Les six boutiques de Montréal qui offraient de la marijuana en grande première jeudi étaient bondées
Des centaines de personnes ont fait la file pour acheter du pot récréatif dans des boutiques illégales, jeudi, sans que la police de Montréal intervienne.
«C’est comparable à ce que j’achète à mon dealer en termes de qualité, mais c’est un peu plus cher», a dit Adriano en fumant un joint avec des amis devant la vitrine de la boutique Cannabis Culture de la rue Amherst.
Les commerces aux opérations illégales qui ont ouvert un peu partout en ville étaient bondés jeudi après-midi. Plus d’une centaine de personnes faisaient la file devant la succursale du boulevard Saint-Laurent malgré le froid. Pour la première fois à Montréal, il était possible de se procurer de la marijuana récréative en magasin.
Pourtant, la vente et la consommation de cannabis sont toujours considérées comme illégales, a confirmé la police de Montréal.
Pas d’intervention policière
Des patrouilles du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sont passées lentement devant les boutiques, sans plus.
«Nous établissons un plan d’enquête qui nous permettra de voir quel type d’intervention on fera et comment on va ramasser de la preuve», a dit Marie-Claude Dandenault, du SPVM.
Deux boutiques sur huit sont demeurées fermées parce qu’elles n’ont pas obtenu de permis pour leurs travaux, a fait savoir la copropriétaire, Jodie Emery. Leur ouverture devrait avoir lieu dans les prochains jours. La femme d’affaires et activiste s’est dite stupéfaite devant l’engouement montréalais pour la marijuana.
«Des milliers de personnes sont venues en boutique, j’ai reçu des centaines de courriels de gens intéressés à ouvrir des franchises au Canada parce qu’ils ont entendu parler de ce qui se passait à Montréal», dit-elle.
Chaos en boutique
Photo Améli Pineda-Le «prince du cannabis», Marc Emery, copropriétaire de la marque Cannabis Culture, a offert des cocottes de cannabis gratuitement à ses premiers clients.
Les clients et les employés s’impatientaient dans la boutique de la rue Amherst.
«Ça dépasse dans la file, il faudrait plus de personnes pour faire les enregistrements», a déploré Mariloup Belley, une cliente qui a attendu environ deux heures.
Il y avait deux commis pour répondre à quelque 70 personnes entassées dans le petit magasin. Des acheteurs ont même laissé croire que toute la marchandise avait été écoulée pour décourager des comparses et faire réduire la file d’attente.
Devant le chaos, certains ont décidé de quitter l’endroit. «Je suis déçu, ce n’est pas organisé. On est allés voir à deux autres endroits qui étaient fermés et, ici, il y a beaucoup trop d’attente», a dit Frank Michelin avant de rebrousser chemin sans marijuana.
D’autres boutiques en vue
Photo Améli Pineda-Le copropriétaire de la marque Cannabis Culture, Marc Emery, fait preuve de concurrence déloyale, selon un expert.
Le commerce de la marijuana continuera de s'étendre à Montréal puisque le «roi du pot» Don Brière viendra sous peu faire concurrence aux huit boutiques de Cannabis Culture.
L’homme d’affaires possède déjà une chaîne de 19 boutiques Weeds Glass & Gifts au Canada anglais. Son entreprise vend de la marijuana médicale. Il connaît bien Marc et Jodie Emery, qui ont ouvert des franchises de leur marque Cannabis Culture à Montréal jeudi.
Il ouvrira une boutique à son tour le 1er janvier, sur le boulevard Décarie. Ce sera sa première à Montréal. Don Brière entend surveiller de près la façon dont les autorités policières vont agir avec ses compétiteurs. Pour sa part, il planifie vendre uniquement de la marijuana médicale pour commencer.
«Nous allons voir. S’ils [les policiers] laissent Cannabis Culture tranquille, nous pourrions [...] vendre du cannabis récréatif nous aussi», a-t-il dit.
Autrement, l’entrepreneur, arrêté plusieurs fois pour trafic et possession de marijuana, compte attendre l’entrée en vigueur de la nouvelle législation fédérale pour offrir du pot récréatif.
Coup de pub
Photo Améli PinedaMarc et Jodie Emery
Selon André Lamoureux, politologue et professeur au département de science politique de l’UQAM, Cannabis Culture fait preuve de «concurrence déloyale» face aux autres acteurs intéressés à ce marché. Il voit dans l’attitude de Marc Emery, copropriétaire de la marque, une manière d’attirer l’attention.
«M. Emery a voulu faire un gros spectacle avec l’ouverture de ses boutiques. C’est un grand coup de pub. Il s’est servi de la provocation pour faire parler de lui», a dit M. Lamoureux.
Il croit davantage en une stratégie commerciale qu’en une lutte d’activiste.
«Le message qu’il lance, c’est: “Regardez-moi, je vais le faire avant que le OK soit donné à tout le monde.” Mais ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il fait ça pour être le premier sur le marché», a-t-il dit.
Emy-jane Déry et Amélie Pineda
Source: journaldequebec.com
Intervention policière chez Cannabis Culture, le propriétaire arrêté
En tout, il y a eu dix arrestations, pour possession de stupéfiants, dont celle du promoteur Marc Emery.
Photo Édouard Plante-Fréchette, La Presse
(Montréal) Les commerces de vente illégale de marijuana Cannabis Culture, ouverts en grande pompe jeudi à Montréal, auront défié les autorités pendant seulement deux jours, le temps de donner ou vendre du cannabis à des centaines de consommateurs. La police de Montréal a mené des opérations vendredi soir dans les six commerces exploités. Dix personnes ont été arrêtées, dont le controversé copropriétaire Marc Emery.
«Emprisonnez-moi si vous le voulez !», avait lancé Marc Emery, frondeur, à La Presse jeudi. Vendredi soir, celui qu'on surnomme le «Prince du pot» a dû quitter la succursale de son commerce de l'avenue Mont-Royal dans la banquette arrière d'une voiture de police. «C'est dégoûtant et c'est une injustice ! Cette arrestation est une erreur et la prohibition est une erreur ! Le premier ministre [Trudeau] est une disgrâce ! Tout comme le maire [Denis Coderre] !», a-t-il vociféré, escorté par les policiers devant les caméras de télé. Aucune accusation n'avait été portée contre lui vendredi soir.
Six des huit commerces de la chaîne britanno-colombienne Cannabis Culture ont été perquisitionnés par des dizaines de policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) qui ont pris part à l'opération. La Presse a constaté sur les lieux que les succursales neuves de la rue Amherst et de l'Avenue Mont-Royal avaient été frappées. Les deux commerces intouchés n'avaient aucune activité. Ces magasins vendaient du cannabis aux adultes de plus de 19 ans à des fins non médicales, une activité illégale.
Dix personnes ont été arrêtées pour trafic de stupéfiants et pour possession dans un but de trafic. Le SPVM n'était pas en mesure de dire si ces suspects étaient uniquement des employés de Cannabis Culture. «L'opération ne visait pas les clients en tel quel. Mais l'enquête n'est pas terminée, c'est possible que d'autres accusations criminelles soient déposées», a expliqué le commandant Stephen Verissimo des Services partagés enquêtes de la Division Nord en entrevue au quartier général du SPVM.
Le SPVM tenait à faire passer un message à la population vendredi : «La possession et le trafic de marijuana est illégal présentement. Le Service de police va appliquer la loi qui est en vigueur», a averti le commandant Verissimo. Les policiers ont saisi 18 kilos (40lbs) de cannabis, de l'argent comptant et de l'équipement servant au trafic de cannabis, selon un bilan provisoire dévoilé vendredi soir.
Jodie Emery, l'épouse de Marc Emery, affirme être en discussion avec des avocats pour faire libérer sous caution les employés qui ont été arrêtés. L'intention de Cannabis Culture est de rouvrir ses magasins aussitôt que possible. «Nous ne pouvons pas le faire pour le moment parce que les policiers sont encore sur place, mais c'est quelque chose dont nous allons discuter dès ce soir», a affirmé Mme Emery lors d'une entrevue téléphonique, en début de soirée.
«Je demande au premier ministre Justin Trudeau, qui a lui-même avoué avoir déjà passé un joint, à se livrer à la police pour avoir violé la loi. Il est un hypocrite», a-t-elle ajouté.
«Nous espérions que les policiers aient une attitude plus progressive et tolérante. Ils devraient plutôt se concentrer sur les gangs et le crime organisé plutôt que gaspiller l'argent des contribuables en ciblant une entreprise pacifique qui ne fait que de la désobéissance civile. La conséquence de leur descente, c'est qu'ils permettent à des milliers de consommateurs d'acheter du cannabis directement du marché noir plutôt que de nos magasins», soutient Mme Emery.
En soirée, le maire Denis Coderre a réagi à l'intervention par le biais de Twitter: «Plus pertinent de mettre vos energies sur processus législatif assuré pour légalisation marijuana qu'un stunt inutile...respectez la loi».
Louis-Samuel Perron, Tristan Péloquin
Source: lapresse.ca
Le « prince du pot » est remis en liberté
Marc Emery, le soir de son arrestation à Montréal, le 16 décembre 2016. Photo : Radio-Canada
Le propriétaire de la chaîne Cannabis Culture, Marc Emery, a comparu par vidéoconférence samedi après-midi à Montréal pour avoir ouvert cette semaine six commerces de vente de marijuana récréative alors que la loi canadienne ne le permet pas encore. Il est notamment accusé de trafic de stupéfiants, de possession de stupéfiants dans le but d'en faire le trafic et de complot.
Il a été libéré, mais doit se soumettre à plusieurs conditions, dont l'obligation d'un dépôt de 5000 $. Il lui sera interdit, entre autres, de communiquer avec les autres personnes impliquées dans ce dossier, de se rendre dans un endroit où l’on produit ou vend de la drogue, de consommer, de vendre ou d'avoir en sa possession de la drogue au Québec. L'accusé sera de retour devant les tribunaux le 15 février prochain.
Sa comparution intervient au lendemain de perquisitions policières dans les six boutiques montréalaises de Cannabis Culture. Plus de 40 livres (18 kg) de marijuana ont été saisies, ainsi que de l'argent et de l'équipement.
Le Service de police de la Ville de Montréal a effectué 10 arrestations, 4 femmes et 6 hommes, dont Marc Emery, surnommé « le prince du pot ».
Les suspects arrêtés sont âgés de 18 à 58 ans. Ils avaient tous été libérés sous promesse de comparaître, à l'exception de Marc Emery, qui avait refusé de signer le document de remise en liberté.
Sur Facebook, sa conjointe Jodie Emery a affirmé avoir été arrêtée aussi, puis relâchée après quatre heures. Elle a dit que les policiers avaient confisqué son téléphone, son ordinateur et sa tablette.
Ce n'est pas la première fois que « le prince du pot » effectue un séjour en cellule. Il a déjà été arrêté des dizaines de fois par le passé.
En 2010, par exemple, ce militant britanno-colombien avait été extradé aux États-Unis pour avoir vendu par la poste des semences de marijuana, accusation pour laquelle il avait plaidé coupable. Une peine de cinq ans de prison lui avait alors été imposée.
Provocateurs ou courageux?
Marc et Jodie Emery avaient inauguré leurs franchises montréalaises jeudi, soutenant que la démarche s'inscrivait dans un esprit de désobéissance civile.
Selon la politique de l'entreprise, tout client âgé de 19 ans ou plus peut y acheter de la marijuana sans carte de membre ni ordonnance médicale.
Ce type de commerce émerge au pays au moment où Ottawa prépare pour le printemps prochain un projet de loi afin de légaliser la marijuana à des fins récréatives. Cannabis Culture est déjà implanté dans plusieurs autres villes du Canada.
Le maire de Montréal, Denis Coderre. Photo : Radio-Canada
De son côté, le maire de Montréal, Denis Coderre, a déploré l'implantation de Cannabis Culture à Montréal, qualifiant l'initiative de « show » inutile, dans la mesure où la marijuana sera probablement légalisée bientôt par le gouvernement Trudeau.
Interrogé à l'événement annuel de l'organisme Moisson Montréal, ce matin, M. Coderre a dit qu'il ne comprenait pas pourquoi les militants procannabis se sont lancés dans une telle démarche de désobéissance civile alors que leur cause a déjà gagné.
Il a indiqué que la police n'avait fait que son travail « comme il se doit » en appliquant la loi actuelle.
De même, le premier ministre Trudeau avait prévenu à plusieurs reprises que le Code criminel devait être respecté tant et aussi longtemps que le projet de loi, attendu au printemps, ne serait pas adopté.
Source: ici.radio-canada.ca