AUDIENCE PUBLIQUE : "LA REGLEMENTATION DES DROGUES, UNE MESURE CONTRE LA CRISE ?"
BRUXELLES - L’Union Européenne ne s’opposera à aucune initiative des Etats Membres de l’UE qui pourrait aller dans le sens de la réglementation du cannabis et d’autres drogues illicites. Dana Spinant, la nouvelle Coordinatrice de l’Unité Anti-Drogues de la Commission Européenne, l’a maintes fois répété lors de l’Audience Publique sur les Politiques des Drogues en Europe qui a eu lieu aujourd’hui au Parlement Européen.L’audience a été organisée par l’eurodéputé Michael Tremopoulos (Verts, Grèce) et ENCOD ( coalition de citoyens en faveur d’une réf orme de la politique des drogues). Des représentants de la société civile, parmi lesquels on pouvait compter le fervent activiste espagnol pour la légalisation du cannabis, Martin Barriuso ; le porte-parole de la Fédération des Coffee-shops de Hollande, Marc Josemans et Richard Cowan, l’ancien directeur de NORML, la plus grande organisation réformiste des Etats-Unis, ont exposé leurs expériences. Les eurodéputés Rui Tavares (GUE/NGL, Portugal) et Dennis de Jong (GUE/NGL, Hollande) ont aussi participé au débat.
L’audience a tout d’abord fait une estimation des conséquences financières que provoqueraient la dépénalisation des drogues et la réglementation du cannabis aux dépenses publiques. Si l’on se base sur une extrapolation de données de l’OEDT, le budget global qui pourrait être produit par un ensemble de mesures est estimé entre 35 et 60 milliards d’euros par an, ce qui représente de 70 à 120 euros pour chacune des 500 millions de personnes qui résident dans l’Union Européenne.
En mars 2009 la Commission Européenne a publié "Le Rapport sur le Marché des Drogues Illicites de 1998 à 2007" (rédigé par Peter Reuter et Franz Trautmann). Les conclusions de ce rapport ont montré que les politiques actuelles ont échoué dans leur objectif principal : la réduction de l’offre et de la demande de drogues illicites, et qu’il est possible qu’elles soient le facteur le plus important des dégâts occasionnés aux consommateurs de drogues, à leurs proches et à la société en général.
Martín Barriuso et Dana Spinant
"La prohibition est une bénédiction pour le crime organisé", a dit Dennis de Jong, eurodéputé du Parti Socialiste néerlandais (SP). "Malheureusement mon propre gouvernement veut appliquer un répression plus importante aux coffee-shops. Au lieu d’une politique plus raisonnable orientée vers une réglementation, les autorités veulent maintenant exclurent les touristes étrangers par l’introduction d’une carte d’adhésion aux coffee-shops, ce qui aurait pour effet de développer le marché noir".
Les témoignages de Barriuso, Cowan y Josemans attestent que la réglementation du cannabis progresse dans plusieurs pays du monde et qu’elle produit des résultats satisfaisants. La dépénalisation de la consommation de drogues comme en Hollande ou au Portugal ne favorise pas l’augmentation de la consommation mais elle offre des conditions plus sûres aux consommateurs de drogues, et une plus grande efficacité de l’interdiction. C’est aussi le cas en Espagne : "Au Pays Basque, le modèle des Clubs Sociaux du Cannabis, une forme de culture collective de cannabis pour usage personnel a été reconnu par les autorités y demeure un modèle qui fonctionne très bien et dont on ne doute plus", a expliqué Martin Barriuso.
Durant l’audience Encod a demandé à la Commission Européenne d’évaluer les coûts de la prohibition des drogues et les bénéfices que pourraient générer des politiques alternatives mais Dana Spinant a répondu que la Commission n’a pas compétence pour prendre des initiatives qui ouvriraient le débat sur la réforme des politiques des drogues. "La responsabilité appartient entièrement aux Etats Membres, c’est dans cette direction que vous devez vous diriger" a-t-elle dit.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE Encod du 8 Décembre 2010
relayé par .bob