Sa consommation y est strictement interdite, ce qui n'empêche pas le pays d'investir lourdement dans sa production.
Les autorités chinoises ne plaisantent pas avec la possession ou la consommation de marijuana: l'offense peut mener à la prison à vie, voire à la peine de mort. Cela n'empêche pas pour autant la Chine de scruter avec un œil gourmand l'explosion, dans certains pays occidentaux et en particulier aux États-Unis, du marché du cannabidiol.
Principe actif non psychotrope du cannabis, paré d'infinis vertus, le CBD est une nouvelle poudre de perlimpinpin: une molécule miraculeuse mise à toutes les sauces par des petites entreprises spécialisées comme, désormais, par des géants de la grande consommation. Pas un hasard, donc, si les fermier·es américain·es voient dans la culture du très demandé cannabis un moyen d'atténuer leurs grandes souffrances.
La Chine en masse
Ce ne sont pas les seul·es. Dans certaines provinces chinoises comme le Yunnan ou le Heilongjiang, où la culture du chanvre est un savoir ancestral, les autorités centrales ont quelque peu assoupli leurs règles quant aux espèces cultivées. En ligne de mire: un marché du CBD qui devrait atteindre 21,5 milliards d'euros en 2023 d'après le Brightfield Group.
Investissements et surfaces cultivées sont en forte hausse, et la Chine était en 2018 responsable de 11% d'un marché alors estimé à 730 millions d'euros par le Hemp Business Journal, soit un peu plus de 80 millions d'euros.
Cette industrie chinoise naissante du CBD est néanmoins étroitement surveillée par les autorités. La teneur en THC des plants cultivés est régulièrement testée, et les usines procédant à l'extraction du cannabidiol le font sous la supervision de la police locale.
Des start-ups cherchent à inventer un système permettant de contrôler l'intégralité du processus, de la culture au produit final en passant par la destruction du THC honni –le tout informatiquement lié aux autorités compétentes.
L'appétit du pays pour le CBD n'est pas sans risque. Sous l'influence d'une production en croissance rapide, les prix de vente du cannabinoïde sur le marché américain se sont effondrés ces dernières années. Un kilo de la substance s'échangeait contre 45.000 euros en 2013, montant passé à 5.500 euros en 2018.
Interrogé par le Wall Street Journal, l'un des plus gros producteurs chinois estime que ce prix ne sera plus que de 900 euros l'année prochaine.
Selon lui, la Chine conserve un avantage compétitif majeur sur les autres pays producteurs, notamment grâce à une main-d'œuvre à faible coût. Il suppose que sa firme restera profitable tant que le kilo se vendra plus de 270 euros –mais l'arrivée massive du pays sur le marché mondial ne risque pas de freiner cette chute.
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