Bienvenue dans la prison du chanvrier

Par Invité ,

Avant que le prisonnier, assigné à résidence après sa grève de la faim, soit transféré de l'Hôpital de l'Ile, «Le Matin» a visité sa nouvelle geôle.

On ne frappe pas avant d'entrer chez Bernard Rappaz: derrière un grillage ouvert, sa ferme de Saxon (VS) n'a plus de porte depuis que les policiers l'ont défoncée il y a quatre ans pour stopper sa culture de chanvre. C'est là que le chanvrier valaisan de 57 ans sera transféré cette semaine en provenance de l'Hôpital de l'Ile de Berne, après une grève de la faim de 110 jours.

 

Roman Polanski avait son chalet, Bernard Rappaz aura sa ferme. «Doudou» le chien et «Catwoman» la chatte feront la fête au chanvrier condamné à 5 ans et 8 mois de réclusion pour violation grave à la loi sur les stupéfiants et gestion déloyale. Bernard Rappaz bénéficie d'une «procédure d'arrêts domiciliaires provisoires» accordée pour le maintenir en vie. Quatre mois après son arrestation, son transfert aura lieu entre aujourd'hui et vendredi.

 

 

 

Biographie à écrire


 

Les béquilles sont prêtes pour accueillir le gréviste qui a perdu 30 kilos. Son ami Boris Ryser, 59 ans, se prépare à lui mijoter des petits plats moins diététiques que le régime imposé depuis six jours à l'hôpital. «Il va assez bien pour être énervé. C'est bon signe...» sourit son compagnon de lutte. Enervé, pourquoi? «Il a peur de s'être fait avoir sur ses conditions de détention», rapporte Boris Ryser. Le chanvrier passera son temps entre la cuisine et le salon, lui qui aime regarder les actualités télévisées et les reportages animaliers. Il pourra aussi s'évader devant sa mappemonde, mais sa principale occupation sera la rédaction de sa biographie.

Pourra-t-il participer même brièvement à la cueillette des poires dans une à deux semaines? Son périmètre de sortie reste un mystère. La seule certitude pour Boris Ryser, c'est que Bernard Rappaz ne montera pas sur le tracteur, comme lors de sa dernière assignation à domicile.

Convaincu de pouvoir rester à la ferme de l'Oasis, Boris Ryser s'imagine pouvoir inviter tous ses amis, qui sont aussi ceux de Bernard Rappaz, dont le droit de visite est limité à ses proches.

 

Nonante minutes hebdomadaires ne suffisent pas non plus au chanvrier pour voir sa fille de 12 ans: pour elle, il réclame un demi-jour. De quel droit? Dans la cuisine, une affichette du «Matin» épinglée sur un mur fait dire à Bernard Rappaz: «Je me sens en position de force.»

 

 

 

Tout a été photographié, y compris les prises téléphone et internet

 

Au contraire de Roman Polanski à Gstaad (BE), Bernard Rappaz ne portera pas de bracelet à Saxon (VS). Le chanvrier rebelle sera placé sous surveillance policière. Hier après-midi, un juriste et un agent dépêchés à la ferme de l'Oasis s'imaginaient pouvoir placer un gardien dans le bureau de l'appartement. Mais pour Bernard Rappaz, pas question de vivre sous le même toit qu'un policier! Cette divergence démontre que les modalités d'application de la prison à domicile ne sont pas clairement déterminées dans le contrat conclu entre Bernard Rappaz et Esther Waeber-Kalbermatten, directrice du Département de la sécurité. C'est précisément pour définir sa liberté d'action et fignoler les détails que les deux fonctionnaires ont dessiné un plan en prenant tout en photo, y compris les prises téléphone et Internet.

Une heure plus tard, ils quittaient la propriété à bord d'un van noir.

 

 

 

 

 

 

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Image © Jean-Luc Barmaverain

 

A la ferme de l'Oasis, le drapeau est arc-en-ciel. Les abricots ont déjà été livrés, mais Bernard Rappaz espère cueillir des poires dans une ou deux semaines.

 

D'autres photos ici.

 

 

 

 

Article rédigé par

Vincent Donzé - le 26 juillet 2010, 22h32

pour le journal

Le Matin

 

Source : Source.


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Respect pour cette homme qui ce bat jusqu'au bout pour ces convictions...Courage man, il faudrait vraiment plus de gens tel que lui...

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