Le Canada devait légaliser le cannabis – et non pas seulement le décriminaliser – afin de remplacer le marché noir et d’assurer la qualité de la drogue que les citoyens consomment, a déclaré le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, en entrevue à Tout le monde en parle.
M. Trudeau était de passage à l’émission hebdomadaire animée par Guy A. Lepage la semaine où le pays a légalisé le cannabis afin d’expliquer sa décision. Il s’agit de la première fois qu’un premier ministre canadien en fonction accepte de participer à TLMEP - qui fêtait sa 350e émission ce soir-là.
Maintenant que le «pot» est légal, le premier ministre ira-t-il en acheter dans les succursales de la Société québécoise du cannabis?
«Ça n’a jamais été quelque chose qui m’intéressait énormément, mais on a fait le constat que le système de prohibition qu’on a eu pendant 90 ans ne fonctionnait pas pour protéger nos jeunes et ça donnait trop d’argent au crime organisé», a-t-il répondu.
M. Trudeau a fait valoir que pas moins de cinq millions de Canadiens avaient consommé du cannabis en 2017, et que ces revenus avaient directement profité au crime organisé.
Plus dangereux pour les jeunes
Malgré tout, il se dit «tout à fait d’accord» que le cannabis est «plus dangereux» pour les jeunes adultes, en raison du développement de leur cerveau.
«C’est dommageable à 50 ans, c’est dommageable à 90 ans. C’est une drogue. Ce n’est pas recommandé. C’est pire quand les ados sont plus jeunes et le défi qu’on a, c’est de remplacer le marché noir.»
Les provinces canadiennes ont arrimé l’âge légal pour l’achat et la consommation du cannabis avec celui pour l’alcool.
Or, le nouveau gouvernement de François Legault a annoncé que le Québec compte augmenter l’âge à 21 ans – ce qui en ferait la province la plus restrictive en cette matière.
M. Trudeau dit avoir déjà eu une conversation au sujet de cette drogue avec son fils, Xavier, qui vient de fêter ses 11 ans et qui entrera bientôt à l’école secondaire.
«En même temps, c’est dur d’expliquer à un jeune que c’est nocif quand c’est légal», a commenté l’animateur Guy A. Lepage.
«Je dis ça pour l’alcool, ça ne me tente pas qu’il boive non plus, ça ne me tente pas qu’il fume la cigarette», a répondu M. Trudeau.
Ne pas faire le travail à moitié
Le premier ministre canadien affirme qu’il n’a pas voulu seulement décriminaliser la marijuana.
«C’est comme dire : “OK, c’est illégal d’en vendre, d’en produire, d’en acheter, mais si tu en as, on ne va pas te pénaliser.” Ce serait de faire les choses à moitié», dit-il.
«Soyons conséquents, créons un système qui contrôle, qui réglemente, qui protège mieux nos jeunes. Au moins de traiter le cannabis comme l’alcool, ça va nous permettre de mieux contrôler ça.»
Il se dit bien conscient que c’est un «gros changement» au Canada et qu’il y aura une «période d’ajustements».
«Tout ne sera pas réglé dans la première semaine, mais je pense qu’on s’en va dans la bonne direction», conclut-il.