Privé de Corn Flakes. C'est la terrible sanction infligée à Michael Phelps. Pris en flagrant délit de fumette, le nageur américain a en effet, outre les sanctions sportives, vu fuir l'un de ses sponsors, Kellogg's. Mais la riposte s'organise du côté des amateurs de pétard, qui appellent au boycott.
Source : Rue89
Tout a commencé le 1er février dans News of the world. Le tabloïd britannique publie une photo du champion (23 ans et 14 médailles d'or olympiques au compteur, dont 8 à Pékin) en train de fumer du cannabis, et ce dans une pipe à eau de fort belle taille (voir ci-dessus). Commentaire assassin d'un témoin de la scène:
"On pouvait voir que Michael avait déjà fumé avant. [...] Il avait l'air aussi à l'aise avec un bong dans les mains que quand il nage."
La photo, prise en Caroline-du-Sud le 6 novembre lors d'une fête étudiante, fait le tour du monde, jusqu'à arriver sur le bureau de la fédération américaine de natation. Phelps "s'excuse":
"J’ai eu un comportement qui était regrettable. […] Je promets à mes fans et au public que ça ne se reproduira plus."
Mais pour News of the World, c'est clair:
"Le rêve de Phelps d'ajouter, aux JO de Londres en 2012, une médaille d'or aux 14 qu'il a déjà gagnées risque de s'effondrer."
Hilton, Oméga, Visa...
Verdict: 3 mois de suspension et la fédération américaine lui retire sa bourse de 1300 euros mensuels. Une paille lorsque l'on sait que celui qui est un héros aux Etats-Unis depuis les JO de Pékin aurait gagné, l'année dernière, près de 5 millions d'euros en contrats de sponsoring (montres Omega, Visa, hotels Hilton...).
Seulement voilà, l'agence de marketing Octagon qui lui assure ces revenus depuis 2002, reconnaît immédiatement qu'il s'agit d'une "ombre majeure" pour celui qui est alors l'un de ses produits phare.
A en croire News of the World, le porte-parole d'Octagon serait allé jusqu'à proposer au journal Michael Phelps comme chroniqueur pour étouffer l'affaire.
Echec. Le 5 février, le leader mondial des céréales, Kellogg's, annonce qu'il ne renouvellera pas le contrat qui le lie à Phelps, "dont l'image ne correspond plus à celle de la marque". Exit donc le sourire du champion sur les paquets de Corn Flakes. Les responsables de la société auraient même refusé de le prendre au téléphone.
Pétition, groupe Facebook, tribunes...
Une sanction qui reste en travers de la gorge des associations antiprohibitionnistes américaines, qui voient là l'occasion de faire parler de leur cause. Elles décident donc d'organiser à leur tour un boycott pour dénoncer la décision "hypocrite et dégoûtante" de la marque. Pour Rob Kampia, du Marijuana Policy Project, qui a mis une pétition en ligne:
"Kellogg's n'a pas fait de problème pour signer ce contrat alors que Phelps avait été condamné pour conduite en état d'ivresse [lorsqu'il avait 19 ans, ndlr], un acte illégal qui aurait pu être fatal. Mais elle l'abandonne parce qu'il a choisi, pour se relaxer, de prendre une substance plus inoffensive que la bière."
Ethan Nadelman, de la Drug policy Alliance, se demande, en spécialiste:
"Est-ce que cela fera du mal à Kellogg's si des centaines de milliers d'Américains ne se jettent plus sur un produit de la marque lorsqu'ils ont les 'munchies' [nom familier de la faim intense provoquée par le cannabis aux Etats-Unis, ndlr]"
D'autres rappellent que le fondateur de la marque, le Dr Kellogg, n'était pas exempt de tous reproches: il militait contre la sexualité et préconisait pour cela entre autres l'application d'acide sur le clitoris des filles...
Au total, le mouvement anti-Kellogg's connaît un petit succès. La pétition a recueilli 5600 signatures. Des tribunes dans la presse. Un groupe Facebook qui compte 8500 membres (un second en compte 1500). Et Kellogg's qui a dû rajouter ce message sur son répondeur:
"Pour nous faire part de votre avis sur notre relation avec Michael Phelps, pressez la touche 1"
Enfin, n'écoutant que son courage, le bureau du shériff de Columbia a saisi la pipe à eau en question. Son propriétaire a été arrêté après avoir tenté de revendre l'objet sur eBay pour 100 000 dollars. Huit autres personnes ont été arrêtées.