux qui ont encore de la marchandise l'écoulent à prix fort, sachant que quoi qu'il en coûtera ils auront toujours des «clients». Car, c'est devenu une «tendance» de prendre un joint après «l'iftar». Beaucoup de jeunes puisent la spiritualité du Ramadhan dans les joints... Deux cuillerées de «chorba» et un demi-«bourek», ils se précipitent plus tard vers les ruelles de leur quartier pour commencer leur «sahra» (soirée).
Toutes sortes d'excitants sont au menu! Tels que le thé, le café, la cigarette et le narguilé. Mais ce dernier est malheureusement accompagné par le kif! Assis tout seul derrière un arbre, Samir fait partie de ces jeunes à la recherche de la «khalwa» (état psychique et physique après la consommation du haschich). Il est à peine 21h, cela ne fait même pas une heure que l'appel à l'iftar a été prononcé par le muezzin et Samir en est déjà à son deuxième joint. Samir qui semble être au 7e ciel commence alors à nous parler de ses soirées hallucinogènes...
«Pour moi, le kif pendant le Ramadhan est quelque chose de sacré», assure-t-il. «C'est devenu une tradition bien ancrée comme 'le bourek, la chorba, la zlabia ou encore le kalbelouzze''», ajoute-t-il, avec un long rire qui prouve que la «zatla» commençait à faire son effet. Samir qui se drogue en soirée a-t-il jeûné? «Si, si je fais et j'ai toujours fait carême», affirme-t-il. Alors, comment se fait-il qu'il se drogue? N' y a-t-il pas un paradoxe dans l'histoire?
Le Ramadhan n'est-il pas, annulé par la drogue? «Non, non le kif est une «djanaba qui part après une douche et n'annule pas le Ramadhan contrairement à l'alcool qui ne doit plus être consommé 40 jours avant le mois sacré, car l'alcool reste dans le sang pendant 40 jours.
Ces 40 jours sont ainsi considérés comme étant la durée minimale pour éliminer toute trace d'alcool dans le sang, le corps est après purifié», répond cet «apprenti imam» qui préparait «religieusement» un autre joint. C'est sans doute cette ambiguïté d'une interdiction non explicite qui pousse à la substitution de l'alcool par du haschisch, vu qu'il n'y a pas de verset clair à ce sujet. Ce qui pousse certains, comme Samir, à se faire des «auto-fetwas» afin de se donner bonne conscience...Ce qui fait que les jeunes «kifent» le Ramadhan...
Par Walid AÏT SAÏD
Source: lexpressiondz.com