Bernard Rappaz: «Ça fait zone de guerre»

Par Invité ,

 

Zone de sécurité délimitée autour de la ferme, route communale coupée, deux Securitas: pas de doute, le chanvrier Bernard Rappaz est de retour chez lui, à Saxon. Des rubans rouge et blanc marquent une «propriété privée» et promettent aux contrevenants une amende de 10'000 francs. «Cela fait quand même zone de guerre», commente le principal intéressé, Bernard Rappaz.

 

Son retour à domicile s'est effectué dans la nuit de mercredi à jeudi, en toute discrétion. «C'était pour m'éviter un contact avec la presse», analyse au téléphone le plus médiatique des chanvriers. Après une grève de la faim dépassant les 100 jours, notre Valaisan a obtenu d'être incarcéré chez lui, en attendant que le Tribunal fédéral se prononce sur un recours de peine, le 26 août. Bernard Rappaz a déjà vécu une situation similaire en 2006, mais la comparaison s'arrête là.

 

 

 

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Vous êtes habitué à être emprisonné chez vous…


En 2006, je me souviens qu'il y avait deux patrouilles par jour qui s'assuraient que j'étais toujours là. Ils savaient qu'ils pouvaient me faire confiance, je ne les ai jamais trompés. Là, il y a deux Securitas, un dans la maison, un autre que j'observe dans la cour sous un rayon de soleil. Quand je vois tous ces frais pour moi, cela me fait mal au ventre. Le bracelet électronique aurait quand même été une solution plus économique.

 

Justement, on vous a transporté de Genève à Berne en hélicoptère...

C'est une connerie! Cela aurait très bien pu se faire en ambulance, par la route. Mais il y avait une odeur de chanvre dans le casque que j'ai dû porter lors de mon voyage en hélicoptère. Cela m'a fait rêver durant tout le trajet...

 

Cela fait quel effet de manger de nouveau?


Lorsque j'ai bu ma première tasse de thé sucrée, au bout d'une minute, j'ai senti une énergie m'envahir jusqu'au bout des pieds. Quand vous faites la grève de la faim, votre corps se met en léthargie. J'avais toujours froid même au plus fort de la canicule. Pour ne pas avoir trop chaud, il faut jeûner!

 

Quelle sera votre réaction si le 26 août vous retournez en prison?

Je n'y ai pas encore réfléchi. Mais je ne crois pas qu'ils vont me remettre en prison avant le mois de novembre, où le Grand Conseil valaisan doit se prononcer sur mon recours en grâce. Avant cette date, je ne pense pas qu'ils vont prendre le risque de me réincarcérer.

 

Durant ces prochaines semaines, vous serez toujours autant médiatique?


Sans les journalistes, je serais peut-être aujourd'hui au cimetière. Mais il serait bien que tout cela se calme un peu car les gens doivent commencer à en avoir marre de Bernard Rappaz!

 

 

 

Un ami expert en drogues

Boris Ryser, ami de Bernard Rappaz, a jadis été engagé par la Ligue valaisanne contre les toxicomanies (LVT).

 

Boris Ryser, c'est l'ami de Bernard Rappaz qui s'occupe de sa ferme lorsqu'il est en prison. Durant ces prochaines semaines, il veillera 24 heures sur 24 sur le chanvrier. «Il est un peu fou de vivre volontairement en tôle avec moi», commente Bernard Rappaz. Mouvements alternatifs, marginalités, psychédélisme, Boris Ryser, 59 ans, connaît tout sur la question. Depuis son adolescence, il accumule les informations sur ces domaines.

A tel point, qu'entre 1970 et 1974 il a travaillé au sein de la Ligue valaisanne contre les toxicomanies (LVT) en tant que spécialiste dans ce domaine. «Ils n'avaient trouvé personne parmi les éducateurs. J'ai donc été le premier employé engagé en tant que spécialiste sur les drogues, se souvient Boris Ryser. Face aux nouvelles toxicomanies, il fallait développer ce que j'appelle une bonne marginalité. Nous avions deux boutiques où nous vendions des journaux alternatifs ou des produits bio. Quand on nous a demandé de commencer à écrire des rapports, j'ai démissionné!» détaille Boris Ryser. C'est d'ailleurs à cette époque, 1970, qu'il a rencontré pour la première fois Bernard Rappaz.

 

 

 

 

Publié par bpasche le 07/29/2010

 

Source : lematin.ch


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