Le Colorado à qui mieux beuh

Le Colorado à qui mieux beuh
Par Indi-Punky ,

Embarqués dans un «Cannabis Tour» à travers un Etat qui a légalisé la vente de marijuana récréative depuis 2014, notre reporter rencontre ceux qui ont renoncé à des situations confortables pour se lancer dans le «cannabusiness».

 

Jordan Stanley dans sa ferme à Wray (Colorado), en septembre 2014. Les frères Stanley ont développé une technique permettant de cultiver une marijuana haute en CBD (cannabidiol) et basse en THC. (Photo Matt Nager)

 

Le bus-limousine customisé a à peine démarré que les premiers pétards s’allument. Le Colorado Cannabis Tour se lance, ce samedi midi, à Denver. A bord, 26 touristes américains, tous âges, tous styles : de 20 à 60 ans (et plus), seul ou en couple, allure passe-partout ou cheveux orange. «On a même eu des policiers» , rigole Scottie, le guide californien et blond, en shorts et tongues, tout en tirant sur son joint. Rapidement, l’intérieur du bus, qui ressemble à une boîte de nuit, est totalement enfumé, à la grande joie des participants, qui ont payé 99 dollars (91 euros) pour les quatre heures de balade et visites. Premier arrêt : chez Medicine Man, un des plus gros producteurs de marijuana légale du Colorado - et donc du monde. Trop défoncée, la rousse Mara ne va pas tarder à se coucher dans l’herbe (le gazon, s’entend), pâle comme une morte. «Ça arrive», commente, blasé, le patron du tour, Michael Eymer, un barbu en chapeau qui, dans une vie antérieure, vendait des arbres de Noël en Floride.

 

A Medicine Man, de l’herbe, on va en voir «des milliers de pieds dans l’entrepôt», prévient le cofondateur, Pete Williams, qui attend la troupe à l’entrée. Avant, ce quadra affable et allumé installait des salles de bains. Il y a dix ans, avec la crise, il s’est mis à cultiver de l’herbe dans sa cave quand le Colorado a toléré le cannabis thérapeutique. Comme il s’est fait 100 000 dollars dans l’année, son frangin, Andy, lui a tapé sur l’épaule pour lui dire : «Y a un filon, là.» Avec leur mère, ils ont monté Medicine Man : 40 % pour chaque fiston, 20 % pour maman. Désormais millionnaires, ces «ganjapreneurs» se veulent leaders du secteur dans cet Etat qui a légalisé la vente de marijuana récréative aux plus de 21 ans depuis le 1er janvier 2014.

 

Leur boîte vend chaque année pour 15 millions de dollars (13,8 millions d’euros) de cannabis récréatif - le thérapeutique est en chute libre (1 million l’an dernier, contre 5 en 2013). «Des investisseurs très riches arrivent dans le business. Faut des millions maintenant pour démarrer», explique Pete, qui a dépensé 3,5 millions de dollars (3,2 millions d’euros) pour rénover leur entrepôt.

 

Dès l’entrée, gardée par une entreprise de sécurité, on est pris par l’odeur de l’herbe. Devant les 26 paires de pupilles dilatées, Williams prévient : «Ne touchez pas aux plants !» L’herbe s’épanouit sous les lampes dans un environnement hypersophistiqué pour atteindre pleine maturité en cinquante à soixante-cinq jours environ, ce qui permet six récoltes par an. Medicine Man produit 12 kilos par jour. «Au début, c’était très profitable. Maintenant, moins», affirme Pete Williams, qui revendique 25 % de marge, voire plus : il faut, selon lui, dépenser 2,5 dollars pour faire pousser un gramme, vendu ensuite 10 à 20 dollars. «Les grosses compagnies style Marlboro - mais chut, je n’ai pas dit de nom - regardent le marché. Bientôt, elles vont arriver sur le secteur», assure le pionnier qui emploie 80 personnes, dont 8 membres de sa famille : son fils, sa fille, son beau-frère, sa sœur qui tempère les deux frangins… Williams a déjà des allures de vétéran : «Il y a cinq ans, c’était vraiment risqué de s’y mettre. Aujourd’hui, on est comme quand Henry Ford a créé la voiture et que cinq ans après, la commercialisation a vraiment démarré. Ce genre de bouleversement n’arrive qu’une fois dans une vie. Et nous, on va y prendre part.»

 

797802-marijuana-colorado.jpg?modified_at=1438973921&width=750Medecine Man à Denver, un des plus gros producteurs de marijuana du Colorado (12 kg par jour), en mars 2013.

 

L’offre est alléchante

 

Les «barons de l’herbe», comme la chaîne de télé MSNBC a baptisé les Williams Brothers, ont brisé un tabou, et ils comptent en récolter les fruits. Mais la ruée vers l’or vert n’est pas un long fleuve tranquille. Car le secteur bancaire ne suit pas, par crainte de représailles s’il s’investit dans un business toujours illégal au niveau fédéral : «Pendant des années, on était à la banque Wells Fargo, jusqu’à ce que le top management l’apprenne et nous jette, raconte Pete Williams. Maintenant, on est avec une banque principale et une de secours, sur le principe de "surtout ne le dites pas". En espérant que leur management ne l’apprendra pas.» Sinon, tout se règle en liquide, des salaires aux taxes, et cela représente du pognon à trimballer : le secteur au Colorado a pesé 700 millions de dollars (645 millions d’euros) en 2014 (386 millions pour le cannabis thérapeutique, 313 pour le récréatif), générant 76 millions de dollars de taxes. Il compte entre 15 000 et 20 000 employés. Selon le gouvernement, le chiffre d’affaires atteindra, en 2016, 1 milliard de dollars.

 

Quand le bus repart, les touristes goûtent derechef les produits achetés, et Scottie s’extasie : «Medicine Man a le meilleur système d’industrialisation. Ils établissent la norme pour les années à venir.»

 

Mais de quoi cet avenir sera-t-il fait ? Si le Colorado a plutôt réussi sa légalisation, rien n’indique qu’elle est ancrée dans la durée. C’est ce qu’espère Bob Doyle, qui anime SAM (Smart Approaches to Marijuana) - et ne mettra jamais les pieds dans un bus où tournent les cigarettes qui font rigoler. Après s’être battu vingt ans contre l’industrie du tabac, Bob a embrayé contre celle de l’herbe. On le rencontre chez Sprouts Farmers Market où, dopé au muffin et au jus de fraise, il débite ses arguments : pour lui, la légalisation du cannabis thérapeutique (effective dans 23 des 50 Etats américains) a servi de cheval de Troie au big business de l’herbe. «Le seul objectif, c’est la commercialisation de masse du produit. Le secteur affirme : "On se bat pour la liberté, on ne va pas cibler les enfants"… J’ai déjà vu ce film : c’étaient les arguments de l’industrie du tabac pendant des décennies. Et elle n’est pas encore entrée dans le jeu. Quand elle y arrivera, ça sera pire.»

 

Sa certitude :«Quand on commercialise une drogue, on crée plus de problèmes, pas moins. Les entreprises gagnent beaucoup d’argent, mais le coût social est supérieur.» Et ça le gonfle prodigieusement : «Vous donnez le marché de la marijuana à Philips Morris et ça sera bénéfique pour la santé publique ? Non ! Ils vont, comme avec le tabac, manipuler le produit pour accroître l’addiction, cibler les jeunes et les classes modestes. On va leur faire la guerre mais ils auront les meilleurs avocats, les meilleurs publicitaires.»

 

Tout le monde sait que le cannabis thérapeutique est souvent détourné. Il suffit d’arguer d’un mal de dos persistant ou d’insomnies chroniques auprès d’un médecin complaisant pour dégoter une ordonnance qui, pendant un an, permettra d’obtenir la «red card» autorisant l’achat de cannabis sans taxes (111 000 bénéficiaires au Colorado). Hélas pour lui, Boyle n’était pas actif quand les pro-cannabis ont fait campagne pour l’initiative locale dite «amendement 64», adoptée par référendum à 55 % en novembre 2012. «On n’était pas organisés. Aujourd’hui, il y a un mouvement qui grossit.» Mais il reste balbutiant, alors que le business a pris de l’avance : «Des oursons en guimauve, des sodas, des chocolats, des cupcakes à la marijuana… c’est de la médecine, ça ?» s’étrangle Boyle.

 

797811-chocolat-marijuana-colorado.jpg?modified_at=1438973714&width=750Tablettes de crunch à la marijuana et à la fraise, début 2013. Photo Matt Nager

 

Taxé plein pot

 

Il est vrai que l’offre est alléchante. Nous voici en plein centre de Denver, sur la 16e Rue, voie piétonne. Euflora est une boutique discrète, en sous-sol. Ambiance cool et clean, Dr. Dre en fond musical, on se croirait chez l’opticien. Yeux bleus et cheveux orange, tatouages et piercings, Jenny, une jeune employée, Crocs aux pieds, nous fait la visite. Quelques tables avec les différentes sortes d’herbe, 20 dollars le gramme, puis la multitude de vitrines : ici des patchs contre la douleur (18 dollars), d’autres pour se relaxer. Là, les comestibles, produits en vogue : cela va des bonbons infusés au THC (effet modeste et maîtrisable, «pour les débutants») aux gommes (ananas-limonade, cherry), en passant par les cookies ou brownies dont il faut se méfier, car certains impatients ont fait de mauvais trips : «Prendre 10 mgr, attendre deux heures que ça fasse effet, ne jamais dépasser 20 mgr.»

 

Tout est prévu, même des produits pour vegan, et «tout est fabriqué au Colorado», dit fièrement Jenny. Il y a une variante en capsules «si on ne veut pas fumer ou manger», des gouttes à mettre sous la langue, et des sels de bain - «ça fait effet par les pores, très agréable». On peut acheter des boissons au cannabis (thé à la pêche, «Cannapunch») - moins fatigant que mâcher son cookie. Le top du top : les concentrés, «à 87 % de THC» , sont réservés aux pros.

 

797804-marijuana-colorado.jpg?modified_at=1438973964&width=750Medecine Man à Denver.

 

Le plus subtil : les vaporettes, «clean et discret, sans odeur ni fumée, personne ne peut savoir ce que vous consommez». Ah ! Encore une vitrine : les ustensiles pour planquer sa dope - une fausse canette de soda, un faux spray de peinture : «Je l’utilise quand mon frère vient à la maison. Il a l’habitude de me piquer mon herbe», rigole Jenny.

 

Rien de tout cela ne peut être consommé sur place : Denver n’a pas, contrairement à Amsterdam, d’accueillants coffee-shops où on se défonce légalement. Il est également interdit, sous peine d’amende, de consommer dans sa chambre d’hôtel ou sa voiture de location. Du coup, les groupes de pression qui ont gagné la légalisation ont lancé une proposition pour autoriser la fumette dans les bars qui le désirent. Il leur faut 4 700 signatures pour la faire passer en référendum en novembre, ce qui révolte l’opposant Bob Doyle : «Tout ça, c’est pour pouvoir vendre encore plus.»

 

Propriétaire de cinq établissements qui ont fait 10 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2014, Bruce Nassau, 62 ans, ne va pas le contredire : après trente années dans la télé par câble, il s’est lancé voici cinq ans dans le cannabis thérapeutique, flairant la bonne affaire. «Dans le câble, le rendement baissait, explique-t-il. Je me suis dit que l’industrie du cannabis, ce serait comme l’alcool et le tabac. Les gens aiment boire et fumer, non ?» Il fallait être là au début : «C’est comme ça qu’on gagne le plus.»

 

Il ne s’est pas trompé et espère faire entre 12 millions et 13 millions cette année. «On gagne bien notre vie», rigole-t-il. Son taux de profit ? Motus. 25 % ? «Plus.» Mais il se plaint : à cause d’une obscure législation sur les impôts, la «280.E», ciblant à l’origine les dealers pour leur interdire de déduire leurs frais (salaires, loyers…), le secteur est taxé plein pot. «J’ai réglé à titre personnel presque 500 000 dollars d’impôts l’an dernier, grince Bruce Nassau. On nous traite comme Pablo Escobar !» Il cultive environ 2 tonnes par an, et achètera bientôt un sixième établissement pour agrandir sa chaîne, Tru Cannabis, qui emploie 100 personnes. Nassau investit aussi dans le cannabis thérapeutique en Illinois et au Nevada. «Si je suis venu dans ce business, c’est pour les concentrations futures. Il faudra être assez grand pour que les géants de la pharmacie, du tabac ou de l’alcool aient envie de nous acheter.» Et Bruce Nassau en est sûr : un jour, ces géants contrôleront le secteur. «Dès que les banques seront OK pour y travailler, ils arriveront.»

 

Pour l’instant, les fonds d’investissement restent attentifs, à part Founders Fund, la société californienne de capital-risque de Peter Thiel (le fondateur de Paypal), qui a placé quelques millions dans un site internet dédié au cannabis, Leaflet. Bruce Nassau, lui, a déjà été contacté par des investisseurs mais a décliné : «Ce n’étaient pas les gros joueurs.» Cela dit, certains font monter les enchères : dans la station de ski d’Aspen, un dispensaire, le Green Dragon, doit être racheté pour 8 millions de dollars. «Ridicule !» bondit Nassau, pour qui ça ne vaut pas la moitié.

 

797810-marijuana-colorado.jpg?modified_at=1438973757&width=750Produits à base de marijuana à Denver, en novembre 2013. Photo Matt Nager

 

Les banques attendent

 

Ainsi va le secteur : certains y font fortune, d’autres se cassent la figure. «Certains se sont dits "on va juste vendre de l’herbe, ce sera sympa et simple". Non, il n’y a rien de simple et sympa là-dedans», indique l’avocat Mike Elliott, directeur exécutif du Marijuana Industry Group. «C’est une industrie très instable, explique Taylor West de National Cannabis Industry Association. Les règles changent souvent. Et certains n’ont pas anticipé toute la bureaucratie, la sécurité à payer, les problèmes bancaires.» Particulièrement épineux, dit-elle : «Certains ont eu 15 ou 20 comptes fermés ! Un membre voulait acheter des emballages en Chine mais il fallait une garantie de paiement. Il m’a dit : "Je ne peux tout de même pas leur envoyer une photo de mon paquet de liquide !"»

 

Les banques attendent l’assentiment du pouvoir fédéral pour se lancer et celui-ci a jusqu’ici refusé : donner son feu vert, c’est accepter la légalisation à l’échelle de la nation. Cette incertitude en recouvre une autre : si l’administration Obama tolère le système actuel, quid du futur président élu en 2016 ? S’il/elle ne peut remettre en cause la légalité de la consommation, prérogative des Etats, il/elle pourrait supprimer la vente légale, ce qui impliquerait d’envoyer la police fédérale dans les boutiques. Rude travail : le Colorado compte environ 500 points de vente. Il y avait, fin mai, 361 licences pour des dispensaires récréatifs et 511 pour des thérapeutiques - un même établissement fait souvent les deux.

 

«Avec tout l’argent qu’on génère, les taxes et les emplois, le fait que la légalisation n’a pas créé de problèmes majeurs du style de gens défoncés se jetant des balcons, je ne vois pas comment on pourrait revenir en arrière», tempère Bruce Nassau. Et il prédit que, après l’Oregon, le Colorado, l’Etat de Washington et l’Alaska, d’autres Etats, dont la Californie, vont autoriser la vente en 2016. «Après, ce sera gagné, dans tout le pays, d’ici dix ans peut-être.» Nassau aura alors revendu son affaire et sera assis sur son tas de pognon : «Quand je suis sorti du câble, mes interlocuteurs m’ont traité de fou. Maintenant, ils me demandent comment entrer dans le secteur. Trop tard, je leur dis !»

 

C’est dans le modeste bureau du «directeur de la coordination de la marijuana», qu’on mesure le mieux le chemin parcouru vers la légalité. Andrew Freeman supervise les dix agences de l’Etat où une centaine de fonctionnaires gèrent ce nouveau secteur basé sur une règle simple : chacun des 350 villes et comtés a le pouvoir d’autoriser ou non des points de vente sur son territoire. La marijuana est rattachée à «l’industrie du péché» (casinos, jeux, alcool, tabac, paris, courses, loteries) et l’Etat surveille les licences, écrit les règles, vérifie l’origine des fonds investis, teste les produits et assure leur traçabilité. Mais il ne se mêle pas des prix : ici, on est en pays libéral. Grâce aux taxes, 20 à 40 millions de dollars bénéficient chaque année aux écoles, le reste allant à la prévention et aux traitements des abus de consommation. Tout en grignotant des noisettes, Freeman, 31 ans, «agnostique» sur le cannabis - ni pour ni contre -, tire un premier bilan positif : «Sur le court terme, ce n’est pas le désastre que beaucoup craignaient : le ciel ne nous est pas tombé sur la tête.» Difficile de savoir si la consommation a augmenté : «12,9 % des plus de 21 ans consomment, ce qui ne représente pas une variation significative. Ceux qui fumaient avant fument après. Mais est-ce qu’ils fument plus ? On ne sait pas. Chez les ados, c’est l’équivalent d’avant.»

 

797800-marijuana-colorado.jpg?modified_at=1438974166&width=750Fraises recouvertes de chocolat à la Marie-Jeanne, lors d’une réception à Denver en juillet 2014. Photo Matt Nager

 

Dans le cornet

 

Il tempère le succès économique : «Ce n’est pas le boum que certains espéraient. Cela représente moins de 1 % de l’économie : une industrie mineure. Ce n’est pas le pétrole ou le gaz.» Freeman voit l’avenir «avec optimisme et prudence» : «On ne connaîtra pas l’impact complet avant un certain temps. Quel sera l’effet de la commercialisation ? Est-ce que ce sera comme l’industrie du tabac dans les années 70 et les enfants commenceront à fumer ? Ou est-ce que l’industrie sera plus responsable ?»

 

«Bien sûr, reconnaît Mike Elliot, du Marijuana Industry Group, il y a des questions de sécurité : il faut protéger les enfants, réduire la conduite sous emprise du cannabis, éduquer les consommateurs. Mais notre système, c’est mieux que de donner à Al Capone la gestion des drogues : dans ce cas, il y a des crimes et la marijuana est quand même vendue, et sans taxe qui entre. »

 

L’expérience du Colorado change la donne, estime Louis Bouchaud-Ayral, un jeune juriste français qui travaille au cabinet d’avocats Vicente-Sederberg, moteur dans la légalisation : «La question n’est plus : "Faut-il légaliser ou pas ?" Mais : "La production et la distribution de cannabis doivent-elles être contrôlées par l’Etat ou les trafiquants ?" Les habitants du Colorado ont choisi la régulation légale et jusqu’ici les résultats sont très positifs.»

 

Retour au bus. Tim, un type rondouillard en short et chemise à carreaux venu spécialement de Philadelphie, est content : avec tout ce qu’il s’est mis dans le cornet, il a ricané comme un bossu. «Ils sont malins, ces types, au Colorado, dit-il, ils sont les premiers à prendre tous les millions.» Le tourisme a d’ailleurs connu une année record à Denver en 2014 (15,4 millions de nuitées, + 10 %), mais les autorités refusent d’y mesurer l’impact de la marijuana. Arguant que ce secteur reste illégal, l’office de tourisme ne fait aucune promotion pour cette clientèle. «On s’en fiche : les gens nous trouvent quand même», balance Michael Eymer, le patron des tours en bus. Pour lui, les beaux jours du tourisme auront une fin : «Ça va devenir légal dans d’autres Etats, et Denver sera de moins en moins une attraction. Mais on va avoir quand même cinq à dix ans de bonne activité.»

 

 

Source: https://www.liberation.fr/monde/2015/08/07/le-colorado-a-qui-mieux-beuh_1360316


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