La légalisation de la marijuana promise par les libéraux fait des heureux au Québec, mais soulève aussi plusieurs questions quant à l’encadrement de la vente éventuelle du produit, surtout auprès des jeunes.
«On est bien ravi! C’est ce qu’on souhaitait», a réagi Marc-Boris Saint-Maurice, un militant pour la légalisation du pot depuis plus d’une vingtaine d’années.
Pas de détails
L’élection du Parti libéral du Canada (PLC) hier soir en a réjoui plusieurs en raison de la promesse de légaliser la marijuana. Or, les détails reliés à cette légalisation demeurent vagues pour le moment.
«La politique de la prohibition est la pire de toutes, donc c’est difficile de faire pire, croit Jean-Sébastien
Fallu, professeur de psychoéducation à l’Université de Montréal et directeur de la revue Drogue, santé et société. Mais, tant qu’on n’a pas de détails, c’est difficile de se prononcer.»
Dans la plate-forme libérale, on peut lire que trop de Canadiens se retrouvent avec un casier judiciaire pour de la possession de petite quantité de cannabis. Ainsi, le parti souhaite que la consommation et la possession soient retirées du Code criminel.
Or, des spécialistes soulignent le danger que le revenu potentiel lié à la légalisation devienne l’enjeu principal.
«La crainte qu’on a, c’est que l’argent mène le monde, croit M. Fallu. Si le gouvernement se met à faire la promotion du pot, ça va trop loin et l’État ne joue pas son rôle.»
Marc-Boris St-Maurice, directeur du Centre Compassion Montréal.
Exemple à éviter
Selon Line Beauchesne, criminologue à l’Université d’Ottawa et spécialiste de la question des drogues, les États de Washington et du Colorado ne sont pas des exemples à suivre pour cette raison.
«Ce sont des modèles où on risque de perdre le contrôle en santé publique, dit-elle. Mais, il n’y a pas de modèle parfait.»
Selon elle, Santé Canada est le ministère le mieux placé pour encadrer cette légalisation, lui qui gère déjà le dossier de la marijuana à des fins thérapeutiques.
Du côté du Partenariat pour un Canada sans drogue, l’inquiétude est vive quant à l’impact d’une telle légalisation sur les jeunes.
«Quant on sait que les jeunes trouvent un moyen de boire de l’alcool avant 18 ans, quelle garantie a-t-on qu’on aura le contrôle sur le cannabis?, demande Marc Paris, directeur général. Il y a une réflexion à faire.»
Pour Mme Beauchesne, l’important est de bien baliser la légalisation.
«L’âge est un facteur important. Si c’est bien expliqué, qu’il y a moins de sollicitation auprès des jeunes, ça va apparaître comme plus sécuritaire.»
Des contraventions?
Du côté de l’Association canadienne des chefs de police (ACCP), cette légalisation soulève plusieurs doutes.
«Jusqu’ici, on n’a pas assez de recherches qui montrent quels impacts la légalisation aura sur la sécurité publique au pays», indique Timothy Smith, responsable des communications.
Ce dernier ajoute que l’ACCP souhaite que les policiers aient plus de pouvoir de donner des contraventions pour la possession de petite quantité de cannabis.
La Gendarmerie royale du Canada et le Service de police de la Ville de Montréal ont refusé de commenter le dossier.
- Avec le Journal de Québec
Source : journaldequebec.com
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