Avec l’entrée en fonction d’une agence créée ad hoc, le Maroc devient régulateur d’un marché du cannabis qui, jusque-là, lui échappait.
En ligne de mire, l’amélioration du quotidien des cultivateurs de “kif”, maillon faible de ce commerce. L’assouplissement ne concerne cependant que les usages médicaux et industriels, et non pas celui récréatif, de la plante.
L’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (Anrac) a tenu, le 2 juin, son premier conseil d’administration, au sein duquel siégeaient plusieurs ministres, rapporte le magazine marocain TelQuel. La nouvelle structure aura pour mission de réguler le marché du cannabis, de la culture à l’exportation, suivant la politique de l’État.
Il y a un an, le Maroc a adopté une loi autorisant “les usages licites du cannabis médical, cosmétique et industriel”, dont il espère qu’elle permettra aux cultivateurs de kif de devenir les “Goliath” du nouveau business licite, selon le terme utilisé par TelQuel. Pour l’instant, le dispositif mis en place par l’État concerne les provinces d’Al-Hoceima, de Chefchaouen et de Taounate, dans le nord du pays. D’après les chiffres de l’ONU, cités par Yabiladi, le Maroc est le premier producteur mondial de résine de cannabis.
Création d’emplois et protection des paysans
L’agence devrait lancer les démarches permettant à des opérateurs économiques nationaux et internationaux de se positionner sur le marché d’exploitation du cannabis dans ces régions, à des fins médicales et industrielles – pas récréatives. Le laboratoire pharmaceutique marocain Pharma 5 aurait même pris l’initiative de proposer un projet aux autorités.
Concrètement, cette ouverture se traduira probablement par “l’installation d’unités industrielles à proximité des champs de chanvre”, explique TelQuel. Des discussions entre le ministère de l’Intérieur et les parties prenantes seraient d’ores et déjà en cours, en attendant la naissance du premier projet concret.
Outre la création d’emplois, le ministère de l’Intérieur estime que les revenus d’exportation générés par le marché licite du kif oscilleraient entre 4,2 et 6,3 milliards de dollars à l’horizon 2028.
Un marché juteux que l’État voudrait voir profiter aussi aux paysans, qui sont souvent le maillon faible du commerce illicite. “Traditionnellement, les paysans revendeurs de résine aux trafiquants n’obtenaient que 4 % du chiffre d’affaires réalisé par la filière clandestine”, indique le journal marocain. Le gouvernement espère porter ce taux à 12 % en “mettant le rapport de force et le pouvoir de négociation du côté des agriculteurs locaux”. Le Maroc entend “libérer les agriculteurs de l’emprise des trafiquants et des réseaux mafieux”.
D’après l’institut d’études Prohibition Partners, cité par Tel Quel dans un autre article, la culture et le commerce du cannabis feraient vivre entre 90 000 et 140 000 familles au Maroc.
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