Dans un rapport publié vendredi dernier, l’autorité new-yorkaise en matière de santé publique a recommandé la légalisation du cannabis, notamment pour endiguer la crise des opioïdes et pour cesser la criminalisation excessive des minorités visibles.
La légalisation récente du cannabis dans de nombreux États américains rend la question plus pressante, souligne-t-on. « La question n’est plus de savoir si on devrait légaliser, mais comment le faire de manière responsable », peut-on lire dans le rapport.
Cette étude des répercussions possibles de la légalisation sur la santé, la sécurité publique et l’économie a été commandée par le gouverneur Andrew Cuomo en janvier dernier. Survol des conclusions.
Ne plus cibler les minorités culturelles
La prohibition fait beaucoup de mal aux minorités. Aux États-Unis, malgré des taux de consommation égaux, les Noirs sont quatre fois plus susceptibles que les Blancs de se faire arrêter pour possession de cannabis.
Dans l’État de New York, le nombre d’arrestations a baissé considérablement depuis la légalisation du cannabis à des fins thérapeutiques en 2014, mais les arrestations demeurent plus élevées chez les minorités visibles.
En 2017, les personnes arrêtées pour possession de cannabis étaient majoritairement des personnes de couleur (86 %). Seulement 9 % des personnes arrêtées étaient blanches.
Cette situation a d’importants effets néfastes sur les membres de minorités visibles, souligne le rapport, notamment en érigeant des barrières au logement et à l’éducation.
La légalisation serait l’occasion de « réduire la criminalisation et l’incarcération disproportionnée des minorités », tout en réinvestissant dans la santé et l’éducation de ces communautés.
Contrer les opioïdes avec du cannabis
La crise des opioïdes a causé la mort par surdose de plus de 42 000 Américains en 2016. Dans un tel contexte, la légalisation du cannabis peut comporter plusieurs avantages.
Dans les 29 États américains qui ont légalisé le cannabis à des fins médicales, les taux de surdose sont moins élevés qu’ailleurs.
Le cannabis peut-être consommé pour réduire la douleur, ce qui peut parallèlement réduire la prescription d’opioïdes à la source, en plus d’aider les patients qui consomment déjà des opioïdes à réduire les doses ou à cesser le traitement.
« La marijuana est une substance efficace contre la douleur, qui réduit grandement les risques de dépendance et qui élimine le risque de surdose mortelle, comparativement aux médicaments à base d’opioïdes », soutient-on.
Certes, le cannabis est déjà permis à des fins thérapeutiques dans l’État de New York, mais la légalisation de sa consommation récréative « pourrait faciliter l’accès à la marijuana pour traiter la douleur ».
Des profits substantiels
En offrant une once à 270 $ ou 340 $ - soit les prix répertoriés par le site Price of Weed - , on estime que les recettes annuelles de vente de cannabis pourraient se chiffrer à entre 1,7 et 3,5 milliards de dollars. Dès la première année, l’État pourrait percevoir entre 248 et 678 millions de dollars en taxes.
En outre, le rapport souligne que la légalisation du cannabis réduirait les coûts associés à la prohibition, comme les effectifs de police, les frais judiciaires, la prison, les frais administratifs.
Cannabis partout
S’il en venait à légaliser le cannabis à des fins récréatives, New York viendrait s’inscrire dans une tendance libérale grandissante aux États-Unis. Neuf États ont récemment légalisé la substance, dont le Colorado, la Californie et l’Oregon.
L’État du Vermont, limitrophe de l’État de New York, vient tout juste de légaliser le cannabis au début du mois. Et on rappelle que New York partage ses frontières avec le Maine, qui a légalisé le cannabis en 2016, et avec le Canada, qui le légalisera le 17 octobre prochain.
Source: vice.com
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