Le cannabis récréatif n’est pas encore légalisé, mais de nombreux Canadiens en profitent pour faire fortune.
Au moins 77 d’entre eux ont accumulé des millions de dollars en quelques mois seulement grâce à leurs investissements dans l’industrie, révèlent des données compilées par notre Bureau d’enquête.
«Je savais que le pot était un bon investissement, mais personne dans le milieu ne pensait que ça rapporterait autant si rapidement», s’étonne Chuck Rifici, patron du fonds d’investissement Cannabis Wheaton et ancien chef des finances du Parti libéral du Canada (PLC).
À 43 ans, celui qui est décrit comme le «parrain du pot» au Canada est assis sur une fortune personnelle qu’il estime lui-même à «plus de 100 millions», dont 47,7 M$ en actions de producteurs de pot, selon des documents financiers publics.
Il possède une Ferrari 458 rouge et une Tesla S.
Tout a commencé avec un premier investissement de 70 $ en actions dans sa compagnie Tweed, un producteur de pot (devenue Canopy Growth). «Je pensais que j’étais riche quand j’ai fait mes premiers 500 000 $», plaisante l’homme d’affaires d’Ottawa.
M. Rifici dit aujourd’hui continuer de travailler seulement «pour le plaisir». «C’est pas mal moins stressant».
Gros risques
De l’autre côté de la rivière des Outaouais, à Gatineau, Sébastien St-Louis, 34 ans, compte une fortune de 15,4 millions $.
Sa compagnie fondée en 2013, Hydropothecary, est évaluée à 660 millions $ à la Bourse.
Le chemin pour en arriver là n’a pas été facile. «J’ai passé à deux doigts de faire faillite au moins quatre fois. Ma carte de crédit était utilisée au maximum à 30 000 $».
Des histoires comme celle de Rifici et Saint-Louis, devenus millionnaires avant même qu’un seul gramme de pot récréatif ne soit vendu légalement, se comptent par dizaines dans l’industrie.
Établir la liste des Canadiens millionnaires du pot permet de faire les constats suivants:
- La grande majorité, soit 58% d’entre eux (45 sur 77), provient de l’Ontario.
- Seulement 4 viennent du Québec (5%).
- Sur 77 millionnaires, il y a seulement trois femmes.
- La richesse est extrêmement concentrée.
Bulle spéculative?
La valeur en bourse des entreprises de pot a explosé l’an dernier au gré des annonces du gouvernement Trudeau sur la légalisation à venir en 2018.
Le Néo-Brunswickois Denis Arsenault a, lui, racheté en 2014 un producteur de cannabis médical pour 1,7 million $. Son acquisition, la compagnie Organigram, vaut aujourd’hui un demi-milliard $.
«C’était comme aller au casino quand j’ai investi dans ça, au début», rit-il.
Même si les Canadiens sont encore divisés sur la question de la légalisation du cannabis et que les banques sont très réticentes à investir dans cette industrie, les investisseurs, eux, se bousculent maintenant aux portes au point que l’on craint une bulle spéculative.
Selon plusieurs experts, la frénésie actuelle s’apparente à la bulle des titres technologiques à la fin des années 1990, car ils sont extrêmement volatiles.
«Il y a des compagnies qui ne sont pas dans le cannabis, qui font juste dire qu’elles sont intéressées par l’industrie et boum, leurs actions triplent», souligne l’analyste en gestion de portefeuille Ken Lester, président de Lester Asset Management.
- avec la collaboration de Marie-Christine Trottier et Andrea Valeria
Source: tvanouvelles.ca