Il y a quelques mois, France 4 avait presque défrayé la chronique avec le programme Alcootest. Adaptée d’un programme danois diffusé en Norvège, en Irlande et aux Pays-Bas, la version française avait la particularité d’être encadrée de messages préventifs...
En Angleterre, le présentateur du JT teste le cannabis en directSkunk ou haschich : que choisir ? Pédagogique, scientifique… et spectaculaire, la chaîne privée Channel 4 fait expérimenter les deux drogues à des volontaires. Une initiative inimaginable à la télévision française.
Il y a quelques mois, France 4 avait presque défrayé la chronique avec le programme Alcootest. Adaptée d’un programme danois diffusé en Norvège, en Irlande et aux Pays-Bas, la version française avait la particularité d’être encadrée de messages préventifs dissuasifs sur la consommation d’alcool.
La télévision publique française s’essayait alors avec des pincettes aux méthodes britannique, hollandaise et nordique d’éducation des téléspectateurs jeunes adultes : montrer des expériences « interdites » et « inédites » aux résultats visuellement édifiants afin d’amener le téléspectateur choqué à faire des choix adaptés.
Dans ce même esprit pédago-scientifico-spectaculaire, la chaîne publique britannique Channel 4 vient de diffuser le programme Drugs live : cannabis on trial » (« Drogue en direct : le cannabis à l’essai »). Moment fort : Jon Snow, le présentateur du journal télévisé de la chaîne, un ancien député conservateur et une ancienne journaliste de la BBC se soumettent à un test présenté comme révolutionnaire en examinant l’effet comparé sur le cerveau de deux variétés de cannabis : la skunk et le haschich.
La bande-annonce de l'émission Drugs Live Cannabis on Trial sur Channel4.
Au Royaume-Uni, environ un tiers des 16-24 ans ont consommé au moins une fois du cannabis. La skunk, qui représente 80 % du marché, serait plus addictive que le haschich et pourrait provoquer des épisodes paranoïaques, des symptômes psychotiques et des pertes de mémoire. Dans une séquence préenregistrée, Jon Snow, 63 ans, journaliste vedette de la chaîne, coprésentateur et cobaye vedette de la soirée, en inhale sous forme gazeuse dans un ballon, puis se soumet immédiatement à une IRM cérébrale. Pris de panique, il doit interrompre le scanner. L’ancien correspondant de guerre témoigne : « J’ai tenu à Gaza, j’aurais dû tenir… J’ai déjà fumé du cannabis, mais, après avoir pris de la skunk, j’ai été envahi par la pire peur de ma vie…Je ne le referai jamais. » Après ce premier test concluant, les réactions des candidats suivants sont moins violentes : l’ancien député, 65 ans, se sent assommé et idiot, il déteste l’odeur. L’ancienne journaliste de BBC spécialiste de la famille royale ne trouve pas désagréable de flotter et d’avoir quelques hallucinations. Un autre volontaire subit ensuite le même traitement, mais en direct dans le studio.
Extrait de Drugs Live Cannabis on Trial, émission de Channel 4.
Si les célébrités et le test « live » sont là pour attirer le grand public, le dispositif est partie intégrante d’une véritable recherche universitaire. Channel 4 a financé majoritairement une étude « en double aveugle » avec seize volontaires anonymes — dont certains visibles à l’écran en piteux état — visant à comparer les effets des composants de la skunk et du haschich sur la mémoire, l’appréciation de la musique et le bien-être psychologique. L’émission se termine par un débat en studio sur l’efficacité de la législation britannique qui calme tout le monde.
Channel 4 n’en est pas à son premier test de drogue en direct. Il y a deux ans et demi, l’ecstasy avait déjà été évaluée sous les yeux du même Jon Snow. Deux millions de jeunes téléspectateurs avaient été touchés (le même nombre que les consommateurs de cannabis au Royaume-Uni !), preuve selon la chaîne de sa capacité unique à remplir à travers ce type de programme choc sa mission éducative. Cette année, le test de cannabis a reçu l’approbation du gouvernement : le cannabis médical utilisé a été importé avec son autorisation des Pays-Bas. C’est ça aussi la télé de service public !
Source: telerama.fr
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