La légalisation de la production et du commerce de cette drogue douce sera effective cet été. Une mesure exemplaire pour les autres pays selon Trudeau.
Photo: Le Premier ministre canadien Justin Trudeau pense inspirer les
pays alliés qui l'observent. | Photo LARS HAGBERG / AFP.
C'était l'une des promesses de campagne de Justin Trudeau : la légalisation du cannabis au Canada sera effective dès cet été et, selon le Premier ministre canadien, cette mesure pourrait rapidement inspirer les « alliés » d'Ottawa. Le Canada deviendra ainsi le premier pays du G7 à autoriser la production, le commerce et la consommation de cette drogue douce, cinq ans après l'Uruguay, premier État de la planète à l'avoir fait.
Dans un entretien exclusif à l'AFP, le Premier ministre canadien a expliqué que sa démarche suscitait beaucoup d'intérêt : « Nos alliés [...] reconnaissent que le Canada est en train d'être audacieux [...] et reconnaissent notre honnêteté, quand on avoue que le système actuel ne fonctionne pas pour empêcher nos jeunes d'avoir un accès facile au cannabis. Dans beaucoup de pays, notamment au Canada, il est plus facile [pour un mineur, NDLR] d'acheter un joint que d'acheter une bière. Ça n'a aucune logique ! Et, en plus, c'est une source de revenus épouvantable pour le crime organisé », a argumenté Justin Trudeau.
Un commerce confié à des entreprises publiques
Son gouvernement libéral veut croire « qu'en contrôlant et en réglementant la vente de cannabis, on va pouvoir mieux protéger nos communautés, mieux protéger nos jeunes ». « Les alliés auxquels j'ai parlé sont intéressés de voir comment ça va se passer [...] avant de se lancer », a-t-il affirmé, sans préciser à quels pays il faisait référence. « Si ça fonctionne bien, et je m'attends à ce que ça fonctionne bien, ça me surprendrait énormément qu'ils tardent beaucoup à étudier quel modèle pourrait fonctionner pour eux », a-t-il dit.
Une fois que le gouvernement fédéral aura légalisé le cannabis, – le vote du Parlement est attendu début juin – les provinces et territoires canadiens auront la tâche d'en organiser le commerce. L'Ontario et le Québec, qui représentent plus des deux tiers de la population canadienne, ont déjà prévu un encadrement strict par des entreprises publiques spécialisées.
En termes de valeur, la production de « l'industrie du cannabis égale l'industrie de la bière » et est « plus grande que l'industrie du tabac », selon des statistiques officielles évaluant à 5,7 milliards de dollars canadiens (3,7 milliards d'euros) les dépenses des Canadiens en cannabis en 2017.
Pas de dépénalisation au programme en France
En France, le gouvernement envisage que l'usage de stupéfiants, et en particulier de cannabis, puisse être sanctionné d'une « amende forfaitaire délictuelle » d'un montant de 300 euros, une nouvelle procédure qui ne viendra pas se substituer aux autres types de réponses pénales déjà existantes, avait expliqué la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, mais constituera une voie procédurale « complémentaire », « simplifiée et rapide » face à « ce contentieux de masse ».
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Actuellement, la loi prévoit pour la consommation de ce produit jusqu'à un an de prison et 3 750 euros d'amende. Une politique très répressive rarement appliquée : sur quelque 140 000 interpellations chaque année pour consommation de drogues, seules 3 098 peines de prison ont été prononcées en 2015 (derniers chiffres publiés), dont 1 283 de prison ferme.
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Selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), 11 % des adultes français consomment régulièrement du cannabis. En 2016, toujours selon l'OFDT, près d'un jeune de 17 ans sur deux avait déjà consommé du cannabis (47,8 %), contre quatre sur dix (41,5 %) en 2011.
Source: lepoint.fr