Chaque été, l'histoire se répète. Les terres agricoles et les bois sont squattés sans gêne par des planteurs de cannabis.
La situation agace les agriculteurs, et les policiers ont déjà réalisé quelques saisies dans les champs. Mais ce n'est que le début.
«Il y en a partout. Tout le monde en a», estime Réjean Racine, président du syndicat de l'UPA Haute-Yamaska, au sujet des plants de marijuana qui poussent dans les champs et bois des agriculteurs.
Photo issue des archives de La Voix de l'Est.
Des voitures suspectes ont d'ailleurs recommencé à rôder près ou dans les champs. Des individus équipés de lampes frontales qui déambulent sur les terres agricoles en pleine nuit refont leur apparition. Des caissettes de fleurs, des sacs de terre et d'engrais sont découverts dans les champs.
Il s'agit là de signes incontestables que les planteurs de cannabis sont de retour. «Ils plantent de la mi-juin à la mi-juillet et ils entretiennent les plants jusqu'à la mi-septembre, donc ça a commencé», confirme l'agente Ingrid Asselin, du poste de la Sûreté du Québec des Maskoutains.
Des perquisitions ont déjà été réalisées cet été dans les champs, notamment dans les MRC des Maskoutains, de la Haute-Yamaska, de Rouville et Brome-Missisquoi. Ce sont principalement de petites quantités qui ont été récoltées.
«Il y a eu des saisies dans le cadre de l'opération Boutures. Il s'agit de plants qui sont en préparation avant d'être mis en terre», indique le lieutenant Sylvain Arès, directeur adjoint du poste de la SQ Brome-Missisquoi.
En 2009, les opérations d'éradication du cannabis avaient été fructueuses. Plus de 45 000 plants avaient été arrachés dans les MRC de la Haute-Yamaska, Brome-Missisquoi et d'Acton. Huit personnes avaient été arrêtées.
Une collaboration nécessaire
Le cannabis est d'ailleurs la substance illicite la plus largement produite et consommée à l'échelle planétaire, selon le rapport mondial 2010 sur les drogues de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, un organe de l'ONU. Toujours selon ce rapport, entre 130 et 140 millions de personnes sur la planète en fument au moins une fois par année.
Pas étonnant que les terres et bois de la région soient autant fréquentés par les producteurs de marijuana, et ce, sans se soucier qu'ils squattent des propriétés privées. «Ces terres-là, on les paie. C'est notre propriété, fait valoir Réjean Racine. Moi, je ne vais pas chez eux dans leur jardin. Eux, ils envahissent nos propriétés.»
Les moyens sont limités pour mettre un terme à l'invasion des propriétés. Certains agriculteurs installent des clôtures ou des murets en béton à l'entrée des champs. D'autres posent des affiches rappelant aux voyous qu'il s'agit d'une propriété privée et que l'accès y est interdit.
Les policiers affirment que la population peut jouer un rôle important pour freiner l'expansion de la production du cannabis. Leur message est sans équivoque: les agriculteurs ne doivent pas tolérer les plantations de cannabis.
Ils sont invités à signer un contrat social avec la SQ pour permettre l'éradication des plants. Ils doivent aussi signaler toute présence suspecte ou plantation illicite aux policiers ou via Info-Crime.
Les agriculteurs sont invités à la prudence s'ils constatent la présence de cannabis sur leur propriété. «Ce n'est pas le temps de jouer au jardinier. Ils doivent nous appeler, indique Chantale Doyon, directrice du poste de la SQ Acton. J'ai déjà vu des dispositifs de sécurité au moyen d'une corde avec un fusil et des pièges à ours.»
Le président du syndicat de l'UPA Haute-Yamaska affirme que les agriculteurs sont partagés quand il est question de dénonciation. «C'est 50-50, estime-t-il. Certains disent qu'ils veulent protéger les jeunes et signalent les plantations, tandis que d'autres disent qu'ils ne touchent pas à ça. C'est par peur de représailles.»
Réjean Racine soutient n'avoir jamais reçu des confidences d'un agriculteur ayant subi des représailles, ce qui ne signifie pas pour autant que cela ne s'est pas produit. Il affirme que les policiers sont discrets pour éviter que de fâcheux événements ne se produisent et qu'ils sont respectueux des cultures.
par Karine Blanchard Source : La Voix de l'Est