Le journaliste Julien Lecacheur nous emmène dans les coulisses de l'usine de marijuana médicinale d'Aurora Cannabis, en Alberta. L'entreprise souhaite devenir, d'ici 2018, le premier producteur de cannabis thérapeutique au Canada d'ici 2018
Dans l'une des salles de culture de l'usine Aurora Cannabis. Photo : Radio-Canada
À première vue, le village de Cremona pourrait ressembler à tous ces villages situés dans des endroits peu fréquentés de l'Alberta. Une école, une station-service, une épicerie, un hôtel, un restaurant, une banque, un salon de coiffure et une dizaine de rues peu fréquentées par les 457 résidents.
Cremona, c'est ce genre de petit village de passage situé sur l'axe Cochrane-Sundre où les visiteurs se font rares et ne s'attardent que quelques minutes pour faire le plein ou manger un morceau. Mais cet endroit entouré de champs et de vaches à perte de vue a la particularité d'avoir pour voisine une usine pas comme les autres, Aurora Cannabis, un producteur de marijuana médicinale.
De manière exceptionnelle, l'entreprise a accepté de nous ouvrir ses portes et de nous laisser visiter toutes les étapes de la production dans ses installations. L'unique producteur albertain s'est confié sur son projet, sur le marché du cannabis médicinal, sur la légalisation et sur son expansion. Aurora Cannabis souhaite devenir, d'ici 2018, le premier producteur de cannabis thérapeutique au Canada. Julien Lecacheur s'est rendu sur le site d'une entreprise visionnaire et pas comme les autres.
Chapitre 1 : Une ferme d'un nouveau genre
Photo(s) : Julien Lecacheur et Jocelyn Boissonneault/Radio-Canada
L'usine Aurora Cannabis est située dans la municipalité rurale de comté de Mountain View.
Des champs, des vaches, des granges, de longues routes sinueuses et, au milieu de nulle part, un chemin. À première vue rien d'anormal, juste un panneau indiquant une propriété privée, puis en avançant au pas, nous découvrons une petite maison, des sapins, et au bout du chemin une usine flambant neuve sortant de l'ordinaire et surtout du cadre. Une usine de production de cannabis médicinal invisible depuis la route et surtout introuvable depuis le GPS des téléphones intelligents.
Fondé en 2013, Aurora Cannabis a décidé de construire son usine de 5000 mètres carrés à l'abri des regards, mais pas de tous : les caméras couvrant chaque angle de l'usine et les lecteurs de cartes sont ici pour rappeler que le produit est convoité et doit être hautement surveillé.
Une fois la sécurité traversée et la carte d'accès autour du cou, il n'est pas encore question de s'approcher des plantes. Le vestiaire est l'étape finale nous séparant d'un monde inconnu à l'odeur singulière si connue des consommateurs.
Comme pour la sécurité, Santé Canada a imposé des règles strictes qu'Aurora Cannabis et les 35 autres producteurs canadiens doivent respecter à la lettre, au risque de perdre ce précieux et onéreux permis qui se négocie à plus de 10 millions de dollars.
Le vice-président d'Aurora Cannabis, Cam Battley, revêt la tenue réglementaire.
Couvre-tête, couvre-barbe, gants, blouse, lunettes de soleil et couvre-chaussures composent la panoplie parfaite non pas du parfait chimiste mais de l'employé ou du journaliste souhaitant s'introduire dans l'enceinte et au coeur de la production.
Premier arrêt, la salle de clonage. C'est ici que les clones issus des plantes mères sont réunis par sortes et se développent durant une période 7 à 14 jours. Le temps pour elles de créer des racines.
Ici John Barnet, l'un des responsables de la production et de la culture, tient dans ses mains une plante de cannabis qui a fait ses racines et qui est prête à poursuivre sa croissance dans la pièce suivante.
Cette pièce sert à la fois de première croissance pour les plantes, mais c'est aussi l'endroit où sont réunies les mères. Des morceaux de ces plantes seront ensuite coupés pour réaliser des clones et ainsi reproduire une plante identique.
Notre passage dans ces deux premières pièces est étrange, pas d'odeur, une lumière assez blanche et une température autour des vingt degrés. L'impatience de visiter les pièces principales, où se trouvent les plantes de cannabis arrivées à maturité, se fait sentir.
Avant d'entrer dans l'une des dix salles de croissance, Cam Battley, le vice-président d'Aurora Cannabis, nous demande de mettre nos lunettes de soleil et de nous préparer à une intense chaleur. Le choc est saisissant, la transition brutale. Malgré les lunettes la couleur jaune envahit complètement la pièce. Une pièce que l'on estime immense tant les plantes de cannabis s'entassent et se comptent par centaines. Des plantes qui permettent de récolter plus de 7000 kilogrammes de cannabis par an. Une production pouvant approvisionner jusqu'à 15 000 personnes.
Outre la couleur, la chaleur et l'humidité nous envahissent complètement. La tenue sécuritaire obligatoire nous fait immédiatement transpirer. Et que dire de l'odeur. Cette odeur si particulière au cannabis est saisissante. Différente de celle que l'on peut trouver dans la rue mais tout de même reconnaissable.
Les plants de cannabis passent plusieurs semaines dans la salle de croissance. Ici le but est de permettre à la plante de se développer et de pouvoir ainsi récupérer la fleur la plus grosse possible.
La fleur de cannabis est ensuite récoltée. Les plantes sont taillées pour enlever les parties inutiles puis entreposées dans cette salle de séchage pendant plusieurs jours. Les plantes séchées sont embouteillées et emballées.
Des employées chargées de l'expédition versent délicatement les fleurs de cannabis dans une coupelle en métal. Chaque sac d'un poids d'un kilogramme est composé d'une variété de cannabis.
Ces mêmes employées déposent avec précaution les fleurs de cannabis dans des petites boîtes noires en plastique. Chaque boîte doit peser exactement 10 grammes.
Une boîte contenant 10 grammes de cannabis vaut 80 dollars. Des boîtes de ce genre seront ensuite acheminées par la poste aux quelque 9000 clients affiliés à l'entreprise Aurora Cannabis.
La visite de l'usine se termine par l'entrepôt. Ici la sécurité est à son maximum. La carte d'accès est réservée à un petit nombre d'employés. L'entrée de la pièce est à la fois protégée par une porte blindée mais aussi par une deuxième porte munie de barreaux. Les systèmes de protection doivent être efficaces. Des millions de dollars en cannabis sont entreposés ici.
Le cannabis est rangé dans des sachets d'un kilogramme ou des petites boîtes déjà prêtes à l'envoi, entreposées par type.
L'usine verte de demain
Durant la visite de l'usine, le vice-président d'Aurora Cannabis, Cam Battley, nous parle de son désir d'agrandissement. Le but, atteindre de nouveaux marchés et augmenter ses ventes qui sont estimées à un million de dollars par mois.
« Nous allons devenir la plus grande usine de production de cannabis au monde », souligne-t-il.
Plan d'agrandissement de l'usine. Source : Aurora Cannabis (notre traduction du plan original en anglais)
La superficie des installations passera ainsi de 5000 mètres carrés à 55 000 mètres carrés, soit l'équivalent de 10 terrains de football. Et cette usine ne sera pas que grande de taille, elle sera aussi à la fine pointe de la technologie.
« Nous proposons de construire une serre végétale de conception néerlandaise. Le système unique de cette serre nous permettra de contrôler toutes les variables environnementales, y compris la chaleur et l'humidité. Il y aura aussi un système d'éclairage plus important. Et le tout sera hautement automatisé », détaille Cam Battley.
« Nous croyons pouvoir être en mesure de mettre en place le plus bas coût de production de cannabis médicinal au monde. »
Et cet agrandissement se fera sur le site actuel non loin de Cremona. Mais le chemin a été long pour en arriver jusque-là. Une décision qui sème la controverse.
Mercredi, les membres du conseil du comté de Mountain View se sont réunis pour voter sur le projet d'expansion d'Aurora Cannabis. Une salle pleine, une ambiance tendue, une panoplie d’experts, des résidents du comté pour et contre, tel était l'état d'esprit général.
Les audiences ont duré près de quatre heures.
Au moment du vote, le principe était simple : Aurora Cannabis devait récolter 4 votes en sa faveur pour pouvoir s'agrandir, une égalité aurait signifié un refus.
Finalement, le vote a été chaotique et semé d'embûches.
La première lecture a débouché sur une égalité. Une deuxième puis une troisième lecture et finalement une pause de 15 minutes supplémentaires ont fini par faire pencher la balance et voir un conseiller voter en faveur du projet.
Soulagement pour Aurora Cannabis, scandale pour les opposants.
Chris Bellamy, fortement déçue par la décision, en veut particulièrement aux conseillers qui ont menti, selon elle.
« Ils avaient promis en 2013 qu'il n'y aurait aucune expansion possible. Aujourd'hui, je me sens trahie par cette décision », souligne-t-elle.
Marie Thompson réside aussi près de l'usine d'Aurora. Opposée au projet depuis le début, elle est aujourd'hui en colère.
« Je suis très déçue. Vous n'imaginez pas l'impact négatif qu'aura cette immense usine de 55 000 mètres carrés pour nous, les voisins. Je suis persuadée qu'il y aura des problèmes avec la circulation et la gestion de l'eau. »
Cam Battley, lui, se réjouit de ce vote qui vient, selon lui, récompenser des mois de travail.
« Cette décision me rend très heureux. Cela fait des mois que nous travaillons auprès et avec les communautés pour bâtir ce projet d'expansion. Maintenant, nous allons pouvoir nous consacrer aux travaux qui devraient commencer au début de l'année 2017 », souligne-t-il.
Une forte concurrence
Cette victoire tombe à point nommé pour les dirigeants d'Aurora Cannabis qui vont pouvoir tirer profit du marché du cannabis thérapeutique en plein essor.
L'Association canadienne du cannabis estime que près de 120 000 Canadiens consomment de la marijuana médicinale. Un chiffre en hausse constante de 10 % par mois, selon Santé Canada.
Les producteurs de cannabis médicinal se livrent une saine bataille pour offrir des produits de meilleure qualité, différents et à des prix très compétitifs, et ainsi toucher cette clientèle grandissante. Une compétition qui donne des résultats, selon Cam Battley.
« Nous cherchons tous à innover et à améliorer nos techniques de production. Cela amène de bons résultats. Cette course à l'innovation a tout simplement permis de créer une nouvelle industrie, qui place le Canada en tête du marché mondial de la marijuana médicinale. »
Colette Rivet est la présidente de l'Association canadienne du cannabis. Elle explique que 36 producteurs sont actuellement sur le marché du cannabis thérapeutique au Canada. Elle ajoute que les demandes pour rejoindre ce cercle très fermé ne cessent de se multiplier.
« Près de 400 demandes de licences pour produire de l'huile de cannabis ou de la marijuana médicinale sont actuellement sur le bureau de Santé Canada. La liste est longue et le chemin est aussi long pour obtenir le permis. Les demandeurs dépensent en moyenne plus de 10 millions de dollars avant l'obtention de la licence. Les critères d'admissions sont aussi très précis », souligne-t-elle.
Et si les demandes se bousculent, c'est aussi parce que les producteurs veulent se positionner avant la future légalisation promise par le gouvernement de Justin Trudeau. Les premiers débats à Ottawa devraient commencer aux alentours du printemps ou de l'été 2017, la légalisation pourrait intervenir au courant de 2018.
Chapitre 2 : Cremona, un village accroché à son usine
En ce mois de novembre, il neige et la température ne dépasse pas les - 5 degrés : un vrai temps de novembre. Une météo qui prend encore un peu plus son sens dans le petit village de Cremona.
Les rues sont quasi désertes, recouvertes de neige, et les 457 âmes qui y résident sont soit au travail, soit chez eux bien au chaud. Situé à une heure au nord-ouest de Calgary, le village de Cremona ne fait pas dans l'excès et possède uniquement des établissements de première nécessité comme une école, une banque, un restaurant, un coiffeur, une épicerie ou une station-service, très utiles pour les résidents qui ne souhaitent pas faire les 30 minutes de route qui les séparent de la première grande ville, Cochrane.
Ici, le calme quotidien a été bouleversé dans les trois dernières années. Tout d'abord le village a perdu son employeur principal lors de la fermeture, en 2014, des installations de l'entreprise pétrolière Shell, le moteur économique de toute la région. Puis, Cremona a accueilli l'usine d'Aurora Cannabis. Une entreprise qui a d'abord suscité la méfiance et la peur chez certains résidents, qui associaient Aurora Cannabis à la drogue et aux stigmatisations qui lui sont associées.
Gerry Neilon, le patron de l'hôtel Cremona, se souvient avoir été surpris et quelque peu inquiet lors de l'annonce de l'arrivée de cette usine à quelques kilomètres de son établissement.
« Ma première réaction a été très partagée, je n'étais pas sûr si cette usine était une bonne chose pour le village, mais par la suite je me suis renseigné et je suis devenu excité par cette idée », souligne-t-il.
De son côté Michael Kerfoot, un concepteur de projets écologiques, explique avoir été tout de suite emballé par le projet.
« Moi et mes voisins avons accueilli d'un bon oeil l'arrivée de l'usine aux portes de Cremona, car elle permet entre autres de produire et de rendre disponible de la marijuana thérapeutique pour de nombreux Canadiens », explique-t-il.
À la mairie, les discussions vont bon train entre le maire, l'un de ses conseillers et l'employée administrative. Tous n'ont que ce sujet à la bouche : l'agrandissement de l'usine d'Aurora Cannabis. Dans ce village peu peuplé, les nouvelles de ce genre se font rares, surtout lorsqu'elles laissent entrevoir la création d'une centaine d'emplois.
Robert Reid, un des conseillers municipaux, est inquiet pour la survie de son village. « C'est économiquement très difficile pour nous actuellement », admet-il, et d'ajouter que cet agrandissement devrait engendrer un boom économique et enfin mettre le village en avant sur la carte de l'Alberta.
De son côté, le maire du village de Cremona, Tim Hagen, est enthousiaste. L'agrandissement de l'usine devrait attirer de nouvelles familles sur son territoire. Il a déjà tout prévu. Il explique avoir contacté des promoteurs pour construire une série de nouvelles maisons à Cremona.
« Ces nouvelles maisons, et ces nouveaux résidents vont me permettre de ne pas augmenter les taxes », déclare-t-il.
La nouvelle usine pourrait changer considérablement les choses pour Cremona, bien que son implantation au départ n'ait pas eu l'effet escompté. Si le conseil municipal à tout de suite donné son feu vert et démontré un fort enthousiasme, Tim Hagen concède n'avoir vu aucun nouveau commerce s'ouvrir dans le village.
« Je pense que certains magasins ont augmenté légèrement leurs chiffres d'affaires, mais ce n'est pas si important maintenant. »
L'ouverture de l'usine d'Aurora Cannabis a tout de même changé la donne pour certaines entreprises : c'est le cas pour l'hôtel Cremona de Gerry Neilon.
Pendant qu'il répare un vieux téléphone, il explique que des dizaines de travailleurs ont commencé à fréquenter son restaurant lors de la pause déjeuner quand les travaux de construction de l'usine ont débuté. Il admet que son chiffre d'affaires n'a pas tant augmenté que cela : « mes bénéfices ont été revus à la hausse d'environ 5 % depuis l'arrivée d'Aurora Cannabis. » Néanmoins, son établissement est bien plus achalandé, notamment les vendredis midi.
« Certains vendredis, les employés de l'usine viennent en groupe et restent plusieurs heures au restaurant », souligne-t-il.
Et justement à midi, c'est l'heure de pointe au restaurant : une trentaine de véhicules sont dans le stationnement et une dizaine de tables sont occupées.
Parmi ces clients se trouve Sheila Kaspchuck. Assise à une table près du bar, elle boit tranquillement son café en lisant les nouvelles de la région. Cette résidente du comté a travaillé pendant les vingt dernières années pour le gouvernement fédéral à Calgary. « Je faisais près d'une heure et quart de route aller par jour », souligne-t-elle.
À l'ouverture de l'usine, elle a décidé de tout lâcher pour postuler et ainsi se rapprocher de sa maison. Malgré sa baisse de salaire, elle ne regrette pas son choix, bien au contraire.
« Mon salaire est inférieur, mais maintenant je suis à dix kilomètres de mon travail, alors je fais beaucoup d'économies sur l'essence et sur l'entretien de mon véhicule. »
Elle ajoute qu'Aurora Cannabis a fait beaucoup de bien à la région. Aujourd'hui, elle estime qu'environ 60 % des employés de l'usine résident dans le comté de Mountain View. Ce chiffre pourrait encore augmenter avec l'embauche de 120 nouvelles personnes.
Au croisement situé à la sortie de la ville, je m'arrête pour prendre des photos et regarder les camions passer. Au même moment, une femme dans sa voiture s'arrête et m'interpelle pour me demander ce que je suis en train de faire. Si elle n'a pas voulu me dévoiler son identité, elle prend tout de même cinq minutes pour me dire à quel point cette usine a eu un impact positif sur le village. Actuellement à la recherche d'un emploi, elle compte y postuler pour y travailler dès que les premiers postes seront ouverts. Elle reprend la route, et je fais de même quelques minutes plus tard.
Chapitre 3 : La clinique de cannabis médicinal, un endroit très fréquenté
Si la production va bon train à Cremona, à Calgary, la demande se fait tout aussi forte dans les cliniques de marijuana médicinale.
Chez Natural Health Services, près du centre commercial Chinook, la salle d'attente est pleine. Les Calgariens souhaitant obtenir une consultation chez le médecin entrent et sortent en continu de cette salle.
La consultation dure une quinzaine de minutes, le temps pour le médecin de décider si la marijuana thérapeutique est recommandée ou non. Si oui, une prescription est délivrée et le patient doit se rendre au magasin.
Quatre médecins délivrent des prescriptions dans la clinique. Tous sont inscrits au registre spécial mis en place par le conseil des médecins de l'Alberta.
Kelly Eby, porte-parole du Collège des médecins de l'Alberta
Kelly Eby, la porte-parole du Collège des médecins de l'Alberta, explique que tout médecin souhaitant prescrire du cannabis médicinal est dans l'obligation de s'enregistrer auprès du Collège. Aujourd'hui, 268 médecins sont inscrits dans ce registre. Des professionnels de la santé qui ont aussi un devoir de prévention auprès des patients, selon Kelly Eby.
« Le Collège a demandé aux médecins d'être attentifs au passé médical des patients souhaitant de la marijuana. Ils doivent aussi les informer des risques », souligne-t-elle.
À la clinique, les patients munis d'une prescription doivent descendre d'un étage pour rencontrer un conseiller.
Un conseiller tient un vaporisateur de cannabis pour la consommation des herbes sèches.
Ici, aucun produit n'est sur place et aucune vente de cannabis n'est réalisée. Seuls les vaporisateurs servant à la consommation sont vendus.
Les patients s'assoient avec un conseiller et ce dernier leur propose différents produits provenant de différents producteurs. Mais pas uniquement. L'éducation est aussi importante, selon Kait Shane, la directrice des soins aux patients.
Kait Shane, directrice des soins aux patients
« Nous sommes ici pour les conseiller, mais aussi pour les éduquer. Nous voulons rassurer les personnes qui ont souvent des préjugés ou ressentent de la peur envers le cannabis. »
Ce lieu est autant rempli de patients que la salle d'attente de la clinique. Toutes sortes de personnes, jeunes, âgées, femmes, hommes, sont ici pour trouver un remède à leur maladie.
Jan Cerato, consommateur de marijuana médicinale
Jan Cerato a commencé à prendre la marijuana médicinale à partir de janvier 2016. Ce professionnel du marketing a pris pendant des années des pilules pour traiter notamment des problèmes d'anxiété.
« Je cherchais un moyen de traiter mon problème de manière naturelle », souligne-t-il.
Pour lui, le traitement a changé sa vie.
« Depuis que je consomme de la marijuana, ma vie a complètement été transformée à 180 degrés. Aujourd'hui, je fais du sport, je suis capable de travailler et j'ai perdu plus de 20 kilogrammes », confesse-t-il.
Jill et Basil, des conseillers en cannabis de la clinique
Le cas de Jill Grindle est tout aussi atypique. Cette femme aujourd'hui conseillère au sein de la clinique a consommé du cannabis pendant 20 ans dans la rue avant de découvrir la marijuana thérapeutique. Elle explique que ces prescriptions lui ont permis de consommer différentes plantes idéales pour ses problèmes d'insomnie.
« Aujourd'hui, je peux choisir les plantes que je veux et, depuis, je dors 9 heures par nuit. De plus, j'ai réduit ma consommation, j'ai perdu 30 kilogrammes, j'ai changé de carrière, je mange mieux, je fais du sport et mon mariage n'a jamais été aussi fort », explique-t-elle.
Si les effets du cannabis ont transformé la vie de Jan Cerato et de Jill Grindle, la question de la dépendance s'impose.
Un questionnement immédiatement balayé du revers de la main par les consommateurs.
« Je peux me passer du cannabis pendant plus de 10 jours. Je ne suis pas dépendant, je suis capable d'en prendre et de m'arrêter comme je le désire », souligne Jan Cerato.
La question de la légalisation se pose aussi.
Dans la clinique, l'hésitation n'est pas de mise, la majorité des clients sont pour la légalisation.
Jill Grindle, conseillère en cannabis
« Le Canada est prêt pour la légalisation. Ce statut est essentiel pour les consommateurs qui doivent arrêter de prendre de la marijuana dans la rue pour uniquement consommer des produits déclarés « propres » par Santé Canada », explique Jill Grindle.
Journaliste : Julien Lecacheur
Caméraman : Jocelyn Boissonneault
Édimestre : Mylène Briand
Source: ici.radio-canada.ca