Dans une invitation à une réunion publique, M. Chenaux, le rédacteur responsable de Drogue-Info, organe de l’Association romande contre la drogue, crache sa haine de toute réforme constructive et pragmatique de la politique des drogues en Suisse.
Source : Chanvre-info
Dans un style racoleur, rappelant les heures sombres de la dénonciation du lobby judéo-maçonnique, ce spécialiste des relations publiques se félicite de l’échec de la révision de la Lstup et d’une loi restrictive sur le chanvre à Bale-campagne. Nous savons maintenant qui féliciter pour ce désastre. Associant dans la même charrette du condamné l’initiative Prochanvre, la possible réforme partielle de la Lstup, le rapport psychoaktiv.ch, la réduction des risques et la substitution, il invite la population à résister aux nouvelles offensives d’un fantasmagorique lobby de la drogue, par référendum si besoin est.
On retrouve là les objectifs et le vocabulaire de Narconon (non à la drogue, oui à la vie), une association fondée par « l’église » de scientologie connue pour ses pratiques douteuses, sa propagande et son entrisme et même interdite dans certains pays ou régions. On y trouve aussi l’idéologie de l’UDF, parti religieux fondamentaliste, de l’administration américaine et ses affidés néoconservateurs, de tous les intégristes, les populistes, les opportunistes qui font de la drogue, et surtout du drogué, un épouvantail bien commode pour effrayer les plus crédules et masquer leurs magouilles. Y compris sur le marché des drogues et surtout du blanchiment d’argent et de la corruption qui l’accompagne.
Ces gens veulent plus de police, plus de restrictions aux libertés individuelles, plus de peines de prison pour mater les plus pauvres. Pour les classes moyennes, il faut dépister le camé partout : école, entreprise, route ... En alternative à la prison, ils veulent parquer les usagers de toutes les drogues illicites dans des camps de rééducation, style goulag, les sevrer de force, utiliser gratuitement ou presque leur force de travail et leur bourrer le crane de grands principes métaphysiquo-religieux. Des issues de secours, rappel à la loi et clinique privée, sont déjà prévues pour les riches, qui de toute façon savent échapper à la surveillance policière.
La politique de réduction des risques (RDR) et de substitution a été approuvée dans de nombreuses élections cantonales, elle fait la preuve de son efficacité partout où elle est appliquée, tant pour le sida que pour les overdoses ou la criminalité associée. Ce dispositif sauve des vies et redonne un peu de dignité aux injecteurs et aux usagers d’opiacés. Il est loin d’être complet, il ne correspond surtout pas aux drogues les utilisées : tabac, alcool, cannabis, médicaments psychotropes.
Rétablir une logique scientifique et sociétale pour améliorer la prévention, l’’information et la réglementation, légiférer en fonction des nuisances objectives de toutes les drogues, voilà la stratégie qui est développée dans le rapport psychoaktiv.ch. Elle est élaborée par un panel d’experts et correspond parfaitement aux orientation de la recherche internationale. Ce rapport n’a donc rien de révolutionnaire ou de provocateur, 2015 « pour surmonter le blocage des mentalités », c’est bien trop loin pour les militants de la réforme et surtout pour les consommateurs les plus précarisés. Mais ce rapport est favorable à la RDR, à l’extension de la substitution, à un marché réglementé du cannabis.
La science et la raison pragmatique ont toujours du lutter contre l’obscurantisme et la passion fanatique. M Chenaux n’est un inquisiteur de plus dans cette triste saga. Je flippe vraiment que des idées aussi toxiques aient encore tant disciples. Partout où nous pouvons intervenir, nous devons les confronter à la réalité et démasquer leur incompétence flagrante à gérer ce problème. Trente ans de « war on drugs » pour rien, assez de castration, passons à la régulation !
Laurent Appel
Pour (dés)information, voilà le texte de l’invitation. A lire avec beaucoup de recul.
Le lobby de la drogue repart en guerre
Madame, Mademoiselle, Monsieur,
Le lobby suisse de la drogue a subi une cinglante défaite en juin 2004 avec le refus du Conseil national d’entrer en matière sur le calamiteux projet de révision de la loi fédérale sur les stupéfiants. Il a été à nouveau battu, le 25 septembre dernier, avec l’adoption à Bâle-Campagne d’une loi « anticannabis » qui verrouille le marché du chanvre industriel et qui pourrait servir de modèle dans notre canton (motion F. Payot du 31 octobre).
Ce lobby n’est donc pas invincible ! Mais il repart en guerre sur plusieurs fronts, avec notamment : une initiative populaire « procannabis » dont les signatures seront déposées le 6 décembre ; un projet de révision partielle de la LStup qu¹élabore la sous-commission drogue de la Commission de la santé du National ; le rapport psychoaktiv.ch rédigé par la Commission fédérale pour les questions liées aux drogues, qui propose de fondre dans une même loi le tabac, l’alcool, les médicaments psychoactifs et les drogues, en se fixant pour objectif de « surmonter le blocage des mentalités » d’ici 2015 ; l’ouverture de locaux d¹injection (pour la consommation de drogues illicites) et de narco-cliniques (pour la prescription médicalisée d’héroïne) dans les cantons qui n’en ont pas encore (Vaud notamment).
Comment combattre ces nouvelles initiatives qui visent toutes, à terme, à la légalisation de toutes les drogues ? Faut-il recourir à l’arme du référendum pour contrer le projet de local d¹injection à Lausanne ? M. Jean-Philippe Chenaux, secrétaire patronal et journaliste RP, introduira le débat sur ces sujets d’une brûlante actualité mercredi 7 décembre 2005, à 20 heures, dans les locaux de la Ligue vaudoise.
Auteur de plusieurs ouvrages sur la politique de la drogue, M. Chenaux est membre du Conseil consultatif pour la prévention et la lutte contre la toxicomanie du canton de Vaud et de la Commission consultative de la Fondation du Levant. Il est aussi le rédacteur responsable de Drogue-Info, organe de l¹Association romande contre la drogue, qui a pris le relais en 2004 du Comité romand contre la révision de la loi sur les stupéfiants.
Recevez, Madame, Mademoiselle, Monsieur, nos meilleures salutations.
Lausanne, le 30 novembre 2005, Mercredi 7 décembre 05
M. Jean-Philippe Chenaux