Le groupe de travail sur la régulation du cannabis s'inspire des modèles espagnols et portugais pour sortir du cercle vicieux répressif.
Le groupe interpartis, qui planche sur la régularisation du marché du cannabis à Genève, vient de publier son deuxième rapport. Il dit avoir bien entendu les critiques émises en décembre 2013 et les préoccupations des opposants, mais il tient à son idée, celle d'implanter à Genève le modèle de consommation espagnol. Il s'agirait d'autoriser pour les adultes exclusivement, sur une période d'essai de trois ans, la distribution, la vente et la consommation de cannabis dans le cadre d’associations contrôlées par l’Etat. Le groupe bannit le terme de «Social Club», car, écrit-il, il ne veut pas conférer à son projet «une impression de «lounge» qui ferait la promotion de cette consommation».
Présidé par le professeur Sandro Cattacin, le groupe composé de membres de tous les partis sauf l'UDC et Ensemble à gauche *, a modifié la feuille de route qu'elle propose aux autorités, notamment sur les mineurs et le financement du système. Le groupe de réflexion admet que la diminution attendue des coûts de la sécurité qui devrait résulter de la quasi disparition des trafiquants de cannabis, puisque les consommateurs pourraient se ravitailler à bon compte dans des lieux spécialisés, ne couvrira sans doute pas le coût du système. Il propose donc de lever une taxe sur le cannabis sur le modèle de ce que fait l'Etat américain du Colorado ou de proposer aux consommateurs une cotisation pour s'affilier au système.
Pour le groupe, entre deux maux de choisir le moindre. Il s'agit, écrit-il dans un communiqué de presse diffusé vendredi, que l'Etat gagne en efficacité dans la lutte contre le trafic de drogue. Et, «plutôt que de jeter l'argent du contribuable dans une guerre contre la drogue qui s'avère onéreuse et inefficace», il convient d'offrir aux adultes exclusivement la possibilité de fumer leur joint dans un environnement sécurisé et régulé.
Pour éviter que les mineurs soient la proie des trafiquants, le groupe Cattacin pense que le modèle portugais peut être une solution (lire ici une étude en anglais). Une commission de dissuasion recevrait les dénonciations des enseignants, des infirmiers scolaires ou des travailleurs sociaux de mineurs problématiques. L'idée étant là d'orienter rapidement ces jeunes vers les bons thérapeutes et de conseiller les parents.
Les militants* des partis politiques représentés au Grand Conseil estiment que leur projet est viable et présente une solution crédible pour lutter contre le crime organisé qui se nourrit du trafic de stupéfiant et proposer aux consommateurs un produit certifié moins dangereux. Ils estiment que d'autres villes suisses pourraient être intéressées de se joindre à cet essai.
* Les membres du groupe sont Sandro Cattacin, professeur ordinaire à la faculté de sociologie de l'Université de Genève, Sophie Buchs, secrétaire générale du PDC, Marie-Thérèse Engelberts, députée MCG, Andreas Saurer, constituant, et Mathias Bushbeck député des Verts, Lydia Schneider Hauser, députée socialiste, Rollin Wavre, PLR, et Arnaud Moreillon, secrétaire général du Parti socialiste genevois et coordinateur du rapport 1.1.
(TDG)